Depuis 1946, elle est l'une des cinqrégions autonomes italiennes dénommée officiellementRégion sicilienne (enitalien :Regione Siciliana).
Sa superficie de 25 708 km2 en fait la région la plus étendue d'Italie et son territoire est constitué de neuf anciennes provinces à leur tour partagées en 390 municipalités. Elle est également la seule région italienne à compter deux des dix villes les plus peuplées du pays :Palerme, son chef-lieu, etCatane. La langue officielle est l'italien, mais elle a sa propre langue parlée et écrite, lesicilien.
Le drapeau de la Sicile, lagorgone à trois jambes (Trinacria), représente les trois pointes de l'île, pointe ouest deTrapani-Marsala, pointe nord-est deMessine et pointe sud-est deSyracuse.
L'origine du nom de Sicile est obscure. Il dérive du grecsik pour signifier île de la fertilité. Son ancien nom,Trinacria, renvoie à la forme de typetriangulaire de l'île[2].
La Sicile est une île d'Italie bordée au nord par lamer Tyrrhénienne et située à l'ouest-sud-ouest de laCalabre méridionale.
Au nord-est de l'île et à une trentaine de kilomètres de la côte, se situe l'archipel volcanique desîles Éoliennes (ou Lipari). Parmi elles, l'île deStromboli, à 61 kilomètres au nord deMilazzo, est connue pour son volcan. Le territoire de la région se prolonge également à l'ouest, au large de Trapani, avec les îles Égades, et au sud-ouest, par les îles Pantelleria et Pélages au sud.
Ses 1 484 kilomètres de côtes sont majoritairement rocheuses au nord et sableuses au sud, plus variées à l'est[3].
Localisée à la rencontre de laplaque eurasienne et de laplaque africaine, la Sicile est célèbre pour ses volcans, notamment l'Etna, l'un des plus actifs du monde[3], point culminant de l'île à 3 357 mètres[5], qui s'étend sur plus de 1500 km²[4]. Mais d'autres cratères se rencontrent aussi au nord-est, dans lesîles Éoliennes : ce sont leStromboli et leVulcano. De ce fait, la Sicile est également exposée aux tremblements de terre, commedans le Val di Noto en 1693,à Messine en 1908 oudans la vallée du Belice en 1968.
SurnomméeTrinacrie dans l'Antiquité grecque en raison de sa forme triangulaire, sa situation de verrou au centre de lamer Méditerranée lui a toujours conféré une position stratégique. Ceci explique en partie la richesse culturelle de l'île.
Les fleuves siciliens sont tous de débit et d'étendue limités. Les cours d'eauapennins au nord sont appelésfiumare et sont à caractèretorrentiel, sauf en été où ils sont presque perpétuellement à sec. Les seules rivières qui atteignent une taille appréciable sont l'Imera méridionale (ou Salso), la plus longue de l'île, et leSimeto, celui-ci ayant lebassin hydrographique le plus étendu. Le fleuve Simeto est aussi connu pour la découverte de l'ambre minéral (simetina).
À cause de sa position, la région et les îles avoisinantes sont concernées par une intense activité volcanique. Les volcans les plus importants sont : l'Etna, leStromboli et leVulcano. Ils ont la singularité d'appartenir à trois typologies différentes : éruptions delavesbasaltiques entrecoupées de périodes de calme, pour la première typologie ; éruptions continues et fontaines de lave, pour la seconde, dont les caractéristiques ont été prises comme un modèle typologique par des scientifiques dans le domaine, qui ont forgé l'expressiontype strombolienne pour désigner les activités similaires des volcans terrestres ; enfin typologie de type explosive ouplinienne pour la troisième, caractérisée par de longues périodes de calme apparent et des éruptions violentes.
Située au sud de lapéninsule italienne, l'île bénéficie d'unclimat méditerranéen, aux hivers doux et humides et aux étés chauds et très secs. L'aridité est marquée dans le sud, directement atteint par lesirocco[4]. La Sicile souffre d'ailleurs d'un déficit chronique en eau et une pénurie d'eau potable, la sécheresse durant de 4 à 6 mois[6].
Peuplée de plus de 5 millions d'habitants, la Sicile reste, malgré des vagues successives d'émigration, une région densément peuplée. Sa densité est de 197 habitants/km2, contre 68,7 pour la Sardaigne et 32 pour la Corse.
La population se concentre dans trois grandes villes, essentiellement sur les côtes nord et est :Palerme (1 million d'habitants),Catane (500 000 habitants),Messine (300 000 habitants), ainsi que dans de multiples bourgs et petites villes à l'habitat groupé. L'habitat rural dispersé est rare. En 2013, les provinces deCaltanissetta etd'Enna ne représentait que 5,4 % à et 3,4 % de la population sicilienne. Palerme, Messine et Catane emploient 58,8 % de la population active de l'île.
Les grandes propriétés agricoles extensives, leslatifundia, apparues sous la Rome antique, ont marqué fortement l'économie et l'occupation humaine de l'île. Processus interrompu sous l'occupation musulmane, et limité par l'émergence sous les Normands d'un millier de petits villages ruraux (casal), le latifundium reprend ses droits aprèsFrédéric II, jusqu'à l'époque moderne. Les terres appartenaient à des grandes familles, à l’Église et ses communautés, et au Roi, exploitées par desmassari qui ne les habitaient pas[10].
Les Sicanes, sans doute d'origineibérique, étaient implantés dans l'ouest de l'île. Les Sicules, originaires de la péninsule et arrivés postérieurement, s'établirent dans le centre et l'est. Ils donnèrent leur nom à la Sicile qui s'appelait auparavantTrinakie.
À côté des Sicules à l'est et des Sicanes à l'ouest, la tradition littéraire indique que la région nord-ouest de l'île était habitée par lesÉlymes. L'image de ces derniers est plutôt floue et il est difficile d'en déterminer l'origine (attribuée tantôt à l'Anatolie, tantôt à l'Italie péninsulaire). Elle est généralement basée sur la langue et de récentes considérations indiqueraient une filiation italique.
Les études génétiques montrent que l'ascendance liée aux fermiers venus d'Iran arrive dans l'île au milieu du IIe millénaire av. J.-C.[réf. nécessaire]. Elle est contemporaine de sa propagation précédemment documentée enmer Égée. Ces études montrent également un remplacement de population à grande échelle après l'âge du bronze[16].
À partir duVIIIe siècle av. J.-C., lesPhéniciens fondent des comptoirs commerciaux en Sicile. Ceux-ci, souvent établis sur des promontoires ou des îles voisines de la côte, sont concentrés à la pointe nord-occidentale commePalerme,Solonte ouMotyé[17].
Les fondations (premières et secondaires) grecques des cités de Sicile & dates de fondations.
sténochoria, un manque de terre qui a poussé les Grecs à chercher des terres plus fertiles : en particulier en Sicile ;
phénomène épisodique, situation conjoncturelle : sécheresse entraînant la mort des arbres ;
phénomène commercial : besoins de chercher des matières premières (métaux : cuivre, fer) insuffisantes en Grèce, ce qui amène à se diriger vers des zones d’approvisionnement : Étrurie (Italie autour de Rome),Andalousie (Espagne) ;
conflits politiques qui déchirent les métropoles, témoignage de l’émergence de la communauté politique, de l’aristocratie.
Les écrits deThucydide permettent de déduire les dates de fondations des cités :
662 :Akrai, par Syracuse (colonisation secondaire) ;
628-627 :Sélinonte, par Mégara Hyblæa (colonisation secondaire) ;
597 :Camarina, par Syracuse (colonisation secondaire) ;
580 :Agrigente, par Gela (colonisation secondaire).
Cette chronologie est jugée relativement fiable par les historiens. Mais si on la recroise avec l’archéologie, on remarque une marge d’erreur d’environ 20 ans. Pour Naxos, la datation archéologique nous donne une date de fondation aux environs de., et les plus vieilles traces grecques retrouvées vers. Aucune information n’est donnée pourZancle[18].
La Sicile fut ensuite gouvernée par des princes appelés « tyrans » dont lesDenysl'Ancien etDenysle Jeune (qui accueillit le philosophePlaton).
La Sicile fut un enjeu dans laguerre du Péloponnèse opposantAthènes àSparte : en, sous l'influence d'Alcibiade, Athènes se lança dans l'expédition de Sicile, profitant des dissensions qui opposaient les cités de l'île : Athènes répondait à l'appel deSégeste, attaquée parSélinonte en.Syracuse,colonie corinthienne, était alliée de Sélinonte. Ségeste fit appel àAthènes, offrant même de payer les frais d'expédition. À ce moment de la guerre, la perte de l'Eubée, et la défection de nombreux alliés d'Athènes avaient rendu ses approvisionnements en blé précaires. La perspective de couper ceux des alliés siciliens de Sparte, tout en conquérant de nouvelles sources de ravitaillement fut certainement un élément déterminant.
L'expédition prit la mer sous le commandement deNicias, d'Alcibiade et deLamachos en. En Sicile, Lamachos fut tué et Nicias resta seul à la tête de l'expédition. L'arrivée à Syracuse deGylippos, général spartiate, fit perdre aux Athéniens la bataille des retranchements autour de la ville (). La flotte athénienne fut emprisonnée dans la rade. Les Athéniens envoyèrent une force de secours commandée parDémosthène etEurymédon. En, la flotte fut défaite à la bataille desÉpipoles, puis l'armée fut vaincue sur terre. Athènes perdit plus de deux cents navires dans cette expédition, et cinquante mille hommes (dont sept mille prisonniers desLatomies, carrière de Syracuse).
La Sicile fut un enjeu stratégique et économique important lors des deux premièresguerres puniques entre Carthage et la République romaine. Elle tomba aux mains desRomains après la victoire du consul C. Lutatius Catulus en auxîles Égades :cette bataille marqua la fin de lapremière guerre punique qui opposa Rome àCarthage sur le théâtre sicilien. Après cette défaite, Carthage abandonna la Sicile, qui devint uneprovince romaine et assura désormais une partie importante du ravitaillement de Rome en céréales.
Le roi deSyracuseHiéron II fut un fidèle allié des Romains pendant ladeuxième guerre punique, mais son petit-filsHiéronyme, choisit en le camp carthaginois. Après une série de victoires d'Hannibal, la prise de Syracuse en annonce le redressement romain et préfigure la défaite carthaginoise. À la veille de l'Empire, la Sicile fut la base de la résistance des derniers Pompéiens menés parSextus Pompée, fils dePompée.
Au début de la République, la Sicile compte entre 600 000 et 1 000 000 d'habitants, dont une dizaine de citoyens romains seulement. Elle constitue aussi un enjeu économique important. Riche en terres agricoles, la Sicile est pour Rome une importante source de céréales devenant selon l'expression deCaton l'Ancien,« le grenier à blé du peuple romain »[19]. Les céréales sont cultivées dans desLatifundia exploités par une masse d'esclaves.
À l'avènement de l'Empire romain (), la Sicile devient uneprovince sénatoriale. Elle fait peu parler d'elle au cours des trois siècles suivants. Elle bénéficie en 212 de l'édit de Caracalla qui accorde la citoyenneté romaine à tous les hommes libres. Elle est rapidement christianisée sans être véritablement touchée par leshérésies desIVe siècle etVe siècle[20].
Intérieur de la chapelle palatine de Palerme. Le décor de mosaïques et de stucs témoigne du mélange des influences normande, byzantine etmusulmane dans la Sicile normande.
En 535, le généralbyzantinBélisaire, après avoir détruit leroyaume vandale établi en Afrique du Nord,prend Palerme et conquiert le reste de l'île, alors dépendance duroyaume ostrogoth d'Italie. La Sicile devint à cette date une province de l'Empire byzantin, puis unthème. Cependant, la puissance byzantine allant déclinante, la Sicile fut attaquée par les forces ducalifeOthmân ibn Affân en l'an 652 qui quittent l'île peu de temps après. Autour de l'an 700, l'île dePantelleria est prise par lesArabes.
Des accords commerciaux furent contractés avec lesByzantins, ces derniers espérant ainsi que leurs ennemis renonceraient à conquérir l'île. Ils furent donc autorisés à échanger librement des biens dans les ports de Sicile. Malgré ces accords, les flottes musulmanes procédèrent à des attaques répétées en 703, 728, 729, 730, 731, 733 et 734 (ces deux dernières incursions se heurtèrent à une importante résistance desByzantins).
La première véritable expédition de conquête musulmane se déroula en 740, quand le prince Habib, qui avait participé à l'attaque de 728, parvient à s'emparer deSyracuse. Prêts à conquérir toute l'île, lesArabes furent contraints de rentrer en Afrique du nord en raison d'une révolteberbère. En 752, une nouvelle attaque contreSyracuse eut lieu, non pas pour conquérir la cité, mais pour la mettre à sac.
La révolte d'Euphemius et la conquête de la Sicile par les Aghlabides de Kairouan
En 826Euphemius, amiral de la flotte byzantine en Sicile, se dresse contre l'empereurMichel II et reçoit l'aide de Ziadet-AllâhIer, émiraghlabide deKairouan, qui envoieAsad ibn al-Furât ibn Sinân à la tête d'une armée composée de 10 000 fantassins, 700 cavaliers, 100 navires, ainsi que par la flotte et les cavaliers d'Euphemius.Asad ibn al-Furât ibn Sinân conquiert le sud de la Sicile et il assiègeSyracuse pendant une année, déjouant une mutinerie, une contre-attaque byzantine depuisPalerme, soutenue par une flotte vénitienne dirigée par le dogeGiustiniano Participazio. La peste emporte Asad et contraint les musulmans à lever le siège pour se replier au château deMineo. Ils échouent devant Castrogiovanni (aujourd'huiEnna), où Euphemius meurt.
En 830, ils reçurent en renfort des troupesberbères etandalouses, soit au total 30 000 hommes. Les musulmans ibériques vainquirent lesByzantins commandés par Théodotus en juillet ou août de cette année. Mais à nouveau la peste frappe les rangs musulmans. Les Berbères prennentPalerme après un long siège, en septembre 831. Elle prit le nom deal-Madinah Balharm et devint la capitale de la Sicile musulmane.
La conquête du reste de l'île fut très difficile. Les Arabes rencontrèrent de fortes résistances et il fallut encore 70 ans pour s'en emparer en totalité.Messine tomba en 843.Syracuse, résidence desstratèges duthème de Sicile, résista à un long siège et fut prise en 878. La dernière place forte byzantine conquise,Taormine, tomba le. Lapuissance byzantine ne garda en Sicile qu'une ultime place forte,Rometta, qui ne fut prise que bien plus tard, par les Kalbites en 965, après un siège commencé en 963. Passée au cours duIXe siècle sous dominationarabo-berbère[21], la Sicile est, au début duIXe siècle, sous contrôle desFatimides, conquérants de l'Afrique du Nord appuyés par des Berbères. Durant cette période l'islamisation, l'arabisation et la berbérisation seront d'autant plus radicales qu'une importante vague migratoire berbère suivra les famines qui ravagèrent l'Afrique du Nord de 1004 à 1040.
Après l'échec de la tentative de reconquête byzantine en 965, un processus d'arabisation totale du territoire sicilien est mis en place, favorisé par une importante immigration arabe et berbère en provenance d'Afrique du Nord et appuyé sur une politique de développement économique et d'amélioration de la gestion fiscale. La Sicile se conforme alors au modèle économique des principautés d'Orient : production agricole destinée au marché et au palais, en particulier le coton, la soie, et les produits de luxe.Mazara, à l'extrémité sud-ouest de l'île, est alors le port central des échanges enMéditerranée.
La Sicile province de l'émirat Aghlabide de Kairouan
Les territoires musulmans de Sicile constituèrent une province de l'émirat desAghlabides deKairouan,sunnites maitres de l'Ifriqiya et vassaux ducalife abbasside deBagdad. La Sicile était administrée par un gouverneur, ouwâli, qui résidait à Balharm (Palerme) depuis la conquête de cette ville en 831. Les gouverneurs, dont la forteresse sera sous le comte normandRoger II de Sicile restructurée et agrandie pour former lePalais des Normands, dirigeaient l'administration, l'armée et la justice. Ils nommaient les gouverneurs des principales villes, les juges (cadi,qādi) les plus importants et les arbitres (hakam) compétents pour résoudre les petits litiges privés.
Après l'invasion musulmane, les populations vivant en Sicile étaient constituées principalement de natifssiciliens,Grecs, deJuifs siciliens, de quelquesPerses, et de raresTurcs provenant d'Asie centrale. Les musulmans ne cherchèrent pas à islamiser directement la Sicile, même si indirectement ils utilisèrent toutes les opportunités pour le faire. La partie occidentale de l'île se convertit à environ 50 %« mais une fois que l'île n'est plus sous domination musulmane, redeviennent chrétiens », tandis que la partie orientale resta en grande partie chrétienne. Quelques communautés chrétiennes grecques subsistent àPalerme,Catane et dans leval Demone. Il existait également à cette époque un nombre significatif deJuifs en Sicile. Durant cette période de domination musulmane de près de 250 ans, leschrétiens occupés se virent appliquer le statut juridique de ladhimma, tel que défini par la jurisprudence islamique[22], qui les autorisait à pratiquer leur culte de manière privée et dans les églises déjà existantes[23],[24].
La Sicile devint alors une province de ce califat, unwali pro-Fatimides étant nommé àPalerme, `Alî ibn Ahmad ibn Abî al-Fawâris (qui avait déjà été gouverneur de la Sicile quelques années auparavant sous lesAghlabides).
En 947, le califefatimideIsmâ‘îl al-Mansûr Billâh avait nommé Hasan ibn `Alî al-Kalbî gouverneur de Sicile. En 948, il lui fut concédé le titre d'émir (amīr). Celui-ci établit alors sur la Sicile sa propre dynastie, les Kalbites (originaires duYémen), vassale desFatimides.
La Sicile était partagée à cette époque en troisvalli, c'est-à-dire des divisions administratives à la tête desquelles se trouvait un gouverneur nommé par l'émir (le motvalli est dérivé de l'arabewâli, et non du latinvallis (vallée)). Levallo de Mazara comprenait toute la partie occidentale de l'île, avec les provinces deTrapani,Agrigente etPalerme (ville de résidence de l'émir) jusqu'aux fleuvesImera septentrionale etImera méridionale (ou fleuve Salso), le long d'une ligne imaginaire formée par les villes deTermini,Polizzi Generosa etLicata. Levallo deMazara faisait environ 11 000 km2 et était le plus grand des trois. Levallo de Noto comprenait la partie sud-est de l'île, avec les cités deNoto etSyracuse. Levallo Demone recouvrait la partie nord-est de l'île, autour de la province deMessine. Cette organisation de la Sicile en troisvalli subsista bien après lesArabes, jusqu'en 1818.
Au commencement du gouvernement des Kalbites, la Sicile, surtout dans sa partie occidentale, connut une grande prospérité. LesArabes avaient réalisé des réformes agraires, démantelé les grandes propriétés terriennes (leslatifundia) et encouragé la création de petites fermes. Ils avaient également amélioré les systèmes d'irrigation et construit de nouveauxaqueducs. Ils avaient introduit sur l'île l'orange, le citron, la pistache et la canne à sucre. L'île était devenue autosuffisante d'un point de vue alimentaire et exportait même des denrées vers l'Afrique du nord. La Sicile était également une grande région productrice de textiles. Elle était un carrefour et entretenait des relations commerciales avec l'Orient, l'Afrique et lesrépubliques maritimes de la péninsule italienne (Amalfi,Naples,Gaète,Venise).
Palerme, la capitale de l'émirat, aurait compté sous les Kalbites 350 000 habitants, ce qui en aurait fait une des villes les plus importantes d'Europe, la deuxième derrièreCordoue, la capitale ducalifat ibérique, qui en aurait compté 450 000. En 970, le marchand, voyageur et géographe originaire deBagdadIbn Hawqal visitaPalerme qu'il décrivit comme lacité des 300 mosquées. Il ne s'agit bien sûr que d'une expression imagée indiquant le grand nombre ; et il est probable qu'à cette époque-là, aucune ville européenne, musulmane ou chrétienne, n'atteint les 100 000 habitants – les économies locales étant totalement incapables de subvenir aux besoins journaliers de populations aussi considérables.
La cour kalbite accueillit de nombreux savants, juristes, poètes et linguistes.
Cependant, après cette bataille, le déclin des Kalbites commença. En effet, si l'éloignement descalifes fatimides, qui avaient transporté leur capitale deMahdia auCaire en 973, ville fondée après la conquête de l'Égypte en 969, favorisa une plus grande indépendance, elle rendit également la dynastie sicilienne, qui tirait précisément la légitimité de son pouvoir desFatimides, plus isolée. Des soulèvements de partisans desByzantins ou desZirides d'Afrique du nord ne tardèrent pas à éclater.
Les querelles dynastiques entre émirats rivaux conduisent à une fragmentation du pouvoir et à un affaiblissement politique dont profitent les Byzantins. En 1037, avec l'aide d'une faction musulmane, les Grecs lancent une nouvelle tentative de reconquête. L'expédition, conduite par le général grecGeorges Maniakès comptait trois cents mercenaires normands prêtés par le prince lombardGuaimar IV de Salerne. Elle prit un certain nombre de villes sur la côte orientale etSyracuse tomba en 1040. Cette même année,Katakalôn Kékauménos défendit avec succès la ville deMessine, assiégée par lesArabes. Cependant, lesByzantins durent se retirer en 1042.
Cet épisode précipita la chute des Kalbites. Le dernier représentant de la dynastie, Hasan II as-Samsâm ibn Yûsuf, qui avait repris le pouvoir en 1040, dut malgré la reconquête de la côte orientale de l'île en 1042, quitter la Sicile en 1044, contesté de toutes parts par les princes locaux, lescaïds (qā'id), qui régnaient en maîtres sur leurs territoires. Il mourut en exil en 1053.
Après le départ en 1044 du dernier émir de la dynastie des Kalbites, la Sicile était divisée en quatrecaïdats. Aucun descaïds n'usurpa le titre d'émir, mais de fait chacun d'entre eux exerça sur son territoire une souveraineté absolue. Les quatrecaïdats étaient les suivants :
Caïdat dePalerme et deCatane, qui appartenait à Ibn al-Maklatî (1044-1061) ;
Caïdat deSyracuse, qui appartenait à Muhammad ibn Ibrâhim ath-Thumna (1044-1062).
En 1065 le fils de l'émirziride de l'Ifriqiya, Ayyûb ibn Tamîm, était devenu le maître d'à peu près toute la Sicile. Il avait hérité en 1062 deSyracuse d'ath-Thumna (tué cette année-là dans une bataille contre lesNormands), ainsi quePalerme etCatane, que ce dernier avait lui-même reçu d'Ibn al-Maklatî en 1061. Il ajouta à ses possessions lescaïdats deTrapani et deGirgenti en 1065.
En 1068, après le retrait d'Ayyûb, deuxcaïds se partagèrent ce qui restait de la Sicile musulmane.Ibn `Abbâd, appeléBenavert dans les chroniques occidentales, établit sa capitale àSyracuse. Un certainHammûd régnait quant à lui àCastrogiovanni (actuelle ville de Enna).
Ces divisions au sein de l'émirat encouragèrent les ambitions desNormands du sud de l'Italie.
Une famille de hobereaux normands (les fils deTancrède de Hauteville) ayant conquis des terres en Italie méridionale, le pape chargea le plus jeune,Roger, d'envahir la Sicile pour la reconvertir aucatholicisme, et lui accorda la souveraineté sur les terres à prendre. La conquête normande de l'île se fit en une trentaine d'années (1060-1090). Le fils de RogerIer parvint à faire ériger l'île enroyaume féodal en 1130.Roger II, admirateur de la culture musulmane, poursuivit la politique de tolérance de ses prédécesseurs. L'administration des rois normands était cosmopolite : elle rassemblait des Grecs, desLombards, des Anglais et des Arabes. Ce syncrétisme se retrouve dans l'art de cette époque qui combine les apportsromans,islamiques etgrecs. L'île connut une période de prospérité, notamment dans l'agriculture.
La conquête normande et la fin de l'émirat de Sicile
En février 1061,Robert Guiscard et son frèreRoger débarquèrent en Sicile, avec la bénédiction dupapeNicolas II, et prirent la ville deMessine. La conquête de l'île fut longue et difficile du fait du petit nombre des troupes normandes – rarement plus d'un millier d'hommes. Ce qui confirme d'ailleurs la faible population musulmane de l'île : comment 1000 hommes auraient-ils pu conquérir Palerme, si celle-ci avait compté 300 000 habitants ? Cependant, les Normands bénéficièrent des divisions des musulmans et du soutien de la population insulaire chrétienne. La conquête de la Sicile fut dévolue plus particulièrement àRoger, désireux de s'y tailler un fief. Il tua dans une bataille lecaïd deSyracuse,Palerme etCatane Muhammad ibn Ibrâhim ath-Thumna en 1062 et obtint cette même année le titre de comte de Sicile. L'année suivante à labataille de Cerami, une petite troupe de chevaliers et de fantassins normands défit une armée musulmane beaucoup plus nombreuse. Cette même année 1063 a lieu le sac dePalerme, sous la direction de l'amiral pisan Giovanni Orlando et avec l'appui terrestre deRoger. En 1068, la victoire deMisilmeri ouvrit aux Normands le chemin de Palerme et la conquête de l'ouest de la Sicile.
L'ancienne capitale des gouverneurs et des émirs de Sicile, Palerme, fut prise par le comte Roger en 1072, permettant de viser le contrôle de la totalité de l'île. En 1077,Trapani fut prise à son tour par Roger et son filsJourdain, puisTaormine en 1079.
Cependant, le caïd deSyracuse,Ibn `AbbâdBenavert, menait une résistance acharnée et en 1081 vainquit le gouverneur deCatane, un musulman converti au christianisme. En 1086, il s'opposa en personne au comte de Sicile devant Syracuse, son fief assiégé. Mais, le, il mourut accidentellement. Syracuse finit par tomber en octobre.
Après cet évènement, le caïd deCastrogiovanni,Hammûd, se soumit à Roger et se convertit au christianisme. Le comte normand lui donna de vastes fiefs enCalabre. La conquête de l'île fut achevée en 1091 avec la prise deNoto, ville où s'étaient réfugiés la veuve et le fils deBenavert. La puissance musulmane en Sicile avait définitivement disparu.
En 1059,Robert Guiscard, Normand issu de laMaison de Hauteville, fait un pacte avec le papeNicolas II dans lequel il se déclare formellement son vassal, obtenant en échange le titre de duc d’Apulie, deCalabre et de Sicile, auxquels il faut ajouter aussi l'actuelleBasilicate et une partie de la Campanie et duMolise actuel. Les Normands réussissent très vite à supplanter la noblesse locale, d'originelombarde, à éliminer la présence byzantine du sud de l'Italie (1071), et se consacrent alors à conquérir laSicile, alors entre les mains des musulmans. La Sicile est progressivement conquise entre 1060 et 1091 parRobert Guiscard et son frèreRoger, qui sera le premier comte normand de l'île. En 1130, l'antipapeAnaclet II, alors maître de Rome, investit le fils de ce dernier,Roger II, roi de Sicile et devient son suzerain, ce qui posera un problème politique quand lesHohenstaufen prendront le pouvoir dans le royaume de Sicile, en échange de son soutien contreInnocent II. Par la suite, Innocent II, ayant réussi à réunir des soutiens en Europe, pousse l'empereurLothaire III à attaquer la Sicile. Bien que progressant rapidement par la défection de nombreux vassaux, ce dernier finit par abandonner, non sans avoir perdu les faveurs du pape, et meurt en traversant les Alpes en 1137. Roger reconquit rapidement les territoires perdus, et,son fils ayant capturé le pape en tendant une embuscade à son armée àGalluccio, il le contraint à lapaix de Mignano qui reconnaît les titres de Roger, même s'il faudra attendre 1156 et letraité de Bénévent pour que la papauté se résigne réellement à cette situation.
Guillaume II mourant en 1189 sans enfant légitime, les prétendants au trône sontTancrède de Lecce, bâtard du ducRoger III d'Apulie (un des fils du roi Roger II),Roger d'Andria, noble normand prétendant descendre des Hauteville, et l'empereurHenri VI par le biais de son mariage avecConstance de Hauteville. C'est ce dernier qui triomphera en 1194 et montera sur le trône sicilien, mettant un terme à la période normande du royaume. Le trône passa ainsi, par héritage, à la dynastie germanique desHohenstaufen qui gouverna la région à partir de 1194 et adoptaPalerme comme capitale en 1220. Le fils de Henry VI, l'empereurFrédéric II, passera l'essentiel de son existence dans l'île.
La fin du Moyen Âge est une période de crise pour la Sicile : lapeste noire dépeuple la région et les luttes de la noblesse créent un climat négatif. L'Inquisition est instaurée en1487.
La période espagnole est marquée par un relatif déclin de la Sicile. La société est dominée par une aristocratie et une Église qui disposent d'importants privilèges.
Pendant la période révolutionnaire, la Sicile reste aux mains du BourbonFerdinand III de Sicile (1759-1816), grâce à la protection britannique alors que les Français sont installés au sud de la péninsule italienne. Les tentatives de réformes aboutissent à laConstitution de 1812 et à l'abolition des privilèges féodaux. Une petite bourgeoisie commence à se former. Mais ces efforts sont anéantis par le retour des Bourbons qui unifièrent les deux royaumes et s'installèrent à Naples. À partir de cette date, plusieurs mouvements de révolte contre la politique réactionnaire des Bourbons (refus d'instituer un gouvernementconstitutionnel) échouent. En 1820, les révolutionnaires de Palerme demandent l'autonomie de l'île. Larévolution de 1848 est agraire et particulariste.
Après le débarquement deGiuseppe Garibaldi, la Sicile approuve, le, un très contesté plébiscite d'annexion à l'État piémontais — le vote se fait sous la menace de l'armée d'occupation et n'était pas secret. L'année suivante, le, l'État piémontais changea son nom enroyaume d'Italie et la Sicile devint une partie de l'Italie.
En Sicile et dans le Sud de l'Italie une vaste guérilla populaire (leBrigandage) de résistance contre les Piémontais et le nouvel État italien, qui dura plus de 10 ans, donna lieu à une violente répression militaire menée par l'armée italienne. Elle causa dans les premières années des centaines de milliers de morts civils, des milliers de déportés, la destruction de nombreux villages, l'effondrement économique de toutes les régions du Sud et une énorme vague d'émigration sans précédent dans l'histoire de l'île, qui porta des millions de Siciliens à l'étranger.
Avant l'union avec l'Italie, la Sicile a été une des régions les plus riches et développées d'Italie.Palerme et laConca d'Oro s'enrichissent avec l'exportation d'agrumes, en particulier decitron, et un certain développement industriel et économique voit le jour, soutenu par les deux grandes familles de Palerme, lesFlorio, représentés à partir de 1891 parIgnazio Florio Jr., l'une des plus grosses fortunes d'Italie, et de l'autre côté par lesWhitaker(it), propriétaires de la villa qui deviendra leGrand Hôtel et des Palmes, oùWagner acheva à l'hiver 1881-1882 son dernier opéra,Parsifal. L'influence des Florio est telle que la presse désigne Palerme sous le nom de « Floriopolis », tandis que la haute société européenne de laBelle Époque afflue dans la ville admirer son opulence.
La Sicile est le théâtre d'un important conflit agraire entre 1892 et 1894. Le mouvement paysan, organisé au sein desFaisceaux siciliens des travailleurs (fasci), lutte pour laréforme agraire et la conquête des administrations communales. Le mouvement a affronté lamafia, alliée des grands propriétaires terriens et de l’armée. La répression des Fasci a fait plusieurs dizaines de morts et provoqué une émigration massive, surtout vers lesÉtats-Unis[25].
En 1946, la Sicile est la première région italienne à obtenir un statut d'autonomie en raison du retard de son développement économique et des aspirations séparatistes. Le pouvoir législatif est détenu par l'Assemblée régionale sicilienne, élue au suffrage universel, au sein de laquelle est élu un gouvernement régional dirigé par un président de région.
À cette époque, le mouvement paysan sicilien s'est réorganisé et a repris ses luttes, conduisant à des occupations de terres qui se soldèrent par des dizaines de morts à la suite d'interventions policières. La réforme agraire sicilienne de 1950 fut très mal reçue : les paysans reçurent les plus mauvaises terres, découpées en petites parcelles attribuées par tirage au sort individuel, après la révocation des concessions de terres faites auparavant aux coopératives[25].
Un des plus gros enjeux pour la Sicile est celui de la lutte contre lamafia (ouCosa Nostra), organisation criminelle socialement enracinée et qui use de son pouvoir à travers tout un réseau clientéliste. Elle s'est distinguée dans les années 1950-1960 par lesac de Palerme. De la fin des années 1970 au début des années 1990, sous la direction du parrainToto Riina, Cosa Nostra a mené une véritable guerre contre l'État italien, multipliant les assassinats de politiciens, de journalistes, de policiers et de magistrats (en particulier les jugesGiovanni Falcone etPaolo Borsellino en 1992). Si laMafia se fait depuis plus discrète, elle continue deracketter les entreprises par lepizzo et noyaute l'économie à travers de multiples appels d'offres truqués, formant un véritable obstacle au développement de la région.
Par ailleurs, l'île deLampedusa attire régulièrement l'attention des médias par lesboat-peoplesans-papiers qui y débarquent ou y sont débarqués, puis enfermés dans des centres de détention avant d'être expulsés ou invités à rejoindre le continent et bénéficier d'un statut de réfugié.
La Sicile dispose d'un très riche patrimoine culturel, héritage de son histoire aux multiples influences. Dans l'Odyssée la Sicile s'appelle l'île du soleil.
Pays des Cyclopes, deux poèmes en languegrecque du poète sicilienThéocrite aux alentours de, y situent l'histoire du cyclope pasteurPolyphème, amoureux éconduit par laNéréideGalatée qui change le sang de son amant, le berger sicilienAcis, écrasé sous un rocher par le cyclope jaloux, en unerivière(it) portant son nom en Sicile. Ce même Polyphème rencontre dans l’Odyssée d'Homère,Ulysse et ses compagnons fraîchement débarqués sur l'île, et est aveuglé par le roi d'Ithaque qui lui crève l'œil pour lui échapper.
L'équipage d'Ulysse revient plus tard dans l'île deTrinacrie, après avoir subi les menaces des monstres marins dudétroit de Messine,Charybde etScylla, que seuls lesArgonautes étaient parvenus à franchir avec l'aide d'Héra. Une fois accosté,Ulysse, dûment chapitré à ce sujet au chant XI par le devinTirésias, interdit à ses hommes de toucher aux troupeaux de bœufs et de moutons d'Hélios, dieu du Soleil. Alors qu'il dort, pourtant, ses hommes affamés abattent des vaches. Hélios réclame vengeance auprès deZeus qui foudroie le navire d'Ulysse, l'épargnant seul au passage.
C'est encore en Sicile queDédale trouve refuge, auprès du roiCocalos, pour se soustraire à la vengeance du roiMinos, lequel le retrouve grâce à un défi, celui de faire passer un fil à travers les orifices d'une coquille, que seul l'ingénieux architecte pouvait résoudre, en accrochant le fil à unefourmi qui traversa alors tous les orifices. Cocalos refusant de livrer Dédale, qui lui a édifié la forteresse deCamicos (peut-être l'actuelleSant'Angelo Muxaro), une guerre entre les deux rois s'engagea jusqu'à la mort du roi de Crète en Sicile, ébouillanté dans son bain par les filles de Cocalos[26].
Les Romains font également de la Sicile un des théâtres de leur mythologie, telOvide qui relate l'histoire d'Aréthuse, nymphe transformée parDiane en une source souterraine qui jaillit àOrtygie, ouVirgile, selon lequelÉnée rencontre près de l'Etna un des marins d'Ulysse,Achæmenide, puis a été accueilli àDrépane parAceste[27]. Les Romains pensaient queVulcain se trouvait dans l'île éponyme, au nord de la Sicile.
En Sicile on trouve beaucoup de spécialités tel que les arancini, une boule de riz frit avec du “ragút " à l’intérieur. Il y a aussi les cannoli, un tube de pâte croquante fournis d’une crème à la ricotta et de fruits confits mais il existe des variantes comme par exemple avec des pépites de chocolat, à la pistache…
L'Empire romain est très influencé par l'art hellénique, notamment après la prise de Syracuse, comme l'attestent les copies romaines de statues grecques que sont laVénus de Lilybée et laVénus Landolina. Les théâtres sont adaptés aux jeux du cirque. Des villas rurales, comme celle de Casale, témoignent de l'art de la mosaïque romaine[4].
Les périodes byzantines et arabes laissent peu de traces. Elles ont en revanche fortement influencé l'architecture normande de Sicile : les byzantins à travers leséglises à plan centré, l'usage des marbres pour les dallages, les parois, les colonnes et leurs chapiteaux, les mosaïques inspirées du second âge d’or byzantin, avec des scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament et la figure duChrist Pantocrator ; les arabes par l'usage des arcs brisés et entrelacés, des coupoles à bonnet d'eunuque, dans le traitement des charpentes et des menuiseries, par la polychromie des matériaux sur les façades, les coupoles. Cette culture intègre ces éléments orientaux aux apports occidentaux de l'architecture religieuse bénédictine et clunisienne (plan basilical des cathédrales, campaniles à baies superposées, cloîtres à colonnades, croisée d'ogives...)[4].
Chef-d'œuvre du patrimoine oral et immatériel de l'humanité : la pratique agricole traditionnelle de la culture de la « vite ad alberello » (taille de la vigne en gobelet) de la communauté dePantelleria[30].
Le Parrain (Mario Puzo's The Godfather),Le Parrain II (Mario Puzo's The Godfather : Part II),Le Parrain,3e partie (Mario Puzo's The Godfather : Part III) films deFrancis Ford Coppola (1972, 1974, 1990), dont de nombreuses scènes se déroulent en Sicile, paysage clé de la trilogie ;
Voyage Pittoresque des Isles de Sicile, de Malte et de Lipari, deJean-Pierre Houël, qu’il publia de 1782 à 1787 (4 volumes in-folio)(lire en ligne). Pour l'illustrer, il grava des planches inspirées de ses dessins(Voir sur Commons).
L'Italie, la Sicile, les îles Éoliennes, l'île d'Elbe, la Sardaigne, Malte, l'ile de Calypso, Sicile et Malte, par M. D.-D. Farjasse - 1835, d'après les inspirations, les recherches et les travaux de MM. le vicomte de Chateaubriand, de Lamartine, Raoul-Rochette… [et al.] ; recueillis et publiés par Audot père(lire en ligne)
Souvenirs de la Sicile, de Louis-Nic.-Phil.-Auguste de Forbin, Imprimerie Royale, 1823 (Bibliothèque Municipale de Lyon)(lire en ligne surGoogle Livres)
Un tour en Sicile, de Gonzalve de Nervo, édition Chez les marchands de nouveautés, Paris, 1833(lire en ligne)
L'Italie, la Sicile, Malte, la Grèce, l'Archipel, les îles Ioniennes et la Turquie : souvenirs de voyage historiques et anecdotiques, par Jean Giraudeau, 1835(lire en ligne)
La Sicile, souvenirs, récits et légendes, de Victor Postel, Éditeur : J. Lefort, (Lille), 18??(lire en ligne)
La Sicile, notes et souvenirs, par Roger Lambelin, Éditeur : Desclée de Brouwer (Lille), 1894(lire en ligne)
En voiturin : voyage en Italie et en Sicile, par Paul de Musset, Éditeur : Calmann Lévy, Paris, 1885(lire en ligne)
Italie, Sicile, Bohême : notes de voyage par Auguste Laugel, Paris, 1872(lire en ligne)
Le drapeau sicilien, communément appeléTrinacria.Héraldique régional.
Le drapeau et l'héraldique de la Région Sicile est un quadrilatère comportant les deux couleurs jaune et rouge, limités par une diagonale reliant le coin haut à gauche à celui du bas à droite, avec au centre untriskèle représentant trois jambes nues tournant dans le sens inverse des aiguilles d'une montre et en son milieu leGorgoneion, visage deMéduse (mythologie)[2].
Le drapeau est présent, selon la loi régionaleno 1 de2000[31], dans tous les bâtiments publics régionaux.
L'économie sicilienne, pauvre en grandes industries, est dominée par les 43 000 sociétés familiales, qui représentent 76 % des entreprises de plus de trois salariés, et sont actives dans l'industrie (Salerno Packaging, Irritec), l'agroalimentaire (Agrumaria Corleone,Antica Dolceria Bonajuto, Tasca d'Almerita), le textile (Giglio.com) ou encore le tourisme. Plus anciennes que la moyenne des entreprises familiales italiennes, ces sociétés siciliennes sont dirigées à 95 % par un membre de la famille quasiment toujours un homme alors que les femmes sont à la tête d'un quart des entreprises individuelles et des sociétés publiques[33].
La région souffre comme l'ensemble duMezzogiorno d'un retard économique, d'un fort taux de chômage (environ 20 % des actifs), ainsi que de l'infiltrationmafieuse.
En 2006, leproduit intérieur brut (PIB) de la Sicile atteint 82 938,6 millions d'euros, et le PIB/habitant est de 16 531,50 euros. Le nombre d'entreprises s'élève à 234 623. En 2012, le PIB était de 84,9 milliards d'euros (5,4 % du PIB de l'Italie), soit 16 826 euros par habitant, contre 25 600 au niveau de l'ensemble du pays[3].
L'économie est majoritairementtertiaire (services publics, et dans une moindre mesure l'intermédiation financière, l'immobilier et le commerce), avec un certain développement de l'agriculture (7 % des emplois) et une faible industrialisation (9,6 % des emplois).
En 2012, l'île fournissait 3,3 % des exportations italiennes (issues essentiellement des industries pétrochimique, chimique, agricole et électronique)[3].
En 2013, letaux de chômage était de 21 % contre 12,2 % au niveau national[3], touchant principalement les femmes et les jeunes.
Palerme etCatane concentrent les principales entreprises siciliennes. Catane accueille le plus vaste parc scientifique régional, l'Etna Valley, spécialisé en informatique et en biotechnologie. Les autres principales zones industrielles sont autour deMessine,Syracuse etGela, zones dominées par l'industrie pétrochimique, et dans les régions deMazara del Vallo,Marsala etTrapani, notamment liées aux activités maritimes et viticoles[3].
Le tableau indique lePIB[34] de la Sicile aux prix courants du marché en 2006, exprimé en millions d'euros rapporté aux principales activités économiques :
Macro-activité économique
PIB produit
% secteur du PIB régional
% secteur du PIB italien
Agriculture, sylviculture, pêche
2 923,3 €
3,52 %
1,84 %
Industrie
7 712,9 €
9,30 %
18,30 %
Construction
4 582,1 €
5,52 %
5,41 %
Commerce, réparation, hôtels et restaurants, transports et communications
15 159,7 €
18,28 %
20,54 %
Activité bancaire ; activité immobilière
17 656,1 €
21,29 %
24,17 %
Autres activités et services
24 011,5 €
28,95 %
18,97 %
TVA, impôts indirects nets sur les produits, taxes sur les importations
Le volcanEtna a aussi deux stations de sport d'hiver.
Le patrimoine naturel et culturel de l'île fait du tourisme un des secteurs majeurs de l'économie sicilienne, même s'il ne représente que 4 % du PIB régional contre 10,3 % du PIB italien, freiné par le manque d'infrastructures, le ralentissement du tourisme national, et la saisonnalité de la demande également géographiquement concentrée autour de quelques pôles urbains[3]. L'île est en effet dotée d'une offre touristique importante et variée, alliant entre autres tourisme balnéaire (Terrasini,Cefalù,Taormine), naturel (Etna) et culturel (Palerme,Agrigente,Noto…).
Scène de marché à Palerme.
En 2013, les établissements d'hébergement ont accueilli 4,4 millions de personnes pour des séjours moyens de 3,3 nuits. Les Italiens composent la majorité de ces touristes (55,48 %)[3]. La Sicile s'est impliquée dans letourisme durable, via de nombreuses randonnées équestres organisées un peu partout sur l'île[36] et qui en font une spécificité de larandonnée dans les îles de Méditerranée..
L'agriculture garde un poids déterminant dans l'économie sicilienne, en employant 10 % des actifs, contre 4,1 % au niveau national[37].
L'île a des terres riches et fertiles (volcaniques et/ou argilo-calcaires) qui produisent vin, huile d'olive, légumes, blé,amandes,grenades,agrumes (en particulier les citrons, les mandarines telles celles deCroceverde Giardini, ou encore labergamote et lepapyrus).
Près de1 734 200 hectares de terre sont cultivés soit 67 % de la superficie de l'île dont, en 2013, 301 000 consacrés à la culture des céréales, 156 000 à celle des oliviers, 129 000 à la viticulture et86 000 hectares à la culture des agrumes[3]. Les légumes et les primeurs sont les cultures à plus haute valeur ajoutée.
Actuellement,Syracuse est le seul endroit enEurope où l'on peut trouver du papyrus à l'égyptienne.
La pêche tient également une place importante dans les localités maritimes. La pêche authon est une des activités majeures.
L'espadon est l'un des mets préférés des Siciliens. Quelques villages pratiquent encore la pêche traditionnelle (appelée chasse) dans le détroit deMessine[37].
La Sicile possède le plus grand vignoble italien[38], produisant annuellement huit millions d’hectolitres de vin sur180 000 hectares et comportant une vingtaine de cépages autochtones plantés[39].
Puis,Pline l'Ancien dans sonHistoire naturelle témoigne de la renommée à l'époque de Jules César du mamertin deMessine et cite comme de moins grande qualité le potulan et le vin deTanrominium, ainsi qu'un vin doux d'aluntium[41]. Les Byzantins puis les musulmans développent la culture de la vigne, ces derniers introduisant lezibibbo. Les Normands poursuivent cette culture, à l'instar de la vinerie de l'abbaye Santa Anastasia fondée parRoger de Hauteville en 1101[42].
En 1773, le marchand anglaisJohn Woodhouse découvre le vin deMarsala auquel il ajoute de l'alcool pour l'exporter dans le monde entier, suivi de plusieurs compatriotes, comme lafamille Whitaker[42].
En 2012, 29 481 entreprises industrielles exerçait leurs activités dans le domaine manufacturier, l'alimentaire et la métallurgie. Les régions de Catane et de Palerme sont les plus industrialisées[3].
La Région sicilienne reconnait 23districts productifs : District Agrumes de Sicile (Catane), District de lafigue de Barbarie de Sicile (San Michele di Ganzaria), district de la pierre de lave (Belpasso), le districtmécatronique (Palerme), district de la mode Mythos (Palerme), le district nautique de la Méditerranée (Palerme), le district de la pêche et de la croissance bleue (Mazara del Vallo), le district horticole du sud-est de la Sicile (Raguse), le district laitier et fromager (Raguse), le district de la construction et des énergies renouvelables Ecodomus (Licata), le district des fruits secs de Sicile (Mazzarino), le district des viandes (Messine), le district des fruits et légumes de qualité (Syracuse), le District descéramiquesMade in Sicily (Palerme), le District dumarbre sicilien (Custonaci), le District du vin de Sicile (Palerme), le district Dolce Sicilia (Palerme), le District de l'huile d'olive extra vierge sicilienne et le district Olives de table siciliennes (Castelvetrano), le District de la laine sicilienne (Cammarata), le DistrictLuxury hospitality (Palerme), le districtSicilia 5.0 (Catane) et le district Sicily Valley (Palerme)[43].
Les principaux aéroports, assurant des liaisons vers le reste de l'Italie et vers l'international, sont l'aéroport de Catane à l'est (6 206 662 passagers en 2012), l'aéroport de Palerme à l'ouest (4 335 668 passagers en 2013), ainsi que ceux deComiso etTrapani. Ils accueillent 8,9 % des passagers d'Italie[3].
Les transports maritimes sont très développés, notamment en raison de l'insularité. La Sicile compte 48 ports (18,2 % de tous les ports italiens)[3]. Le port de Messine, à 3 km de laCalabre, permet de relier l'Italie continentale par des navettes, et permet des liaisons entre les réseaux routiers et ferrés des deux côtés du détroit de Messine. Le trafic passager et commercial vers le reste de l'Italie existe à travers les principaux ports de l'île. Des liaisons quotidiennes par car-ferries reliantPalerme aux principaux ports du continent existent également. La compagnieGrandi Navi Veloci assure des traversées versGênes,Civitavecchia etNaples tandis queGrimaldi Lines relie l'île àLivourne etSalerne. La compagnieTirrenia assure de son côté la liaison avec Naples. Il existe aussi une ligne internationale vers laTunisie assurée par Grandi Navi Veloci de même qu'une liaison avec laFrance assurée parCorsica Ferries - Sardinia Ferries en 2019.
Le réseau routier se compose des autoroutesA18 (Messine-Catane, prolongée jusque Syracuse et Gela),Catane-Syracuse,A19 (Palerme-Catane),A20 (Messine-Palerme),A29 (Palerme-Trapani/Mazara del Vallo). De nombreux axes secondaires structurent le territoire.
Le réseau ferré deTrenitalia assure des liaisons entre les principales villes. Les deux axes les plus développés relientPalerme et Cataneavec Messine (le long de la côte nord et nord-orientale, respectivement). Des trains InterCity, plus rapides mais moins fréquents, desservent les gares principales. Il existe aussi un trafic régional plus lent. Récemment, le chemin de fer reliant Palerme à Catane via l'intérieur de l'île (environ 3 heures) a été remis en service, toutefois avec un nombre limité de trajets par jour. Par ailleurs, dans laville métropolitaine de Catane, il existe un réseau ferré indépendant de Trenitalia et desservant les villes situées autour du volcanEtna (telles queGiarre,Randazzo,Bronte,Adrano etPaternò), appeléFerrovia Circumetnea.
Des autoroutes ont récemment été construites et agrandies au cours des quatre dernières décennies. Les plus importants sont les autoroutes (autostrada) qui traversent la partie nord de l'île. Une grande partie du réseau autoroutier est élevée et desservie par des viaducs en raison du relief montagneux de l'île[47],[48],[49],[50]. D'autres routes principales sont lesStrade Statali comme laSS.113 qui relie Trapani à Messine (via Palerme), laSS.114, Messine-Syracuse (via Catane) et laSS.115, Syracuse-Trapani (viaRaguse, Gela et Agrigente).
Unpont suspendu de 5 300 mètres entre la Sicile et la péninsule italienne a été mis en projet par le gouvernement italien, lepont de Messine. La décision de construire le pont, sous l'impulsion de la droite deSilvio Berlusconi, est très contestée par certains milieux politiques de gauche, et le gouvernement deRomano Prodi l'a suspendu en 2006. Le projet, sans cesse reporté, reste depuis soumis aux aléas politiques[51].
La langue officielle parlée en Sicile est l'italien. Une grande partie de la population locale parle aussi dans leurs cercles intimes lesicilien, reconnue comme langue par l'UNESCO et l'Union européenne mais qui ne bénéficie d'aucune forme de protection par la Région sicilienne ou l'État italien[53]. À l'intérieur même de la langue sicilienne, on trouve des dialectes, différents suivant les régions de la Sicile, mais tous mutuellement intelligibles.
Sur l'île, il y a quelques minorités ethno-linguistiques : la minorité albanaise, appeléeArbëresh, dans la province de Palerme, qui elle est considérée par la loi nationale de 1999[54] et protégée par la loi régionale de 1998[55] ; la minorité gallo-italique de laLombardie sicilienne et celle grecque de Messine[56],[57].
Le rapport établi parLegambiente etIl Sole 24 Ore[58] sur l'écosystème urbain sur la qualité écologique des chefs-lieux italiens prend en compte la fiabilité du système dutransport urbain, de la surface verte par habitant, l'efficacité du réseau de l'eau, la qualité de l'air, des pistes cyclables, de la quantité des eaux retraitées, de la diffusion des énergies renouvelables, de la gestion et dutri des déchets.
Les données pour la Sicile classent ses chefs-lieux dans le fond des classements nationaux :(Données de2012)[58]
À partir des années 1950, la mafia se rapproche étroitement de la politique : depuisVito Ciancimino, des représentants de la politique sicilienne ont été reconnus comme complices. Les guerres internes se sont produites : la première guerre de la mafia (en 1962) et ladeuxième guerre (en 1978).
Les activités du crime organisé limitent le potentiel de croissance de l'île. Les pouvoirs publics ont confisqué 5 515 avoirs issus de la mafia entre et. L'Union européenne a investi 63 millions d'euros au titre du FEDER 2007-2013 afin de transformer d'anciennes propriétés de la mafia en centres d'agritourisme et d'affaires[3].
La Sicile a le statut derégion autonome d'Italie depuis 1946. Elle possède un organe législatif, l'assemblée régionale (Assemblea regionale siciliana), dont les90 membres élisent un conseil régional (giunta regionale) de12 ministres (assessori). Le chef de l'exécutif est leprésident de la région, élu directement par les citoyens pour un mandat de cinq ans.
Elle dispose de ce fait de pouvoirs plus étendus que les autres régions[61],[62],[63] et aussi réglemente directement les municipalités de l'île[64].
Les compétences exclusives sont l'agriculture, la sylviculture, l'industrie, le commerce et l'aménagement urbain (au titre de l'article 14, titre II du statut du gouvernement régional de Sicile), ainsi que les transports régionaux et les communications ; la santé et la sécurité publiques ; les soins de santé ; l'enseignement secondaire et supérieur ; la règlementation des crédits financiers et des produits d'assurance et d'épargne ; les affaires sociales (relations professionnelles, protection et aide sociales) ; les taxes agricoles ; les services publics ; tout autre domaine touchant à des services d'intérêt régional (au titre de l'article 17, titre IV du statut du gouvernement régional de Sicile)[3].
En 2013 et 2014, l'assemblée régionale a adopté une réforme des autorités locales remplaçants les 9 provinces existantes par des associations libres de communes (liberi consorzi)[3].
Politiquement, la région est marquée par le vote catholiquecentriste. Bastion de laDémocratie chrétienne jusqu'au début desannées 1990, la Sicile vote désormais traditionnellement àdroite.
↑abcdefghijklmnopqrs ettFilipa Azevedo,Situation économique, sociale et territoriale de la Sicile, Parlement européen, direction générale des politiques internes.,(lire en ligne).