Natsume Sōseki(夏目 漱石?, àEdo - àTokyo) est un auteur japonais deromans et denouvelles, représentatif de la transition du Japon vers la modernité, pendant l'ère Meiji.
Natsume Kinnosuke(夏目 金之助?) est né le dans le quartier d'Ushigome àEdo (aujourd'hui Tokyo) dans l'arrondissement actuel deShinjuku. Sa naissance précède d'un an le début de l'ère Meiji (1868-1912), une modernisation du Japon. Il est un enfant non désiré pour sa mère alors âgée de 40 ans et pour son père de 53 ans[1]. Ces derniers ayant déjà cinq enfants, Sōseki est confié à l'âge de deux ans à un couple de serviteurs, Shiobara Masanosuke et sa femme. Il restera avec eux jusqu'à leur divorce, alors qu'il est âgé de neuf ans[1]. À son retour dans sa famille, il est bien accueilli par sa mère mais rejeté par son père. Sa mère meurt en1881, alors qu'il est âgé de 14 ans, tout comme ses deux frères ainés en1887.
Il prendra comme nom de plume, en1888 « Sōseki » (littéralement : « se rincer la bouche avec une pierre »)[2]. Il s'agit des deux premiers caractères d'une expression chinoise desAnecdotes contemporaines et nouveaux propos deLiu Yiqing :shù shí zhěn liú (漱石枕流, en japonais :sōsekichinryū) signifiant littéralement : « Se rincer la bouche avec une pierre et faire de la rivière son oreiller. » Selon l'anecdote, il s'agissait d'une erreur de Sun Zijing, qui, en parlant avec Wang Wuzi, avait inversé deux caractères de la phrase « prendre une pierre pour oreiller et se rincer la bouche avec l'eau de la rivière » (枕石漱流). Wang Wuzi, voyant l'erreur, lui demanda comment on pouvait se rincer la bouche avec une pierre et faire de la rivière son oreiller, et Sun Zijing lui répondit « si quelqu'un veut faire de la rivière son oreiller, c'est qu'il veut se laver les oreilles, et s'il veut se rincer la bouche avec une pierre, c'est qu'il veut se brosser les dents ». Le sens de cette expression a donc évolué jusqu'à signifier quelqu'un d'obstiné, qui refuse de reconnaître ses erreurs, quitte à inventer des arguments tirés par les cheveux.
Au collège, il se passionne pour la littératurechinoise et se destine à l'écriture. Mais quand il entre à l'université de Tokyo en septembre1884, il est obligé de commencer des études d'architecture et étudie en même temps l'anglais.
En1887, il rencontreMasaoka Shiki qui le pousse à écrire et l'initie à la composition deshaïkus. En1890, il entre au département d'anglais de l'université de Tokyo et obtient son diplôme en1893. Au cours de ses études, il écrit plusieurs articles, notamment sur les poètes anglais et sur le romanTristram Shandy, deLaurence Sterne. Il commence à enseigner en 1893.
En1895, il est nommé professeur àMatsuyama et son expérience donnera lieu dix ans plus tard à l'écriture deBotchan,puis en1896 il part habiter et enseigner àKumamoto (Kyûshû), où il restera quatre ans.
Le gouvernement japonais l'envoie étudier enAngleterre, d'octobre1900 à janvier1903. Mais il manque d'argent et passe beaucoup de temps enfermé et plongé dans des livres. De cette confrontation avec l'Occident, Sōseki laisse des textes très variés qui relatent son expériencelondonienne ; certains sont empreints de rêveries historiques, d'autres particulièrement cocasses.
À son retour, il se voit confier la tâche de succéder au prestigieuxLafcadio Hearn comme lecteur de littérature anglaise à l'université de Tokyo, poste qu'il va abandonner pour se consacrer entièrement à l'écriture à partir de1907, grâce à un contrat avec un grand journal de Tōkyō,Asahi Shinbun, pour lequel il rédige de nombreux ouvrages. C'est d'ailleurs par le biais de ce même journal qu'il aidera par la suite un de ses élèves,Kansuke Naka, à publier son premier roman intituléGin no saji (« La cuillère en argent ») entre 1911 et 1913.
Son premier livre,Je suis un chat, paraît en1905. C'est une vision ironique, à travers les yeux naïfs d'un chat vivant chez un professeur d'anglais désabusé, du Japon de son temps. Cette œuvre devient vite un grand succès, de même queBotchan l'année suivante.
Le second voyage, d'agrément celui-là, le mène enMandchourie, sous domination japonaise à l'époque, puis enCorée, également sous domination japonaise (protectorat), de septembre à octobre1909. Invité par l'un de ses meilleurs amis occupant un poste-clef dans l'administration coloniale, il parcourt le pays avec intérêt.
De 1908 à 1910, il écrit la trilogieSanshirô,Sorekara (Et puis),Mon (La porte).
À partir de 45 ans, la santé de Sōseki se dégrade rapidement. Il sort avec difficulté de chez lui. Il se rapproche des pratiques religieuses, nomméessokutenkyoshi(則天去私?), de détachement de soi. Malgré sa maladie, il continue d'écrire romans et nouvelles ; sa souffrance se ressent dans ses écrits, à caractère souvent autobiographique, à l'image deChoses dont je me souviens.
Il meurt d'unulcère à l'estomac le, laissant un dernier romanMeian (Clair-Obscur) d'une ampleur exceptionnelle, inachevé.
1907 :Rafales d'automne (Nowaki - 野分), traduit par Elisabeth Suetsugu, Arles, Éditions Philippe Picquier, 2015 ; réédition, Arles, Picquier,coll. « Picquier poche », 2016
1907-1912 :Une journée de début d’automne, traduit par Elisabeth Suetsugu, Arles, Éditions Philippe Picquier, 2012 ; réédition, Arles, Picquier,coll. « Picquier poche », 2014
1907, 1911 et 1914 : Conférences sur le Japon de l'ère Meiji (1907-1914), traduit par Olivier Jamet, Hermann, 2013
1909 :Et puis (Sorekara - それから), traduit par Hélène Morita avec la collaboration de Yôko Miyamoto, Paris, Le Serpent à Plumes, 2003 ; réédition, Paris, Le Serpent à plumes,coll. « Motifs »no 209, 2004
1910-1911 :Choses dont je me souviens (Omoidasu koto nado), traduit par Élisabeth Suetsugu, Arles, Éditions Philippe Picquier, 2000 ; réédition, Arles, Picquier,coll. « Picquier poche », 2005
1911 :La Civilisation japonaise moderne (Gendai Nihon no Kaika -現代日本の開化), dansCent ans de pensée au Japon (Tome 1), Arles, Éditions Philippe Picquier, 1996
1911 :Haltes en Mandchourie et en Corée, précédé deTextes londoniens, traduit par Olivier Jamet et Élisabeth Suetsugu, Paris, L. Vuitton/La Quinzaine littéraire,coll. « Voyager avec... », 1997
1912 :À l'équinoxe et au-delà (Higansugi made - 彼岸過迄), traduit par Hélène Morita, Paris, Le Serpent à Plumes, 1995 ; réédition, Paris, Le Serpent à plumes,coll. « Motifs »no 109, 2000
Par ailleurs, de nombreux poèmes de Sōseki ont été édités en recueils et dans des anthologies. La liste ci-dessous est non exhaustive :
Trois haïkus ;Méditation, dansLa Poésie japonaise – Anthologie des origines à nos jours (choix et préface par Karl Petit) (p. 179-180), Paris, Seghers, 1959
Haïkus, 135 haïkus traduits par Élisabeth Suetsugu, Paris, Philippe Picquier, 2001; Paris, Picquier poche, 2009 (A noter que 28 de ces haïkus ont été repris dansHaïkus de Sôseki à rire et à sourire, avec des illustrations de Minami Shinbô, Paris, Philippe Picquier, 2015; Paris, Picquier poche, 2017)
Les Plus Beaux Haïku de Natsumé Sôséki, Éditions Arichi, 2010
Loin du monde (édition bilingue français-japonais), traduit par Cheng Wingfun et Hervé Collet, Moundarren, 2012
Poèmes (édition trilingue chinois, japonais, français), 207 poèmes traduits par Alain-Louis Colas, Paris, Le Bruit du temps, 2016
DansKafka sur le rivage deHaruki Murakami, le héros Kafka Tamura tient une discussion littéraire sur l’œuvre de Natsume Sōseki, et plus précisément sur son roman moins connu,Le Mineur.
Dans le roman de Tetsuya Sano,Rendez-vous au crépuscule, les deux personnages principaux évoquent l'auteur au détour d'une discussion concernant le nom à donner à une tortue.
Natsume Sōseki est un personnage secondaire dans la série de jeuxThe Great Ace Attorney. Le joueur doit défendre Natsume Sōseki, alors accusé d'homicide lorsqu'il était étudiant à Londres durant les affaires "The Adventure of the Clouded Kokoro" et"The Memoirs of the Clouded Kokoro".
Thèse de doctorat de Jean-Pierre Liogier,Les écrits de Natsume Sôseki avant 1900: la formation d'un écrivain au seuil duXXe siècle, Université Paris III, 1982, directeur de recherchesJean-Jacques Origas