Des noms semblables peuvent être trouvés enLibye et au sud duMaroc, comme avec la région duSouss.Souss enmarocain estsynonyme derief, ce qui désigne lesnomades ou plus généralement lescampagnards. Toutefois, le terme deSousse est ici attribué à une ville, à l'époque symbole de puissance et desédentarité.
En 2016, l'aire urbaine de Sousse-Monastir est la seconde du pays et comprend plus d'un million d'habitants[3].
La population de lamunicipalité de Sousse atteint 221 530 habitants en2014[1] pour une densité de près de 5 000 habitants/km2 alors que sonagglomération (Grand Sousse) avoisine les 400 000 habitants en2004[5], 690 000 en2015 puis 710 000 habitants en2017, ce qui la place en quatrième position des agglomérations du pays[3],[6].
Le taux decroissance démographique (2,6 %) du Grand Sousse en 2004 est le plus élevé des grandes villes tunisiennes et ce, grâce au pouvoir attractif de la ville, de son littoral et des agglomérations voisines ayant bénéficié notamment de coûts relativement bas des terrains et des loyers pour les migrants tunisiens venus à la recherche d'emplois dans l'aire urbaine et dont le flux s'intensifie à partir desannées 2000. Ils occupent principalement des emplois dans le bâtiment (23,8 %) ou dans l'administration, l'éducation, lasanté (21,2 %), quand celui des anciens résidents prédomine dans lesecteur industriel (29,2 %)[5].
Le taux d'analphabétisme à Sousse est inférieur à 10 %, avec une prépondérance de la population féminine. Le taux d'activité de la population soussienne âgée de plus de quinze ans est supérieur à 50 %. Celui duchômage de la population de Sousse Médina s'élève à 9,5 % en2014, quand celui de Sousse Jawhara est de 10,2 % avec, dans ces chiffres encore, un taux de chômage supérieur frappant la population féminine. Pour autant, l'ensemble reste inférieur à la moyenne nationale s'élevant à 15,5 % en2018. Il est à remarquer que, tout sexe confondu, le taux d'emploi est notablement plus élevé parmi les personnes ayant fait desétudes secondaires par rapport à celles relevant de l'enseignement supérieur[6].
Par ailleurs, plus de la moitié des ménages est propriétaire de son logement[7].
Si lesPeuples de la mer se sont sans doute fixés antérieurement dans la région de Sousse, c'est auxPhéniciens que l'on attribue le premier nom connu de la ville. AuXIe siècle av. J.-C. apparaît le toponymeHadrim qui désigne, selonM'hamed Hassine Fantar[10], un enclos ou un quartier d'habitation. Les vestiges archéologiques du site ne remontent cependant guère au-delà duVIe siècle av. J.-C., période où Hadrim passe sous l'autorité deCarthage et vit avec elle lesguerres puniques tout en maintenant une identité phénicienne comme l'attestent notamment les pratiques funéraires locales. Après avoir perdu labataille de Zama,Hannibal Barca, qui a des propriétés dans les environs de Hadrim, fait effectuer des travaux civils à ses soldats et est à l'origine de la plantation de nombreuxoliviers dans la région.
Hadrim se libère progressivement de la tutelle carthaginoise en établissant des relations économiques et diplomatiques directes avecRome dont elle prend le parti durant latroisième guerre punique. Après la destruction de Carthage, les Hadrumétins deviennent, selon l'expression d'Appien, les « amis du peuple romain » et la ville, rebaptisée Hadrumète (Hadrumetum), devient une cité romaine privilégiée et libre, et s'enrichit de décorations de l'époque encore visibles aujourd'hui. En46av. J.-C., elle perd une partie de ses privilèges et se trouve frappée d'une lourdeamende lorsqu'elle choisit le camp desPompéiens contre le victorieuxJules César.
La cité retrouve une prospérité relative lorsqu'en297 l'empereurDioclétien fait de Hadrumète lacapitale de la nouvelleprovince deByzacène qui s'étend sur le centre du pays[11].
Quand en439 lesVandales chassent les Romains et détruisent l'enceinte de la ville, Hadrumète prend le nom de Hunéricopolis tiré du nom deHunéric (fils du chef vandaleGenséric)[12]. Elle végète pendant un siècle avant sa destruction par des pillards venus du sud du pays et ce peu avant l'arrivée destroupes byzantines. Le port, complètementensablé, est remis en état par l'empereur byzantinJustinien dont la ville prend le nom en535 (Justinianopolis)[12] et devient lechef-lieu de l'une des sept provinces dudiocèse d'Afrique. La période byzantine dure environ 135 ans.
AuIXe siècle, la ville s'est ouverte et accueille desmusulmans, deschrétiens et desjuifs. Elle devient alors la seconde ville de l'Ifriqiya et la première duSahel. Durant lapériode fatimide, la prospérité de Sousse ne souffre que modérément de la fondation deMahdia. La ville, qui exporte ses étoffes en Orient et en Occident, est aussi une prospère citéoléicole.
Jusqu'en1159, Sousse subit les assauts puis l'occupation desNormands deSicile qui la conquièrent en1148[13]. Mais sa décadence, à partir duXIIe siècle, est surtout due à la promotion deTunis comme capitale sous le règne desHafsides, à l'appauvrissement de l'arrière-pays dont elle constitue le débouché maritime et, auXIIIe siècle, à la concurrence destextilesexportés depuis l'Europe, période durant laquelle desGénois s'installent à Sousse.
Elle passe, comme toute la Tunisie, sous leprotectorat français à partir de 1881. La création d'un nouveau port (1884) lui redonne toutefois son rôle de débouché maritime des produits de lasteppe. La municipalité de Sousse est instituée le[14],[15].
À partir de ces dates de la fin duXIXe siècle, Sousse voit l'arrivée et l'installation de nombre d'Européens, particulièrement d'origine française et italienne, qui devront quitter le pays après notamment son accession à l'indépendance[9].
Le, unattentatterroriste islamiste survient dans la station balnéaire voisine dePort El-Kantaoui située au Nord-ouest de la ville. Perpétré par Seifeddine Rezgui et revendiqué par l'organisationÉtat islamique, il fait 39 morts et 39 blessés[16]. Il choque l'opinion publique par le nombre élevé de victimes, d'autant qu'il constitue la pire attaque dans l'histoire récente de la Tunisie.
Le flanc oriental de la médina est complété par unport agrandi à partir de1899. Plus au nord s'étend la ville nouvelle construite sous leprotectorat français et caractérisée par ses larges rues rectilignes et sa promenade dominant la mer où s'alignent les hôtels en direction dePort El-Kantaoui.
Lamédina de Sousse, tout comme celle deTunis, est classée aupatrimoine mondial de l'Unesco (inscrite en1988)[17]. L'un des éléments qui la distinguent est l'emplacement de la principalemosquée qui n'est pas au centre de la ville. Comme leribat, elle était chargée de protéger le bassin artificiel de l'arsenal, ce qui explique son allure militaire.
Kasbah dominant les toits de la médina.
Le ribat a vu le jour durant le règne de ladynastie desAghlabides (821) mais, après l'édification des murs de la ville en859[18], perdit peu à peu sa fonction militaire. Alors qu'à l'étage se trouve une petite mosquée, le sous-sol est aménagé en divers locaux et magasins alors que des traces d'unepresse àolives subsistent. L'imposante entrée flanquée de deuxpiliers destyle corinthien est conçue comme une doubleporte, ce qui permettait de bloquer l'accès à laforteresse. Quant à lakasbah, elle se situe dans la partie la plus haute de la médina et date de l'année844[18].
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Aperçu des remparts de la médina.Place de la médina.
Les remparts, flanqués de tours carrées ou barlongues, se déploient tout autour de la médina. Les pierres sont posées en assises horizontales avec intercalation de joints et, à certains endroits, enopus africanum. Intégrant la kasbah du côté occidental, ils sont couronnés demerlons arrondis et percés par plusieurs entrées à arcs brisés et outrepassés, reposant sur despieds-droits et inscrites dans un cadre rectangulaire paré de pierres ; unchemin de ronde en occupe la partie supérieure.
Les murs du côté de la porte de Bab El Bhar se caractérisent par la présence dans leur partie supérieure de deux séries d'arcades voûtées et superposées, ouvertes sur l'intérieur de la ville et se prolongeant sur une vingtaine de mètres.
D'après l'inscription figurant à l'intérieur de la façade enstyle kufi, la Grande Mosquée aurait été bâtie autour de l'an236 de l'hégire (soit entre850 et851)[20] par le souverain aghlabideAboul AbbasIer. La salle de prière a été agrandie en trois étapes entre894 et897 en direction du mur de laqibla. Lepavillon coiffé d'unecoupole situé à l'angle nord du bâtiment et qui tient lieu deminaret est un ajout ultérieur, contrairement à l'opinion de Creswell, de la première moitié duXe siècle. En effet, cette coupole est déjà mentionnée dans labiographie dujuge soussien El Hassan Ben Nasr El Soussî, mort en952 :
« À la période du marché annuel, lorsque les Kairouanais venaient au ribat, il[le juge] avait l'habitude de s'asseoir sous la coupole (kouba) de la Grande Mosquée de Sousse à partir de laquelle on appelait à la prière et d'où on dominait les portes permettant l'accès à la mer. Lorsqu'il voyait un homme venir avec un jeune à ses côtés, il le laissait venir. Si le jeune était avec son père ou un autre parent, il le laissait passer. Quand il[le juge] suspectait[l'homosexualité], il l'arrêtait de disposer librement du garçon[21]. »
La plus anciennemosquée de la ville se trouve à proximité de la porte sud, plus précisément à la lisière dessouks. La mosquée Bou Ftata bâtie entre838 et841[22] porte la plus ancienne inscription sacrée destyle kufi enAfrique du Nord sur la façade du bâtiment. Selon la tradition suivie par le souverain aghlabideAboul Affan, cette petite mosquée mesure seulement huit mètres de côté et porte le nom de l'affranchi Bou Ftata.
À proximité de la Grande Mosquée, dans la rue de Sicile où les quartiers résidentiels de la médina rencontrent les souks, se trouve la médersa El Zaqqaq qui est flanquée de sa propremosquée surmontée d'unminaret de style turc. Selon la tradition locale, cette ancienne école porterait le nom de l'éruditmarocain Ali ibn Kasim El Zaqqaq (mort en1506 àFès). Il est cependant probable que son nom provienne de celui d'un érudit local moins connu, Abou Jaafar Ahmed El Zaqqaq, qui vécut à la fin duIXe siècle.
Les élèves étaient logés dans les petits bâtiments de l'école et y étudiaient leCoran, lagrammaire et larhétorique. À l'origine, il s'agissait sans doute d'une maison privée qui, sous le règne desHafsides, fut transformée en école.
De cette communauté installée à Sousse depuis leVIIe siècle, et qui comptait 4 800 membres en1921 puis 3 530 en1946, il ne reste plus que 36 individus en mai2006[24],[25]. La municipalité rend hommage au dévouement de certains de ses Juifs de Sousse en septembre2018, en attribuant le nom de leursnotables à plusieurs rues de la ville[26].
Il exista aussi dans le passé l'église Saint-Joseph, l'église Notre-Dame-de-l'Immaculée-Conception et l'église Sainte-Jeanne-d'Arc[30] qui ont disparu après l'indépendance du pays puis le départ de la population non-musulmane[31].
Situé dans lakasbah, le musée archéologique, créé en1951[32], possède la deuxième collection demosaïques après celle dumusée national du Bardo. À l'ouest de la ville, les catacombes forment unlabyrinthe de 240 galeries souterraines se déployant sur cinq kilomètres et contenant 15 000 sépultures.
On note aussi la présence d'un certain nombre de lycées, tels que lelycée pilote de Sousse, le lycée de garçons, le lycéeTahar-Sfar (anciennement lycée de jeunes filles), le lycée 2-Mars 1934 (lycée technique), le lycée Abdelaziz-El-Bahi ou le lycée Jawhara, et des collèges, tels que le Collège pilote de Sousse, le Collège Mohamed El Aroui ou le Collège Constantine.
Ledialecte soussien présente les caractéristiques du dialecte parlé dans l'ensemble duSahel tunisien, le mot le plus caractéristique étant le pronom de la première personne du singuliereni. Cependant, il existe quelques spécificités locales, surtout au niveau de l'accent plus aigu, avec une accentuation de la prononciation dui. Quelques mots sont prononcés exclusivement par les Soussiens commeyahbenni, qui exprime la stupeur ou la surprise, le motchichma qui signifie « robinet » alors que dans le reste du pays, on utilise le motsabéla, et le motchlaka qui signifie « pantoufles » alors que les autres Tunisiens l'appellentchléka.
La saison culturelle est marquée, chaque 24 juillet, veille de la fête de la République, par lecarnaval d'Aoussou. Longeant la plage et remontant l'avenue Habib-Bourguiba en direction de lamédina, des chars symbolisant l'environnement, l'enseignement ou encore les communications défilent aux côtés de troupes folkloriques tunisiennes et étrangères.
La ville de Sousse est desservie par plusieurs établissements sanitaires publics, tels que les hôpitauxSahloul etFarhat-Hached, fondé en1942[38], et privés, comme la clinique El Yosr Internationale[39].
La municipalité de Sousse est créée le, tandis que le premier conseil municipal est composé le 25 juillet de la même année. Le,Ahmed Noureddine devient le premier maire de la ville après l'indépendance[40].
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À la suite desélections municipales de 2018, Taoufik Laaribi (Nidaa Tounes) est élu maire. Après sa démission, Mohamed Ikbel Khaled, appartenant à une liste indépendante dénommée« Sousse pour tous », est élu[41].
Résultats en sièges de la municipalité de Sousse[42]
Le marché agricole du Sahel (oliveraies) et letourisme — notamment grâce à sa position centrale par rapport à de nombreux sites historiques ou balnéaires commePort El-Kantaoui,Monastir,Hammamet,El Jem etKairouan — représentent une autre part de l'économie locale. Pôle touristique sur lequel repose une notable partie de son économie, Sousse compte nombre d'hôtels de différentes catégories.
Ces dernières décennies, la ville de Sousse est devenue une destination de choix pour les touristes du monde entier de par la richesse de son patrimoine culturel, outre les atouts de sa station balnéaire, ses terrasses ombragées, ses plages au sable fin ou la douceur de son climat, mais aussi par son excellent rapport qualité-prix[43].
Pour ce faire, elle offre plusieurs types d'hébergement avec une centaine d'hôtels de plusieurs catégories dont près de la moitié en 4 et 5 étoiles[43]. Construits sur laplage, la plupart des hôtels de Sousse bénéficient deparcs aquatiques, depiscines et dejardins. Néanmoins, depuis larévolution de 2010-2011, une partie des établissements a fermé et le secteur est partiellement en berne à la suite des attentats ayant frappé les touristes de la ville et ceux dumusée du Bardo en 2015[49],[50]. Il repart à la hausse l'année suivante[51],[52].
LaSociété de transport du Sahel (STS) est la seule société offrant un service detransport en commun enbus. La ville de Sousse est reliée aux villes environnantes par un réseau de louages et detaxis qui ne cesse de se développer pour assurer la fluidité de la circulation des personnes.
La ville de Sousse est desservie par une ligne dechemin de fer régional, leMétro du Sahel, la reliant àMonastir etMahdia, sur une longueur totale de 97 kilomètres. Un projet de trois lignes supplémentaires devant rallierKalâa Kebira,Enfida,Kalâa Seghira etM'saken pour un coût de 500 millions dedinars est approuvé en juillet2019 par une délégation spéciale du conseil régional du gouvernorat de Sousse[53].
Logo historique de l'Étoile sportive du Sahel en 1925.
L'Étoile sportive du Sahel (ESS) est leclub omnisports de référence de la région du Sahel. Fondée le[55] et présidée par Chedly Boujemla puis parAli Larbi Hannachi ; elle est autorisée par arrêté ministériel le de la même année. La tenue de ses joueurs est à l'époque composée d'une« culotte blanche et un maillot rouge avec col et revers blancs et étoile blanche sur la poitrine »[56].
L'ESS est alors le seul club de Sousse composé uniquement demusulmans face aux clubs mixtes des Français de laPatriote de Sousse (fondé en1903, dans lequelFrancis Borelli a joué), des Juifs du Maccabi de Sousse, des Italiens de La Savoia et des Maltais du Red Star[56].
Le club s'entraîne sur le stade Charles-Henri-Cachelou (inauguré en1922), du nom du juge de paix français et fondateur de la Patriote de Sousse — qui l'a utilisé originellement — avant d'être rebaptisé« stade M'hamed-Maârouf » (cinquième président de l'ESS) après l'indépendance du pays. L'équipe remporte de nombreux trophées dans la première moitié duXXe siècle, notamment grâce au buteurHabib Mougou (1927-2008), surnommé« tête d'or »[56].
Il existe d'autres associations sportives de Sousse telles que leStade soussien, une ancienne gloire du football national dans lesannées 1960, l'Athletic Club de Sousse ou encore laPatriote de Sousse (doyen des clubs tunisiens), sans oublier l'Association sportive féminine du Sahel qui possède des équipes dehandball et defootball.
↑a etbRidha Lamine, « Croissance démographique et dynamiques migratoires récentes des grandes villes tunisiennes »,Les Cahiers d'EMAM. Études sur le Monde Arabe et la Méditerranée,no 16,,p. 51–75(ISSN1969-248X,DOI10.4000/emam.346,lire en ligne, consulté le).
↑« Extraits des procès-verbaux des réunions : séance générale du 17 novembre 1904 »,Bulletin de la Société archéologique de Sousse,no 1,,p. 207(lire en ligne, consulté le).
Kamel Jerfel,Les communautés européennes au temps de la colonisation française : la ville de Sousse, 1881-1939, Sousse, Faculté des lettres et des sciences humaines de Sousse,.
Alexandre Lézine,Sousse, les monuments musulmans, Tunis, Cérès Productions,.