Sakpata est une divinité d'origineyoruba connue dans les pays dugolfe du Bénin, également auBrésil et enHaïti, comme le dieu de lavariole, et plus généralement des maladies éruptives[2]. AuBénin et auTogo, la mythologievaudou en fait aussi la divinité de la terre[3]. Cependant les deux dimensions sont liées. Quoique très redoutée, c'est l'une des figures les plus populaires du panthéon vodoun[4].
D'originenago (yoruba), le nomSakpata comporte plusieurs variantes (par exempleSakpatè) et différentes formes selon le contexte, telles queShankpanan,Kpataki, que lesFon ont traduits parSakpata et qui signifie « l'incontournable, le Suprême[4] ».Shakpana,Shopona ouShoponno sont utilisés en pays yoruba au Nigeria[5].
Les adeptes – hommes ou femmes – portent le nom desakpatasi. Ils chantent, parfois avec une pointe d'insolence à l'égard du pouvoir ou des spectateurs, dansent, sautent et se roulent dans la poussière[5].
Dans une étude publiée en 2013, le professeurMahougnon Kakpo[6] fait le point sur les recherches concernant les origines historiques de Sakpata. Selon lui, sa présence au Bénin est attestée au moins depuis la fin duXVIIe siècle, c'est-à-dire antérieure à celle duFa (1715). Sakpata y aurait été introduit lors d'un mouvement migratoire en provenance d'Egba, un village d'Abeokuta auNigeria. Parties avec leursorishas, ces populations s'installent sur les collines deDassa-Zoumè et commencent les premières initiations au vodoun Sakpata.
Au tout début duXVIIIe siècle, des adeptes sont capturés par le roiAkaba. Peu après, une épidémie de variole se déclare, qui emporte aussi le roi en 1708. Sur son corps on découvre les pustules et le bruit court que cette variole aurait été provoquée par un vodoun du paysIdaasha (Dassa-Zoumè). Le culte de Sakpata se propage alors depuis Dassa-Zoumè vers le centre du pays pour atteindre le sud et toute la région côtière. Redoutable, le vodoun n'est pas facilement accepté àAbomey. On craint de le nommer et des litotes sont volontiers utilisées, telles que « Maître de la Terre » ou « Roi des Perles ».
La royauté se sent menacée dans sa légitimité par les prérogatives de ces adeptes qu'elle ne parvient pas à contrôler. Les souverains décident d'expulser le vodoun et son clergé hors de la capitale. Même à Abeokuta, son foyer d'origine, Sakpata est interdit en 1884, après une épidémie meurtrière.
Cependant le roiGhézo autorise le retour du culte à Abomey. Son expansion est alors rapide[7].
Vodoun de lignage, Sakpata peut constituer à lui seul tout un panthéon. On peut ainsi dénombrer une vingtaine de sortes de Sakpata, chacun doté d'une particularité, par exempleDada Langan (chargé de l’agriculture et de la chasse),Dada Sinji (cuisinier) ouAgbogboji (spécialiste des morts par noyade). C'est à la fois une force bénéfique, symbole de la terre et responsable de la fécondité, mais aussi une puissante force punitive et destructrice, dont l'arme de destruction est principalement la variole ou d'autres maladies, également la sécheresse, le malheur et la mort[4].
Selon Mahougnon Kakpo, la profondeur du phénomène du vodoun est difficile à appréhender sans maîtriser les langues des peuples concernés et comprendre la philosophie qui le sous-tend. Plutôt qu'une religion, c'est une manière particulière d'être, qui s'appuie sur une cosmogonie hiérarchisée ordonnançant le monde visible et le monde invisible, accompagnée d'un ensemble de rituels spécifiques. Cette compréhension est préalable à celle du vodoun Sakpata en particulier, et du Fa dans lequel il trouve son origine[8].
Les objets liés au culte de Sakpata sont souvent eux-mêmes porteurs de signes évoquant la maladie éruptive, tels que :
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En 1958-1959, l'ethnomusicologueGilbert Rouget a réalisé de nombreux enregistrements sonores (chants, fêtes, cérémonies) liés au vodoun Sakpata.
En collaboration avecJean Rouch, Gilbert Rouget a tourné un documentaire de 17 min,Une sortie de novices de Sakpata, dans la région d'Allada les 5, 8 et (CNRS, 1963, vidéo en ligne[2])
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