Soukhoumi, ouSokhoumi (engéorgien :სოხუმი,Sokhumi ; enabkhaze :Аҟәа,Aqwa ; enrusse :Сухум,Soukhoum) est la capitale de l'Abkhazie, un État partiellement reconnu, indépendant de fait, considéré par la communauté internationale comme faisant partie de laGéorgie.
Sa population est de 64 478 habitants en ville en 2011, contre 43 700 en 2003 et près de 120 000 en 1989. Cette diminution s'explique par l'expulsion de la population géorgienne par l'armée russe au début des années 1990. Autrefois station balnéaire réputée de lamer Noire, la ville a durement souffert des combats lors de laguerre d'Abkhazie, beaucoup d'immeubles et des infrastructures ferroviaires restant en ruine.
Port, nœud ferroviaire et station balnéaire, Soukhoumi située au bord d'une large baie sur la côte est de lamer Noire, possède le plus grand aéroport de la région d'Abkhazie, l'aéroport de Soukhoumi-Dranda. Bénéficiant d'unclimat pontique, la ville abrite unjardin botanique créé en 1840. Jusqu'en 1992, Soukhoumi était une ville multiculturelle, neuf langues différentes y étaient parlées.
L'histoire de la ville débute auVIe siècle av. J.-C., lorsque desColques s'installent dans la région. On sait parArrien qu'une colonie grecque fondée par la cité deMilet se développe ensuite, sous le nom deDioscurias[1] (en grec : Διοσκουριός, qui fait référence à une fondation mythique par lesDioscures[2],[3]). Le port sert alors pour l'importation desel vers leCaucase[4], et l'exportation debois, delin et d’esclaves[5]. Selon le géographe grec Strabon, la ville et ses faubourgs se distinguaient du reste du pays par ses bazars cosmopolites[6], en direction principalement de laGrèce : selonXénophon[7] ce furent lesLacédémoniens, de tous lesGrecs les moins adonnés au commerce, qui fondèrent une colonie sur la côte qui séparait lesAchéens de laColchide. Ils prirent le nom d'Hénioques[8] et appelèrent leur capitaleDioscurias. Cet épithète renvoie à une légende selon laquelle la ville aurait été fondée, non par les Dioscures, mais par Amphitos et Cercios deSparte, leursauriges[9],[10]. Un vase grec découvert àEshera, plus au nord le long de la côte, est le plus ancien vestige antique de la baie Soukhoumi, ce qui suggère que la ville antique se trouvait plutôt à cet endroit[11].
Disputée par lesprinces d'Abkhazie et deMingrélie, Tskhoumi est finalement prise par les Turcs au début de laguerre ottomano-persane (1578-1590). Ils la nommèrent Suhumkale,kale signifiant « forteresse » enturc[15]. C'est sous la domination ottomane qu'une partie des habitants de l'Abkhazie commença à se convertir à l'islam pour ne plus avoir à payer leHaraç (impôt sur les non-musulmans).
Bombardement de Soukhoumi par la flotte britannique pendant laguerre de Crimée, 1856.Soukhoumi en 1877.Soukhoumi, toile dePiotr Petrovitch Verechtchaguine (1834-1886).Soukhoumi en 1912 (photographie couleur deSergueï Prokoudine-Gorski).La baie de Soukhoumi vue du ciel.Le port de Soukhoumi en 1970.
Le prince d'Abkhazie, allié de laRussie contre l'Empire ottoman, demanda en 1810 une attaque de la ville par la marine russe, qui prit la ville. Le port fut dès lors utilisé comme une base importante de l'Empire russe. Durant laguerre russo-turque, entre 1877 et 1878, Suhumkale fut brièvement occupée à nouveau par lesOttomans. Elle redevient par la suite le chef-lieu de l'okroug de Soukhoum.
Après larévolution russe de 1917, unsovietbolchevik s'installa à Soukhoumi pour être ensuite chassé de la ville en 1918 lorsque la région fut incorporée à la république démocratique deGéorgie, qui en fit le chef-lieu du Conseil Autonome Populaire d'Abkhazie et le quartier général du gouverneur général de l'Abkhazie. L'Armée rouge s'empara de la ville en 1921 et anéantit le gouvernement géorgien, incorporant l'Abkhazie et la Géorgie à l'URSS. Soukhoumi fut désignée en 1931 par les autorités soviétiques comme capitale de larépublique socialiste soviétique autonome d'Abkhazie, elle-même partie de larépublique socialiste soviétique de Géorgie.
LaNKVD installa le un Institut de physique mathématique[18], où furent détenus de 1945 à 1954 plusieurs ingénieurs et physiciens allemands, notamment pour le développement de labombe atomiquesoviétique[19].
En 1989, la ville de Soukhoumi comptait 100 000 habitants et servait de station balnéaire, accueillant de nombreux touristes venus des autres régions de l'URSS.
Lors duconflit armé qui dura quatre ans de 1989 à 1993, la ville fut considérablement détériorée par les combats des indépendantistes abkhazes et les attaques aériennes de laRussie contre les autoritésGéorgiennes. En 1993 lapopulation géorgienne de la ville, communauté jusque-là la plus nombreuse, subit le « massacre de Soukhoumi », commis par des indépendantistes abkhazes et l'armée russe. Les Géorgiens survivants s'enfuirent par mer ou à pied vers les régions du pays encore sous autorité du gouvernement géorgien, et en particulier dans la région deZougdidi. Ceux qui voulurent rester furent pour la plupart expulsés. En rétorsion, laGéorgie imposa unblocus économique rendant difficile la vie quotidienne dans la petite capitale désormais à moitié dépeuplée. Après la déclaration d'indépendance de 2008, la paix revint dans la capitale abkhaze, ville devenue bon marché car sous-peuplée et peu active : seuls deux pays commercent régulièrement avec elle, laRussie et laTurquie (voir l'articleAbkhazie). Soukhoumi a été partiellement reconstruite, mais les conséquences de la guerre sont encore visibles. Depuis la proclamation de l'indépendance de l'Abkhazie, reconnue par la Russie en 2008, Soukhoumi est la capitale de cette république.
↑« les cochers » engrec :Heniochos engrec signifie mot à mot : « celui qui tient les rênes » selonEmile Boisacq,Dictionnaire étymologique de la langue grecque
↑GiuliAlasania, « Level of Independence in Georgia Throughout the 14th Century »,Journal of Literature and Art Studies,vol. 6,no 8,,p. 974(lire en ligne) :« Comme on le sait, il y eut un évếché catholique à Soukhoumi dès 1318 et Bernard Morre en était le prélat. Peter Gerald lui succéda en 1330. »
↑Jurab Papaskiri, « Abkhazia and the Abkhazians in the common Georgian ethno-cultural, political, and state expanse. Part I. – The Caucasus & Globalization »,Journal of Social, Political and Economic Studies.,vol. 2,no 2,(lire en ligne)
↑« Polonium 210 comes from Abkhazia – Georgian Greens »,The Messenger, Tbilissi,(lire en ligne).
↑Michael Schaaf,Heisenberg, Hitler und die Bombe. Gespräche mit Zeitzeugen, Berlin, GNT-Verlag,, « Wir haben die russische Atombombe beschleunigt: Interview mit Manfred von Ardenne ».
1 :Échappe à la souveraineté de la République de Géorgie au profit de la République autoproclamée d'Ossétie du Sud non reconnue par la communauté internationale. 1bis :Échappe en partie à la souveraineté de la République de Géorgie au profit de la République autoproclamée d'Ossétie du Sud non reconnue par la communauté internationale. 2 :Échappe à la souveraineté de la République de Géorgie au profit de la République autoproclamée d’Abkhazie non reconnue par la communauté internationale.