Pour les articles homonymes, voirRenard (homonymie).
Naissance | Vesoul ![]() |
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Décès | Madrid, (enterré à l'Escurial) ![]() |
Pays de résidence | ![]() ![]() ![]() ![]() |
Profession |
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Distinctions | Anobli en 1548 |
Conjoint | Jeanne Lullier |
Simon Renard de Bermont, né en1513 àVesoul[1], mort le àMadrid, est un diplomatefranc-comtois. Il fut notamment conseiller de l'empereurCharles Quint et de son filsPhilippe II d'Espagne,comtes de Bourgogne.
Il fut ambassadeur d'Espagne enFrance et enAngleterre. En Angleterre, il organisa le mariage de la reineMarie Tudor avec le futur roi d'EspagnePhilippe II.
Simon Renard est né àVesoul, probablement au n°43 de l'actuelle rue Georges-Genoux[2]. Il étudia àDole, puisLouvain. Il devint docteur en droit et exerce en tant qu'avocat à Vesoul puis devint par la suite lieutenant général du grandBailliage d'Amont, plus haute fonction militaire et juridique de ce qui correspond aujourd'hui à la Haute-Saône. Il réside alors dans unedemeure qui porte son nom, actuellement dans leVieux-Vesoul.
Pendant laligue de Smalkalde, Simon Renard « fut du nombre des gentilshommes comtois qui allèrent volontairement combattre dans l'armée de Charles-Quint, en Allemagne. Ces braves passèrent l'Elbe à la nage et battirent les confédérés àMulberg, en 1547[3] ». Cette circonstance le fit connaître particulièrement de l'empereur.Nicolas Perrenot de Granvelle et son filsAntoine, qui précédemment avaient su l'apprécier, le présentèrent à l'empereur. « Il était savant en droit et en diplomatie. Il avoit un esprit vif, entreprenant et courageux[4] ». Charles-Quint le fit chevalier,maître des requêtes, et le nomma son ambassadeur en France, en 1548. La même année, il entra auConseil privé de Charles Quint, conseil chargé des grands enjeux politiques et composé de juristes dévoués à l'Empereur, par opposition auConseil d'État, représentant l'aristocratie[5].
En, en tant qu'ambassadeur de l'Empereur à Paris, il écrit divers rapports sur les négociations entre Français et Anglais pour terminer la guerre dite deRough Wooing, les plans Français pour prendre et fortifier l'île d'Aurigny et sur l'avancement d'autres guerres[6]. Parmi ses informateurs, il en nomme trois par les noms de codeMars,Mercure, et leCapitaine. Il est possible que leCapitaine soit le capitaine Marin qui, avec son frère Ippolito - l'homme de Lyon- et le colonel Melun deCrémone, un exilé deMilan, qui espionnait également pour le compte de son collègue Jean de Saint Mauris. La source de Marin provenait de son neveu au service deColigny[7]. Mercure et leCapitaine offrirent des informations sur les faiblesses des Français et des fortifications duPiémont[8].
En 1552, Renard participe aussi auconcile de Trente, où, envoyé par l'Empereur, il demande aux Évêques de Mayence et de Cologne de se retirer afin de laisser la possibilité d'une réconciliation avec les protestants[9].
En, à la suite de l'accession deMarie au trône d'Angleterre, Simon Renard fut nommé ambassadeur d'Espagne en Angleterre. Poste prestigieux mais qui n'est pas rétribué et qui l'oblige à quitter sa famille, restée à Bruxelles[10].
Dès les premiers jours du nouveau règne, il prit à la cour une influence prépondérante, égale sinon supérieure à celle des ministres[11]. Il prêchait à la reine la prudence en matière de religion — conseil qu'elle était peu encline à suivre — mais incitait à la rigueur sur le plan politique.
La reine qui, âgée de trente-sept ans, « était encore célibataire et n’aurait eu aucun amant », montrait de l’intérêt pour un mariage avec le futur roi d'Espagne,Philippe II. Le Conseil des Lords se divisait en deux partis. Les premiers voulaient la restauration rapide du catholicisme et un mariage avec un Anglais, les seconds recommandaient la prudence religieuse et l’union avec un prince étranger, parti mené par Simon Renard. Simon Renard fut l'artisan privilégié du mariage deMarie etPhilippe II. Il fit échouer en particulier lecomplot dit de Wyatt et conseilla d'en punir les principaux instigateurs, y comprisElisabeth, pourtant héritière du trône.
Simon Renard avait donné le projet de mariage avec lePrince espagnol, il le fit réussir, et il eut l'honneur de représenterPhilippe II lors de son mariage avec la reine, le, avant le mariage solennel un mois plus tard quand le prince fut présent.
Quand il devint clair quePhilippe II et Marie n'auraient pas d'enfant, Renard changea sa position et pria Marie de se réconcilier avecElisabeth et de la reconnaître comme héritière du trône. Bien que Renard n'appréciât pas Elisabeth, il s'agissait avant tout d'éviter que le trône ne passa à l'héritière suivant,Marie Stuart, reine d'Écosse qui était alors identifiée aux intérêts français du fait de son mariage avecFrançois II[12].
Victor Hugo a repris cet épisode et l'a fortement romancé[13] dans sa pièceMarie Tudor.
Au retour de son ambassade d'Angleterre, par patente du, il entra auConseil d'État à Bruxelles[14].
Simon Renard fut nommé ministre plénipotentiaire, et convint, en cette qualité, de latrêve de Vaucelles avecHenri II en 1556. Il fut envoyé une seconde fois ambassadeur en France en 1556.
À l'abdication deCharles Quint, l'amitié avec lecardinal Granvelle se transforma alors en solide inimitié, le cardinal ternissant ainsi la réputation de Renard auprès du roi Philippe en 1559, en l'accusant d'influence anti-espagnole[15] et en rappelant les problèmes de son secrétaire, compromis avec la France[16].
Pratiquement, Renard, après 1559, n’eut plus d’ambassade jusqu'à la chute de Granvelle. Il resta aux Pays-Bas où il se rapprocha de la noblesse néerlandaise, qui n’appréciait pas d’être écartée des décisions importantes[17].LaRéforme faisait de grands progrès aux Pays-Bas. Renard s'opposa fortement à la politique ducardinal Granvelle, sur l'application du concile de Trente et de l'Inquisition aux Pays-Bas. Il prôna une position plus souple avec la noblesse néerlandaise, qui ne fut pas comprise ducardinal Granvelle. Cette opposition assez vive[18] se termina par le renvoi ducardinal dans ses terres en. Simon Renard fut proposé par la haute noblesse néerlandaise pour remplacer le cardinal au Conseil d'État mais le roi s'y opposa, montrant que la suspicion envers lui était toujours tenace[19]. Simon Renard fut mandé d'aller en Franche-Comté mais demanda à aller à Madrid car le cardinal tenait le comté sous sa coupe.
Il alla présenter au roi Philippe II sa position sur les Pays-Bas et arriva en Espagne en. Il fut reçu en audience le, présentant une image des nobles hollandais plus positive que celles que recevait traditionnellement le roi[20]. À la suite de cette audience, il écrivit un mémoire où il donne une « très belle image de la situation des Pays-Bas[21] ». Son mémoire plaide pour l'application de lapaix d'Augsbourg sur les terres de Philippe, ce qui se traduirait par l'obligation d'être catholique sur ses terres. Il plaide aussi pour la convocation des États généraux.
Néanmoins, la position intransigeante et centralisatrice sortit victorieuse et entraîna lesoulèvement des Pays-Bas.
La chute du cardinalGranvelle n'a donc pas eu de conséquences particulièrement favorables pour Simon Renard et la fin de sa vie est plus confuse[22]. Selon d'autres sources, il est disgracié, à la suite de dissensions avec notammentAntoine de Granvelle, et se retrouve dans la pauvreté[23].
Le, à Madrid, il meurt dans son lit[24],[25].
« D'azur à l'ancre d'argent (ou d'or à la trabe d'argent) accompagnée de deux dauphins plongeants du même, mordant les branches de l'ancre, et passés en sautoir ; au chef triangulaire d'or chargé d'une aigle (bicéphale) d'azur[26],[27]».
Simon Renard a été anobli en 1548 avec le titre de chevalier[28].