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Robert Clary,nom de scène deRobert Max Widerman, né le dans le12e arrondissement de Paris et mort le àLos Angeles, est unchanteur etacteur français,survivant de la Shoah.
Robert Widerman né dans le12e arrondissement de Paris[1] le, de Moishe (Moszek) Widerman, tailleur, et de Baila (Bajla) Widerman, tous deux d’originejuive polonaise. Son père Moszek Widerman est né le àNadarzyn, et sa mère Bajla Widerman est née Stullman le àPrzytyk[2].
Robert Widerman était le plus jeune des 14 enfants de sa famille venue s’installer définitivement à Paris en 1923. La famille habite dans le bâtiment construit en 1926 par la FondationFernand Halphen au10rue des Deux-Ponts[2], dans le4e arrondissement de Paris. Robert y passe une enfance joyeuse[3]. À12 ans, repéré par un chasseur de talent, il commence une carrière de chanteur professionnel à la radio et étudie l'art[4].
En tant queJuifs, six membres de la famille Widerman sont déportés lors de laSeconde Guerre mondiale : quatre par le convoino 37, du, deDrancy versAuschwitz : son père, Moszek Widerman (68 ans), sa mère, Bajla Widerman (56 ans), son oncle Jankiel Widerman (65 ans), né le à Nadarzyn enPologne, et lui-même (16 ans). Hélène Widerman (22 ans), née le àVarsovie est déportée par le convoino 34, en date du de Drancy vers Auschwitz. Hersz Widerman (31 ans), né le à Varsovie en Pologne est déporté par le convoino 4, en date du, dePithiviers vers Auschwitz[2]. Arrivés à Auschwitz, ses deux parents sont conduits directement dans leschambres à gaz où ils sont assassinés[5].
Àgé de 16 ans, Robert Widerman est raflé par lapolice française[3] et déporté le de Drancy par le convoino 37 à destination d’Auschwitz-Birkenau. Il fait partie des 209 hommes de 16 à 45 ans sélectionnés en gare deCosel pour letravail forcé[6]. Il reste pendant trois semaines au camp d’Ottmuth avant d’être transféré aucamp de Blechhammer où il reçoit, en 1944, lematricule A-5714 qui lui esttatoué sur l’avant-bras gauche. Il est réquisitionné pour chanter tous lesdimanches devant des soldats allemands, afin de les divertir[3].
L’avancée desAlliés et l’évacuation, en, des camps dépendants du complexe d’Auschwitz-Birkenau, le mènent, au cours desmarches de la mort (Shoah) au camp deGross-Rosen puis au camp deBuchenwald,matricule 125 603[7].
Il témoigne à propos de cette expérience[8] :
« Nous n'étions même pas des êtres humains. Arrivés à Buchenwald, lesSS nous ont poussés dans une salle de douche pour y passer la nuit. J'avais entendu les rumeurs sur les pommeaux de douche factices qui étaient des jets de gaz. J'ai pensé, « Ça y est ». Mais non, c'était juste un endroit pour dormir. Les huit premiers jours là-bas, les Allemands nous ont gardés sans une miette à manger. Nous nous accrochions à la vie par nos tripes pures, dormant les uns sur les autres, nous réveillant chaque matin pour trouver un nouveau cadavre à côté de toi. ... Toute l'expérience a été un cauchemar total - la façon dont ils nous ont traités, ce que nous avons dû faire pour survivre. Nous étions moins que des animaux. Parfois, je rêve de ces jours. Je me réveille en sueur, terrifié par la peur d'être envoyé dans un camp de concentration, mais je ne garde pas rancune parce que c'est une grande perte de temps. Oui, il y a quelque chose de sombre dans l'âme humaine. Pour la plupart, les êtres humains ne sont pas très gentils. C'est pourquoi, lorsque vous trouvez ceux qui le sont, vous les chérissez ».
Il est libéré de Buchenwald par lesAméricains le[7] : « Les détenus se serraient dans les bras, sautaient, dansaient, pleuraient de joie (…). Ceux qui étaient trop malades ou trop faibles se contentaient de sourire (…). Il était difficile de croire que ce jour était enfin arrivé, que nos misères allaient prendre fin, que nous avions survécu »[3].
Il est quasiment le seul survivant de sa famille proche dont douze membres ont été envoyés aucamp d'extermination d'Auschwitz[9].
À son retour à Paris après la guerre, Robert Clary apprend que trois de ses treize frères et sœurs n'ont pas été déportés et ont survécu à l'occupation nazie de la France[10].
Il redevient chanteur d'orchestre dans undancing[3]. Remarqué par le musicien Harry Bluestone deStandard Radio Transcriptions, il enregistre un premier disque en 1948 qui rencontre également le succès auxÉtats-Unis. Il signe alors chezCapitol Records[4]. Il part s'installer aux États-Unis en. À l'époque, il ne parle pas un mot d’anglais et apprend l’intégralité de ses chansons en phonétique[3].
L'une des premières apparitions américaines de Clary est unsketch comique en français surThe Ed Wynn Show en 1950. Clary rencontre ensuiteMerv Griffin etEddie Cantor. Pendant 15 ans, il est le meilleur ami de la fille de Cantor, Natalie Cantor Metzger qu'il épouse en 1965[5]. Le couple reste uni jusqu'à la mort de Natalie en 1997[5].
Au milieu desannées 1950, Clary apparaît dans la premièresitcom deNBC,The Martha Raye Show, et dans la série d'anthologies dramatiques deCBS,Appointment with Adventure.
Les compétences comiques de Robert Clary sont rapidement reconnues parBroadway où il effectue une belle carrière. Il apparaît dans plusieurscomédies musicales populaires, dontNew Faces of1952, qui est adapté en film en 1954. En 1952, il apparaît dans le filmThief of Damascus où il joue Aladin, mettant également en vedettePaul Henreid etLon Chaney, Jr. En 1958, il joue dans l'émissionThe Gisele MacKenzie Show de la NBC. Il joue également dans la renaissance des couleurs deThe Munsters,The Munsters Today, en 1989.
En1965, du haut de son 1,55 mètre, Robert Clary obtient le rôle qui lui procure une célébrité internationale, celui du Caporal Louis LeBeau (un prisonnier français) dans lasérie téléviséePapa Schultz (Hogan's Heroes) deBernard Fein etAlbert S. Ruddy. Elle comporte six saisons, 168 épisodes de 25 minutes, diffusés de 1965 à 1971 surCBS, qui racontent les aventures loufoques de prisonniers alliés détenus austalag 13 pendant laSeconde Guerre Mondiale. En France, la série s'intituleStalag 13 et passe surCanal + à partir de 1987 puis sur la chaineM6, en 1991, sous le nom dePapa Schultz.
La série se déroulant dans un camp deprisonniers de guerre allemand pendant la guerre, et Clary jouant unprisonnier de guerre français, membre d'une unité desabotage alliée opérant depuis l'intérieur du camp, il est interrogé souvent sur les parallèles pouvant exister entre l'incarcération de LeBeau et la sienne. Il déclare que même si les conditions de vie dans un stalag étaient terribles, cela n’avait rien à voir avec l’expérience concentrationnaire[8],[3] :
« LeStalag 13 n'est pas uncamp de concentration ; c'est uncamp de prisonniers de guerre, et il y a un monde de différence. Vous n'avez jamais entendu parler d'un prisonnier de guerre gazé ou pendu. Quand dans le spectacle à l'antenne, on m'a demandé si j'avais des scrupules à faire une série comique sur lesnazis et les camps de concentration, j'ai dû expliquer qu'il s'agissait de prisonniers de guerre dans unstalag, pas dans un camp de concentration, et bien que je n'aie pas voulu diminuer ce que les soldats ont enduré pendant leurs internements, c'était comme la nuit et le jour de ce que les gens ont enduré dans les camps de concentration ».
Après l'arrêt de la sériePapa Schultz en 1971, Robert Clary maintient des liens étroits avec les autres membres de la distribution :Werner Klemperer,John Banner ouLeon Askin, dont la vie a également été affectée par laShoah.
Robert Clary adore être dans leshow-business : « pour moi, c'était comme respirer », dit-il[5].
En 1975, Robert Clary joue le rôle de Joseph Spähdans, un passager réel, dans le filmThe Hindenburg qui décrit uncomplot fictif pour faire exploser leballon dirigeable allemand après son arrivée à la base aérienne navale deLakehurst.
Robert Clary apparaît dans plusieurs longs métrages sur des thèmes de laSeconde Guerre mondiale, y compris le film pour la télévisionRemembrance of Love où il joue son propre rôle, en compagnie deKirk Douglas, en 1982[11]. On le voit également dans les feuilletonsDays of Our Lives (Des jours et des vies),The Young and the Restless(Les Feux de l'amour) etThe Bold and the Beautiful (Amour, Gloire et Beauté).
Il continue de s'illustrer sur scène et à la télévision jusqu'à la fin desannées 1990.
En 1980, Robert Clary qui continue à en faire des cauchemars ressent le besoin de parler de son expérience pendant la guerre[3] : « Pendant 36 ans, j'ai gardé ces souvenirs de la guerre enfermés en moi. Mais ceux qui tentent de nier l'Holocauste, mes souffrances et les souffrances de millions d'autres m'ont forcé à parler »[12]. Un documentaire de 1985 pourPBS intitulé « Robert Clary A-5714, A Memoir of Liberation » suit cette prise de conscience[13]. Il prend également la parole publiquement dans le programme de sensibilisation de renommée nationale duSimon Wiesenthal Center[12]. Il est ensuite l'hôte de sa propre émission de télévision par câble, qui attire de grandes stars commeCarl Reiner etMel Brooks.
Il passe plusieurs années à visiter leCanada et les États-Unis, donnant des conférences dans les écoles et autres lieux en tant que témoin de la Shoah[14],[5].
Il est peintreréaliste, peignant à partir de photographies qu'il prend lors de ses voyages[5].
En 2001, il publie sonautobiographieDe l'Holocauste à Papa Schultz (Hogan's Heroes)[15].
Il vit pendant des décennies àBeverly Hills dans une maison de styleranch dont la cour arrière est transformée enjardin parisien[5],[3].
Robert Clary meurt le 16 novembre 2022 àLos Angeles à l'âge de 96 ans[16].