LaRoute du Rhum 2018 (Route du Rhum - Destination Guadeloupe) est la onzième édition de laRoute du Rhum, course transatlantique en solitaire. Elle s'élance deSaint-Malo le dimanche à 14 heures, et ralliePointe-à-Pitre, enGuadeloupe. La flotte est répartie en six catégories :Ultime,Multi50,IMOCA,Class40, Rhum Multi et Rhum Mono. Le directeur de course est Jacques Caraës.
Cette édition est remportée dans la catégorie Ultime parFrancis Joyon en 7 jours, 14 heures, 21 minutes et 47 secondes, nouveau temps de référence. Joyon devanceFrançois Gabart de 7 minutes et 8 secondes. En Multi50, le vainqueur estArmel Tripon, en 11 jours, 7 heures, 32 minutes et 40 secondes. En Imoca, le vainqueur estPaul Meilhat, en 12 jours, 11 heures, 23 minutes et 18 secondes. En Class40, le vainqueur estYoann Richomme, en 16 jours, 3 heures, 22 minutes et 44 secondes (nouveau temps de référence)[2]. En Rhum Multi, le vainqueur est Pierre Antoine. En Rhum Mono, le vainqueur estSidney Gavignet.
L'édition est marquée par de dures conditions météorologiques au large dugolfe de Gascogne ; par desalizés instables et descendant enlatitude au fil des jours ; par l'oppressant duel final, en catégorie Ultime, entre Joyon et Gabart ; et en Imoca par l'échouement, peu avant l'arrivée, d'Alex Thomson, qui avait course gagnée.
Un départ unique est donné à Saint-Malo le, à 14 heures[4]. La ligne de départ se situe au nord de lapointe du Grouin. Mesurant troismilles (5,5 kilomètres), elle est divisée en quatre parties : la première, la plus au nord, est réservée auxUltime et auxMulti50 ; la deuxième est réservée aux Rhum Multi ; la troisième, au sud du bateau du comité de course, est réservée auxImoca ; et enfin la quatrième, la plus au sud, est réservée auxClass40 et aux Rhum Mono[5].
L'arrivée se fait dans lePetit Cul-de-sac marin àPointe-à-Pitre en Guadeloupe. L'archipel est à contourner en le laissant à bâbord ; l'îlot de laTête à l'Anglais est à laisser à bâbord et la bouée de Basse-Terre est à laisser à tribord.
Les bateaux amarrés face aux remparts de Saint-Malo, quelques jours avant le départ.
Les organisateurs font face à un nombre d'inscriptions très important et décident de porter le nombre de participants à 122 au lieu des 100 prévus initialement[6]. Le, au moment de la clôture des inscriptions, 117 skippers sont retenus[7]. Le, la liste des inscrits est finalisée. On compte 123 skippers[8].
Cet engouement pour la course oblige les organisateurs à élargir les installations dans le village départ deSaint-Malo. Les Ultimes sont notamment relégués en retrait des autres bateaux, en raison de leur taille[6]. Ouvert du jusqu'à la veille du départ, le village accueille en moyenne 90 000 visiteurs par jour, avec un total de 1,3 million sur les douze jours, contre 800 000 lors de la précédente édition (2014)[9],[10].
Le, après un peu plus de quatre heures de course,Armel Le Cléac'h et sonUltimeMaxi Banquepopulaire IX sont contraints d'effectuer une escale technique au large deRoscoff afin de remplacer une pièce du système d'énergie. L'intervention fait perdre deux heures au skipper[11],[12]. Le tenant du titre enMulti50,Erwan Le Roux, arrête également sonFenêtréa - Mix Buffet à Roscoff, pour une avarie de safran de coque centrale (risque de voie d'eau) nécessitant l'intervention de son équipe technique. Le soir même, à20 h 43, le skipper guadeloupéen Willy Bissainte prévient la direction de course de l'échouement de son Rhum MonoC' La Guadeloupe sur les rochers de l'île Rouzic. Une voie d'eau s'est déclarée. Secouru par le canot de laSNSM dePloumanac'h, le bateau est remorqué jusqu'à Roscoff[13]. À bord de l'ImocaBureau Vallée deLouis Burton, une voie d'eau se déclare au niveau du puits defoil tribord : une poulie fixée dans le puits s'est arrachée, causant une brèche. Burton gagne Roscoff pour tenter de réparer[14].
Le,Sébastien Josse, sur l'UltimeMaxi Edmond de Rothschild, alors en tête de course, annonce avoir perdu une partie de l'étrave de flotteur tribord aux alentours du 5 heures du matin[15]. Le même jour, dans la matinée,Thomas Coville sur l'UltimeSodebo Ultim' subit également une avarie. Tous deux se dirigent versLa Corogne afin de se mettre en sécurité en prévision de la dépression arrivant sur l'Atlantique[16]. Dans la catégorie Imoca,Jérémie Beyou a des problèmes de barre l'empêchant de naviguer correctement. Après une réparation sommaire à bord, il se déroute, puis est remorqué versLorient[17].
Le, à3 h 50, un problème de pilote automatique provoque unvirement de bord intempestif de l'ImocaMonin. Avant qu'Isabelle Joschke ait eu le temps de rétablir la situation, le bateau démâte. La navigatrice fait route terre au moteur, en attendant d'être prise en remorque jusqu'àLorient[18]. Peu après Joschke, Sam Goodchild, sur le Class40Narcos : Mexico, démâte lui aussi[19]. Il fait route vers Lorient[20]. Louis Burton annonce son abandon : les dégâts surBureau Vallée se révèlent trop importants[21]. Vers midi, Armel Le Cléac'h déclenche sa balise de détresse après le chavirage de son UltimeMaxi Banquepopulaire IX :« Je ne sais pas ce qui s’est passé, ça a été très rapide, le flotteur, ou quelque chose qui s’est détaché[22]. » À 17 heures,Samantha Davies (ImocaInitiatives-Cœur), annonce une avarie. En contact avec les architectes, elle a pu diagnostiquer undélaminage important au niveau de la cellule de vie. Elle se déroute versLorient[23].Louis Duc (2e des Class40, surCarac ) casse l'axe d'étai par 30 nœuds de vent, rafalesà 40, mer agitée. Il sécurise aussitôt son mât. Ne pouvant maintenir son cap sud-ouest travers au vent, il se met vent arrière pour tenter de réparer en mer[24].
Le,Yannick Bestaven (ImocaMaître CoQ III) abandonne à la suite d'une avarie du système hydraulique qui permet de basculer la quille. La veille, il avait quitté Cascais où il avait changé son hook de chariot de grand-voile. À peine avait-il parcouru 85 milles que cette nouvelle avarie l'obligeait à rebrousser chemin. Mais, à plus de 150 milles de Saint-Malo, le règlement interdit une deuxième escale. Le retour de Bestaven à Cascais le contraint donc à l'abandon[30]. Willy Bissainte (Rhum MonoC' La Guadeloupe), qui avait échoué sur l'île Rouzic le, abandonne[31].
Le, les dégâts au pied de son mât étant trop importants, Sébastien Marsset annonce son abandon[25]. En raison de ses avaries et de l'infection de sa blessure à la main,Nicolas Troussel annonce son abandon[27]. Isabelle Joschke et Sam Goodchild, qui tous deux ont démâtéle 6, déclarent officiellement leur abandon[32],[20].
Le,Jérémie Beyou (ImocaCharal ), qui a repris la mer la veille, fait demi-tour, victime d'une nouvelle avarie : une panne du système d’alimentation en énergie[33].
Le à8 h 30 (heure de France), le Multi50Arkema deLalou Roucayrol se retourne à environ 1 000 milles de la Guadeloupe[34]. La direction de course demande à Pierre Antoine (Rhum MultiOlmix) de se dérouter pour secourir Roucayrol[35].
Le, au grand large deGibraltar,Claire Pruvot (Class40Service civique) entre en collision avec un cargo. Elle est recueillie par l'équipage de ce dernier[36].
Le, après trois tentatives, Roucayrol réussit à embarquer à bord de l'Olmix. Pierre Antoine se remet en course. Le remorqueurLady Debbie a été affrété par le sponsor de Roucayrol pour prendre en charge le naufragé, ainsi que son bateau. Il se porte à la rencontre de l'Olmix[37].Alex Thomson (ImocaHugo Boss) s'accorde un moment de sommeil avant d'entamer l'éprouvant tour de la Guadeloupe. Batterie déchargée, sa montre-alarme ne sonne pas. Le bateau se dirige à 19 nœuds versGrande-Terre. Son équipe, voyant qu'il n'est pas dans le bon cap, appelle Thomson au téléphone, sans parvenir à le réveiller. À l'approche de la côte,Hugo Boss est freiné par le dévent[38]. Il talonne près de lapointe de la Grande Vigie. Le bateau est très endommagé. Thomson amène les voiles et se dégage au moteur. Ayant replombé l'arbre d'hélice, il repart à la voile[39]. Il franchit la ligne d'arrivée premier des Imoca. Le jury (composé de deux Britanniques, deux Français et un Allemand) lui inflige une pénalité de 24 heures pour avoir utilisé son moteur. Le président du jury, Georges Priol, précise qu'il n'y a pas eu disqualification parce que la sécurité du skipper et celle du bateau étaient engagées.« Mais, dit-il, la pénalité de 24 heures était le minimum applicable. » Georges Priol tient à rendre hommage à Thomson, qui a accueilli la sanction avec« une grande sportivité[40] ». Le même jour, Jérémie Beyou (ImocaCharal ) annonce son abandon[41]. C'est le cinquième abandon dans la catégorie Imoca.
Le, Roucayrol est transbordé sur le remorqueurLady Debbie[42].
Le, leLady Debbie retrouve le trimaranArkema de Roucayrol, mais à l'endroit, sans qu'on puisse dire pourquoi[43].
classeMulti50, multicoques de 50 pieds (6 inscrits). Le vainqueur de cette catégorie empochera 4 500 € ;
classeIMOCA,monocoquesOpen 60 pieds (20 inscrits). Le vainqueur de cette catégorie empochera 23 000 € ;
Class40, monocoques de 40 pieds (53 inscrits). Le vainqueur de cette catégorie empochera 15 000 € ;
catégorie Rhum Multi, multicoques compris entre 39 pieds et 59 pieds et ne pouvant entrer dans une classe définie ci-dessus (21 inscrits). Le vainqueur de cette catégorie empochera 8 500 € ;
catégorie Rhum Mono, monocoques supérieurs à 39 pieds et ne pouvant entrer dans une classe définie ci-dessus (17 inscrits). Le vainqueur de cette catégorie empochera 8 000 €.
Le, vers midi, Le Cléac'h chavire à 340 milles au nord-est dePonta Delgada[49]. Gabart mène toujours, suivi de Joyon à une quarantaine de milles[50]. Josse et Le Cléac'h annoncent leur abandon[49]. Vers21 h 30, Le Cléac'h est secouru par un bateau de pêche[51].
Le, vers 7 heures, Romain Pilliard(Remade-Use It Again), ayant cassé plusieurs chariots de grand-voile, se déroute vers La Corogne[52]. Il n'y a pour l'heure que deux Ultime qui font route vers laGuadeloupe : leMacif de François Gabart, bateau de 2015, et l'Idec Sport de Francis Joyon, lancé en 2006. Gabart a creusé l'écart durant la nuit : au pointage de7 h 45, dans l'ouest deMadère, il précède Joyon de 70 milles[53].
Le, à 14 heures, Romain Pilliard (3e) reprend la mer[54]. À22 h 45, l'écart est de 138 milles entre les deux bateaux de tête[55].
Le, à0 h 45, à 1 518 milles de l'arrivée, l'écart est de 140 milles[56]. Il reste stable durant la journée, dans un long bord sud-ouest — Gabart marchant plus à l'ouest. Mais dans la soirée Joyon, qui aempanné avant Gabart, se trouve décalé 110 milles plus au nord et commence à réduire l'écart : à23 h 45, Gabart n'a plus que 115 milles d'avance. Il est à 1 017 milles dePointe-à-Pitre[57].
Le, les deux premiers franchissent letropique du Cancer. À23 h 45, Joyon est à 91 milles de Gabart. Celui-ci a encore 494 milles à parcourir[58].
Le, Coville (4e), ayant réparé, reprend la mer[59]. À16 h 45, à 76 milles de l'arrivée, Gabart n'a plus que 35 milles d'avance[60]. À17 h 25, un communiqué de l'équipe Macif révèle que depuis les deux premières nuits de course le bateau de Gabart est privé de son J3, de sonfoil tribord et de lattes degrand-voile ; et que le matindu 6 il a perdu sonsafran bâbord.« François Gabart, dit son équipe, a rencontré plus de problèmes handicapants en six jours de course qu'en 42 jours de tour du monde[61]. » Entre 18 et 19 heures (heure de la métropole), Gabart passe la bouée de la Tête à l'Anglais. Il a une vingtaine de milles d'avance. À ce moment-là, il n'y a que 2 ou 3 nœuds de vent le long de laCôte-sous-le-vent.« Dans cette situation, ditGildas Morvan, il peut y avoir un avantage pour le bateau poursuivant qui peut ajuster sa stratégie en fonction du leader, s’il s’aperçoit que celui-ci est scotché[62]. » DevantBouillante, Gabart maintient son avance de 20 milles. Il tombe alors dans les calmes[63]. À20 h 45, Joyon n'est plus qu'à 13 milles[64]. Vers 23 heures, lorsque le soleil se couche[65], les deux concurrents sont presque à l'arrêt dans le dévent de laSoufrière : Gabart depuis plus d'une heure devantVieux-Habitants, et Joyon 4 milles derrière lui, devantBouillante[66]. Avant le délicat passage de la bouée de Basse-Terre, l'écart se réduit à 0,5 mille[67].
L'arrivée des deux premiers Ultime.
Le, Gabart touche enfin un peu de vent. Il passe la bouée à0 h 27. Joyon la passe 17 minutes plus tard[68]. La remontée du canal des Saintes est, selon Joyon, un moment décisif. Joyon rase lephare de Vieux-Fort, qui marque l'entrée du canal. Puis il continue à serrer la côte pour déjouer le courant descendant. De ce fait, il sort du canal mieux positionné que son rival[69] (qui ne le précède que de 1,9 mille)[70]. Et, tandis que Gabart prolonge son bord plein est versMarie-Galante, le vent tourne, permettant à Joyon d'incurver sa trajectoire un peu plus nord : au moment de virer vers la ligne, il est plus proche de celle-ci de 3,7 milles.« J’étais auprès sur ce bord-là, dira Gabart. Mais c’est un classique enrégate, celui qui passe derrière bénéficie d’une rotation de 20 ou30 degrés et vous n’y pouvez rien… C’est le jeu[63]. » À 12 milles de l'arrivée, Joyon prend la tête[71]. Son avance est de 3 milles, lorsqu'il est ralenti par un cordage decasier emmêlé dans son safran tribord. Gabart se rapproche. À 2 heures, Joyon est à 10 milles de la ligne. Le vent tombe. Gabart se rapproche toujours. À 3 heures, Joyon ne mène plus que de 1 mille[63]. À 2 milles de la ligne, le vent tombe à nouveau. Les deux bateaux sont au contact, Gabart un peu plus rapide sous son code zéro[72]. Reste à effectuer un dernier virement vers la ligne. VoyantMacif plus rapide, Joyon prend le risque de virer tôt :« J’ai pensé que j’arrivais à passer la ligne et du coup j’ai viré[69]. » Gabart vire 0,4 mille plus loin. À 1 mille de la ligne, Joyon ne mène que de 200 mètres[71]. À4 h 21, Francis Joyon, 62 ans, passe la ligne en vainqueur sur unIdec Sport vieux de douze ans dont c'est la troisième victoire dans la Route du Rhum[73]. Détenu parLoïck Peyron depuis la précédente édition (7 jours, 15 heures,8 minutes et32 secondes), le temps de référence est battu : Joyon vient de parcourir 4 367 milles en7 jours, 14 heures,21 minutes et47 secondes, soit une moyenne sur l'eau de 23,95 nœuds[72]. Gabart, surMacif, termine 7 minutes et 8 secondes plus tard[67].
Le, dans le sud-ouest dePenmarc'h, les Multi50 se retrouvent piégés, certains quatre heures durant, au centre d'une dépression. La mer est formée, le vent absent[81].Lalou Roucayrol(Arkema), placé« au bon endroit par rapport aux grains[82] », arrive le premier à toucher le flux de nord-ouest. Tirant au sud-ouest, il prend la tête et creuse un écart d'une quarantaine de milles[81]. Le soir, les conditions de navigation se dégradent :« 55 nœuds de vent, 65 nœuds dans les rafales, avec une mer de face et des creux de cinq mètres… particulièrement difficiles pour ces trimarans de 50 pieds[83] ».
Le, au milieu de la nuit, deux stratégies apparaissent. Roucayrol (1er) et Tripon (2e), toujours sur la route sud, doublent lecap Finisterre. Leurs quatre poursuivants optent pour la route nord[84], proche de l'orthodromie, donnée gagnante par les routages, mais plus exposée. Roucayrol se déroute versPorto pour s'abriter[83]. Tripon poursuit le long de la côte portugaise. Il exprime de la satisfaction :« Je voulais garder un bateau intact, et pour ça il fallait faire du sud et jouer sur les bons timings, je suis reparti un peu avant les autres et ça m’a permis d’être à l’heure au cap Finisterre. » En effet, une fois passé le cap, il a trouvé moins de vent et de mer.« Et je vais pouvoir récupérer un front moins violent que mes petits camarades au nord[85]. »
Le, Roucayrol reprend la mer. Il est maintenant6e[84].
Le, Thibaut Vauchel-Camus (Solidaires en peloton-Arsep) est en tête, avec 170 milles d'avance sur Tripon (2e). Il vient de déborder lesAçores, lorsqu'une partie du rail de grand-voile est arrachée, et l'anneau du chariot de têtière« explosé ». Il gagnePonta Delgada pour réparer[87]. Pendant ce temps, dans l'ouest desîles Canaries, Tripon touche unalizé de nord-est. Le navigateur fait route ouest, et prend la première place[88].
Le, à21 h 32, après 11 jours, 7 heures, 32 minutes et 40 secondes de mer, Armel Tripon surReauté Chocolat franchit en vainqueur la ligne d'arrivée. Il vient de parcourir 4 563 milles, à la vitesse moyenne sur l'eau de 16,8 nœuds. Il termine après deux Ultime : c'est la première fois qu'un Multi50 se hisse sur le podium officieux « toutes catégories confondues »[95].
Le, Roucayrol est secouru par Pierre Antoine, surOlmix, le premier des Rhum Multi[96]. À12 h 9, Erwan Le Roux sur Fenêtréa-Mix Buffettermine2e[97].
Le, Thibaut Vauchel-Camus surSolidaires en peloton-Arseptermine3e[98].
Le, Gilles Lamiré surLa French Tech Rennes Saint-Malotermine4e[99].
Le, Thierry Bouchard surCiela Villagetermine5e[100]. Un seul Multi50 a abandonné.
Le, Herrmann (6e) s'est décalé au nord-ouest, plus près de l'orthodromie, ce qui le fait grimper virtuellement dans le classement. Il prend la5e place à Roura[127]. Le vent mollit. Même si la mer reste forte, les bateaux les plus au sud en ont fini avec le mauvais temps[128] — ce qui n'est pas le cas de l'arrière de la flotte, promis à une nouvelle perturbation. L'option nord de Thomson s'est révélée la bonne jusqu'ici. Mais ce chemin le plus court signifie vent soutenu et mer forte. Les routages donnent la route nord gagnante sans tenir compte de l'état de la mer, qui empêche le navigateur de suivre la cadence estimée[129]. Dans la nuit, Thomson abandonne cette route nord. Il préfère perdre une partie de son avance, qui est alors de plus de 90 milles[130]. Il a confiance enHugo Boss, dont la vitesse au portant lui permettra de faire la différence dans l'alizé[131]. Durant toute la journée, Thomson infléchit sa trajectoire plein sud afin de contourner l'anticyclone des Açores par l'est. Sa route se rapproche peu à peu de celle du tandem Meilhat-Riou. Dans la soirée,Hugo Boss bat son record « personnel » de vitesse : 38,5 nœuds[132]. Herrmann reste au nord. Il prend la4e place à Eliès[133].
Le, Herrmann prend la3e place à Riou[134], puis la2e à Meilhat[135]. Après une escale à Cascais pour réparer, Bestaven reprend la mer. Herrmann décide d'aller au bout de son idée :« Je n’ai pas trop le choix, il faut que je poursuive la route que j’ai commencée[136]. » Thomson passe en même temps que Meilhat et Riou par le travers deMadère. Plus à l'ouest, il conserve la première place.
Le, Herrmann, toujoursvent debout, rétrograde à la4e place[140]. Mais les choses vont un peu mieux pour lui : l'anticyclone se rétracte au sud-ouest[141], lui permettant de tirer dans le sud. Pendant ce temps,Hugo Boss démontre qu'il a été conçu pour leportant. Son avance sur leSMA de Meilhat, descendue la veille jusqu'à 20 milles, est maintenant de plus de 70 milles[142]. Riou, en revanche, se tient modestement à sa3e place.PRB est pourtant le plus léger de laflottille des Imoca, et doté de foils de dernière génération[143]. Depuis un moment déjà, les observateurs s'interrogent sur ce qui peut bien l'empêcher d'exprimer son potentiel[129]. Ayant réparé, Amedeo quitte Cascais[144]. Il est12e.
Le, en fin de nuit,PRB sousspinnaker décroche, se couche, dévie brutalement de sa trajectoire, à plusieurs reprises. L'incident est lié à ce qui handicape Riou depuis la deuxième nuit de mer, et qu'il révèle enfin : sa centrale de navigation a été endommagée, peut-être par la foudre. En mode « vent », le pilote automatique n'obtient plus les informations de vent qui lui permettaient d'optimiser la trajectoire. Se rabattant sur le mode « compas » — bien moins performant, surtout au portant[153] —, Riou s'use à régler en permanence le pilote. Il ne peut dormir que par tranches de dix minutes[154]. Eliès lui prend la3e place. Thomson a 211 milles d'avance sur Meilhat[155].
Le, à2 h 45 (heure de la métropole), à 67 milles de l'arrivée, Thomson a 231 milles d'avance sur Meilhat, lorsqu'il talonne à la Pointe à Claude, près de lapointe de la Grande Vigie, au nord deGrande-Terre. Il se dégage au moteur. Il replombe l'arbre d'hélice et remet à la voile à4 h 15[39]. Il franchit la ligne d'arrivée à13 h 10 (heure de la métropole[156]) après 11 jours, 23 heures, 10 minutes et 58 secondes de course. Il a parcouru 4 713 milles, à 16,4 nœuds de moyenne sur l'eau (12,33 nœuds, sur le parcours théorique de 3 542 milles). Mais le jury lui inflige une pénalité de24 heures pour avoir eu recours à son moteur. Son temps officiel est donc de 12 jours, 23 heures, 10 minutes et 58 secondes[40]. En arrivant à la Tête à l'Anglais à18 h 44, Meilhat n'a que 14 milles d'avance sur Eliès. Deux heures plus tard, aprèsBouillante, à 31 milles de l'arrivée, les brises fugaces de laCôte-sous-le-vent ont fait fondre cette avance à 3,4 milles[157]. Tout paraît possible[158]. Cependant, Meilhat gère parfaitement le passage de la bouée de Basse-Terre, et peut se redonner de l'avance dans le canal des Saintes[159].
Le, Meilhat, surSMA, bateau à dérives droites lancé en 2011, franchit la ligne en vainqueur à1 h 23 (heure de métropole), après 12 jours, 11 heures, 23 minutes et 18 secondes de course. Il a parcouru 4 451 milles, à 14,87 nœuds de moyenne sur l'eau (11,83 nœuds, sur le parcours théorique)[160]. Eliès, surUcar-Saint Michel, termine2e, à3 h 38, après 12 jours, 13 heures, 38 minutes et 30 secondes de course[161]. Riou, à10 h 44, à 28 milles de la ligne, se trouve dans une situation inconfortable : il doit arriver avant13 h 10 pour se placer avant Thomson, et il est talonné par Herrmann, à 12 milles[162]. Porté par des vents« poussifs[153] », il arrive à14 h 21. Thomson surHugo Boss prend donc la3e place, et Riou, surPRB,la4e[163]. Herrmann, surMalizia 2-Yacht Club de Monaco, termine5e à17 h 47[164].
Le, au terme d'une descente de laManche à vive allure, laflottille des 53 Class40 se scinde. Un groupe choisit de contourner leDST. Le plus grand nombre se dirige versOuessant.
Le, le passage de ce front s'effectue dans la nuit, par 35 nœuds de vent établis, avec rafalesà 45.« Ça tapait beaucoup, dit Richomme, avec une mer croisée dans tous les sens, c’était un vrai champ de mines. C’était douloureux, parce qu’on avait toujours l’impression de casser le bateau[213]. » Goodchild (alors3e[214]) démâte[19]. Il fait route terre sous gréement de fortune. En début d'après-midi, la tête de flottille trouve une bascule nord-ouest. Richomme, grâce à son positionnement ouest[210], sort du mauvais temps le premier avec 15 milles d'avance, vire le premier, et n'a plus qu'à accélérer[215]. C'est le début d'un long bord sud-ouest qui doit mener les Class40 jusqu'auxAçores[213]. Le soir, Duc (2e) casse l'axe de sonétai. Il tente de réparer en mer[24]. En milieu de nuit, Richomme, le plus à l'ouest des Class40, a creusé un écart de 35 milles sur Chappellier (2e). Sharp est3e[216].
Le, tandis que les derniers essuient un nouveau fort coup de vent, Richomme entreprend de contourner par l'est l'anticyclone des Açores. Il est mieux positionné — à l'intérieur de la courbure — que ses deux rivaux. Dans les conditions dereaching rencontrées depuis deux jours, il peut exploiter la puissance de son plan Lombard (« un avion de chasse », selon Pavant)[220]. Il accentue l'écart avec Sharp et Chappellier : son avance est maintenant de 66 milles. Derrière Chappellier, une cassure d'une centaine de milles s'est opérée avec un groupe de quatre poursuivants emmené par Pavant (4e)[57].
Le, Duc quitte Baiona[29]. Ilest24e. Richomme précède Sharp de 78 milles[58].
Le, les concurrents qui avaient relâché dans les ports bretons en début de course reprennent la mer. Pendant ce temps, les premiers Class40 touchent l'alizé. Ils font route à l'ouest[221].
Le, précédant Sharp (2e) de 86 milles[222], Richomme paraît toujours intouchable. Le Britannique commence à se demander si, malgré tous ses efforts, il pourra réellement aller chercher la première place. Chappellier (3e), qui veut ménager sonspi medium fraîchement réparé, met provisoirement entre parenthèses son duel avec Sharp[223]. Il accuse un retard de 60 milles sur ce dernier. Et, 60 milles derrière Chappellier, une lutte pour la quatrième place oppose Pavant (4e), Le Vaillant (5e), Berry (6e) et Carpentier (7e)[222].
Le, Richomme a 104 milles d'avance sur Sharp[224]. À présent confiant dans la réparation de son spi et informé de ce que Sharp a des soucis de pilote automatique, Chappellier (3e) est reparti à l'attaque[225] :« On est à trois jours de la Tête à l’Anglais, dit-il. Si on explose un spi, c’est le jeu, mais on n’est plus dans l’économie[226]. » Il revient à 4 milles de Sharp[224].
Le, Sharp a bien du mal à contenir les assauts de Chappellier. Les deux bateaux marchent à présent bord à bord[227].
Le, à5 h 50 (heure de la métropole), Richomme entame le tour deBasse-Terre[228]. Pendant ce temps, Sharp et Chappellier, ensemble depuis la sortie de la Manche, se battent toujours pour la deuxième place. Sharp garde l'avantage. Ce n'est qu'au nord deLa Désirade que Chappellier réussit à porter l'estocade. Levoici2e. De son côté, Yoann Richomme surVeedol-AIC franchit en vainqueur la ligne d'arrivée à17 h 22, après 16 jours, 3 heures, 22 minutes[2] et 44 secondes de course (nouveau temps de référence). Il vient de parcourir 4 309 milles, à la vitesse sur l'eau de 11,12 nœuds[210]. À18 h 45, Chappellier amorce le contournement de Basse-Terre. Il a 20 minutes d'avance sur Sharp[225].
Le, à1 h 16, Aymeric Chappellier surAïna enfance et avenirtermine2e. À3 h 1, Phil Sharp surImerys Clean Energytermine3e. À17 h 55, Arthur Le Vaillant surLeytontermine4e. À18 h 49, Kito de Pavant surMade in Miditermine5e. À20 h 51, Luke Berry surLamotte-Module créationtermine6e.
Le, à14 h 11, Antoine Carpentier surBeyond the Seastermine7e. À20 h 18, Jack Trigger surConcise 8termine8e.
Le, à17 h 49, Olivier Cardin surRégion Normandietermine9e.
Le, à18 h 6, Jean-Baptiste Daramy surChocolats Pariès-Coriolis Compositestermine10e.
Le, à1 h 36, Hiroshi Kitada surKiho, dernier classé,termine34e.
Le, la ligne d'arrivée est fermée. Ne l'ayant pas franchie dans le temps imparti, Loïc Le Doyen surSaint-Cast-le-Guildo-Terre exotique n'est pas classé. Dix-huit Class40 ont abandonné[74].
Dans les deux précédentes éditions, la catégorie Rhum accueillait multicoques et monocoques. Elle est désormais scindée en deux catégories : Rhum Multi et Rhum Mono[229]. La catégorie Rhum Multi regroupe les multicoques n'entrant ni dans la classeUltime ni dans la classeMulti50. Les bateaux sont d'une grande diversité. Les skippers sont le plus souvent amateurs[230].
Catégorie Rhum : multicoques entre 39 et 59 pieds (21 inscrits)
Le 14, à8 h 30 (heure de France), leMulti50 deLalou Roucayrol chavire à 400 milles dans le sud-ouest d'Antoine[247]. La direction de course demande à celui-ci de se dérouter[34]. Il arrive sur place dans la nuit du 15au 16. Au matin, il recueille Roucayrol, et se remet en course. Un remorqueur fait route pour chercher le naufragé et son bateau. Le transbordement de Roucayrol s'effectue le 18[42].
Pierre Antoine, surOlmix, pare la Tête à l'Anglais le, avec 637 milles d'avance sur Lilti[248]. Il franchit la ligne à11 h 15. Il vient de parcourir 4 473 milles à la vitesse moyenne sur l'eau de 11,73 nœuds[249]. Le jury le fait bénéficier d'une compensation de 20 heures sur son temps de traversée, au regard du temps consacré au sauvetage et au transbordement de Roucayrol. Son temps officiel est donc de 15 jours, 1 heure, 15 minutes et 5 secondes[74] (temps de référence). Dans la Route du Rhum, c'est la deuxième victoire de Pierre Antoine et la troisième victoire de son bateau[249]. Jean-François Lilti surÉcole diagonale pour citoyens du mondetermine2e. Étienne Hochedé surPiR2termine3e. Douze Rhum Multi terminent classés. Neuf ont abandonné[74].
La catégorie Rhum Mono regroupe des monocoques de plus de 12 mètres[230] ne répondant ni à lajaugeImoca ni à la jaugeClass40. Elle présente une grande variété de bateaux[229].
Catégorie Rhum : monocoques supérieurs à 39 pieds (17 inscrits)
Les Rhum Mono sont 17, le, au départ deSaint-Malo. Mais, dès le lendemain, l'annonce d'un fort coup de vent conduit des concurrents à s'abriter. En comptant les victimes d'avaries, ils sont neuf Rhum Mono à gagner les ports[259]. La persistance du mauvais temps les y confine plusieurs jours durant.
Destremautermine2e. Luc Coquelin, sur l'Open 50Rotary-La mer pour tousest3e. Jean-Marie Patier sur leyawl de 60 piedsFormatives Networkest4e. Wilfrid Clerton surCap au Cap location-SOS villages d’enfants (l'ancienKriter VIII )est5e. Neuf concurrents terminent classés.Éric Bellion, sur la goélette de 21 mètresCommeunseulhomme, passe la ligne d'arrivée hors temps. Sept Rhum Mono ont abandonné[74].
↑« J’ai confiance en mon bateau et sa vitesse au portant et c’est là-dessus que va se jouer la course. » Alex Thomson,. Cité par Pierre-Marie Bourguinat,« Hugo Boss taille patron », sur routedurhum.com, 10 novembre 2018 (consulté le 10 novembre 2018).
↑Vacation du, à 5 heures. — Il disait déjà, deux jours plus tôt :« Quand ça va vraiment démarrer, les foilers vont faire mal. Ils peuvent me mettre 300 milles d’ici l’arrivée ! » Paul Meilhat, vacation transcrite par Pierre-Marie Bourguinat,« Spi ou gennaker ? » sur routedurhum.com, 9 novembre 2018 (consulté le 9 novembre 2018).
↑« Classement de la Route du Rhum 2018 », sur ouest-france.fr, déjà cité, 11 novembre 2018 à23 h 45 (consulté le 12 novembre 2018).
↑« Classement de la Route du Rhum 2018 », sur ouest-france.fr, déjà cité, 17 novembre 2018 à10 h 44 (consulté le 17 novembre 2018). — Dominic Bourgeois,« Un podium malicieux », sur routedurhum.com, 17 novembre 2018 (consulté le 17 novembre 2018).