Cette tradition sera reprise, mais sous une forme différente, par la tradition chrétienne dans les débuts duchristianisme. Par ailleurs, elle vit aussi à travers toute une série de représentationsiconographiques dans lasculpture et lamosaïque.
La syllogé des Sages a varié. On la retrouve dans différents textes, qui présentent toutefois un élément commun: leur caractère légendaire, mais qui ont aussi un substrat semi-historique[2]. Les personnages retenus dans la syllogé viennent en principe soit desîles égéennes et descités côtières de l'Asie mineure, soit de la Grèce continentale[3].
On trouve d'autres séries de sages, comme celle desApkallu, des artisans érudits dans la littératuremésopotamienne et accadienne. Dans lalittérature sanskrite, des textes mentionnent septrishi, qui sont tout à la fois voyants, poètes, mystiques, sacrificateurs, et, littéralement, étoiles (lesPléiades)[4].
L'intérêt pour la vie et les paroles des sages remonte déjà à l'époque archaïque, ainsi qu'en témoignent à la fois la légende des Sept Sages et la transmission de leurs sentences[5]. C'est en effet au cours duVe siècle av. J.-C. (ou peut-être déjà auVIe siècle av. J.-C.[6]) que des philosophes et des historiens transmettent l'idée que sept sages auraient vécu à la cour deCrésus (m. en -546) ou qu'ils se seraient réunis dans le sanctuaire d'Apollon àDelphes pour lui offrir leurs sentences[note 1], ou encore auprès de tel ou tel tyran[7]. Ce groupe de personnages aurait eu en commun d'être des maîtres de sagesse pratique, pour certains des hommes de science et pour la plupart des hommes d'État. La liste aurait été définitivement terminée auIVe siècle av. J.-C. àAthènes[6]. SelonJean Stobée, doxographe duVe ou VIe siècle, c'estDémétrios de Phalère qui aurait fixé la liste des Sept Sages[note 2], en faisant ainsi une sorte de canon, en publiant un recueil de leurs sentences[8].
Platon fournit la plus ancienne liste des Sept sages qui nous est parvenue[6],[note 3], mais on en trouve d'autres et les listes ainsi que les attributions des sentences varient[note 4]. De toute façon, selonDémétrios de Phalère, la tradition serait bien plus ancienne. Les Sept sages étaient connus pour leur sagesse pratique et leurs sentences et maximes mémorables. SelonDicéarque, élève d'Aristote, les Sept Sages ne sont ni philosophes, ni sages, mais de bons législateurs et des hommes perspicaces[9].
Hermippe, dans son livre sur les sages, dit qu’ils furent dix-sept et que chacun en choisit sept selon ses préférences. Ce sont Solon, Thalès, Pittacos, Bias, Chilon, Cléobule, Périandre, Anacharsis, Acousilaos, Épiménide, Léophante,Phérécyde, Aristodème, Pythagore,Lasos, fils de Charmantidas ou de Sisambrinos ou, selonAristoxène, de Chabrinos, Hermonée,Anaxagore.
Seuls sont arrivés jusqu'à nous des fragments de l'œuvre de Solon. Pour les autres noms de la liste restreinte donnée par Platon, nous n'avons que des maximes et dits (desapophtegmes — du grec ancien ἀπόφθεγμα /apophthegma) qui leur sont attribués[3]. Ces apophtegmes prennent le plus souvent la forme (en grec) d'injonctions de deux mots, ou à peine un peu plus dans la série transmise par Dicéarque[4].
En gras, les quatre noms figurant sur toutes les listes qui nous sont parvenues[7]. Cette liste correspond à celle donnée par Platon[12], à l'exception de Périandre de Corinthe remplacé parMyson de Chéné chez Platon. C'est également celle que reprend Paul Faure[7].
On ajoute souvent à ces sept noms ceux d'Épiménide de Crête,Phérécyde de Syros ainsi qu'Ésope[7]. Quant au Livre I deVie, doctrines et sentences des philosophes illustres de Diogène Laërce, intitulé « Les Sept Sages », il traite de onze personnages : Thalès, Solon, Chilon, Pittacos, Bias, Cléobule, Périandre, Anacharsis, Myson, Épiménide, Phérécyde.
Mentionnons d'autres maximes attribuées aux Sept sages : « Maîtrise ta colère. », « Contemple la fin de la vie. » Par ailleurs, dans les thermes des Sept Sages, àOstie, ils sont représentés sur une peinture accompagnée d'aphorismes scatologiques qui leur étaient attribués, sans doute pour s'en moquer[13].
↑On trouve une représentation graphique claire des principales de noms données par les auteurs dans « Seven Sages » sur livius.org, 2020.[lire en ligne (page consultée le 15 octobre 2023)].
↑ab etcClaude Mossé, « Busine (Α.),Les Sept Sages de la Grèce antique. Transmission et utilisation d'un patrimoine légendaire d'Hérodote à Plutarque », 2002 [compte-rendu],Revue des Études Anciennes, 2003 vol. 105, n° 1, p. 315-316[lire en ligne (page consultée le 9 octobre 2023)].
Aude Busine,Les Sept Sages de la Grèce antique. Transmission et utilisation d'un patrimoine légendaire d'Hérodote à Plutarque, Paris, De Boccard,, 144 p.(ISBN978-2-701-80148-3,présentation en ligne).
Marek T. Olszewski, « Évocation allusive des maximes des sept sages à propos de la "colère d'Achille" sur la mosaïque de Mérida »,Archelogia,,p. 37-46(lire en ligne)