Dans l'Église catholique, unserviteur de Dieu (ou au féminin : uneservante de Dieu) indique une personne décédée reconnue par l’Église catholique comme ayant eu unepiété, une ferveur religieuse ou un dévouement remarquable. C'est le premier titre de distinction accordé par l'Église avant ceux plus importants devénérable,bienheureux etsaint.
Progressivement, l'appellation « serviteur de Dieu » a revêtu un caractère canonique (juridique) très précis, devenant un titre donné à un fidèle catholique décédé pour qui l'évêque diocésain a ouvert unprocès en béatification, sur lequel statuera leSaint-Siège ; cet usage est fixé notamment par l'article 4 § 2 de l'InstructionSanctorum Mater de laCongrégation papale pour les causes des saints () : « Le fidèle catholique dont a été entreprise une cause de béatification et de canonisation est appelé serviteur de Dieu »[1].
Le titre de « serviteur de Dieu » (ou « servante de Dieu ») est répandu depuis la tradition chrétienne la plus antique. En tant que tel, quoique sans aucune notion juridique, il existe aussi dans lejudaïsme et l'islam[2]. Toutefois, son usage le plus courant aujourd'hui est celui qu'en donne l'Église catholique.
Dans laBible et laliturgie catholique, le titre deservus Dei (et ses synonymes :minister,famulus…),ancilla au féminin, est utilisé, notamment dans les Psaumes, dans des versets repris par la liturgie et appliqués à n'importe quel fidèle. En particulier : « Salvum fac servum tuum, Deus meus, sperantem in te : mon Dieu, sauve ton serviteur qui s'appuie sur toi » (Ps. 85, 2).
Ainsi, dans l'ancien rituel desexorcismes, le prêtre officiant était désigné du titre de « serviteur de Dieu », et devait se désigner lui-même au cours du rituel comme : « ut indignissimo servo tuo… : et à moi, ton serviteur très indigne », et l'utilisait même pour la personne tourmentée : « Deus… respice super hunc famulum tuum : Dieu… Regarde ton serviteur ici ».
« Serviteur de Dieu » est la première étape dans un processus qui conduit à être ensuite déclaré « Vénérable (Serviteur de Dieu) », à la suite d'un décret, du seul ressort du Saint-Siège, dit « décret d'héroïcité des vertus » ou, s'il y a lieu, demartyre, puis honoré par le titre de « bienheureux » lors de l'aboutissement positif du procès debéatification, après une confirmation de miracles attribués à la personne honorée. Enfin, en dernière étape, vient l'aboutissement positif du procès decanonisation, et la personne décédée ainsi honorée reçoit le titre perpétuel de « saint ».
Un exemple d'ouverture d'un procès de béatification est disponible sur le site du diocèse du Mans : leprocès de béatification de la « Servante de Dieu », l'impératriceZita de Bourbon-Parme a été ouvert le par l'évêque duMans. Celui-ci avait reçu duSaint-Siège une autorisation en ce sens, du fait des liens spirituels très forts qui unissaient l'impératrice à l'Abbaye Sainte-Cécile de Solesmes (située dans ce diocèse), où elle passait plusieurs mois chaque année[3].
Le procès de béatification deJean-PaulIer[4] a été ouvert : l'intéressé a depuis le le titre de « vénérable »[5]. En 2021, une guérison miraculeuse obtenue par son intercession a été reconnue, ce qui ouvre la voie à la béatification. Le miracle attribué au pontife est survenu le 23 juillet 2011 à Buenos Aires (Argentine) et concerne une fillette de onze ans alors hospitalisée depuis plusieurs mois et dont le pronostic vital était engagé. La patiente a guéri de manière inexpliquée d’une « encéphalopathie inflammatoire aiguë sévère, d’une épilepsie réfractaire maligne et d’un choc septique »[6].
Le papeBenoît XIII (1649-1730) : son procès debéatification avait été ouvert le, et a été relancé par un acte du Tribunal diocésain du diocèse de Rome début 2010, acté officiellement le, conclu positivement le, et en attente de la décision de la Congrégation pour la cause des saints.
Mary Elizabeth Lange (vers 1789-1882), religieuse haïtienne, fondatrice de la première congrégation religieuse noire américaine.
SœurJosefa Menéndez (1890-1923), religieuse espagnole, grande mystique, auteur de « Un Appel à l'Amour ».
Willibrord Benzler (1853-1921), bénédictin, évêque de Metz de 1901 à 1919;
Le cardinalRafael Merry del Val (1865-1930), ancien secrétaire d'état de Pie X. Son procès de béatification a été ouvert le par le pape Pie XII, à l’instigation du cardinal Nicola Canali, ancien secrétaire particulier et ami intime de Merry del Val.
Luisa Piccarreta ( -), mystique italienne (née àCorato), auteur de nombreux écrits, fruits de ses colloques spirituels avec Jésus. Son procès de béatification a été ouvert en 1994.
Jan Tyranowski (1900-1947), laïc polonais, organisateur des réunions de l'association le « Rosaire vivant », auxquelles a participé Karol Wojtyla, futur papeJean-Paul II.
Jacques Fesch (1930-1957), repenti, revenu à la foi en prison, après avoir commis un meurtre.
Magdeleine Hutin (1898-1989), en religion Petite Sœur Magdeleine de Jésus, fondatrice de la congrégation desPetites Sœurs de Jésus, enquête diocésaine ouverte le.
Rosario Livatino (1952-1990), juge anti-mafia assassiné, qualifié par Jean-Paul II de « martyr de la justice et indirectement de la foi ».
Le PèreCandido Amantini (1914-1992), religieux passioniste, exorciste à Rome ; procès commencé en 2012.
Le professeurJérôme Lejeune (1926-1994), à qui est attribuée la découverte de l'anomalie chromosomique à l'origine de la trisomie 21, également connu pour son combat pour la « défense de la vie humaine dès sa conception et jusqu'à sa fin naturelle ».
Le PèreHenri Caffarel (1903-1996), fondateur des équipes Notre-Dame, cause ouverte en 2006.
Jacques Hamel (1930-2016), prêtre catholique français, assassiné par deux islamistes, procès ouvert quelques mois après sa mort par dispense spéciale du pape.
↑« Le pape Jean Paul Ier reconnu vénérable »,Aleteia : un regard chrétien sur l’actualité, la spiritualité et le lifestyle,(lire en ligne, consulté le)