Didrachme de Sicyone montrant laChimère , vers 380 av. J.-C.Théâtre de Sicyone. Au fond, le golfe de Corinthe. Sicyone (engrec ancien :Σικυών /Sikuốn ) est une anciennecité grecque deCorinthie , située sur legolfe de Corinthe , dans le nord duPéloponnèse .
La cité, originellement bâtie dans la plaine littorale, a été rebâtie après sa destruction en 303av. J.-C. sur le site de son ancienne acropole , un plateau où se situe lesite archéologique actuel[ 1] .
Réputée être l'une des plus anciennes cités deGrèce , la ville était connue auparavant sous les noms d'Égialée (αἰγιαλεύς /aígialeús « chevrotant »), puis de Mécôné (μηκώνη /mêkônê « euphorbe », nom par lequelHésiode la nomme dans saThéogonie [ 2] ) et enfin de Sicyone (σικυών /sikuốn « chien familier »)[ 3] , [ 4] , [ 5] . C'est là que l'on situait l'invention dusacrifice parProméthée [ 6] . Son héroséponyme ,Égialée , passait selon les versions pour le fils dudieu fleuve Inachos ou pour unautochtone .
Mosaïque de galets représentant un griffon,IV e siècle av. J.-C. (Musée archéologique de Sicyone ). Templedorique sur l'ancienneacropole de Sicyone, probablement dédié àApollon ouArtémis [ 7] . SelonPausanias le Périégète , la cité aurait été fondée par l'autochtone Égialée qui lui aurait laissé son nom[ 8] , [ 9] avant qu'elle prenne celui de Sicyone. Une série de rois s'y seraient succédé avant sa conquête par leDorien Phalcès qui la fit passer sous la domination d'Argos durant lesâges obscurs [ 10] . La mention du nom « Aigialia » dans des tablettes enLinéaire B de Pylos et de Thèbes pourrait désigner la ville et confirmer son activité et son intégration dans lemonde mycénien [ 9] .
Sicyone retrouva son autonomie au milieu duVII e siècle av. J.-C. avec l'avènement de la tyrannie des Orthagorides, parmi lesquels figuraitClisthène l'Ancien [ 11] , grand-père de l'athénien Clisthène qui réformasa cité .
Sicyone devint rapidement un centre culturel réputé, notamment dans le domaine de lasculpture . Ses ateliers debronze et decéramique et son école de sculpture formèrent tout au long de l'Antiquité de grands artistes commeLysippe ,Polyclète ,Scopas ouDiopoinos et Scyllis . C'est dans cette cité que, pensaient les Grecs, lapeinture avait été inventée[ 12] parCallirrhoé etBoutadès .
Au milieu duVI e siècle av. J.-C., le dernier tyran fut renversé par Sparte et la cité entra dans l'orbite de cette dernière en rejoignant laligue du Péloponnèse [ 13] . Sicyone participa aux batailles de l'Artémision , deSalamine , dePlatées et ducap Mycale dans le cadre desguerres médiques . Sicyone, en tant qu'alliée de Sparte, participa aussi aux opérations contreAthènes au cours de laguerre du Péloponnèse . En369av. J.-C. , elle fut prise par les Thébains au cours de leur invasion du Péloponnèse dans les suites de labataille de Leuctres . La ville basse, dans la plaine, fut détruite pendant l'époque hellénistique parDémétrios Poliorcète en 303av. J.-C., et rebâtie sur le site de son acropole, plus en hauteur [ 14] .
Sicyone passa sous dominationromaine en-146 , après ladestruction deCorinthe dont le territoire lui fut attribué. À l'époque romaine elle gardait une certaine autonomie, émettant ses propres monnaies. Par lachristianisation , la cité entre dans lacivilisation byzantine mais subit les invasionsgothiques auIV e siècle ,slaves auVII e siècle etsarrasines auIX e siècle (cette dernière provoquant peut-être le transfert de l'évêché vers la ville voisine de Zemenon). La cité prit alors peut-être le nom d'Hellas[ 15] .
À la suite de laquatrième croisade (1204 ) lesFrancs conquirent le Péloponnèse et y fondèrent laprincipauté d'Achaïe . Une version de lachronique de Morée attribue àGuillaume II de Villehardouin la construction du château de Vassilika (devenant ensuite Vassiliko), le nom (signifiant « royale ») que portait alors la localité[ 16] . Cette forteresse dépendait deschâtelains de Corinthe. Vassiliko réutilise les pierres de Sicyone et s'étend probablement à l'angle sud-est du site de la ville antique. Elle est reconquise par lesGrecs dudespotat de Morée en1429 avant d'être finalement prise par lesOttomans en1460 . Durant lapériode turque un autre village apparaît sous le nom deMulki (« propriété, domaine » enturc ). Un village moderne du nom deKiato est construit avant 1700[ 17] sur le site probable du port antique et se développe à partir duXIX e siècle (entre 1913 et 1934 cette ville côtière prend le nom de Sicyone - Σικυών puis Σικυώνια). Le village en hauteur, sur l'ancienne acropole, retrouve son nom antique deSicyone en 1920. LeDème des Sicyoniens ou « Sicyonie » est créé en 2010.
↑ Lôlos, 2015,p. 51. ↑ Hésiode 1993 ,p. 161, note 45 (= Hésiode ,Théogonie [détail des éditions ] [lire en ligne ] , 535).↑ Bailly[1] . ↑ Grant et Hazel 1955 .↑ Robert 1981 ,p. 26. ↑ Hésiode 1993 ,p. 161. ↑ (en) Kalliopi Krystalli-Votsi et Erik Østby,« The Temples of Apollo at Sikyon » , dans Brita Alroth et Charlotte Scheffer (dirs.),Attitudes towards the Past in Antiquity: Creating Identities (Actes d'une conférence internationale, 15–17 mai 2009), Université de Stockholm , 325 p.( lire en ligne ) ,p. 191–200 . ↑ Périégèse , II, V, 6.↑a etb Lolos 2011 ,p. 60. ↑ Périégèse, II, VI, 7. ↑ Lôlos 2011 ,p. 61. ↑ Pline l'Ancien ,Histoire naturelle , XXXV, 12.↑ Lolos 2011 ,p. 65. ↑ Lolos 2011 ,p. 72. ↑ Lolos 2011 ,p. 84. ↑ Lolos 2011 ,p. 85. ↑ Lolos 2011 ,p. 356. Sur les autres projets Wikimedia :
Calliope Krystalli-Votsi, « Nouvelle mosaïque de Sicyone »,Bulletin de correspondance hellénique ,vol. 100, no 2,1976 , p. 575-588 ( lire en ligne , consulté le24 juin 2020 ) .Michael Grant et John Hazel (trad. de l'anglais par Etienne Leyris),Dictionnaire de la mythologie [« Who’s Who in classical mythology »], Paris, Marabout ,coll. « Savoirs »,1955 ( ISBN 2-501-00869-3 ) ,p. 306 Yannis A. Lôlos,L’architecture à Sicyone pendant la haute époque hellénistique en ligne (en) Yannis A. Lôlos,The Town Planning of Hellenistic Sikyon inArchäologischer Anzeiger , 2011 ( en ligne )(en) Yannis A. Lolos,Land of Sikyon : Archaeology and History of a Greek City-State , Princeton, The American School of Classical Studies at Athens,2011 ( ISBN 0876615396 )Fernand Robert ,La religion grecque ,vol. 105, Paris, Gallimard ,coll. « Que sais-je ? »,1981 (réimpr. 1967) ( 1re éd. 1949), 127 p.( ISBN 2-13-044672-8 )Hésiode (trad. du grec ancien par Annie Bonnafé, préf. Jean-Pierre Vernant ),Théogonie , Paris,Payot & Rivages ,coll. « La Petite Bibliothèque »,1993 , 184 p.( ISBN 978-2-7436-2138-4 )
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