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Lesyriaque (en syriaque :ܣܘܪܝܝܐ /suryāyā ousuryoyo) est unelangue sémitique duProche-Orient, précurseur de l’arabe et appartenant au groupe deslangues araméennes. L'araméen (ארמית [arâmît],ܐܪܡܝܐ [à l'originearmāyā, puisārāmāyā ouoromoyo]) existe au moins depuis leXIIe siècle av. J.-C. et a évolué au cours des siècles. Le syriaque est couramment présenté comme dialecte de l'araméen[1],[2],[3], en tant quegéolecte de la région d'Édesse, qui s'est constitué comme langue écrite au début de l'ère chrétienne.
Au début duXXIe siècle, les dialectes syriaques sont parlés par environ 400 000 personnes, très éparpillées géographiquement mais vivant principalement dans le sud-est de laTurquie et le nord de l'Irak. On les trouve aussi auLiban, enSyrie, enIran, enArménie, enGéorgie et enAzerbaïdjan, dans de petites communautés qui parlent des dialectes syriaques souvent influencés par les langues locales dominantes.
LeXXe siècle a vu l'apparition d'idéologies nationalistes parfois intolérantes qui ont grandement affecté les communautés de langue syriaque. Du fait des problèmes politiques et religieux que connaît leMoyen-Orient, l'usage de la langue syriaque, déjà réduit, a fortement reculé. La forte émigration qui touche leschrétiens d'Orient fait qu'on retrouve depuis quelques décennies des communautés de langue syriaque en Amérique du Nord, du Sud, ainsi qu'en Europe.
Le syriaque a pour origine l'araméen parlé dans le Nord de laMésopotamie. L'évolution de ces dialectes peut être suivie en raison de leur influence sur l'araméen impérial à partir duVe siècle av. J.-C. Environ une centaine d'inscriptions antérieures à l'annexion par l'Empire romain, ainsi que quelques œuvres littéraires, dans cette langue sont connues[4]. La plus vieille inscription retrouvée en syriaque ancien date de l'an6 après Jésus Christ.
Après la conquête de laSyrie et de la Mésopotamie parAlexandre le Grand, l'araméen reste utilisé comme langue d'échange, même après l'introduction dugrec. Le syriaque et d'autres dialectes araméens commencent à être écrits en réaction à l'hellénisme dominant.
Le royaume d'Osroène, fondé àÉdesse en132 av. J.-C., fait quelque temps plus tard du dialecte local, le « syriaque », sa langue officielle[4]. Son statut de langue officielle fait que le syriaque possède un style et une grammaire relativement uniformes, contrairement aux autres dialectes d'araméen[4].
Avec l'apparition duchristianisme, le syriaque va supplanter l'araméen impérial au début de notre ère comme versionstandard de l'araméen, porté par l'importance grandissante d'Édesse comme centre culturel et religieux[4].
À partir duIIIe siècle, le syriaque devient la langue des chrétiens d'Édesse. La Bible est traduite en syriaque (BiblePeshitta) et une riche littérature voit le jour.Éphrem le Syriaque (306-373), auteur chrétien prolifique etdocteur de l'Église, est une des figures de langue syriaque les plus emblématiques de cette époque[4]. C'est l'âge d'or de la littérature syriaque avec de nombreux textes traduits du grec (par des traducteurs commeSerge de Reshaina), mais aussi de nombreuses œuvres originales, scientifiques, philosophiques, théologiques, historiques (nombreuses chroniques) et liturgiques, et des traductions bibliques ou autres[4]. Les œuvres grecques de l'Antiquitéqui n'ont pas disparu ont pour beaucoup été conservées par l'intermédiaire de leurs traductions en syriaque[4], celles-ci ont par exemple aidé à laredécouverte d'Aristote. À l'ouest de l'Euphrate le syriaque est attesté pour la première fois en 406[4]. À l'est la généralisation de la Bible Peshitta (en syriaque) va favoriser l'extension du syriaque parallèlement au christianisme ; son aire de diffusion atteindra la Chine au Moyen Âge[4].
Syriaque littéraire ou syriaque d'église (Kthâbânâyâ - syriaque littéraire), (200 à 1200 environ) : c'est l'araméen utilisé à Édesse (devenuUrfa en Turquie) au début de notre ère et formalisé à partir duIIIe siècle. Utilisé pour la traduction de la Bible dite peshitta. Le syriaque s'est répandu en Orient avec le christianisme. Avec le temps, il s'est décliné en deux variantes :
La sixièmebéatitude (Matthieu 5:8) d'une bible en syriaque oriental (peshitta). Tuvayhon l'aylên dadkên blebhon: dhenon nehzon l'alâhâ. Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu !
Une des plus anciennes versions connues duNouveau Testament est écrite en syriaque (Bible ditepeshitta (peshittô), toujours en usage dans certaines Églises orientales). Elle a été traduite à partir de la version grecque écrite enkoinè, la plus ancienne qui soit connue. Une controverse existe à propos de la langue originale du Nouveau Testament. Une partie des spécialistes pensent que la version grecque du Nouveau Testament provient de la traduction de textes syriaques/araméens antérieurs. La majorité des spécialistes pensent que la première version écrite du Nouveau Testament a directement été rédigée en grec. À noter que, même dans la version grecque, il existe des phrases araméennes éparpillées dans le texte, particulièrement des phrases prononcées par Jésus et conservées dans la version originale pour des raisons religieuses. Il est cependant certain que Jésus a prêché dans la langue du peuple qui était l'araméen.
Avec l'hébreu, le grec et le latin, le syriaque et l'araméen sont une des langues majeures du christianisme.
Le syriaque a beaucoup souffert de son statut de langue minoritaire et de la montée des idéologies nationalistes au Moyen-Orient. Une grande partie des Syriaques du Nord de la Syrie (devenue turque après annexion au début duXXe siècle) sont morts avec lesArméniens durant legénocide de 1915 et la communauté syriaque est toujours l'objet de mesures vexatoires sur le sol turc.
Ils ont été diversement réprimés enIrak, particulièrement durant lesannées 1930. Une partie importante des communautés de langue syriaque a quitté la région et les émigrés se sont établis dans divers pays occidentaux. La montée de l'islam politique ces dernières années a amplifié le mouvement d'émigration. Plus récemment, laguerre d'Irak (2003) qui a abouti à une anarchie de fait a entraîné une recrudescence des attaques à motivation religieuse[5] de même que la progression de l'État islamique en Syrie et en Irak et de divers mouvementsdjihadistes.
Récemment, un effort a été fait pour écrire les dialectes parlés et les doter d'une grammaire, entre autres pour tenter de pallier la disparition de ces langues devenues extrêmement fragiles. EnSuède, une communauté parlant le syriaque oriental s'est constituée et la loi suédoise impose l'enseignement de la langue d'origine. Une littérature y a vu donc le jour, notamment sous l'impulsion deFuat Deniz etIbrahim Baylan.
L'usage veut qu'on qualifie les peuples parlant le syriaque occidental desyriens, car cette langue était celle qui était parlée en Syrie avant la conquête arabe. Mais ces peuples sont qualifiés de syriaques de par le fait qu'enarabe il est distingué « Suryan » signifiant les membres des Églises de Syrie, et « Souri » signifiant les citoyens de la Syrie. Le terme de Syriaque est donc là pour rappeler la spécificité syrienne de cette langue. (Nous parlons ici de laSyrie antique et non de laSyrie actuelle)
Les locuteurs du syriaque oriental sont appelés chaldéens ou assyriens, du nom de leurs Églises.
Manuscrit syriaque du monastère Sainte-Catherine (Sinai) en styleestrangelâ (IXe siècle).Caractères imprimés de 1625.
Le syriaque s'écrit de droite à gauche au moyen de l'alphabet syriaque, qui est dérivé de l'alphabet phénicien. L'alphabet syriaque se compose de 22 lettres qui peuvent être liées ou non selon leur position dans le mot. Il existe trois formes principales de typographies :
Le styleestrangelâ (provient de la description grecque de cette typographie,στρογγυλη,strongylê, 'arrondi'). Cette typographie est tombée en désuétude, mais elle est souvent utilisée par les spécialistes. Les voyelles peuvent être indiquées par de petits signes.
Le syriaque occidental est le plus souvent écrit avec une typographiesertâ ('ligne'). C'est une simplification du styleestrangelâ. Les voyelles sont indiquées par un système diacritique dérivé des voyelles grecques.
Le syriaque oriental est écrit en utilisant le stylemadnhâyâ (de l'est, 'oriental'). On l'appelle parfoisnestorien parce qu'on considérait que les syriaques de l'est (à tort) suivaient les idées deNestorius. Il est plus proche deestrangelâ que lesertâ. Les voyelles sont indiquées grâce à un autre système diacritique, à savoir des points autour des consonnes, similaire à l'arabe.
Quand l'arabe a commencé à s'imposer dans leCroissant fertile, les chrétiens ont commencé par écrire l'arabe avec des caractères syriaques. Ces écrits sont appeléskarshouni ougarshouni. On a pensé que l'alphabet arabe dérivait d'une forme d'araméen appelénabatéen utilisé dans la région dePétra. Des hypothèses plus récentes nuancent cette affirmation et lient l'alphabet arabe à l'alphabet syriaque[6].
Langue sémitique du groupe occidental, étroitement apparentée à l'hébreu et à l'arabe, le syriaque est unelangue à flexions, mais avec des déclinaisons et des conjugaisons bien plus rudimentaires que celles des langues indo-européennes anciennes (latin, grec, sanskrit…).
La déclinaison des noms et des adjectifs qualificatifs comporte trois « états » (emphatique, absolu, construit) existant au singulier et au pluriel. Il y a un seul modèle pour le masculin, un seul pour le féminin, et un très petit nombre de mots irréguliers. Pour les noms, l'état emphatique correspond à l'emploi général, l'état absolu s'utilise après les adjectifs numéraux cardinaux, certains adjectifs indéfinis (commekol = « tout »,lā = « aucun ») et dans certains locutions prépositionnelles, l'état construit s'emploie pour les noms déterminés par un complément introduit sans préposition (« le serviteur du roi » pouvant se direxbed malkā, avec l'état construit, ouxabdā d-malkā, avec l'état emphatique et la prépositiond- = « de »). Pour les adjectifs qualificatifs, l'état emphatique correspond à la fonction épithète, l'état absolu à la fonction attribut et l'état construit aux adjectifs déterminés par un complément.
exemple de nom masculin :gabrā = « homme » (par opposition à « femme »)
Le tableau modes/temps des langues indo-européennes n'existe pas vraiment[réf. nécessaire]. Pour chaque verbe, il y a trois séries seulement de formes simples personnelles : une qui est morphologiquement la série basique et qui correspond pour le sens au passé simple ou composé du français (ktab = « il écrivit » ou « il a écrit »), une autre qui est générée par adjonction d'un préfixe et altération de la voyelle radicale et qui a le sens d'un futur ou d'un subjonctif (nektob = « il écrira » ou « qu'il écrive »), enfin un impératif qui se forme en ôtant son préfixe au futur/subjonctif (ktob = « écris »). Sinon, il existe deux participes : l'un qui a une valeur de présent actif (kateb = « écrivant ») et l'autre qui a le plus souvent, pour les verbes transitifs, celle de passé passif (ktib = « écrit ») ; et un infinitif (mektab = « écrire »). Les valeurs du présent et de l'imparfait sont obtenues par des formes composées (kateb-hu = « il est en train d'écrire », comme en anglais « he is writing » ;kateb hwā = « il était en train d'écrire », « he was writing »). Ce qui joue le rôle de présent du verbe « être » (également avec les attributs), ce sont des formes enclitiques des pronoms personnels (kateb-hu = [litt.] « écrivant lui »,hu malkā-hu = « c'est lui le roi », etc.). La conjugaison se caractérise aussi par une séparation plus nette qu'en français entre le masculin et le féminin, puisqu'elle existe pour la deuxième personne et pour l'impératif (ex. :ktabt = « tu écrivis » si c'est un homme,ktabti si c'est une femme).
La poésie syriaque est purement ecclésiastique : elle a été créée pour servir à l'instruction religieuse du peuple et pour conférer du lustre à la liturgie. Le principe de la métrique dans la poésie classique est l'isosyllabie des vers, sans rimes ni considération pour la quantité syllabique. Deux vers forment souvent uncouplet appelébaytā (« maison »).
La poésie syriaque, selonÉphrem de Nisibe, aurait été créée parBardesane d'Édesse : « Il créa les hymnes et y associa des airs musicaux./ Il composa descantiques et y introduisit les mètres./ En mesures et en poids il divisa les mots./ Il offrit aux gens sains le poison amer dissimulé par la douceur./ Les malades n'eurent point le choix d'un remède salutaire./ Il voulut imiterDavid et se parer de sa beauté./ Ambitionnant les mêmes éloges, il composa comme lui/ Cent cinquantecantiques ».Bardesane composa donc l'équivalent duLivre des Psaumes. Il adopta le principe de l'antienne ou chant responsorial, dont une tradition rapportée parSocrate de Constantinople (Hist. eccl.,VI, 8), et reprise par les auteurs syriaques, attribue l'invention àIgnace d'Antioche, qui aurait eu la vision de chœurs d'anges chantant en alternance les louanges de laTrinité. L'œuvre poétique deBardesane eut paraît-il un grand succès, et son fils Harmonios s'illustra dans cet art avec encore plus d'éclat. Mais cette poésie considérée ensuite commehérétique a presque entièrement disparu.
La poésie syriaque fut refondée parÉphrem de Nisibe, qui conserva le moule de ses prédécesseurs. Ce fut un écrivain, notamment poète, d'une fécondité prodigieuse, à qui sont attribués plusieurs centaines de poèmes (dont plus de quatre cents hymnes), comprenant parfois des centaines de vers. C'est le grand maître imité par les auteurs des générations suivantes, à tel point que les œuvres sont souvent mêlées et les attributions incertaines dans la tradition (notamment avecIsaac d'Antioche etNarsaï).
Cette poésie religieuse classique se divise en deux genres principaux : les « homélies métriques » (memré d-mušḥātā) et ce qu'on appelle traditionnellement les « hymnes », mais qui se nommaient en syriaque les « instructions » (madrāšé). Le premier genre a un caractère narratif. La métrique est uniforme :Éphrem le SyriaqueÉphrem utilise un vers de sept syllabes, divisé le plus souvent en deux mesures de trois et quatre syllabes ; Balaï (chôrévêque de la région d'Alep, auVe siècle) compose deshomélies en vers de cinq syllabes, avec des mesures de deux et trois syllabes ; celles deNarsaï qui sont conservées sont en vers de sept ou de douze syllabes, bien que la tradition lui attribue curieusement une prédilection pour le vers de six syllabes ; le vers deshomélies deJacques de Saroug (le vers « sarougien ») a douze syllabes en trois mesures de quatre syllabes chacune. Ces poèmes narratifs étaient le plus souvent composés en vue des fêtes de l'année et des commémorations des saints et des martyrs, pour être récités pendant l'office. Ils servaient ensuite également de lectures pieuses. Certains sont très longs : l'homélieSur le perroquet d'Isaac d'Antioche a 2 136 vers, celle deJacques de SarougSur le char d'Ézéchiel 1 400 vers ; le poème d'Éphrem de Nisibe surJoseph fils de Jacob est tellement long qu'il est divisé en douze.
Les hymnes, contrairement auxhomélies, ont un caractère, non pas narratif, mais lyrique. On peut y distinguer trois groupes principaux : dénonciation deshérétiques et des sceptiques ; exhortation à la vertu ; célébration des saints au moment de leur fête (pour être chantées après leshomélies). Voici ce qu'on lit dans laVie d'Éphrem : « Lorsque saint Éphrem vit le goût des habitants d'Édesse pour les chants, il institua la contre-partie des jeux et des danses des jeunes gens. Il établit des chœurs de religieuses auxquelles il fit apprendre des hymnes divisées en strophes avec des refrains. Il mit dans ces hymnes des pensées délicates et des instructions spirituelles sur laNativité, le baptême, le jeûne et les actes du Christ, sur la Passion, la Résurrection et l'Ascension, ainsi que sur les confesseurs, la pénitence et les défunts. Les vierges se réunissaient le dimanche, aux grandes fêtes et aux commémorations des martyrs ; et lui, comme un père, se tenait au milieu d'elles, les accompagnant de la harpe. Il les divisa en chœurs pour les chants alternants et leur enseigna les différents airs musicaux, de sorte que toute la ville se réunit autour de lui et que ses adversaires furent couverts de honte et disparurent ».
Les hymnes, renfermant des vers de quatre à dix syllabes (soit pareils, soit d'inégales longueurs), étaient divisées en un nombre variable de strophes de différentes longueurs. Les strophes les plus longues étaient chantées par un premier chœur, les plus courtes formaient la partie d'un second chœur et le refrain, lequel consistait en unedoxologie ou une prière. Les airs musicaux à utiliser étaient indiqués par desrubriques donnant l’incipit de l'hymne servant de modèle (Sur l'air de…). Parmi les quelque quatre cents hymnes conservés attribués àÉphrem de Nisibe, on peut distinguer soixante-dix variétés métriques.
Une variété de l'hymne était lecantique (en syriaquesugitā), contenant une prière ou les louanges de la Divinité ou d'un saint et rattachés à deshomélies à la suite desquelles ils étaient entonnés par des chœurs. Les neufcantiques conservés deNarsaï revêtent la forme caractéristique d'un dialogue : après une brève introduction de cinq à dix strophes de quatre vers de sept syllabes, dialogue entre la Sainte Vierge et l'archangeGabriel (Cantique de l'Annonciation) ou entre la Vierge et lesRois Mages (Cantique de la Nativité) ; chaque personnage entonne à tour de rôle une strophe, et il y a vingt-deux groupes de deux strophes correspondant aux lettres de l'alphabet syriaque, soit quarante-quatre strophes. Cescantiques forment donc de petits drames rappelant le théâtre religieux du Moyen Âge.
Telle est la poésie classique de langue syriaque. AuIXe siècle, la rime fut introduite par imitation de la poésie arabe (première attestation : Antoine le Rhéteur vers820), et elle ne tarda pas à se généraliser. La rime peut être la même pour tous les vers d'un poème (comme dans lakasida arabe), ou propre à chaque strophe ; dans le vers « sarougien », les trois mesures de quatre syllabes peuvent rimer, ou les deux premières mesures avoir une rime particulière et rimer avec la mesure correspondante des autres vers. Dans une variété d'hymnes, chaque strophe a une rime, sauf le dernier vers qui reprend la rime de la première strophe.
Dans cette période tardive de la poésie syriaque, leshomélies et les hymnes furent confondues, et on transporta dans les premières ce qui caractérisait auparavant les secondes, comme les strophes, ou des jeux comme l'acrostiche. Certains poètes de basse époque tentèrent d'imiter la virtuosité technique de leurs collègues arabophones. Le modèle des jeux de langage parfois très artificiels auxquels ils se livrèrent est leParadis de l'Éden d'Ébedjésus de Nisibe. On trouve dans d'autres poèmes des jeux, non seulement sur les lettres de l'alphabet ou les sonorités (rimes,acrostiches…), mais aussi sur l'usage d'un vocabulaire rare, de mots d'origine grecque, de néologismes déconcertants, d'expressions alambiquées, etc. Certains poèmes requièrent un commentaire pour être compris.
↑F. Briquel-Chatonnet,De l'araméen à l'arabe : quelques réflexions sur la genèse de l'écriture arabe, in Scribes et manuscrits du Moyen-Orient, F. Déroche et F. Richard, Bibliothèque Nationale, 1997.