Dans le système denumération grecque, sigma vaut 200 ; par exemple ‹ σʹ › représente le nombre 200.
Comme la plupart des autres lettres grecques, le sigma est parfois utilisé en dehors de son contexte alphabétique grec dans les sciences. σ sert par exemple en physique à noter laconductivité électrique, en mathématiques à noter le rayon dans lescoordonnées sphériques ou l'écart-type d'une série statistique ou encore en mécanique pour noter une contrainte. Σ, quant à lui, est utilisé dans l'écriture de lasommation.
En français, le nom de la lettre est utilisé pour former certains mots, comme lescôlon etsinussigmoïdes, ou les rongeursSigmodon et les mollusquesSigmurethra.
Jusqu’en 1976, dans l’alphabet phonétique international, le sigma minuscule [σ] pouvait être utilisé comme symbole pour la sifflantelabialisée. Il est aussi utilisé en phonologie comme symbole pour unesyllabe[1].
À la différence de la plupart des autres lettres de l'alphabet grec, l'étymologie du nom « sigma » n'est pas claire. Selon l'épigraphiste Lilian Jeffery[2], il proviendrait par confusion du nom de la lettre phéniciennesamekh, bien que n'en dérivant pas. Selon Roger Woodard[3], « san » serait le nom original de ce qui est actuellement connu comme « sigma » et correspondrait ainsi directement aushin phénicien. Le nom aurait été par la suite associé à une lettre locale alternative, actuellement connue commesan, dont le nom original est inconnu. Le nom moderne « sigma » serait quant à lui une innovation grecque qui signifierait simplement « sifflement », sur la base du verbeσίζω (sízô, « siffler »)[4]. Il est supposé que le nom de la lettre phénicienne samekh signifierait « poisson », celui de shin « soleil ».
En grec, la lettre est appeléeσίγμα (sígma), prononcée /síɣma/. En grec ancien, la lettre est appeléeσῖγμα (sîgma), prononcée vraisemblablement /sí͜iɡma/ en dialecte attique.
Inscription en face de l'église du Saint-Sépulcre àJérusalem :ΜΕΤΟΧΙΟΝ ΓΕΘϹΗΜΑΝΗϹ (en orthographe polytonique classique :Μετόχιον Γεθσημανῆς, c'est-à-direMétochion deGethsémani). L'inscription utilise la forme lunaire du sigma en milieu et en fin de mot.
La formebas-de-casse du sigma possède deux variantes typographiques : la première,σ, est utilisée au début et à l'intérieur des mots ; la deuxième,ς, n'est utilisée qu'en fin de mot. On écrit ainsiὈδυσσεύς (Odusseús,Ulysse).
Le sigma possède également une forme dite « lunaire » (majusculeϹ, minusculeϲ) du fait de sa forme encroissant. Cette forme provient de la simplification de la majuscule épigraphique Σ dans l'écriture manuscrite du grec à l'époque hellénistique (IVe et IIIe sièclesav. J.-C.)[5]. Courante dans l'Antiquité tardive et au Moyen Âge, la forme lunaire est toujours utilisée dans les polices décoratives, particulièrement dans les contextes religieux, ainsi que dans certaines éditions modernes de textes grecs classiques.
Le sigma lunaire a donné lieu à trois signes éditoriaux[6] :
Concernant le shin, la lettre correspondante de l'alphabet sudarabique est, shin, correspondant à la lettreሠ, çä, de l'alphasyllabaire guèze. Dans les alphabets sémitiques, la lettre phénicienne conduit au syriaqueܫ, à l'hébreuש, à l'araméen 𐡔, à l'arabeﺵ et auberbèreⵛ.
Le sade conduit quant à lui au sin sudarabique, (correspondant lui-même autsä guèze, ጸ), auܨ syriaque, auצ hébreu, au 𐡑 araméen, auﺹ arabe et au ⵚ berbère.
Alphabet grec peint sur la panse d'une coupe attique à figures noires. Le sigma possède une forme ressemblant à celle moderne.
L'alphabet grec dérive directement de l'alphabet phénicien à partir duVIIIe siècle av. J.-C. Lesalphabets grecs archaïques comportent toutefois deux lettres en concurrence pour noter le sons : le sigma et lesan. On pense que ce doublon résulte d'une confusion lors de cette adoption, lephénicien disposant de plus de sons sifflants que legrec. Selon l'épigraphiste Lilian Jeffery[2], la distribution des lettres sifflantes en grec est due à une confusion entre les sons et les positions alphabétiques des quatre signes sifflants phéniciens : le sigma grec (Σ) prendrait la forme et la position dushin phénicien (), mais le nom et la valeur duSemka. Inversement, lexi grec (Ξ) aurait la forme et la position du Semka (), mais le nom et la valeur du shin. Le même échange se produirait entre leszen etsade phéniciens : lezêta grec recevrait la forme et la position du premier () et le nom et la valeur du deuxième, tandis que lesan prendrait la forme approximative et la position du sade (), et ce qui pourrait être à l'origine la valeur du zen, c'est-à-dire un [z]voisé. Toutefois, comme lez voisé et le [s] non voisé ne sont pas desphonèmes distincts en grec, le sigma et le san en arrivent à remplir essentiellement la même fonction. Les dialectesdoriens qui conservent san au lieu de sigma pourraient toutefois avoir eu une telle prononciation de /s/[7].
Selon Roger Woodard[3], « san » serait le nom original de ce qui est actuellement connu comme « sigma » et correspondrait ainsi directement au shin phénicien. Le nom aurait été par la suite associé à une lettre locale alternative dont le nom original est inconnu. Le nom moderne « sigma » serait quant à lui une innovation grecque qui signifierait simplement « sifflement », sur la base du verbeσίζω (sízô, « siffler »). Woodard avance également que san pourrait noter le sonts[4].
Une réinterprétation moderne des valeurs des sifflantes duproto-sémitique, et donc du phénicien, pourrait rendre compte des valeurs des sifflantes grecques en ayant moins recours à une éventuelle « confusion ». Le shin aurait la valeurs et serait donc la source de la valeur du sigma ; semka serait reconstruit en uneconsonne affriquée,ts, une meilleure correspondance pour le groupe plosif-fricatifks du xi[8].
Le tableau suivant résume les différentes sifflantes du phénicien et du grec :
L'alphabet étrusque est dérivé de l'alphabet grec employé enEubée — alphabet que lesÉtrusques apprennent à Pithécusses (Ischia), près deCumes. L'alphabet eubéen utilise une variante du sigma,, et cette forme est reprise par les Étrusques. L'alphabet latin descend directement de l'alphabet étrusque ; le sigma conduit ainsi à la lettreS.
La lettre additionnelle latineEch (majuscule Ʃ, minuscule ʃ) dérive également du sigma.
Dans l'alphabet cyrillique, la forme lunaire du sigma donne naissance à la lettre es,С. Cette même forme lunaire conduit dans l'alphabet copte à la lettre sēmma ou sima,Ⲥ. Elle n'est en revanche pas à l'origine de la lettreC latine, laquelle dérive duG, provenant lui-même dugamma grec, Γ.
Outre ces trois caractères, le standardUnicode définit les formes majuscules et minuscules du sigma lunaire Ϲ, ainsi que celles de ce qu'il nomme les signes d'appareil critiques, le sigma réfléchi Ͻ, le sigma pointé Ͼ et le sigma pointé réfléchi Ͽ[15]. Un dernier symbole basé sur le sigma majuscule, le signe somme∑, est défini au point U+2211 dans la table desopérateurs mathématiques[16].
Le tableau suivant recense les différents caractèresUnicode utilisant le sigma :