Fils d'un marchand de draps aisé, il estoblat à 9 ans au couvent San Francesco de Savone, où il prononce sesvœux. Il fait par la suite des études dethéologie àChieri,Bologne etPavie. Après avoir obtenu salicence, il est nommé professeur dethéologie ; il enseigne tour à tour lalogique et laphilosophie dans plusieurs villes italiennes dont l'université de Padoue. Il devient ensuiteprédicateur et gravit successivement la hiérarchiefranciscaine jusqu'à devenir ministre général en 1464. En 1467, il est élevé à la dignité decardinal parPaul II. Il résigne sa charge de général en 1469.
En 1471, il est élu pape après quatre jours deconclave. Ses premiers efforts sont consacrés à la guerre contre lesTurcs. Comme ses prédécesseurs, il connaît l'échec. De même, il ne parvient pas à réunir lesÉglises orthodoxes et catholiques par le mariage deSophie Paléologue et d'Ivan III deRussie.
Par ailleurs, il prend la décision de taxer lesprostituées et les prêtresconcubinaires de Rome, ce qui rapporte auSaint-Siège chaque année près de 20 000 ducats (par les prostituées), soit des sommes considérables[1]. N'étant pas parvenu à emprunter de l'argent auxMédicis qui lui sont opposés, le scandale desPazzi qui le soutiennent éclate. Et son neveu Raphaël est emprisonné quelque temps[1].
De fait et « contrairement à ce qu'il avait solennellement promis au moment de son élection », il nommecardinal de nombreux jeunes gens, célèbres par leur beauté ; il promeut des parents indignes à de hautes fonctions ecclésiastiques[3] parmi lesquels son neveuRaffaele Sansoni Riario, cardinal à 16 ans en 1477, accusé d'être son amant[1],[7],[8],[4], ainsi que d'autres neveux comme Giovanni della Rovere (préfet de Rome à partir de 1475),Girolamo Riario, les cardinauxGiuliano della Rovere (futur pape Jules II) ouPietro Riario[9].
construction de lachapelle Sixtine au Vatican, entre 1477 et 1483 (d'où le nom de cette célèbre chapelle, décorée parMichel-Ange).
Ses contemporains baptisent son œuvrerestauratio Urbis : la restauration de la Ville. Il fait aménager lachapelle Sixtine qui porte son nom. Il se montre également un mécènehumaniste, en partie pour des fins politiques. Il reconstitue l'Académie romaine(en), embauche des chanteurs pour la chapelle pontificale, accroît les fonds de labibliothèque apostolique vaticane.
Il fait appel à l'architecte florentinGiovannino de' Dolci pour reconstruire entièrement le château deRonciglione,apanage de lafamille Della Rovere. Les travaux sont effectués de 1475 à 1480. Cette forteresse massive est flanquée de quatre puissantes tours, raison pour laquelle on l'appelle « I Torrioni » ou « La Rocca ».
En 1483, par la ConstitutionGrave Nimis, il interdit, sous peine d'excommunication, de taxer de faute grave contre la foi la croyance en l'Immaculée Conception ou la célébration solennelle de l'office de la Conception de Marie. Mais, de crainte que cette décision ne soit considérée comme une décision dogmatique proprement dite, la constitution est suivie d'une déclaration formelle précisant que le Siège apostolique ne s'est pas encore prononcé sur le fond et qu'en conséquence il n'est pas permis non plus de taxer d'hérésie les adversaires de l'opinion immaculatiste soutenue parJean Duns Scot et l'ancienne université de Paris (Extrav. commun., 3.12.2)[11].
Le, Sixte IV institue par unebulle pontificale leGrand Pardon de Chaumont à la demande de Jean de Montmirel qui accorde à perpétuité une indulgence plénière à tous ceux qui, chaque fois que la Saint-Jean-Baptiste () tombera un dimanche, visiteront la collégiale Saint-Jean-Baptiste, s'y confesseront et y communieront.
Le caractère sommaire des jugements rendus par les tribunaux inquisitoriaux espagnols, la brutalité des méthodes et destortures employées choquèrent en Espagne comme à l'extérieur du royaume. Ainsi, le pape Sixte IV, pourtant connu pour sa grande sévérité à l'égard desJuifs[16],[17], dès 1481, écrivit « pour se plaindre de la trop grande rigueur des inquisiteurs de Séville »[18] :
« Sans tenir compte des prescriptions juridiques, ils ont emprisonné nombre de personnes en violation des règles de justice, leur infligeant des tortures sévères et leur imputant, sans le moindre fondement, le crime d'hérésie, confisquant leurs biens à ceux qu'ils condamnaient à mort, si bien que pour fuir une telle rigueur un grand nombre d'entre eux se sont réfugiés auprès du Siège Apostolique, en protestant de leur orthodoxie. »
Rome recevait un flot constant de demandes de réhabilitation émanant de personnes condamnées par les tribunaux inquisitoriaux espagnols ou de leurs familles, et, par trois fois, Torquemada dut envoyer un émissaire auprès du Saint-Siège pour se justifier sur ses pratiques[19].
Soucieux de compenser, dans les États pontificaux, l'absence de famille princière héréditaire, il crée cardinaux ses neveux,Giuliano della Rovere, futurJules II,Pietro Riario etGirolamo Riario qu'il associe à l'exercice du gouvernement politique, prêtant le flanc aux accusations denépotisme. Leonardo Riario etGiovanni Riario(ca), frères des précédents, sont quant à eux nommés préfets de Rome.
Il conclut, en 1479, une alliance avec les cantons suisses qui prévoyaient la levée de troupes mercenaires[20].
Jean de Sismondi rapporte que le pape Sixte IV inaugure une politique d'accès aux terres inexploitées pour les paysans duLatium. Ceux-ci obtiennent du pape le droit de retourner devant les tribunaux pour exiger des propriétaires le droit de défricher et d'exploiter un tiers de leurs champs. Le tribunal fixe également la redevance. Cette politique est rendue possible, selon l'historien, parce que ce pape inspire la crainte, et se poursuit pour les mêmes raisons sous son neveuJules II, mais est abandonnée après[21].
↑Après qu'il a été découvert que de nombreux Juifsconvertis de force parVincent Ferrier ontpréservé leur judaïsme, le« Pontife ordonna à l'Inquisition de veiller et de punir sévèrement les délinquans, exhortant tous les Princes Chrétiens à prêter main-forte aux Exécuteurs. Le Décret fut affiché dans toutes les villes d'Espagne (...) on... brûla deux-mille Juifs (...) »,Histoire universelle,op. cit.,p. 522. Lireen ligne.