Movatterモバイル変換


[0]ホーム

URL:


Aller au contenu
Wikipédial'encyclopédie libre
Rechercher

Rhodes

36° 10′ 00″ N, 28° 00′ 00″ E
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Page d’aide sur l’homonymie

Pour les articles homonymes, voirRhodes (homonymie).

Rhodes
Ρόδος (el)
Vue satellite de Rhodes.
Vue satellite de Rhodes.
Géographie
PaysDrapeau de la GrèceGrèce
ArchipelDodécanèse
LocalisationMer Égée etmer Méditerranée
Coordonnées36° 10′ 00″ N, 28° 00′ 00″ E
Superficie1 398 km2
Point culminantMontAttavyros (1 216 m)
GéologieÎle continentale
Administration
PériphérieÉgée-Méridionale
Districts régionaux de GrèceRhodes
Démographie
Population125 113 hab. (2021)
Densité89,49 hab./km2
Plus grande villeRhodes
Autres informations
DécouvertePréhistoire
Fuseau horaireUTC+02:00
Site officielhttp://www.rhodes.gr
Géolocalisation sur la carte :Grèce
(Voir situation sur carte : Grèce)
Rhodes
Rhodes
Rhodes
Îles en Grèce
modifier 
Porte d'entrée du palais des Grands Maîtres, à Rhodes.

Rhodes (engrec ancien :Ῥόδος /Rhódos,grec moderne :Ρόδος /Ródos) est uneîlegrecque, la plus grande duDodécanèse.

Située enmer Égée[1], entre l'île de Karpathos (Grèce) et lescôtes turques, à 17,7 km de ces dernières, l'île est bordée au sud-est par lamer Méditerranée. Sa population en 2011 est estimée à 115 490 habitants. Rhodes est aussi le nom de laville principale de l'île qui est peuplée de 50 000 à 60 000 habitants. Elle est le siège d'unévêchéorthodoxe, laMétropole de Rhodes.

Lecolosse de Rhodes, l'une dessept merveilles du monde, était une statue gigantesque édifiée à l'entrée du port de la ville deRhodes.

Mythologie

[modifier |modifier le code]

SelonPindare,Hélios, leSoleil, est le premier à voir l'île sortir des eaux et la trouve si belle qu'il la prend sous sa protection. Quelque temps après, il s'unit à unenymphe locale appeléeRhodé qui lui donne sept fils et une fille.Kerkafos (en) ou Cercaphus, le deuxième fils, devient père de trois enfants, trois garçons dont les noms sontCamiros,Ialissos etLindos, qui fondent les trois premièrescités de l'île[2].

Les descendants d'Hélios sont les Héliades, mais d'aprèsStrabon, avant eux l'île aurait porté les noms d'Ophiusse (« île aux serpents »), de Stadie puis de Telchinis (« île desTelchines », divinitésendémiques du lieu).

Selon leCatalogue des vaisseaux, Rhodes fournit auxAchéens neuf navires pendant laguerre de Troie. Ils sont menés parTlépolème, fils d'Héraclès[3].

Géographie

[modifier |modifier le code]

Présentation

[modifier |modifier le code]

L'île de Rhodes a la forme d'un fer à repasser d'une superficie d'environ 1 400 km2, avec 79,7 kilomètres de long pour 38 kilomètres de large et 220 kilomètres de côtes. Rhodes culmine à 1 216 mètres aumont Attavyros. Tandis que les rivages sont rocheux, l'intérieur est constitué de terres arables où sont cultivés agrumes, vignes, légumes et olives ; l'élevage est surtoutovin etcaprin[4].

Laville de Rhodes est située à l'extrémité nord de l'île, emplacement des ports commerciaux antiques et modernes. L'aéroport principal[5] est situé à 14 kilomètres au sud-ouest de la ville, à Diagoras.

En dehors de la ville de Rhodes, l'île est parsemée de petits villages et stations balnéaires, dontFaliráki,Lindos,Afántou, Kremasti, Haraki, Pefkos, Archangelos, Afantou, Koskinou,Kiotári, Lalyssos,Embona (Attavyros), Paradisi et Trianta (Ialysos).

Climat

[modifier |modifier le code]
Relevé météorologique de Rhodes
Moisjan.fév.marsavrilmaijuinjui.aoûtsep.oct.nov.déc.année
Température minimale moyenne (°C)8,88,810,112,515,819,922,322,720,516,913,210,415,2
Température maximale moyenne (°C)15,115,216,82024,228,430,530,728,224,520,116,622,5
Précipitations (mm)14910575271820056594157696
Nombre de jours avec précipitations151210741001691580
Source :Le climat à Rhodes (moyennes mensuelles)


Courbes du climat de Rhodes.

Faune et flore

[modifier |modifier le code]

Pour ce qui est de labiodiversité, Rhodes compte des forêts depins de Calabre et decyprès qui abritent descerfs élaphes (elaphos veut justement dire « cerf » engrec) ainsi que desdaims sauvages[6]. La vallée humide de Petaloudes (« vallée des papillons » engrec) accueille en été un grand nombre depapillons de la sous-famille desArctiinae, comme l'Écaille chinée (Euplagia quadripunctaria). De plus, l'Hespérie de Lederer (Thymelicus hyrax) est signalée dans cette île.Ladigesocypris ghigii, une espèce de poissonendémique duDodécanèse etmenacée, est présente en particulier dans la zone desources d'Eptá Pigés.

Tremblements de terre

[modifier |modifier le code]

Rhodes a subi de nombreuxséismes au cours de son histoire. Parmi les plus importants, on peut noter celui de 227 ou qui a détruit le célèbrecolosse de Rhodes, et celui du qui a détruit une grande partie de laville de Rhodes. Dans l'histoire récente, on se souvient des séismes qui ont frappé l'île le et le, ce dernier d'unemagnitude de 6,3.

Histoire

[modifier |modifier le code]

Antiquité

[modifier |modifier le code]

Période grecque archaïque

[modifier |modifier le code]
Ruines deCamiros.

Selon les sources antiques, l'île était initialement peupléede Lélèges et de Pélasges et les artefacts montrent qu'elle se trouvait dans la sphère d'influence de lacivilisation minoenne et avait des échanges avec l'Anatolie et l'Égypte antiques. L'hellénisation commence au milieu duXIe siècle av. J.-C. avec l'arrivée d'hypothétiques « Doriens »[7] qui auraient assimilé les populations antérieures. L'île connut une période de prospérité et de puissance dès lapériode archaïque. Les anciens appelaient l'îleAtabyria, à une époque oùZeus est surnomméAtabyrios sur l'île, dont il est la plus ancienne divinité. Les trois principales cités de Rhodes à cette époque étaient :Lindos sur la côte méditerranéenne de l'île,Camiros ou Kamiros etIalyssos sur lamer Égée.Camiros fut la première à frapper sa monnaie.

Naissance de la cité-État et émergence de la puissance rhodienne (470-228)

[modifier |modifier le code]

Elle rejoint en laligue athénienne et reste une puissance mineure durant cette période. Sous supervision d'Athènes jusqu'alors, Lindos, Camiros et Ialysos s'en détachent à la suite d'une rébellion en En ouav. J.-C., ces trois cités s'unirent pour former lacité-État de Rhodes, peut-être sous la supervision d'Hippodamos[8].

En, à la suite d'une révolte, Rhodes passe sous l'influence du roiMausole deCarie. On ne sait plus ensuite ce qui arrive à la cité jusqu'à sa conquête parAlexandre le Grand en

À la mort d'Alexandre enav. J.-C., l'île retrouve son autonomie et expulse sa garnisonmacédonienne, puis entretient des relations commerciales étroites avec le royaumeégyptien desLagides. Sa prospérité économique est très importante : ses vins sont exportés jusque dans les cités grecques duPont Euxin, comme le montrent de nombreuxtimbres amphoriques. Pendant lesguerres des Diadoques, l'île résiste ausiège queDémétrios Poliorcète leur a fait subir en, qu'elle commémore par l'édification d'unestatue colossale qui s'effondre77 ans plus tard lors du tremblement de terre de

Si on sait que pour Rhodes, leIIIe siècle est une période de prospérité, on ne sait paradoxalement que peu de choses sur ses activités. Rhodes y acquiert une partie de laPérée qu'elle fortifie, ainsi que la cité deStratonicée, et de Caunes (en auprès des Lagides). Ces acquisitions permettent un gain financier très important, à hauteur de120talents annuels selon Polybe[9].

La cité de Rhodes est aussi connue à cette époque pour son influence culturelle. En effet, les écoles rhodiennes derhétorique et dephilosophie ont la capacité de rivaliser avec les écoles athéniennes (considérées comme les plus prestigieuses)[10]. L'apogée de ces écoles a lieu principalement auIIe et auIer siècle av. J.-C., ce qui est notamment observable dans leDialoguedes orateurs de Tacite, où il fait l’éloge des orateurs rhodiens. La philosophie rhodienne, quant à elle, se concentre sur l’école péripatéticienne. Les écoles rhodiennes ont accueilli plusieurs personnalités importantes de l’époque hellénistique de diverses origines (Romains et Grecs) commeEschine,Andronicos,Eudème,Hiéronymos,Pisandre,Simmias,Posidonius etApollonios[11].

Rhodes est aussi connue pour sa maîtrise des arts et notamment de la sculpture. Elle rayonne notamment grâce àCharès de Lindos (artiste à l’origine duColosse de Rhodes)[12], ou la statue duGroupe du Laocoon, réalisée par Hagésandros, Anthanadoros et Polydoros, tous artistes rhodiens[13].

Militairement, Rhodes participe à laseconde guerre de Syrie contre les Lagides, afin de brider leur puissance et permettre d'éviter l'apparition d'une puissance hégémonique dans la région. Si cette décision nuit à court terme aux revenus de la cité, il apparaît qu'elle s'en remet très vite[14].

Rhodes face au séisme et à ses conséquences (228-188)

[modifier |modifier le code]

En unséisme frappe lourdement la cité : le Colosse se fracture et tombe. Les murailles et les arsenaux sont, entre autres, détruits. Ce qui aurait dû être un désastre pour Rhodes se transforme pourtant en un immense gain de puissance grâce à la réaction rapide des grandes puissances hellénistiques qui investissent massivement pour la restauration de la cité.

L'événement du séisme est notamment raconté par l'historien grec Polybe dans sesHistoires aux chapitres 88 à 90 du livreV. Celui-ci apporte beaucoup de détails, en particulier concernant les dons que reçut la cité de la part des grands royaumes hellénistiques. Il semble important de noter que dans le cas du séisme de Rhodes, Polybe eut l'obligation de consulter des ouvrages sur le sujet puisque lui-même ne fut pas un contemporain de l'événement. Cependant, nous ne trouvons aucune mention de sources de la part de l'auteur dans son livre. Nous ne savons donc pas sur quelles références Polybe se base pour parler de l'épisode du séisme. AuXXe siècle, les historiens s'accordaient sur l'idée que ces dons pour la cité de Rhodes étaient désintéressés. Maintenant, notamment grâce aux travaux de Maurice Holleaux[15], nous savons que ces dons étaient réfléchis et sous-entendaient une contrepartie avec la cité.

Le royaume lagide fut le plus gros donateur lors de la crise. Rhodes et l'Égypte lagide entretenaient alors un partenariat économique important.Ptolémée III donna notamment une immense quantité de blé, denrée majeure dans l'Antiquité,1 000 talents de pièce de bronze et 300 de pièces d'argent et beaucoup de bois pour la reconstruction des bateaux. Au milieu duIIIe siècle av. J.-C., les relations entre lesroyaumes séleucide etantigonide avec le royaume lagide sont tendues. Ptolémée III craint une coalition contre lui, il doit donc cultiver son alliance avec la cité rhodienne pour ne pas perdre en puissance. Parmi la longue liste des donateurs, les principaux sont les trois grands royaumes hérités de l'empire d'Alexandre, soit les royaumes antigonide, séleucide et lagide, ainsi que le royaume de Syracuse plus détaché du monde grec. D'autres donateurs, certes plus petits ont tout de même aidé Rhodes comme les royaumesdu Pont et deBythinie[16]. À titre d'exemple,Antigone a donné 100 000 médimnes de blé[17], soit 5 000 tonnes[18]. Cet événement met en valeur le rôle de transport et de redistribution du grain qu'avait Rhodes dans la région, essentiel pour de nombreux royaumes[19]. De plus, la peur d'une crise bancaire provoquant une crise économique a également probablement joué dans l'importance des dons effectués[20].

En plus des dons matériels, la cité de Rhodes reçut des exemptions de droit dans les ports syracusains et séleucides. Ces avantages étaient en réalité plutôt profitables aux bienfaiteurs puisque cela leur permettait d'ouvrir leur commerce grâce à la puissance rhodienne. Le séisme qui a frappé Rhodes fut en réalité l'occasion pour les royaumes alentour d'affirmer leurs partenariats économiques avec la cité ou bien de développer et renforcer leurs relations grâce à l'évergétisme.

Lors du séisme, les nombreux dons relatifs aux bateaux et à leur construction témoignent de l'importance de la flotte rhodienne pour le monde hellénistique. Ptolémée III donna par exemple « une quantité de bois suffisante pour construire dix pentères et dixtrières »[21].

Durant cette période, Rhodes joue également un grand rôle contre lapiraterie qu'elle combat activement. Elle est d'autant mieux reconnue pour cela que les autres puissances hellénistiques, notamment les Lagides, lui ont délégué ce rôle contre rémunération et ne s'investissent pas dans ce combat. Ce rôle conduit à une guerre maritime entre Rhodes et laCrète, île connue pour sa large pratique de la piraterie.

La flotte rhodienne acquiert par conséquent une grande réputation qui lui vaut d'être appelée à l'aide en contreByzance[22] qui voulait mettre en place un péage dans le détroit duBosphore. Cette guerre révèle les nombreux liens diplomatiques qu'a tissés Rhodes : elle appelle à ses côtés laBithynie et les Lagides, lui permettant de signer un traité de libre circulation dans le Bosphore sans même déployer son armée.

Par la suite Rhodes participe à plusieurs négociations de traités de paix notamment entre Ptolémée etAntiochos. Ce rôle de diplomate permet à Rhodes d'exercer une grande influence dans la région.

Institutions rhodiennes

[modifier |modifier le code]

Les institutions rhodiennes sont peu connues mais Diodore a décrit Rhodes comme étant la cité grecque la mieux gouvernée[23]. La cité de Rhodes est une démocratie. Elle possède une Ecclésia, c’est-à-dire une assemblée composée des citoyens de la cité. Le rôle de cette assemblée est de discuter, d’étudier les textes proposés par le Conseil et de les voter à mains levées. Elle se réunit une fois par mois au théâtre.

Le Conseil, élus par les membres de l’assemblée pour six mois, a plusieurs fonctions. Comme dit précédemment, il prépare les textes discutés à l’assemblée. Il gère aussi les affaires courantes, la diplomatie de la cité et peut avoir des fonctions judiciaires. Le Conseil est dirigé par cinqprytanes, élus eux aussi par les membres de l’assemblée pour six mois. Les prytanes ont aussi des pouvoirs militaires.

En ce qui concerne la justice, la cité a des jurés indemnisés qui rendent la justice. La justice rhodienne a d’ailleurs une très bonne réputation dans le monde grec[24].

Apamée et la domination romaine

[modifier |modifier le code]

En, la bataille d'Apamée, opposant les Romains, Pergame, la Macédoine et Rhodes contre les Séleucides d'Antiochos III, s'achève par unevictoire romaine. L'Asie Mineure est libérée de l'influence séleucide, et les alliés de Rome obtiennent d'importantes récompenses. Rhodes obtient laCarie et laLycie, étendant donc saPérée considérablement. Son territoire est d'une taille équivalent à celui d'un roi mineur, chose rarissime pour une cité.

De plus, l'influence reçue par cette victoire sur les cités grecques d'Asie Mineure est très importante, lui permettant une grande ingérence dans leurs affaires :Milet est par exemple quasiment co-gérée par Rhodes[25]. Rhodes devient un arbitre auprès des cités grecques, allant négocier la paix entre l'Étolie et les Romains, établir des alliances avec plusieurs cités, se présentant comme garante de la liberté grecque. L'apogée de ces relations diplomatiques est la recréation de laLigue des Insulaires dont elle prend la présidence comme seul chef véritable. Il s'agit d'une confédération d'États payant tribut à Rhodes et patrouillant contre les pirates. Cette ligue permet à Rhodes un champ d'opérations navales bien plus étendu, et une flotte beaucoup plus puissante[14].

Cependant Apamée n'a pas que des conséquences positives sur Rhodes. Si l'annexion de la Carie, depuis longtemps sous influence rhodienne, ne pose pas de problème, la Lycie, possédant déjà une forte identité (car regroupant auparavant une majorité de leurs cités dans une confédération), se voit comme alliée de Rhodes et non sujette. Cela provoque un refus de l'annexion et une rébellion permanente contre les Rhodiens dès Il faut à Rhodes d'importantes troupes et beaucoup d'argent pour la réprimer enav. J.-C.

Mais cette révolte redémarre presque immédiatement grâce à la reconnaissance de leur statut « d'amis et d'alliés » par les Romains à la suite d'une ambassade lycienne à Rome. Ce revirement est dû à l'influence grandissante des Rhodiens dans la région, gênant les Romains. De plus Rhodes reste indépendante vis-à-vis de Rome, contrairement à Pergame, deuxième grande puissance de la région. La révolte n'est matée qu'enav. J.-C.

Les actions romaines provoquent la montée d'un sentiment anti-romain très important ainsi que le rapprochement de la cité avec la Macédoine et les Séleucides pour faire barrage aux ambitions romaines dans la région. Ces mesures lui valent une forte hostilité romaine.

Lors de latroisième guerre macédonienne, Rhodes tente ainsi d'intervenir à Rome en faveur dePersée, ce qui conduit Rome à la considérer comme alliée des Macédoniens. Ainsi la défaite de Persée entraîne de très lourdes sanctions contre Rhodes : ils perdent la Carie et la Lycie, y compris les cités détenues avant Apamée. De plus la Ligue des Insulaires est dissoute, l'influence extérieure rhodienne très fortement réduite. Pour finir, la création du port franc de Délos détourne une partie du trafic maritime de la cité, provoquant une chute de ses revenus.

En, après de multiples ambassades, Rhodes obtient le pardon de Rome en signant une alliance, consacrant la diminution de l'indépendance de la cité. Afin d'éviter toute sanction, la cité suit à la lettre toute demande de Rome et requiert l'autorisation pour toute intervention extérieure, comme le montrent les ambassadeurs envoyés à Rome pour avoir l'autorisation d'importer du blé de Sicile ou d'annexer la cité de Calynda en Carie.

Militairement, Rhodes en est très affaiblie, Polybe rapportant les difficultés de l'île à affronter les Crétois enav. J.-C., et doit demander des fonds et de l'aide extérieure pour en sortir[26]. Enfin, le tremblement de terre de touche fortement la cité et lui fait abandonner la cité de Camiros. Elle sera redécouverte auXIXe siècle parAlfred Biliotti (en) etAuguste Salzmann et étudiée par des archéologuesdanois,français,anglais,italiens et grecs. Ces fouilles révèlent une culture orientalisante, exprimée notamment à travers uneorfèvrerie exubérante[27], assimilée dans un premier temps à de l’artphénicien[28].

Le statut de Rhodes s'améliore en, lors de l'offensive deMithridate VI suivi par de nombreuses cités d'Asie mineure. Rhodes reste fidèle à Rome et repousse le siège de Mithridate, lui permettant d'obtenir après la guerre le statut de ville libre et exempte d'impôts[29]. De plus, Rome n'ayant pas de flotte permanente dans la région, Rhodes reste importante pour fournir flotte et équipage en cas de besoin, et son savoir-faire naval reste très réputé.

Pourtant, Rhodes est dévastée en par les troupes deCassius, pour avoir soutenuCésar. Rattachée à laprovince romaine d'Asie (Asie mineure), l'île passe à l'Empire romain d'Orient lors du partage de l'Empire. C'est dans cette île queCicéron viendra rencontrerApollonios Molon, pour parfaire sa formation d'orateur. AuIer siècle,Paul de Tarse évangélise l'île, qui devient le siège d'un évêché.

Moyen Âge

[modifier |modifier le code]

Période byzantine

[modifier |modifier le code]

Attaquée par lesArabes sousMuʿāwiya en 654, elle est occupée par eux en 673 et utilisée comme une base pendant lepremier siège deConstantinople en 674-678. Sa population s'expatrie alors sur le continent, enAnatolie. Après la paix de 678-679 entre l'Empire byzantin et leCalifat omeyyade, l'île est rendue à Byzance, ses habitants y reviennent et elle est rattachée authème desCibyrrhéotes.

Après laprise de Constantinople par lescroisés en 1204 et la dislocation de l'Empire, l'aristocrate localLéon Gabalas transforme l'île en État indépendant. Sa diplomatie consiste à garder l'équilibre entreVenise et l'empire de Nicée. En 1243, son frèreJean Gabalas lui succède. Les Génoisenvahissent Rhodes en 1248 mais en sont chassés deux ans plus tard par les Byzantins qui lui rendent le statut de province.

Période hospitalière (1291-1522)

[modifier |modifier le code]
Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète.Votre aide est la bienvenue !Comment faire ?
La cité médiévale de Rhodes avec le château des grands maîtres au fond.

Après l'expulsion complète des croisés deTerre sainte en 1291, lesHospitaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem s'installent d'abord àChypre, puis conquièrent l'île de Rhodes entre 1307 et 1310. Rhodes, siège de l'Ordre, devient une puissance militaire et maritime au service de laChrétienté contre les musulmans, notamment lesTurcs ottomans.

Ils fortifient la ville, construisant les impressionnantes murailles encore existantes. Une section du rempart construite au début duXIVe siècle est appelée « muraille des Juifs »[30]. En effet, l'assignation desJuifs (appelés « Rhodiotes ») à un quartier particulier (unghetto) est attestée dès l'époque hospitalière.

Dans la partie basse de la ville de Rhodes, leCollachium, les Hospitaliers construisent lepalais des grands maîtres et les « auberges », résidences organisées par « langues »[31], situées sur l'actuelle rue des Chevaliers, qui servaient aux Hospitaliers arrivant d'Europe de l'Ouest. Leur architecture est remarquable par ses volumes, par la beauté de la pierre, par les éléments demodénature tels que les caissons[32]. L'auberge de France a été restaurée parAlbert Gabriel à partir de 1910[33].

L'île résiste à un premier siège mené en 1480 par le sultan ottomanMehmed II, avant de tomber le aux mains des Turcs sous le règne deSoliman le Magnifique, après unsiège de cinq mois.

Chassés de Rhodes, les Hospitaliers s'installent, au bout de sept ans d'itinérance, dans l'archipel deMalte, à l'invitation de l'empereurCharles Quint, aussi roi deCastille, d'Aragon, deSicile et deNaples.

Époque moderne

[modifier |modifier le code]

Période ottomane

[modifier |modifier le code]
Troupes ottomanes au siège de Rhodes.

La population grecque rhodienne est placée sous la protection dupatriarche grec de Constantinople selon lesystème des milliyets en vigueur dans l'Empire ottoman.

Rhodes, terre d'asile des Juifs d'Espagne

[modifier |modifier le code]

AuxXVIe et XVIIe siècles, l'île, qui comptait déjà desJuifsromaniotes, accueillit tant de Juifsséfarades rejetés d'Espagne qu'elle prit le surnom de « petite Jérusalem ».

Époque contemporaine

[modifier |modifier le code]

AuXIXe siècle, une grande partie de la communauté juive rhodienne s'expatrie pour raisons économiques, ou autres (accusation de crime rituel contre les Juifs de Rhodes (1840)), notamment vers l'Anatolie. Au début duXXe siècle, lesÉtats-Unis, leBrésil, l'Argentine, l'Afrique du Sud et leCongo belge attirent d'autres émigrants, recherchant une vie meilleure. Parmi les descendants connus de ces Juifs séfarades ayant quitté l'île, le couturierbelgeOlivier Strelli et l'homme politiquecongolaisMoïse Katumbi.

Rhodes sous domination italienne

[modifier |modifier le code]

Le, l'Italie s'empare de l'île et du reste du Dodécanèse qui appartenaient jusqu'alors à l'Empire ottoman : le généralGiovanni Ameglio commande les troupes italiennes et ne rencontre pas de résistance sérieuse[34]. L’île est finalement occupée par l’Italie lors de laBataille de Rhodes (1912).

La communauté juive à Rhodes : épilogue au cours de la Seconde Guerre mondiale

[modifier |modifier le code]

À son apogée, la communauté juive compte pour un tiers de la population totale de l'île[35].

À partir de 1936, la présencefasciste italienne sur l'île se fait plus oppressante. En 1938, leslois raciales fascistes sont appliquées mais la vie de la communauté juive continue sans trop de difficultés.

Article connexe :Bataille de Rhodes (1943).

En 1943, les bombardements britanniques sur l'île commencent mais aucune mesure antisémite n'est encore imposée. Tout change le lorsque les Allemands, qui occupent l'île, décident de regrouper tous les Juifs de Rhodes dans une caserne. Les derniers Juifs séfarades de Rhodes sontimmédiatement déportés, le, pourLe Pirée puisAuschwitz-Birkenau[36] où ils sont exterminés à leur arrivée.

Une île grecque

[modifier |modifier le code]
Arrivèe à Rhodes (Yosi Roth, 1978).

Placée sous protectorat britannique après lacapitulation allemande, l'île passe sous souveraineté grecque en 1948.

En 1961, Rhodes partage leprix de l'Europe avecSchwarzenbek. Elle voit ensuite le développement d'une importante industrie touristique, favorisée par celui du transport aérien. En 2022, deux millions et demi de touristes visitent l'île (pour130 000 résidents). Ce ratio de20 vacanciers pour1 habitant fait émerger la question dusur-tourisme[37].

Administration

[modifier |modifier le code]

La municipalité de Rhodes est le résultat de la fusion, en 2011, des dix anciennes municipalités de l'île, lesquelles deviennent des districts municipaux. Ils regroupent 43 villes et villages.

Ville/VillagePopulationDistrict municipalVille/VillagePopulationDistrict municipal
Rhodes50,636Rhodes/Gennadi671Rhodes sud
Ialyssos11,331Ialyssos/Salakos576Kameiros
Afántou6,329Afántou/Kritinía503Attavyros
Archangelos5,476Archangelos/Kattavia307Rhodes sud
Kremastí5,396Petaloudes/Dimylia465Kameiros
Kalythies4,832Kallithéa/Kalavarda502Kameiros
Koskinou3,679Kallithéa/Pylona627Lindos
Pastida3,641Petaloudes/Istrios291Rhodes sud
Paradeisi2,667Petaloudes/Damatría641Petaloudes
Maritsa1,808Petaloudes/Laerma361Lindos
Emponas1,242Attavyros/Apolakkia496Rhodes sud
Soroní1,278Kameiros/Platania196Kameiros
Lartos1,380Lindos/Kalathos502Lindos
Psínthos853Kallithéa/Lachania153Rhodes sud
Malona1,135Archangelos/Monolithos181Attavyros
Lindos3,087Lindos/Mesanagros155Rhodes sud
Apóllona845Kameiros/Profilia304Rhodes sud
Massari1,004Archangelos/Arnitha215Rhodes sud
Fanes858Kameiros/Siana152Attavyros
Theologos809Petaloudes/Vati323Rhodes sud
Archipoli582Afántou/Agios Isidoros355Attavyros
Asklipiío646Rhodes sud/

Personnalités originaires de Rhodes

[modifier |modifier le code]

Avant J.-C. :

Arts et littérature

[modifier |modifier le code]

Rhodes est le théâtre d'une grande partie du romanHeather Mallender a disparu de l'écrivain anglaisRobert Goddard.

Notes et références

[modifier |modifier le code]
  1. « Limites des Océans et des Mers, Publication spéciale n° 23,3e édition », Organisation hydrographique internationale,(consulté le)
  2. Pindare, « Olympique pour Diagoras de Rhodes », surWikisource.org.
  3. Homère,Iliade[détail des éditions][lire en ligne] (Chant II, vers 653-670).
  4. Descriptif de Rhodes sur[1]
  5. L'aéroport international de Diagoras, dont leCode AITA est « RHO ».
  6. Faune et flore de Rhodes
  7. « Hypothétiques » : ref. Histoire de l'art,Alain Schnapp dir., 2011,(ISBN 978-2-0812-4425-2), p. 344
  8. (en) Nigel Wilson,Encyclopedia of Ancient Greece,Routledge,, 832 p.(ISBN 9781136787997,lire en ligne),p. 709.
  9. Polybe, XXXI, 7
  10. CoqueugniotGaëlle, « Rhodes », surnimrod.huma-num.fr,(consulté le).
  11. « Les écoles rhodiennes hellénistiques – NimRoD »(consulté le).
  12. EncyclopædiaUniversalis, « CHARÈS DE LINDOS », surEncyclopædia Universalis(consulté le).
  13. Sabrina Ciardo et TaniaFalone, « Le groupe du Laocoon », surArteHistoire(consulté le).
  14. a etb(en) Richard M. Berthold,Rhodes in the hellenistique Age,Cornell University Press,, 251 p.,p. 91
  15. MauriceHolleaux, « Polybe et le tremblement de terre de Rhodes »,Revue des Études Grecques,vol. 36,no 168,‎,p. 480–498(ISSN 0035-2039,DOI 10.3406/reg.1923.7848,lire en ligne, consulté le)
  16. Polybe, V, 90
  17. Polybe, V, 88
  18. Un médimne vaut approximativement 53 litres et un litre de grains de blé pèse un peu moins d'un kilo.
  19. Laronde André, « Séisme et diplomatie : Rhodes en 228 av. J.-C. »,Actes du16e colloque de la Villa Kérylos à Beaulieu-sur-Mer,‎ 14-15 octobre 2005,p. 66-71(www.persee.fr/doc/keryl_1275-6229_2006_act_17_1_1120)
  20. (en) Richard Berthold,Rhode in the hellenistique age,Cornell University Press,, 251 p.,p. 93
  21. Polybe, V, 89
  22. Polybe, IV, 12
  23. Diodore 20,81,2
  24. Catherine Grandjean, 2017
  25. Alain BRESSON, Raymond DESCAT,Les cités d’Asie Mineure occidentale auIIe siècle, Ausonius Éditions,, 329 p.
  26. Polybe, XXXIII, 15
  27. Sideris A., « La rosette dans l'orfèvrerie grecque orientalizante »,Græcolatina Pragensia 11, 1987,p. 121-132.
  28. Exposition « Rhodes, une île grecque aux portes de l’Orient », musée du Louvre, au.
  29. FAUCHERRE Nicolas (éd.), PIMOUGUET-PÉDARROS Isabelle (éd.),Les sièges de Rhodes, Rennes,Presses universitaires de Rennes,, 306 pages
  30. Pierre Sintès, « (Re)construire la Djuderia de Rhodes »,Ethnologie française, 2013/1, volume 43,  :en ligne sur Cairn.
  31. On a ainsi les auberges d'Espagne, d'Italie, de France, d'Auvergne, et de Provence (Îles grecques - Athènes, Paris Michelin, coll. « Le Guide Vert », 2022,(ISBN 9782067255814), p. 437- 444.
  32. Jean-Bernard de Vaivre, « Sur quelques monuments de Rhodes »,Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 153-1, 2009,en ligne sur Persée
  33. Pierre Pinon, « Albert Gabriel et la restauration de l'Auberge de France à Rhodes »,Bulletin monumental,vol. 175,no 3,‎,p. 245-251(ISBN 978-2-901837-68-8).
  34. Bocquet,Rhodes 1912 sur HAL[2]
  35. (en) « Greece Virtual Jewish History Tour », surjewishvirtuallibrary.org(consulté le).
  36. Nisso Pelossof,Nisso, d'une île à l'autre (suivi deLes hortillonnages : une tradition maraîchère, Amiens), édition Encrage, 2007, 191 pages(ISBN 978-2-911576-74-4).
  37. Radio France Internationale, 5 mai 2023,"Grand reportage : À Rhodes le tourisme-roi face aux défis du développement durable" par Joël Bronner

Bibliographie

[modifier |modifier le code]

Antiquité

[modifier |modifier le code]
Catalogue de l'exposition éponyme, musée du Louvre, 14 novembre 2014 au 9 février 2015.
  • Catherine Grandjean etalli.,Le monde hellénistique, Paris, Armand Colin, 2017, p.188 à 191
  • Claude Orrieux, Pauline Schmitt-Pantel,Histoire grecque, 2013, p. 369 à 459
  • André Laronde, « Séisme et diplomatie : Rhodes en 228 av. J.-C. » dansL’homme face aux calamités naturelles dans l’Antiquité et au Moyen Âge. Acte du 16e colloque de la Villa Kérylos à Beaulieu-sur-Mer les 14 et 15 octobre 2005, Paris, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 2006, pp.61 – 71.
  • Jacques-Henri Michel, « Rhodes ou le dynamisme de l’État-cité à l’époque hellénistique »,Chronique d’Égypte, vol.60, n°119-120, 1985, pp. 204 – 213.
  • Laurianne Martinez-Sève,Atlas du monde hellénistique, Paris, Autrement, 3e édition, « Atlas/Mémoires », 2017, 96p.
  • Ludovic Thély, « Le redressement de la cité » dans THÉLY Ludovic,Les Grecs face aux catastrophes naturelles : Savoirs, histoire, mémoire, Athènes : École française d’Athènes, 2016, pp.187 – 216.
  • Maurice Holleaux, « Polybe et le tremblement de terre de Rhodes », Paris,Revue des Études Grecques, tome 36, n°168, 1923, p.480–493.
  • Pierre Cabanes,Le monde hellénistique : de la mort d’Alexandre à la paix d’Apamée, 323 – 188, Paris, Seuil, « Nouvelle histoire de l’Antiquité », n°4, 1995, 276p.

Histoire moderne

[modifier |modifier le code]
  • Nicolas Vatin,Rhodes et l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, Paris, CNRS éditions, 2000, 119 p.

Voir aussi

[modifier |modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes

[modifier |modifier le code]
Antiquité romaine

Liens externes

[modifier |modifier le code]

v ·m
Sites de l'île deRhodes
Ville deRhodes
Reste de l'île
Disparu
v ·m
Localités de l’île deRhodes
Afántou
Archángelos
Attavýros (el)
Ialyssos
Kallithéa
Kámiros (el)
Lindos
Petaloúdes (el)
Rhodes-du-Sud (el)
Rhodes (ville)
  • Siège :Rhodes
  • * : localité inhabitée
v ·m
District régional d'ÁndrosÁndros
District régional deKalymnos
District régional deKárpathos
District régional deKéa-Kýthnos
District régional deKos
District régional deMilos
District régional deMykonosMykonos
District régional deNáxos
District régional deParos
District régional deRhodes
District régional deSýrosSýros-Ermoúpoli
District régional deThíra
District régional deTínosTínos
v ·m
Drapeau de la Grèce Les douze îles principales duDodécanèse -Liste complète
Ce document provient de « https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Rhodes&oldid=224207428 ».
Catégories :
Catégories cachées :

[8]ページ先頭

©2009-2025 Movatter.jp