En 1972, il est nommé attaché diplomatique auprès de l'ambassadeur de l'URSS auSri Lanka. De 1976 à 1981, il travaille au département des organisations internationales duministère des Affaires étrangères de l'URSS. De 1981 à 1988, il est premier secrétaire, conseiller puis conseiller en chef de la représentation permanente de l'URSS auprès de l'ONU[3]. De 1988 à 1990, il est le chef adjoint du département des relations économiques internationales du ministère des Affaires étrangères de la Russie. De 1990 à 1992, il est le directeur du département des organisations internationales et des problèmes globaux du ministère des Affaires étrangères.
De 1992 à 1994, il est vice-ministre des Affaires étrangères de la fédération de Russie, sous la présidence deBoris Eltsine. De 1994 à 2004, il est le représentant permanent de la fédération de Russie auprès de l'ONU[2].
Il entretient de mauvais rapports avec la secrétaire d'État américaineCondoleezza Rice[6]. LeDaily Telegraph révèle le que le ministre a employé dans une conversation téléphonique avec son jeune homologue britanniqueDavid Miliband, dans le contexte du conflit russo-géorgien enOssétie du Sud d' :« Who are you to fucking lecture me[7]? », ce qui fait la une destabloïds anglais[8]. Entre 2008 et 2012, sous la présidence deDmitri Medvedev, plus libéral que son prédécesseur et successeurVladimir Poutine, Sergueï Lavrov se fait plus mesuré, s'abstenant de critiquer l'intervention militaire franco-britannique en Libye et s'opposant à des lois anti-américaines votées par laDouma[9].
À partir de 2013, il est particulièrement actif dans la défense d'un statu quo à propos de laguerre civile syrienne en refusant une intervention militaire non encadrée par l'ONU[10] et en signant avec son homologue américain John Kerry à Genève une résolution mettant sous contrôle international les armements chimiques de l’État syrien[11]. La médiation de Lavrov et l'intervention russe en Syrie seront analysées comme un véritable « succès international » pour la Russie[6]. Il n'a par ailleurs pas donné suite à lapolitique de « reset »(en) entre les États-Unis et la Russie voulue par Barack Obama[9].
En 2014, il est en première ligne face au secrétaire d'État américainJohn Kerry, qu'il rencontre plusieurs fois dans le cadre de lacrise de Crimée et des suites de larévolution de Maïdan.
Lorsque laRussie attaque l'Ukraine fin février 2022, il continue d'exécuter fidèlement la politique du président russe. Sa crédibilité internationale, longuement construite au fil des décennies, en est grandement affectée. En mars 2022, son intervention à l'ONU est ainsi boycottée par de nombreuses délégations, dont celles des pays occidentaux, en signe de solidarité avec le peuple ukrainien[12]. Il nie également les frappes russes sur une maternité àMarioupol, et rejette la responsabilité sur l'Ukraine[13].
Le 21 mars 2025, Sergueï Lavrov a été décoré de l'ordre de Saint-André, la plus haute distinction de lafédération de Russie, par le décret présidentiel n° 160 de la fédération de Russie pour ses « services éminents rendus à la Patrie, sa contribution significative au développement et à la mise en œuvre du cours de la politique étrangère de la fédération de Russie, ainsi que de nombreuses années de service public fructueux »[14],[15].
Sergueï Lavrov se donne pour modèleAlexandre Gortchakov, ministre des Affaires étrangères d'Alexandre II, qui après la défaite de laguerre de Crimée avait restauré la position de la Russie face aux puissances européennes[6]. Il a été marqué par la gestion américaine de laguerre du Kosovo, confirmant le déclassement international de la Russie[6]. La proclamation unilatérale de l’indépendance du Kosovo (2008) formera un précédent que Lavrov rappellera lors du rattachement de laCrimée à la Russie en 2014[16],[17].
Il est l'un des hommes clefs du gouvernement de Vladimir Poutine et l'un des rares dirigeants à occuper un tel poste depuis le début de ses présidences[6]. La Russie, par son entremise, bloque par veto cinq résolutions devant ouvrir la voie à une intervention militaire en Syrie sous couvert de l'ONU, ce qui lui vaut dans les chancelleries occidentales le surnom de « Minister Niet »[18]. Suivant le président russe dans son entreprise de retrouver l'influence de son pays du temps de l'URSS, il est un défenseur résolu de la non-ingérence et de l'inviolabilité des frontières (en particulier lors de lapremière guerre civile libyenne et de laguerre civile syrienne), ce qui l'a parfois placé dans une situation délicate, notamment après la crise ukrainienne de 2014[2].
Condamnant l'extension de l'OTAN vers l'Est, « toujours plus près de la frontière russe », il affirme qu'elle constitue « la source de tous les problèmes systémiques qui ont surgi dans les relations que la Russie entretient avec les États-Unis et l'Union européenne »[6] ; c'est à ce titre que l'historienGeorges-Henri Soutou le comparait à un « nouveauMetternich »[19].
Pour Evguenia Obitchkina, professeur auMGIMO,« à la différence des diplomates soviétiques contaminés par l'idéologie, Sergueï Lavrov perpétue la tradition étatiste de la puissance russe et maintient parfaitement le cap fixé par le président »[9].
Dans le cadre des sanctions de 2022, sa fille Ekaterina Vinokourova et Polina Kovaleva[5], fille de sa maîtresse supposée Svetlana Poliakova, sont sanctionnées par les autorités britanniques[20].
Le, lors d'une interview pour la télévision italienne, Sergueï Lavrov déclare à propos du présidentZelensky qu'être à la fois juif et nazi n'est pas incompatible, en affirmant que« Hitler avait aussi du sang juif »[21],[22],[23].Israël s'alarme alors de propos« scandaleux, impardonnables et une horrible erreur historique », tandis que le gouvernement ukrainien dénonce des« théories du complot » révélatrices d'un« antisémitisme profondément enraciné au sein des élites russes »[21],[22]. Le, Moscou répond en accusant Israël de soutenir le« régime néonazi de Kiev », en affirmant dans un communiqué que« l'histoire connaît malheureusement des exemples tragiques de coopération entre juifs et nazis »[24],[22]. Le, Israël affirme avoir reçu des excuses de la part deVladimir Poutine[25].