Les populations autochtones de lapéninsule Ibérique s'appelaient lesIbères.D'après les éléments livrés par l'archéologie et les recherches les plus récentes, il semble falloir abandonner l'idée que les Ibères soient un peuple migrateur venu d'Afrique[réf. nécessaire]. Les Ibères connaissent un développement qui prend sa source au début duIer millénaire av. J.-C. et se termine avec laconquête romaine dans le courant duIIe siècle av. J.-C.[12]. Leur territoire, qui a pu selon les époques représenter l'essentiel des côtes duLevant espagnol ainsi que la partie occidentale du littoral méditerranéen de laGaule a en réalité connu des peuplements diversifiés[13]. La géographie et le climat ainsi que certaines interactions avec d'autres peuples peuvent expliquer cela[14].
LesRomains conquirent la péninsule auIIe siècle av. J.-C., conséquemment à leur victoire surCarthage lors de ladeuxième guerre punique. En, ceux-ci divisent les territoires ibériques qu'ils viennent de conquérir en deuxprovinces : l'Hispanie citérieure au nord, avec l'ancienne cité égéenne puis ibère deTarraco (Tarragone), devenue un campement et une colonie romaine, comme capitale, et l'Hispanie ultérieure au sud, avecCorduba (Cordoue), un ancien site de peuplement ibère devenu une place forte punique, pour capitale. Ils romanisent les plus importants centres urbains préexistants de la côte méditerranéenne qu'ils ont conquis, et fondent des colonies romainesex nihilo (par exemple,Italica dès pour des vétérans de ladeuxième guerre punique). LaCeltibérie est conquise à partir de, grâce à l'appui d'un peuple rival, installé plus au nord dans les régions pyrénéennes, lesVascons, mais l'avancée des Romains et de leur culture s'y révélera plus lente, en raison de la résistance et des révoltes fréquentes desCeltibères (comme en témoigne laguerre contreNumance de 153 à), ne se terminant qu'en avecAuguste. La péninsule Ibérique est également l'un des terrains de bataille desguerres civiles de la fin de laRépublique romaine, notamment lors de laguerre sertorienne opposant les partisans deCaius Marius alliés auxIbères sous le commandement deQuintus Sertorius àRome désormais contrôlée parSylla, de 83 à C'est également enHispanie que se joue en partie laguerre civile entre César et Pompée, les deux provinces étant initialement fidèles à ce dernier et oùJules César mène deux campagnes victorieuses, lapremière en et la seconde après la mort dePompée, contre les derniers chefs des Républicains (le fils dePompée,Pompée le Jeune, et un ancien lieutenant deCésar,Titus Labienus), de 46 à Lors de la réorganisation de la gestion de l'empire parAuguste en, celui-ci s'attribue les trois nouvellesprovinces qu'il vient de créer enHispanie, qui deviennent ainsi desprovinces impériales, afin de parachever la conquête puis la pacification de la péninsule (ce qui est fait en après unecampagne contre les peuplesceltibères desCantabres et desAstures au nord).
LaBétique, qui tire son nom du fleuveBetis (aujourd'hui leGuadalquivir), correspondant plus ou moins à l'actuelleAndalousie au sud, avecCorduba pour capitale. Pacifiée et déjà largement romanisée, avec un réseau dense de cités (175, dont neufcolonies, du temps dePline l'Ancien[16]), elle est rétrocédée parAuguste au « peuple romain » vers 16 ou, devenant ainsi uneprovince sénatoriale gouvernée par unpropréteur. Aucune légion n'y est jamais implantée, et cette province n'a connu que peu de troubles jusqu'auVe siècle, à l'exception d'une expédition deMaures révoltés venus d'Afrique du Nord vers 180. Elle est également riche sur le plan économique, avec l'essentiel des ports intégrés au commerce impérial, et grâce à l'exploitation minière ou encore la production et l'exportation dugarum (par exemple àBaelo Claudia).
LaLusitanie, à l'ouest, correspondant en grande partie à l'actuel Portugal et à certaines régions duLeón et de l'Estrémadure espagnol. Elle est dirigée par unlégat d'Auguste propréteur de rang prétorien, chargé à l'origine de pacifier et de contrôler lesLusitaniens, mais sans disposer d'aucune légion. La province reste pour autant paisible jusqu'à la chute de l'Empire romain d'Occident, et connaît, comme laBétique voisine, une certaine prospérité économique grâce à l'exploitation minière (notamment du cuivre et de l'argent, par exemple avec la mine deVipasca àAljustrel) ou à la production et à l'exportation dugarum. La colonie de vétérans d'Emerita Augusta (Mérida) en devient la capitale.
L'Hispanie est, à la fin de laRépublique romaine et au début duPrincipat, l'une des régions de l'empire les plusromanisées. Ainsi, lorsque les Romains occupent lesÎles Baléares en, 3 000 hispaniques parlant latin s'y installent. Leculte impérial s'y diffuse de manière d'autant plus précoce - les plus anciens autels dédiés à un culte d'Auguste enOccident, les troisArae sestianae ouArae Augusti, sont attestés dans le nord-Ouest de laTarraconaise de son vivant, vers[17] - et d'autant plus rapidement que, comme l'a démontréRobert Étienne, les peuples de la péninsule ibérique (tout particulièrement lesCeltibères et lesLusitaniens) pratiquaient déjà un culte au chef, ce dernier, considéré comme doté d'une aura surhumaine, pouvant exiger au combat de ses hommes unedévotion allant jusqu'au don de leurs vies[18]. L'Hispanie est également l'un des maillons importants du commerce impérial, ce qui favorise les échanges avec les autres régions d'Europe et la richesse économique de la péninsule qui exporte des produits miniers (argent, plomb, or), des céréales, de l'huile, du vin et du garum.
Vespasien (69-79) a octroyé ledroit latin à l'ensemble des cités d'Hispanie, généralisant ainsi le modèle institutionnel et juridictionnel dumunicipe latin dans la péninsule et permettant l'accès à lacitoyenneté romaine des anciens magistrats de ces cités. Des familles de l'élite hispanique s'intègrent progressivement à l'élite impériale romaine : le philosophe et conseiller impérialSénèque ainsi que son neveu le poèteLucain sont issus d'une famille deCorduba ayant accédé à l'ordre équestre ; grâce à ces derniers, le poèteMartial, originaire d'une petite ville deTarraconaise, connaît une ascension sociale et devientchevalier sousDomitien ; l'empereurTrajan (98-117) est un descendant de colons italiens d'Italica ; son fils adoptif et successeur,Hadrien (117-138), est issu par son père de la mêmegens d'Italica, et par sa mère d'anciens colons puniques romanisés deGadès ;ThéodoseIer (379-395) naît dans une famille de l'aristocratie impériale installée àCauca (Coca), près deSégovie, et l'un de ses co-empereurs,Maxime (384-388), est également originaire deTarraconaise.
Il se met également en place unâge d'or de la culture juive en Espagne, avec le développement de la cultureséfarade, la transformation de la péninsule ibérique en pôle majeur du judaïsme européen auMoyen Âge et la participation active de savants juifs au rayonnement scientifique, artistique et intellectuel d'al-Andalus et aux transferts culturels entre civilisations antiques, arabo-musulmanes, hébraïques et chrétiennes. Certains représentants de ces minorités religieuses - de manière néanmoins très exceptionnelle - sont intégrés au pouvoir politique :Hasdaï ibn Shaprut, auXe siècle, médecin juif du califeAbd al-Rahman III, exerce en réalité auprès de lui et de manière officieuse une fonction devizir ;Samuel ibn Nagrela, au siècle suivant, grammairien, poète et talmudiste juif, estvizir et chef des armées duroyaume de Grenade. Toutefois, cette « coexistence » est entrecoupée de périodes de durcissements des autorités musulmanes vis-à-vis desdhimmi : une révolte chrétienne entre 852 et 886 entraîne une répression brutale notamment àCordoue,Burgos,Urbiena etZamora ; le, un importantmassacre de la population juive a lieu àGrenade. À partir de la fin duXIe siècle, lesAlmoravides puis lesAlmohades pratiquent une politique de propagation d'un islam strict et sont donc moins tolérants à l'égard des minorités religieuses.
C'est également lors des quatre derniers siècles duMoyen Âge que les langues ibériques modernes se fixent et se différencient des langues pré-romanes et les unes par rapport aux autres. Trois d'entre elles, lecastillan, lecatalan et leportugais, portées par les cours aristocratiques, les milieux savants et intellectuels notamment des ordres mendiants et le développement de ces États, deviennent des langues littéraires - avec la diffusion duCantar de mio Cid mis par écrit en 1207, les activités de la cour d'AlphonseX (1252-1284) ou le développement à partir duXIVe siècle desRomanceros pour le castillan, et avec les œuvres tant philosophiques, scientifiques que romanesques écrites en prose parRamon Llull (v. 1232-1315) à partir des années 1270, lesJocs florals instaurés àBarcelone en 1393 et les productions littéraires duSiècle d'or valencien auXVe siècle (Tirant le Blanc,Espill) pour lecatalan -, administratives et juridiques.
Enfin, leMoyen Âge a vu s'installer la structure économique, sociale et territoriale de la péninsule qui perdurera, sous de nombreux aspects, jusqu'auXIXe siècle. Les régions septentrionales, d'où est partie la christianisation, sontvieilles chrétiennes, très denses et majoritairement rurales malgré une urbanisation plus forte enCatalogne. La population est essentiellement constituée de petits propriétaires terriens regroupés en communautés attachées à leurs privilèges (fueros oufors), bourgs castraux, villages ou hameaux. Ces propriétaires sont desalleutierscatalans,basques ounavarrais, des petits chevaliers (leshidalgos ouinfanzónes) deVieille-Castille, d'Aragon, deGalice, desAsturies ou deCantabrie. Par conséquent, la population nobiliaire y est numériquement importante, parfois majoritaire et se différencie peu des gens du commun. Dans lesAsturies, leshidalgos vont représenter pratiquement 80 % de la population, et atteignent enCantabrie 83 % auXVIe siècle puis plus de 90 % en 1740[19]. Une bourgeoisie, avec des statuts, privilèges et droits politiques particuliers (Ciutadans honrats), se développe notamment dans les villes les plus importantes de laCouronne d'Aragon (Barcelone,Valence), qui sont également les plus peuplées de la péninsule. En revanche, au centre et au sud, dans les territoires issus de laReconquista, la population est plus mélangée, avec le maintien de communautés juives ou musulmanes dans certaines régions, l'importance desNouveaux chrétiens, desMozarabes et des colons venus du nord de la péninsule ou du reste de l'Europe chrétienne (Francos). La densité de population y est plus faible (certaines régions du centre de la péninsule sont pratiquement désertées), constituée de paysans dépendants et salariés travaillant dans de grandes propriétés extensives détenues par des nobles ne résidant pas sur place mais intégrés de plus en plus aux cours royales ou princières, installant ainsi durablement unsystème latifundiaire : c'est à partir de ce groupe deRicohombres que sera créé le statut deGrand d'Espagne (Grandeza de España) en 1520.
L'unification politique de l'Espagne actuelle se dessine à partir de l'union dynastique desCouronnes deCastille et d'Aragon, par le mariage en 1469 des héritiers de ces deux États, la futureIsabelle Ire deCastille (1474-1504) et le futurFerdinand II d'Aragon (1479-1516), surnommés lesRois catholiques pour avoir mené en 1492 laconquête du royaume de Grenade. À la fin de cette même année,Christophe Colomb atteint l'Amérique pour le compte de ces derniers. Ces deux entités politiques conservèrent toutefois, jusqu'en 1715-1716, leurs organisations politiques et institutionnelles distinctes (incarnées par les assemblées représentatives, lesCortes ouCorts, de même que les systèmes de coutumes, de privilèges, de droits et de juridictions spécifiques (lesfueros oufors). En 1512, s'y ajoute la partie ibérique duroyaume de Navarre (Haute-Navarre). À cette même époque, lesconquistadors s'emparèrent pour les rois espagnols de vastes territoires pour former un immenseempire colonial.
Discriminations des juifs et des musulmans. Pris dans l'exaltation religieuse de laReconquista, les souverains espagnols décidèrent par ledécret de l'Alhambra (1492) de contraindre lesjuifs d'Espagne à choisir entre la conversion et l'exil. La plupart d'entre eux ont trouvé refuge dans l'Empire ottoman. Les musulmans restés en Espagne, oumorisques, seront convertis de force dès le début duXVIe siècle. L'Inquisition espagnole, instaurée en 1478 pour maintenir l'orthodoxie catholique en lien avec le pouvoir royal, s'attache surtout à lutter contre les « Nouveaux chrétiens »,conversos (anciens juifs convertis de force, péjorativement appelésmarranes) etmorisques, soupçonnés de continuer à pratiquer leurs religions d'origine dans la clandestinité. Les autorités temporelles et spirituelles commencent également à relayer la violence et les pratiques d'exclusions qui se sont déjà multipliées dans la population depuis la fin duXIVe siècle : un statut deLimpieza de sangre (« pureté du sang ») s'impose ainsi dans l'ensemble des royaumes espagnols à la fin duXVIe siècle, entrainant une discrimination de fait entrevieux chrétiens etnouveaux chrétiens, empêchant l'accès à ces derniers de nombreux offices ou charges publiques, universitaires ou ecclésiastiques. Même après leur quasi-généralisation à partir de la deuxième moitié duXVIe siècle, les statuts de pureté de sang continuèrent à susciter de fortes réserves, en particulier dans laCompagnie de Jésus. Les dérives qu'engendraient ces statuts contraignirentPhilippe II à convoquer en 1596 uneJunte présidée par l'Inquisiteur général Portocarrero et chargée de définir un cadre à ces statuts. On envisagea ainsi que les enquêtes ne puissent remonter au-delà de cent ans dans le lignage, mais la mort du souverain espagnol entraîna, dès1599, l'abandon du projet. Le ministreOlivares, soucieux d'attirer les capitauxmarranes portugais, tenta lui aussi de limiter la portée des statuts en rédigeant, le, un décret « qui invalidait toute dénonciation anonyme, pénalisait lourdement la circulation des fameux livresVerdes oude Becerro contenant des listes infamantes de famille « impures » et instituait le principe des « Trois actes positifs » qui sanctionnait définitivement comme pure toute généalogie ayant par trois été prouvée »[20]. Mais les réticences de la société espagnole, laguerre de restauration du Portugal en 1640 et la disgrâce d'Olivares en 1643 firent que ce décret ne fut pas réellement appliqué. Comme on peut le voir avec ces deux tentatives de législation sur les statuts de pureté de sang, l'État espagnol fut loin de favoriser systématiquement leur développement. A fortiori, il ne donna jamais aux statuts de pureté de sang la dimension d'une loi générale s'imposant à tous. Jamais lalimpieza de sangre ne fit partie des lois du royaume. Elle resta toujours du domaine du privé, et toutes les institutions espagnoles ne l'adoptèrent pas.
Quoi qu'il en soit, les persécutions et les discriminations entraînent des révoltes, notamment desMorisques, comme larévolte des Alpujarras entre 1568 et 1571. LesMorisques seront finalementexpulsés entre 1609 et 1614. Cela entraîne des conséquences démographiques et économiques dramatiques pour laCouronne d'Aragon et plus précisément pour leroyaume de Valence, où cette communauté était la plus représentée, restait une composante importante de la population et constituait une grande partie de la main-d’œuvre. Avant l'expulsion, il y aurait eu entre 300 000[21] et 400 000 Morisques[22] en Espagne, sur un total d'approximativement 8,5 millions d'habitants. Ils se trouvent concentrés dans lesroyaumes de la Couronne d'Aragon, où ils représentent près de 20 % de la population ; ce chiffre s'élève à près de 40 % dans lepays valencien[23],[24]. De façon générale, les terres riches (souvent proches du littoral) et les centres urbains de ces royaumes sont majoritairement chrétiens, tandis que les Morisques occupent une grande partie des terres intérieures, pauvres et montagneuses, et se concentrent dans les faubourgs urbains[24],[23]. On les trouve également en nombre important dans les zones de cultures irriguées autour deGandia etXàtiva[24]. À tout cela s'ajoute un taux de croissance démographique nettement supérieur à celui des chrétiens[23]. Les Morisques étaient des travailleurs : leur départ occasionne d'importantes pertes dans la perception des impôts et a, dans les zones les plus affectées, des effets dévastateurs sur l'artisanat, la production de toiles, le commerce et lestravaux des champs. Certainescomarques du nord de larégion d'Alicante perdent presque l'intégralité de leur population. Si, tout au long duXVIe siècle,Valence avait été le centre le plus actif de laCouronne d'Aragon, l'ordre d'expulsion massive desMorisques signifie sa ruine, en détruisant les fondements même de son économie[25],[26] : « On dit que douze mille hommes étaient morts, que soixante-dix lieux furent brûlés, que les dommages pouvaient être estimés à 70 000 ducats »[27]. Les terres abandonnées passèrent aux mains de la noblesse qui prétendit ensuite les louer aux paysans dans des conditions souvent abusives pour compenser à court terme ses pertes supposées, si bien qu'au final les nobles se trouvèrent les plus favorisés[28].
La puissance de l'Espagne déclina progressivement[33] non seulement en raison des guerres coûteuses qu'elle mena et des révoltes qui éclatèrent[34], mais également du fait d'une économie artificiellement prospère due aux richesses tirées du Nouveau Monde.
En 1700, à la suite de la mort sans héritier mâle dudernier souverain Habsbourg, le petit-fils deLouisXIV, dont la première épouse était une infante espagnole, devint, après une longue guerre meurtrière, roi d'Espagne sous le nom de Felipe V/Philippe V, et fonda la dynastie desBourbons d'Espagne, liée par un pacte de famille aux roisBourbons deFrance, et supprima dans le sang les autonomies politiques, judiciaires, administratives et linguistiques de la Navarre, de l'Aragon, de la Catalogne, des îles Baléares, du royaume de Valence, etc, par lesdécrets de la Nueva Planta[35].
En 1755, c'est letremblement de terre de Lisbonne. Les ports deCadix,Séville etLa Corogne sont presque entièrement détruits[36]. L'Espagne perd sa flotte militaire et marchande, et surtout son aura de pays indestructible, conquérant et gendarme du monde. La conséquence économique sera dramatique, le commerce avec les Amériques se déroutant vers les ports anglais, allemands, hollandais ou flamands. Ce qui impliquera, aussi, une ingérence de ces mêmes pays dans les affaires latino-américaines.
AuXVIIIe siècle, des luttes entre les prétendants au trône affaiblirent la couronne[37]. En 1808,NapoléonIerenvahit l'Espagne et y place sur le trône son frèreJoseph Bonaparte[38]. Rapidement, la résistance des civils sous forme de nombreuses révoltes et deguérilla prend de l'ampleur[39]. Celle-ci, l'intervention militaire britannique, ainsi que plusieurs autres facteurs[40] comme le redéploiement de 30 000 soldats français de l'Espagne vers l'Europe de l'Est pour renforcer laGrande Armée, qui se prépare pour laCampagne de Russie, mènent au retrait de l'armée française d'Espagne en 1814. Ce conflit est particulièrement sanglant et entraîne d'importantes pertes pour l'Espagne, qui ne put être pacifiée durablement, enchaînant avec une série de guerres civiles sur fond de querelles dynastiques au sein de la famille régnante desBourbon et du développement dans certains couches de la société espagnole d'une aspiration à la démocratie.
Du fait de ces affaiblissements et de cette instabilité, l'Espagne perdit la plupart de ses colonies auXIXe siècle, surtout à partir des années 1820. Les dernières colonies (Cuba, lesPhilippines,Porto Rico,Guam) se séparèrent de la couronne en 1898 après laguerre hispano-américaine[44],[45]. Quelque peu isolée du reste de l'Europe, l'Espagne connaît une période de stagnation économique et politique[46]. Toutefois, ce déclin doit être relativisé étant donné que l'Espagne a elle aussi eu droit à sa part du gâteau « Afrique » ; elle a ainsi pris possession du Sud Marocain en 1884, du Nord en 1912, sans oublier bien sûr laGuinée équatoriale. De plus, larévolution industrielle, bien que relativement tardive et limitée, permet à certaines métropoles (Madrid,Barcelone,Bilbao) de gagner en population grâce à un importantexode rural provenant des régions paupérisées du sud et donc de s'étendre. Un mouvement de planification urbaine aboutit à l'aménagement de nouveaux quartiers appelésensanche (« extension ») en castillan oueixample en catalan. L'évergétisme mené par la bourgeoisie d'affaire contribue également dans chacune de ces villes à un renouvellement culturel, fortement influencé par les grands courants artistiques et littéraires européens du tournant duXXe siècle (Art nouveau puisArt déco) et associé à la montée de revendications nationalistes catalanes, basques ou galiciennes qui font revivre ces langues face à la domination du castillan. Lemodernisme catalan, tout particulièrement symbolisé par l'œuvre architecturale d'Antoni Gaudí, est ainsi représentatif de ce renouveau[47].
À la mort de Franco, en 1975, la monarchie est restaurée etJuan CarlosIer, le nouveau roi, rétablit rapidement ladémocratie représentative. L'adhésion auxCommunautés européennes, qui était gelée sous la période de dictature, reprend et le pays intègre laCommunauté économique européenne avec son voisin, le Portugal, le[48]. La nouvelle Constitution, très libérale, rompt avec le centralisme très poussé de l'époque franquiste et met en place une très large décentralisation. De nombreuxpartis nationalistes locaux sont à nouveau légalisés, en particulier dans les provinces périphériques, où subsistent deslangues régionales différentes du castillan (Galice,Pays basque,Catalogne). Certains revendiquent plus d'autonomie, d'autres parlent d'indépendance (en particulier auPays basque et enCatalogne). Leparti communiste est aussi légalisé. L'indépendantisme le plus radical et le plus violent est celui de l'ETA basque, organisation terroriste prônant et pratiquant la lutte armée, l'assassinat et le racket. Cettetransition politique s'accompagne d'un important mouvement de libération des mœurs et de renouvellement culturel et artistique, laMovida, contribuant alors à la modernisation et à l'intégration de la société espagnole dans l'Europe démocratique.
La réussite économique de l'Espagne entre 1975 et 2007 fait naître l'idée d'unmiracle économique espagnol, altéré toutefois par un taux de chômage très élevé par rapport au reste de l'Europe. Le pays exprime son dynamisme par l'organisation de grandes manifestations internationales, culminant en 1992 avec lesJeux olympiques d'été deBarcelone et l'Exposition universelle deSéville. Au milieu des années 1990, les réformes s'accélèrent avec lePacte de Tolède, consensus de tous les partis politiques représentés au parlement pour garantir la viabilité économique dusystème de retraite en Espagne. Mais le pays connaît de graves difficultés économiques depuis 2008, lorsqu'il apparaît que ce miracle a reposé en grande partie sur le dynamisme du secteur de la construction, lui-même facilité par laspéculation immobilière qui a multiplié par trois la valeur des bureaux et des logements en moins de dix ans. Lemodèle touristique espagnol, autre pilier de l'économie du pays depuis la transition démocratique, commence lui-aussi à être remis en question dans les régions les plus touchées par letourisme de masse en raison d'effets sociaux, économiques et environnementaux de plus en plus perçus négativement par certains habitants, amenant à s'inspirerd'initiatives d'autres lieux touristiques dans le monde.
En 2004, lePSOE revient au pouvoir après avoir enregistré son meilleur score depuis 1989 avec 42,6 % des voix et en2008 il remporte à nouveau les élections avec 43,8 % des voix, augmentant encore son emprise sur la vie politique espagnole. Plusieurs réformes sociétales sont alors menées (légalisation du mariage homosexuel en 2005,libéralisation renforcée de l'avortement en 2010). Le contraste entre les régions les plus industrialisées et celles qui sont en retard s'est creusé après que l'Union européenne eut diminué sesfonds structurels européens, compte tenu de son extension à douze nouveaux pays, l'Espagne devenant un contributeur net de fonds après avoir été longtemps un bénéficiaire net. Lacrise économique à partir de 2008 renforce ces déséquilibres, voit le chômage augmenter fortement et s'accompagne de mesures d'austérité, surtout après le retour au pouvoir duParti populaire en 2011. Les importantes coupes budgétaires dans de nombreux domaines, conjugués à l'éclatement médiatique de plusieurs affaires politico-judiciaires, entraînent des mouvements de contestation sociales et politiques, les plus importants restant ceux desIndignés (Indignados) et desindépendantistes catalans. Dans ce contexte, le bipartisme est de plus en plus remis en question par l'émergence de nouveaux mouvements politiques critiquant les partis traditionnels (Podemos pour la gauche radicale,Ciudadanos au centre-droit,Vox à l'extrême-droite), créant une certaine instabilité politique et rendant difficile la formation de majorités parlementaires, surtout à partir desélections générales de 2015.
Le monarque dispose de pouvoirs politiques et symboliques, définis par l'article 62 de la constitution : il est le chef de l'État et des armées, ratifie les lois, nomme le président du gouvernement, peut dissoudre le Parlement sur proposition de ce dernier. Par ailleurs (art. 56), il est le représentant de l'État espagnol dans les relations internationales, notamment vis-à-vis des liens avec le monde hispanique. L'actuel souverain estFelipeVI. Le pouvoir exécutif est néanmoins détenu par le président du gouvernement.
Leprésident du gouvernement (Presidente del Gobierno) (rôle comparable à celui d'unPremier ministre), est à la tête de l'exécutif pour une durée de quatre ans renouvelable. Le président du gouvernement est nommé par le roi après l'acceptation de sa candidature par leCongreso de los Diputados ; il préside le Conseil des ministres.Pedro Sánchez occupe cette fonction depuis le.
Le pouvoir législatif est dévolu auxCortes Generales, qui constitue l'organe suprême de représentation du peuple espagnol. Il est composé d'une chambre basse, leCongrès des députés (Congreso de los Diputados), et d'une chambre haute, leSénat (Senado). Le Congrès des députés compte350 membres élus pour quatre ans au suffrage universel direct. Actuellement, le Sénat est constitué de264 membres dont208 directement élus et56 désignés par les régions.
Le pouvoir judiciaire se compose du Conseil du Pouvoir judiciaire, organe d'administration et de supervision des juges et magistrats ainsi que du personnel exerçant une autorité juridique en Espagne ; le Tribunal suprême, qui chapeaute l'ordre juridique espagnol et juge en dernier appel pour les crimes et délits ainsi qu'en première instance pour certains crimes ou délits d'importance ; les tribunaux supérieurs de Justice, qui composent les hautes juridictions autonomes, font également partie de l'Ordre judiciaire espagnol et sont pour la communauté autonome de rattachement, l'équivalent du Tribunal suprême, ils demeurent toutefois soumis à ce dernier et leur rendus de jugements peuvent être pourvus en appel près du Tribunal suprême. Une spécificité espagnole réside dans l'existence de l'Audience nationale, sorte de tribunal« international » ne jugeant que les étrangers pour des crimes et délits à caractère international ou bien de thèmes particulier pouvant impliquer soit des États tierces, soit plusieurs Communautés, mais également des domaines d'actualité comme les actes terroristes, atteintes au bien de l'État et Communautés ou de ces représentants.
Le Tribunal constitutionnel n'entre pas dans l'ordre judiciaire et n'a pour rôle que la défense de l'ordre constitutionnel, l'application de la Constitution du pays, mais aussi de vérification, validation ou suspension de toutes normes de l'État ou des Communautés contraires à cette dernière. Il est aussi juge du bon déroulement des élections et des résultats, comme dans bon nombre d'autres pays.
L'Espagne est le quatrième plus grand pays d'Europe, après laRussie, l'Ukraine et la France, et le deuxième de l'Union européenne.
Les limites physiques de l'Espagne sont les suivantes : au nord-est lesPyrénées, qui constituent une frontière naturelle avec la France etAndorre ; à l'est-nord-est lamer des Baléares ; au sud-est lamer Méditerranée ; au sud lamer d'Alboran ; au sud-sud-ouest ledétroit de Gibraltar, qui la sépare de l'Afrique (Maroc) ; à l'ouest le Portugal et l'océan Atlantique ; enfin legolfe de Gascogne au nord-nord-ouest.
leclimat méditerranéen : caractérisé par un été sec et chaud. Selon laclassification de Köppen, il est dominant dans la péninsule, avec deux grandes nuances : le climat méditerranéen type (climat Csa), présent dans la partie sud et dans le nord-ouest du pays, avec des étés moins caniculaires du fait de la proximité de l'océan ou de l'altitude (climat Csb) ;
leclimat semi-aride (Bsk) : il est localisé dans un quart sud-est du pays (notamment dans la région deMurcie) mais aussi autour deValladolid. Contrairement au climat méditerranéen, la saison sèche s'étend au-delà de l'été ;
leclimat océanique : températures d'hiver et d'été pondérées par l'océan et épisodes de sécheresse moins accentués et moins réguliers que dans le reste de la péninsule (épisodes pluvieux en automne et en hiver). Le climat océanique-type est quasi absent d'Espagne. Dans certains secteurs d'altitude en Galice et sur les côtes asturiennes et basques, on a essentiellement la nuance aquitaine, qui diffère du climat océanique type par les chaleurs d'été plus importantes et plus orageuses que dans le nord-ouest de l'Europe — température moyenne de juillet de21 °C àSantander contre16 °C àBrest ou àLiverpool.
Mis à part certains secteurs humides de montagne, les précipitations sont faibles et le manque d'eau est un problème dans une grande partie de l'Espagne. Les incendies de forêts sont un problème pour toutes les forêts de la péninsule[52].
Le, l'AEMET annonce que 2022 fut l'année la plus chaude enregistrée dans le pays depuis 1916, avec une moyenne annuelle de 15,5° C. Depuis 2011, la moyenne annuelle de 14,5° C a été dépassée cinq fois. En plus de 2022, les deux autres années les plus chaudes enregistrées auXXIe siècle sont 2017 et 2020[53].
Un rapport deGreenpeace paru en 2015 déplore le fait que les affaires de corruption « se comptent par centaines et laissent derrière elles des espaces naturels couverts de ciment (en raison des constructions), des sols contaminés par les déchets dangereux qui y sont entreposés », ajoutant que « les responsables politiques gouvernent au profit des entreprises »[54].
Lejour du dépassement (date de l'année, calculée par l'ONG Global Footprint Network, à partir de laquelle l'humanité est supposée avoir consommé l'ensemble des ressources que la planète est capable de régénérer en un an) de l'Espagne[Note 1] est le 28 mai[55]. Les familles espagnoles aisées émettent en moyenne plus de deux fois plus dedioxyde de carbone que les familles modestes[56].
Une grande partie du pays est menacée par ladésertification en raison de certaines pratiques de l'agriculture intensive et duréchauffement climatique. Environ 20 % des sols d'Espagne sont déjà dégradés, héritage des siècles passés, dont principalement la déforestation. En décembre 2019, le conseiller spécial pour l'action climatique du Haut Commissariat desNations unies, Andrew Harper, a averti que la désertification rendrait non viables des localités espagnoles entières, forçant leur résidents à chercher un nouveau lieu où vivre[57].
L'Espagne comptait 40 499 799 habitants au et 45 116 000 habitants au. En 2024, 48 692 804 personnes peuplent l'Espagne[58]. Ladensité de population en 2014, de 87,41 hab./km2, est inférieure à celle de la majorité des autres pays de l'Europe de l'Ouest et sa distribution à travers le territoire national est très irrégulière. Les aires plus densément peuplées se concentrent sur la côte et aux alentours deMadrid, tandis que le reste de l'intérieur se trouve très faiblement occupé.
La population espagnole a augmenté fortement depuis la fin des années 1980 grâce à l'arrivée de plus de trois millions d'immigrants. Entre 2000 et 2005, l'Espagne a connu le plus grand taux d'immigration du monde, en provenance principalement d'Amérique latine, d'Europe de l'Est et duMaroc. Entre 2001 et 2006, le pays a accueilli une moyenne de 600 000 personnes par an[59]. En 2006, cinq millions de personnes, soit 11 % de la population espagnole, étaient de nationalité étrangère[59].
Laconstitution espagnole évoque de manière globale la question des langues à l'article 3, mais les modalités exactes varient entre chaque région selon sonstatut d'autonomie.
Plusieurs communautés ont également délimité les territoires des comarques comme l'union de plusieurs municipalités en raison de leurs liens historiques ou économiques, mais sans leur propre corps dirigeant (sauf en Catalogne, où existent des conseils régionaux).
À partir de1964, une série de plans de développement[évasif] ont contribué à l'expansion économique du pays. Les développements des industries métallurgiques, automobiles et textiles, de la construction navale et de l'extraction minière ont été privilégiés. L'Espagne est devenue en moins de vingt ans une grande puissance industrielle, immobilière et agricole. Le tourisme est aussi très important, représentant 5 % duproduit intérieur brut[Quand ?]. Le pays reste toutefois dépendant du BTP et de la construction de logements, dont la production représente plus de 12 % du PIB[Quand ?].
L'État-providence est peu développé en Espagne[61] : le pays possède un taux deprélèvements obligatoires très bas (37 % du PIB) et les dépenses sociales parmi les plus faibles de lazone euro (20,3 % du PIB)[61]. En 2017, l'Espagne compte deux fois plus de « supers riches » qu'avant la crise de 2008[réf. nécessaire]. La concentration des richesses y est donc plus forte qu'en France ou en Europe du Nord.
L'Espagne a connu une gravecrise en 2008, en lien avec la crise économique mondiale. Celle-ci a d'abord commencé avec une crise de laconstruction[62] due à l'effondrement des prix, puis lacrise économique mondiale de 2008 a encore aggravé la situation. Cette crise s'est caractérisée par une très forte montée duchômage, qui touchait plus de 26 % de la population active au deuxième trimestre 2012, contre environ 8 % un an auparavant[réf. nécessaire]. En 2016, le taux de chômage espagnol est le plus élevé de l'Union européenne après celui de laGrèce, bien qu'il ait baissé[63]. Les jeunes (16-24 ans) sont les plus affectés, avec un pic de 55,9 % en août 2013 et une moyenne de 40 % de chômage en 2020[64]. La précarisation de l'emploi (contrats temporaires, facilités de licenciement…) en est une autre caractéristique[65]. Cette crise crée une fracture sociale en Espagne qui s'est propagée dans le reste du monde avec entre autres lemouvement des Indignés.
Les inégalités connaissent une forte augmentation. Selon le Rapporteur spécial de l'ONU sur l'extrême pauvreté : « il y a deux Espagnes très différentes […]. De 2007 à 2017, les revenus des 1 % les plus riches ont augmenté de 24 % tandis que ceux de 90 % des Espagnols ont crû de moins de 2 % »[66]. En 2022, 10 % de la population espagnole détiennent 54 % de la richesse du pays, tandis que les 50 % d'Espagnols les plus pauvres n'en détiennent que 7,8 %[67].
Selon l'UNICEF, l'Espagne est l'un des pays développés où la pauvreté infantile est la plus élevée[réf. nécessaire]. En 2017, plus de 1 400 000 enfants vivent dans un état de grande pauvreté[68]. En 2018, l'Institut national des statistiques (INE) indique que 21,6 % de la population espagnole vit dans la pauvreté[69] Les régions les plus affectées par la pauvreté sont l'Estrémadure (38,9 %), l'Andalousie (31 %) et lesîles Canaries (30,5 %). Toujours d'après cette étude, les ménages pauvres sont contraints de consacrer près de 40 % de leur revenu au logement[70].
La commission de l'Organisation des Nations unies sur la pauvreté et les droits de l'homme indique dans son rapport consacré à l'Espagne que 26,1 % de la population (et même 29,5 % pour les enfants) vivent dans la pauvreté en 2019. Le rapport relève également la « quasi inexistence » de logements sociaux à bas prix, le manque de services publics pour les personnes vivant dans la pauvreté en milieu rural, et la précarité dans laquelle vivent des centaines de milliers de personnes disposant pourtant d'un emploi[66].
Philip Alston, le rapporteur spécial de la commission, a déclaré avoir vu des zones que « de nombreux Espagnols ne reconnaîtraient pas comme faisant partie de leur pays », tels qu'un bidonville aux « conditions bien pires qu'un camp de réfugiés », des quartiers pauvres « où les familles élèvent leurs enfants avec un manque de services publics, de cliniques, de centres d'emploi, de sécurité, de routes goudronnées et même d'électricité ». Selon lui, la reprise économique du pays a profité essentiellement aux plus riches et la persistance d'un tel niveau de pauvreté dans un pays développé semble être le résultat d'un choix politique[66].
En 2022, un foyer espagnol sur sept est en situation d'insécurité alimentaire. Beaucoup de personnes dépendent des associations d'aides alimentaires[71].
Les vestiges de l'absolutisme sont persistants dans l'agriculture. Le roi, l'Église et les détenteurs de titres de noblesse demeurent les principaux propriétaires terriens du pays, et à ce titre bénéficient des aides européennes au développement des régions (1,85 million d'euros de subvention en 2003 pour la duchesse d'Albe)[72].
Les conditions de travail des travailleurs immigrés sont souvent déplorables : rémunération inférieure au salaire minimum et heures supplémentaires pas toujours payées, manque de protections sanitaires, logements surpeuplés, etc.[73].
La situation géographique de l'Espagne, son littoral, ses paysages diversifiés, son héritage historique, sa culture vibrante et ses excellentes infrastructures ont fait de l'industrie touristique internationale du pays l'un des plus importants au monde. L'Espagne dispose d'un ensemble de magnifiques plages attirant un très grand nombre de touristes :Plage de la Granadella,Plage de la Concha,Plage de la Malva-Rosa,Plage de Mónsul,ou les plages de Majorque, …
En 2019, le pays a pour la sixième année consécutive battu un record d’arrivée de touristes étrangers, mais 56 % des Espagnols s'inquiètent de voir monter localement les prix du logement, àBarcelone,Séville,Valence,Bilbao,Malaga,Saragosse,Murcie etMadrid[74] selon une enquête Ipsos pour l’OMT. Le tourisme international en Espagne est devenu le deuxième marché mondial en termes de dépenses, représentant environ40 milliards d'euros, soit environ 5 % du PIB en 2006[75],[76]. Le siège de l'Organisation mondiale du tourisme est situé à Madrid[77].
En 2017, l'Espagne était le deuxième pays le plus visité au monde, avec82 millions de touristes, ce qui représente une cinquième année consécutive de chiffres record[78]. Après la pandémie de Covid-19, l'Espagne retrouve une haute fréquentation touristique, avec un PIB touristique de 159 milliards d'euros en 2022, soit 12,2% du PIB espagnol[79].
Le tourisme y pèse 12,8 % du PIB et 12,6 % des emplois, accueillant un record de 85,1 millions de visiteurs étrangers, mais des mouvements anti-touristes se multiplient auxCanaries, àBarcelone,Malaga,Saint-Sébastien ou encoreSéville, pour dénoncer la pression immobilière et les nuisances sonores et environnementales[80]. En dénonçant un « développement suicide », ils réclament l’arrêt de la construction de deux complexes hôteliers à Tenerife, principale île de l’archipel des Canaries.
Environ 66,3% desEspagnols se disent catholiques et 29,1% se disent non croyant[12]. Cependant, seules 22,7 % des personnes se déclarant catholiques se reconnaissent comme pratiquants réguliers, et le nombre de mariage religieux et de baptême sont en hausse[13]. L’Église espagnole détient plus de 110 000 biens immobiliers et est exemptée de l’impôt foncier, ce qui représenterait une perte annuelle de 2,5 milliards d’euros pour l’État. Ce privilège est contesté par 80 % de la population selon un sondage publié en 2012 dans le quotidienEl Pais[81].
L’Église exerce une influence politique qui parait d'après ses opposants « démesurée par rapport à son poids culturel et sociologique actuel »[81]. En 2013, au moins quatre ministres (Affaires extérieures, Défense, Intérieur, Santé) appartiennent ou sont proches de l’Opus Dei ou de laLégion du Christ[81]. LeParti Populaire (PP) s'est constamment opposé à l'abolition ou à la révision des privilèges économiques dont l’Église bénéficie et entend conforter la place de l’Église au sein des institutions publiques. Le ministre de l’Éducation,José Ignacio Wert, défend notamment en 2013 une proposition de loi qui redonnerait aux cours de religion un caractère obligatoire qu’ils avaient perdu sous le mandat deJosé Luis Rodríguez Zapatero (PSOE). Il propose également d’accorder des subventions supplémentaires aux écoles privées prônant la non-mixité. Le Concordat passé en 1978 entre l’État espagnol et leVatican reconnait à l’Église espagnole le droit de nommer les professeurs de religion, qui sont rémunérés par l’État[81].
Parmi les éléments les plus connus de la culture populaire espagnole, on peut citer, notamment, leflamenco, danse traditionnelle typique du sud du pays et plus particulièrement de l'Andalousie, et une pratique parfois controversée, latauromachie.
Lefrançais fut pendant une longue période la première langue étrangère parlée en Espagne[82]. D'après une étude d'Eurostat de 2013, l'anglais est la langue étrangère la plus maîtrisée par les Espagnols, le français étant en deuxième position[83].
La langue officielle de l'Espagne est lecastillan. Cependant, cette langue n'est pas la seule qui soit usitée, certaines communautés autonomes ont leur propre langue officielle à côté de l'espagnol ; en voici la liste :
Le système éducatif espagnol se caractérise par deux spécificités majeures : sa forte décentralisation, due à l'organisation administrative du pays, et la part importante de l'enseignement privé confessionnel.
Près de 29 % des élèves espagnols redoublent une classe au cours de leur scolarité, l'un des taux les plus élevés parmi les pays de l'OCDE. Une étude de l'ONGSave the Children relève que les élèves issus d'un milieu social défavorisé sont quatre fois plus exposés au redoublement que les élèves issus d'un milieu privilégié[84].
La santé publique est une compétence des gouvernements régionaux[85].
Le système de santé publique espagnol traverse une crise profonde depuis plusieurs années, étant durement atteint par les coupes budgétaires au profit d’une santé privée qui tend à se développer pour les classes moyennes élevées. Le manque de personnel est de plus en plus criant : on dénombre, en 2023, une infirmière pour 2 500 habitants, contre une pour 1 000 dans le reste de l’Europe[85].
Depuis le début des années 2000, le système de santé publique est progressivement privatisé[85].
↑Le jour du dépassement calculé par pays est le jour où le dépassement mondial se produirait si toute la population mondiale consommait comme la population du pays en question
Alpha
↑.eu, partagé avec les autres pays de l’Union européenne.
↑Pierre JACOB,Les villes de la façade méditerranéenne de la Péninsule Ibérique duIVe siècle av. J.-C. auIer siècleapr. J.-C. Processus d'urbanisation et structures urbaines. Thèse d'État, université des sciences humaines de Strasbourg, Diffusion ANRT, Lille, 2004.p. 85.
↑Pierre JACOB,Les villes de la façade méditerranéenne de la Péninsule Ibérique duIVe siècle av. J.-C. auIer siècleapr. J.-C. Processus d'urbanisation et structures urbaines. Thèse d'État, université des sciences humaines de Strasbourg, Diffusion ANRT, Lille, 2004.p. 93.
↑a etbCécile Chambraud, « La vie sans filet d'une famille espagnole de "niveau moyen" dans un État social faible », dansLe Monde du 21-02-2008, mis en ligne le 20-02-2008,[lire en ligne].
↑« Ça pue le touriste », « rentre chez toi » : en Espagne, la colère monte contre le surtourisme, article dans le journalSud Ouest avec l'AFP le 16/04/2024[2]
↑abc etd« L’Eglise reprend du pouvoir en Espagne »,Le Temps,(lire en ligne)
Bulletin hispanique datant de l'apparition des Annales de la Faculté de Bordeaux en 1879, puis de celle, en 1895, de la Revue des Universités du Midi, et en 1899 des Annales de la Faculté des Lettres de Bordeaux et des Universités du Midi. (324 numéros en ligne en 2012 sur Persée, soit 7354 contributions couvrant les années 1899-2007). La revue fondée en 1899 est pluridisciplinaire dès sa fondation, portant sur la langue, la littérature, la civilisation et histoire de l'Espagne (et de l'Amérique hispanophone).