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Rhotacisme

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Cet article concerne la transformation d'une consonne en /r/. Pour la prononciation rhotacisée des voyelles, voirvoyelle rhotique.

Lerhotacisme (terme formé à partir dugrec ancien ῥῶrhô, « la lettreR ») est unemodification phonétique complexe consistant en la transformation d'unphonème en un/r/.

Fonctionnement

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On prendra ici comme exemple le rhotacisme de/s/, très fréquent enlatin.

Le phénomène doit être décomposé en deux temps :

  • le [s] estvoisé, entre deuxphonèmes sonores (comme des voyelles) par exemple :
    • /s/ > /z/ ;
  • le nouveau phonème change demode d'articulation et devient une vibrante roulée :
    • /z/ > /r/.

Le fait que le phonème /z/ évolue en /r/, dont les points d'articulations sont relativement proches mais qui se diffèrent par lemode d'articulation, s'explique souvent par l'absence d'autres /z/ dans le systèmephonologique de la langue concernée. Ainsi, il s'agit d'une forme de nivellement phonologique paranalogie : la langue, plutôt que d'accepter un nouveau phonème, le confond avec un autre qu'elle possède déjà, en l'occurrence un /r/. En latin, en effet, il n'y a pas de phonème /z/ (sauf dans des mots d'emprunts, la plupart du temps augrec, et encore le phonème est-il réalisé [zː], c'est-à-dire prononcé long).

Exemples historiques

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En latin

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Le rhotacisme est un type d'évolution phonétique très fréquent enlatin ; pour les noms propres,Tite-Live signale la transformation de l'archaïqueFusius enFurius[1]. Le rhotacisme permet d'expliquer nombre de formes apparemment anormales.

Système nominal

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Ainsi, les noms sigmatiques de la troisièmedéclinaison (noms formés à partir d'unsuffixe-es- ou-os- avant ladésinence) offrent une flexion au cours de laquelle le thème semble modifié :

  • nominatif =radical +-e/os- + Ø
    • corp-us-Ø ;
  • génitif = radical +-e/os- +-is > radical +-e/or- +-is
    • *corp-os-is >corp-or-is.

Le nom cité en exemple ne possède donc un thèmecorp-us- qu'au nominatif (thème nu). Dès qu'une désinence à initiale vocalique s'ajoute, le suffixe-e/os- passe à-e/or- par rhotacisme (-e/os- + V >-e/or-V). D'autres noms à rhotacisme peuvent être cités :

  • flos,flor-is, « fleur » ;
  • honos,honor-is (devenu en langue classiquehonor,honoris par nivellementanalogique), « honneur » ;
  • Venus,Vener-is, « Vénus » ;
  • scelus,sceler-is, « crime », etc.

D'autre part, le rhotacisme peut affecter des désinences : c'est le cas de celles de génitif pluriel des noms de la première déclinaison,-rum (ainsirosa-rum). Lalinguistique comparée permet de poser un étymon-sōm (venant des déclinaisons pronominales) précédé de la voyelle [a] du radical. La désinence ancienne se retrouve enosque sous la forme-sum puis-zum, qui est donc un stade intermédiaire entre [sum] et [rum]. Legrec a -ῶν-ỗn venant de*-ā-sōm, qui passe à-āōn (paramuïssement de [s] intervocalique), attesté chez Homère : τᾱ́ωνtấôn,génitif pluriel de l'article au féminin ; τᾱ́ων évolue finalement en τῶνtỗn parcontraction. Les trois langues ont donné lieu à trois traitements différents d'un même phonème dans un même contexte.

Système verbal

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Le rhotacisme est aussi systématique dans laflexion verbale latine : ainsi, à partir du radical du verbe « être », soites-, on obtient à l'imparfait et au futurer-am,er-as,er-at, etc. eter-o,er-is,er-it, etc. à partir de formes qui remontent à*es-am,*es-as, etc. et*es-o,*es-is, etc.

Ce mécanisme peut être dissimulé par l'absence de formes rhotacisées sans formes d'origine en regard, comme dans le cas des infinitifs en-re (ama-re,vide-re,cap-e-re, etc., respectivement « aimer », « voir », « prendre »), qui proviennent étymologiquement de formes en*-se:

Les formes en-se ne sont conservées que poures-se « être » etpos-se « pouvoir », ainsi que dans l'infinitif parfait (fuis-se « avoir été »,amavis-se « avoir aimé »).

Dans les autreslangues indo-européennes, le rhotacisme est remplacé par d'autres modifications (ou bien la langue ne modifie pas /s/ entre voyelles), de sorte qu'àlege-re, « lire », latin correspond λέγεινlégein, « dire »,grec (par amuïssement de /s/ intervocalique), tous deux issus d'un mêmeétymon*lege-se(n) ; ce suffixe-sen (sans*n en latin) se retrouve bien ensanskrit sous la forme-san, enhittite sous la forme-sar.

Influence sur l'alphabet latin

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Il serait vain de recenser tous les cas de rhotacismes en latin : ils sont en effet très nombreux. En conclusion, il faut rappeler que si le latin a fait passer ses /s/ intervocaliques à /r/, c'est surtout parce que /z/, qui serait le phonème attendu parvoisement, n'existe pas dans le système phonologique de la langue, contrairement à /r/. C'est pourquoi l'alphabet latin primitif ne possède pas delettre Z. Bien qu'hérité dugrec en passant par l'étrusque, cet alphabet a pu se passer de la lettre située à la septième position (qui est aussi unzayn dans l'alphabet hébreu). Le grec ΑΒΓΔΕϜΖ, etc., devrait donner, indirectement, ABCDEFZ.

Comme le modèle étrusque utilisait le gamma grec (Γ) pour noter [k] et non [g] (l'étrusque n'avait en effet pas de phonème /g/), l'alphabet latin a eu besoin d'une nouvelle lettre pour ce phonème et s'est donc servi d'une modification de C, soit G (un C avec une barre supplémentaire). Son invention est attribuée àSpurius Carvilius Ruga (ou Rufa, selon les sources), auIIIe siècle av. J.-C.[2]. La nouvelle lettre a été située à l'emplacement libre du Z, alors inutile, afin d'éviter un remodelage de l'ordre alphabétique, ce qui explique que l'on ait ABCDEFG et non ABCDEFZ. D'après J. Gow[3], qui ne mentionne pas Rufa/Ruga, c'est à l'époque ducenseurAppius Claudius Cæcus, vers-312, que la nouvelle lettre aurait été introduite dans l'alphabet. C'est plus tard, auIer siècle av. J.-C., que le latin, ayant besoin de noter des mots empruntés au grec, réintroduit la lettre Z. Puisque l'ordre alphabétique ne pouvait pas facilement être altéré, cette lettre est placée à la fin.

Dans les langues romanes

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Le rhotacisme est un phénomène qui se retrouve également dans plusieurs langues romanes :

  • roumain : /l/ latin intervocalique devient /r/, SOLE >soare (soleil)
  • istro-roumain : /n/ BENE > bire, LUNA > lurę
  • portugais : /l/ germanique BLANCU >branco (blanc)
  • occitan, dans sa variété alpine et auvergnate : /l/ intervocalique ou final passe à /r/,solelh >sorelh (soleil),peiròl >peiròr (chaudron), etc. En Briançonnais et dans l'Oisans, /n/ intervocalique devient aussi /r/,luna >luro (lune),semana >semaro (semaine). En occitan limousin, /s/ peut se rhotaciser plutôt que de s'articuler ou de passer à /j/ :vesta (prononcé *verta),casqueta (pr. *carqueta),estomac (pr.*ertomac), etc.
  • corse dans sa variété des Deux Sorru : /d/ se devient parfois /r/ à l'oral,donna >ronna (femme),ride >rire (rire),vede >vere (voir),pedi >peri (pieds), etc. Par ailleurs, le diglyphe /rn/ devient parfois /rr/ :carne >carre (viande),fornu >forru (four), etc.
  • en toponymiecatalane le phénomène est fréquent, commeTaresach qui a donnéTarerach[4].

Dans les langues germaniques

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Le rhotacisme de /s/ a aussi touché toutes leslangues germaniques sauf legotique. Le phénomène s'est appliqué en fonction de la place de l'accent tonique : le processus est décrit en détail dans l'article consacré à laloi de Verner. On peut citer les formes verbales du verbe « être », qui, selon la place de l'accent, donnentwas ouwere enanglais.

Ailleurs

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Le latin et les langues germaniques sont leslangues indo-européennes dans lesquelles le rhotacisme est le plus systématique. On trouve cependant, sporadiquement, quelques traces de rhotacisme dans d'autres idiomes indo-européens. C'est le cas engrec ancien, dans certains dialectes, comme l'ionien d'Eubée méridionale (dialecte érétrien), où un /s/ intervocalique devient /r/ (sachant qu'en grec non plus /z/ ne fait guère partie du système phonologique avant la période hellénistique : il ne se rencontre que comme composante de zd/dz).

Le traitement de /s/ intervocalique, dans la plupart des dialectes grecs, repose plutôt sur unamuïssement si le /s/ est ancien, un maintien s'il est issu d'autres sources (assibilation, simplification, etc.) : par exemple, le datif pluriel du nom παῖςpaĩs, « enfant », fait παιρινpairin en érétrien, contre παισίνpaisín en ionien-attique, toutes formes remontant à παιδ-σίνpaid-sín. Encore, il s'agit du rhotacisme de [s].

Legrec moderne possède plusieurs termes ayant subi le rhotacisme, comme αδέρφοςadhérfos, variante d'αδέλφοςadhélfos (grec ancien ἀδελφόςadelphós) « frère », ou ήρθεírthe « il est venu » (grec ancien ἦλθεḗlthe),aoriste d'έρχομαιérkhome. Dans ces deux termes, on note la confusion entre /l/ et /r/ (roulé), favorisée par la ressemblance auditive entre les deux sons.

Le rhotacisme comme interférence de prononciation

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Le terme derhotacisme qualifie aussi une interférence ou une erreur de prononciation dans laquelle un /r/ est utilisé à la place d'autres sons (comme [l], [z], [n] ou [s]) ou bien quand un autre son remplace un /r/ attendu.

Ainsi, enonomastique, un patronyme avec un /l/, commeLeblond est modifié de sorte qu'il passe àLebrond. Le cas se présente aussi entoponymie : lelatinLondinium a donné lefrançaisLondres, en regard duLondonanglais et en France la ville de Langres tient son nom de la tribu gauloise des Lingones. De manière sporadique, le rhotacisme peut éclairer certains termes modernes en regard de leur étymon : c'est ainsi que l'on explique que le nom pour « frère », αδερφόςaðerfós engrec moderne provient, après rhotacisme, de ἀδελφόςadelphós engrec ancien. De même, par extension du sens de départ, tout « problème » de prononciation d'un /r/ sera nommé rhotacisme : c'est le cas encréole de laGuadeloupe où les /r/ des mots venus dulexique français sont prononcés comme des /w/ :prendre devientpwann [pwãn].

Le fait que tous ces mots sontlexicalisés empêche de parler d'une erreur.

On parle de rhotacisme par interférence de prononciation quand un locuteur étranger confond un ou plusieurs sons avec un /r/, quelle que soit sa réalisation : un Japonais, par exemple, dont la langue ne possède pas lephonème /l/, aura tendance à prononcer les /l/ d'une langue étrangère comme des /r/de sa propre langue (soit[ɾ]). Ce sont bien là des erreurs car les mots obtenus ne sont jamais considérés corrects, sauf si le mot estemprunté etlexicalisé dans la langue du locuteur :miruku japonais représentemilkanglais, le signifiant de cet emprunt s'expliquant, entre autres, par un rhotacisme. L'erreur résidera dans un énoncé proféré par un Japonais demandanta grass of mirk, par exemple.

Enfin, lors de l'acquisition du langage, de nombreux enfants remplacent /r/ par /w/. On parlera là encore de rhotacisme. C'est dans ce cas un problème de prononciation que les locuteurs adultes corrigeront, directement ou non.

Notes et références

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  1. Tite-Live,Histoire romaine[détail des éditions][lire en ligne], III, 4.
  2. Version donnée parThe World's Writing Systems, ouvrage collectif sous la direction de Peter T. Daniels et William Bright, Oxford University Press, 1996.
  3. J.Gow,Minerva, introduction à l'étude des classiques scolaires grecs et latins, Hachette, 1890.
  4. LluísBasseda,Toponymie historique de Catalunya Nord,t. 1, Prades, Revista Terra Nostra,, 796 p.,p. 724.

Articles connexes

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