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Revolution (chanson)

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Vous lisez un « bon article » labellisé en 2009.

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Pour les articles homonymes, voirRévolution (homonymie).

Revolution

Single deThe Beatles
Face AHey Jude
Face BRevolution
Sortie
Enregistré10,11 et
auxstudios EMI (Londres)
Durée3:24
GenreBlues rock
Hard rock
Format45 tours
Auteur-compositeurJohn Lennon
Paul McCartney
ProducteurGeorge Martin
LabelApple

Singles deThe Beatles

Lady Madonna/The Inner Light
(1968)
Get Back /Don't Let Me Down
(1969)

Pistes deThe Beatles 1967–1970

Hey JudeBack in the U.S.S.R.

Pistes dePast Masters (Disque 2)

Hey JudeGet Back

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Revolution 1

Chanson deThe Beatles
extrait de l'albumThe Beatles (Disque 2)
SortieDrapeau du Royaume-Uni
Drapeau des États-Unis
Enregistré30 et31 mai ;
4 et
auxstudios EMI (Londres)
Durée4:15
GenreBlues rock
Auteur-compositeurJohn Lennon
Paul McCartney
ProducteurGeorge Martin
LabelApple

Pistes deThe Beatles (Disque 2)

Long, Long, LongHoney Pie

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Revolution est une chanson desBeatles, composée parJohn Lennon et publiée dans deux versions différentes en1968. La première version est enregistrée dès le premier jour des sessions de l'albumThe Beatles, le. Dans un styleblues, harmonisée et arrangée avec des cuivres, cette chanson n'est pas jugée assez commerciale pour paraître ensingle. Sous l'impulsion de Lennon, une autre version est donc mise en boîte en juillet, cette fois avec plus detempo, aux sonoritéshard rock avec des guitares saturées.Revolution est commercialisée sous cette forme enface B du singleHey Jude le auxÉtats-Unis et le30 août auRoyaume-Uni, alors que la version blues, dénomméeRevolution 1, ne paraît que trois mois plus tard, sur la quatrième face de l'album dit « blanc ».

Revolution est la première chanson ouvertement politique des Beatles. Elle s'inscrit dans le contexte politico-social particulièrement agité de 1968, et constitue la réponse de Lennon aux divers groupes révolutionnaires qui demandaient son soutien financier et moral. Le titre est trompeur, parce que le texte n'appelle pas à un soulèvement massif, mais plutôt à une remise en question quant à la façon de révolutionner les choses, qui devrait selon l'auteur se faire sans violence. Toutefois, Lennon a mis un certain temps pour être sûr de son idée : lorsqu'il est question de destruction, il ne s'affirme pas encore tout à fait contre dans la première version de la chanson,Revolution 1 (cf.infra « #Analyse des paroles »).

Revolution amorce ainsi l'engagement politique de John Lennon, et d'autres titres découleront de son action pour la paix, commeGive Peace a Chance etImagine, qu'il enregistrera en solo.

L'« Album blanc » contient par ailleurs le titreRevolution 9, long collage sonore expérimental réalisé parJohn Lennon et sa compagneYoko Ono (à partir de l'enregistrement deRevolution 1), qui constitue selon John Lennon le « versant abstrait »[1] de son message.

Genèse

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En 1968, la jeunesse occidentale est en pleine ébullition. Depuis l'« été de l'amour » de 1967, la contestation, en particulier contre laguerre du Viêt Nam, a pris une grande ampleur. Une série d'événements politiques et sociaux secouent le monde occidental. AuxÉtats-Unis,Benjamin Spock est condamné pour haute trahison à deux ans de prison, en raison de sa lutte contre laconscription. Le,Martin Luther King, figure emblématique de lanon-violence, est assassiné. L'université Columbia est occupée par laStudents for a Democratic Society et des étudiants noirs, puis finit par être évacuée par la force. EnAllemagne, les tensions universitaires risquent de remettre en cause l'équilibre des blocs de l'Est et de l'Ouest. C'est également l'époque duPrintemps de Prague[2].

EnAngleterre, la révolte s'organise dans les milieux étudiants, s'articulant autour de la prestigieuseLondon School of Economics. L'université de Birmingham est ainsi occupée en janvier ; le mois suivant, c'est au tour de celleLeicester. Le17 mars, 25 000 personnes manifestent àGrosvenor Square contre l'ambassade des États-Unis, manifestation oùMick Jagger, leader desRolling Stones, fait une apparition[2]. Le mouvement demai 1968 en France naît également au même moment, du côté deNanterre.

John Lennon commence l'écriture deRevolution dès la fin de l'hiver 1968, alors qu'il se trouve encore àRishikesh, enInde, pour ses leçons de méditation[3]. Il s'est contenté de suivre les événements de chez lui, à la télévision et dans la presse.Revolution est ainsi la toute première chanson ouvertement politique desBeatles. En effet,Brian Epstein, le manager du groupe, les avait toujours empêchés de trop s'étendre sur le sujet lorsqu'ils étaient en interview, interdiction qui s'étendait à fortiori à leurs chansons. Son décès le a certainement précipité les choses, puisque comme l'expliqueJohn Lennon en 1970 :« Je voulais dire ce que je pensais de la révolution. J'estimais que l'heure était venue pour nous d'en parler, de même que j'avais estimé que l'heure était venue pour nous de répondre enfin aux questions sur la guerre du Viêt Nam. »[4]

De loin le plus politisé des Beatles, Lennon était sommé de donner son avis, de« choisir son camp », par les différentes factionscommunistes et révolutionnaires, puisque lorsqu'il s'exprimait, c'était en général pour diffuser des idées de gauche[3]. Il écrit doncRevolution pour répondre à ces groupes, en s'adressant directement à eux dans la chanson.

À la question de savoir si la chanson a été inspirée par celle qui venait de devenir sa compagne au printemps 1968,Yoko Ono, posée à Lennon en 1980 lors de son interview par le magazinePlayboy, celui-ci répond : « Elle a inspiré toutes ces créations en moi. Ce n'est pas qu'elle a inspiré les chansons, c'est qu'elle m'a inspiré. Le discours deRevolution est le mien. »[5]

Enregistrement

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Revolution 1 (version blues)

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De retour de leur séjour àRishikesh dans l'ashram duMaharishi Mahesh Yogi, les Beatles se regroupent dans la propriété de leur guitaristeGeorge Harrison à Esher, dans leSurrey, pour répéter et mettre sur bande lesdémos des chansons composées enInde. À partir du, ils investissent lesstudios EMI d'Abbey Road et se mettent au travail sur le titre deJohn Lennon, la toute première chanson enregistrée pour l'« Album blanc »[6].Yoko Ono est pour la première fois aux côtés de son futur époux dans les studios, littéralement au milieu du groupe[6]. Elle y restera jusqu'à leur séparation. D'entrée, son influence sur la musique et les textes de John Lennon se fait sentir, tout comme le malaise qui saisit les autres Beatles, et tous ceux qui travaillent avec eux dans le studio[7].

Dix-huit prises deRevolution sont mises en boîte lors de cette première soirée du groupe en studio depuis le11 février 1968[6]. La dernière de ces prises est une longuejam de plus de 10 minutes à laquelle John Lennon met un terme en lançant : « Ok, I've had enough! (C'est bon, j'en ai eu assez !) »[7] Elle va servir de base à deux titres présents sur l'album :Revolution 1 etRevolution 9. Cette prise a démarré si vite après la précédente queGeoff Emerick a à peine le temps de l'annoncer au micro depuis la salle de contrôle[6], ce qui sera conservé dans la version finale (on entend « take t... »).

À Abbey Road, tout a en fait commencé par un « pur et incontrôlable chaos »[7],[6]. À partir de la piste de base (John Lennon et George Harrison à la guitare acoustique,Paul McCartney au piano,Ringo Starr à la batterie) enregistrée dans la nuit du30 au, les premiersoverdubs sont ajoutés le lendemain : vocaux de Lennon, basse de McCartney,chœurs de Harrison et McCartney enharmonie sur les couplets, et en « waoum shoobidoo wap » sur les refrains, ce qui donne la prise 19[6]. La session du sera mémorable. John Lennon, qui veut que sa voix sonne différemment, s'allonge de tout son long sur le sol du studio. L'ingénieur du son assistant Brian Gibson raconte : « John avait décidé qu'il se sentirait mieux en chantant couché sur le dos. J'ai donc dû suspendre un micro au-dessus de sa bouche. J'ai certes trouvé cela bizarre, excentrique, mais ils étaient toujours à la recherche d'un son différent, quelque chose de nouveau... »[6]. Lennon multiplie des« alright » variés à l'infini sur toute la durée de la bande. McCartney et Harrison se lancent dans un chœur envoix de faussets dans lequel il répètent « mama, papa, mama, papa ». Diversespercussions sont ajoutées, de l'orgue, un long solo de guitare de Harrison, des traitements divers sur les voix, et deux boucles sonores sont injectées, le tout créant la prise 20[6],[8]. En fait, rien de tout cela ne sera retenu et seules les 4 premières minutes de cette prise 20 seront exploitées pour en faire leRevolution 1 de l'« Album blanc », tandis que tout le reste sera récupéré par John Lennon etYoko Ono pour créer ensuiteRevolution 9.

Revolution 1, qui s'achève enfade-out[n 1], est ainsi complété le, bien que Paul McCartney soit parti pour un court séjour aux États-Unis[6]. De nouveauxreduction mixdown[n 2] sont réalisés et la section de cuivres, quatretrombones et deuxtrompettes, est enregistrée[6]. George Harrison ajoute une dernière partie de guitare électrique — parsemant le titre d'interventions enchorus — et la chanson est prête à êtremixée à partir de la prise 22. C'est aussi ce jour-là que John Lennon prend un plaisir énorme à injecter le fameux « number nine, number nine » dans sonRevolution 9 sur lequel il a travaillé les jours précédents avec Yoko Ono. À la table de mixage, il fait apparaître, disparaître, et passer d'un canal à l'autre cette phrase devenue mythique[6].

En, ce qui constitue le lien entreRevolution 1 etRevolution 9, c'est-à-dire la prise 20 proposée dans son intégralité, est apparu sur Internet[8]. On entend John Lennon lancer l'enregistrement en lâchant d'une voix aiguë : « Take your knickers off and let's go! (Enlevez vos petites culottes et allons-y !)», tandis que Yoko Ono le conclut au bout de 10 minutes et 47 secondes en disant « You become naked »[n 3]. Ce document sonore apparaît donc comme le premiermix réalisé le après la session d'overdubs décrite ci-dessus, et il correspond parfaitement à la description qu'en faitMark Lewisohn dans son livreThe Complete Beatles Recording Sessions: The Official Story of The Abbey Road Years[6] publié en1988. Lewisohn révèle par ailleurs que deux copies de cerough mix[n 4] furent réalisées le jour même, dont une qui fut emportée par John Lennon, et l'autre qui resta au studio. Le mystère demeure quant à savoir de quelle copie il s'agit, et de quelle façon elle est parvenue 41 ans plus tard sur la Toile[9].

Revolution (version rock)

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John Lennon veut absolument faire un single de ce qui s'appelle encore tout simplementRevolution, mais il se heurte aux autres Beatles —Paul McCartney etGeorge Harrison — qui justement trouvent que la lenteur est préjudiciable, que le disque ne serait pas assez commercial. Lennon nuance[5] :

« Le premier enregistrement deRevolution… eh bien George et Paul étaient pleins de ressentiments. Ils déclarèrent que ce n’était pas assez rapide. Maintenant, si vous entrez dans les détails de ce qu’est ou n’est pas un hit, ils avaient peut-être raison. Mais les Beatles auraient pu se permettre de sortir la version lente et compréhensible deRevolution en single. Que ce fut un disque d’or ou un disque de bois [...]. »

Rétrospectivement, John Lennon associe ce refus à l'entrée deYoko Ono dans sa vie, en expliquant que les autres supportaient mal son retour au premier plan du groupe, retour qui lui avait été permis grâce à Ono[5]. Durant les deux dernières années, c'était officieusement Paul McCartney qui avait pris les rênes de la formation, puisqu'il était notamment à l'origine des projetsSgt. Pepper etMagical Mystery Tour, or, c'est effectivement John Lennon qui a « dominé » le début des séances de l'« Album blanc »[7].

« So I made it faster (alors je l'ai faite en plus rapide) » expliquera John Lennon[1]. Il pousse donc ses camarades à refaire le titre en le jouantrock à un tempo accéléré. Enregistrée avec desguitares saturées,Revolution est ainsi mise en boîte le. Pour obtenir cet effet avec les deux guitares de John Lennon et George Harrison, le personnel technique d'EMI les branche directement sur laconsole. « John voulait un son vraiment distordu. Nous avons branché les guitares sur la console d'enregistrement, ce qui n'était pas, techniquement parlant, la chose à faire. Cela a complètement saturé le canal et a produit ces sonoritésfuzz. Heureusement, notre hiérarchie n'a jamais été au courant. Ils prohibaient évidemment toute forme d'abus sur nos équipements», explique Phil McDonald, un des assistants à l'œuvre lors de cette séance[10].

La prise 10 sera retenue pour lesoverdubs. La piste de base comporte donc ces deux guitares distordues, la basse, des claquements de mains et deux pistes séparées de batterie, passées au compresseur et au limiteur pour la rendre très présente[10]. John Lennon enregistre ensuite des vocaux énergiques, dont le cri audible dans l'introduction du morceau, doublant son chant sur un certain nombre de phrases pour les accentuer[10]. Dans cette version, il n'y a pas de chœurs. Ni les couplets ni le refrain ne sont harmonisés. John Lennon la chante donc en solo.

Nicky Hopkins ajoute une ligne depiano le11 et le travail se poursuit le12 avec de nouvelles pistes de guitare par John Lennon et de basse par Paul McCartney. Un premier mix est effectué le15 juillet, le final étant réalisé le8 août[10]. C'est donc cette version qui finira sur lesingle, en face B deHey Jude, au grand dam de Lennon qui aurait voulu la voir sur la face A, ou en double face A.

Analyse des paroles

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Une effigie deMao Zedong.

John Lennon s'adresse directement à ses interlocuteurs révolutionnaires — chaque vers commence par « You » (« You say you want… », « You say you got… », etc.), se poursuit par « Well, you know… (Eh bien, tu sais…) »[11] —, et propose ses idées, ainsi que les conditions de sa participation à un éventuel bouleversement des choses. Le message est multiple, et largement réaffirmé et explicité dans les différentes interviews de l'auteur.

Au premier couplet, il met d'entrée de jeu les choses au point : nous voulons tous changer le monde, certes, mais il ne faut pas compter sur lui dès qu'il est question de destruction[11]. Directement dans la lignée duSummer of Love et duPeace and Love, Lennon insiste sur le fait que rien ne marchera jamais en suivant cette voie. Il convient que, plus jeune, il aurait« été partant pour tout détruire »[4], mais sa position a évolué, et il met en avant les nombreux exemples historiques :« Tout démolir, ça s'est toujours fait. Pour quel résultat ? Les Irlandais, les Russes l'ont fait, les Français aussi — et ça les a menés où ? Nulle part. »[4] Cette volonté de pacifisme l'amène à critiquer les manifestations deGrosvenor Square :« Où nous ont menés les manifestations de protestation ? On n'a parlé que de violence, voilà le résultat. »[4]

Au second couplet, Lennon, en admettant que l'hypothétique révolution ait lieu, demande à connaître « le plan »[11], autrement dit, à savoir ce qui va se passer ensuite. Les questions que cela implique — Qui reconstruit ? Puis qui dirige, et comment ? —, il les pose et y répond lui-même, en interview :« Ils ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. »[4] À la fin du couplet, Lennon se justifie : lorsqu'on lui demande d'apporter sa contribution, il répond qu'« on fait tous ce qu'on peut », mais que« si l'argent est destiné à ceux qui propagent la haine, il faudra attendre »[11].

Pour finir, au dernier couplet, il propose sa propre solution. Selon lui, le problème ne se situe pas au niveau des institutions, mais bien au niveau de l'état d'esprit.« Tu veux changer la constitution ? Nous voulons changer ta tête. Tu me dis que ce sont les institutions ? Tu ferais mieux de libérer ton esprit ! », chante-t-il. Il ajoute une dernière note de dérision :« Tu n'arriveras nulle part en te promenant avec des effigies deMao. »[11] Quelques années plus tard, en 1972, Lennon regretta cette référence à Mao, considérant qu'elle pourrait gâcher ses chances de visiter un jour laChine[1].

Quant à la manière de propager ce changement d'état d'esprit, il affirme, en 1969 :« La seule façon de garantir une paix durable, c'est de changer la façon de penser des gens. Il n'y en a pas d'autre. L'État peut le faire grâce à la propagande. Coca-Cola le fait bien grâce à la propagande — pourquoi pas nous [Les Beatles] ? Nous sommes la génération dans le coup. »[4]

Enfin, peu de temps avant sa disparition, en 1980, lors de la fameuse interview pour le magazinePlayboy,John Lennon note : « Les paroles tiennent encore debout aujourd’hui. C’est toujours ce que je ressens à propos de la politique.I want to see the plan (je désire toujours voir le plan) ; c’est ce que je disais àAbbie Hoffman et àJerry Rubin.Count me out (ne comptez pas sur moi) s’il est question de violence. Ne m’attendez pas sur les barricades, à moins que ce soit avec des fleurs. »[5]

Un vers particulier de la chanson a suscité la polémique. Sur lesingleRevolution, Lennon précise qu'il ne faut pas compter sur lui lorsqu'il est question de violence :« But if you talk about destruction, don't you know that you can count me out. » Par contre, sur la piste de l'« Album blanc »,Revolution 1, la phrase est légèrement différente :« You can count me out... in », autrement dit,« Tu ne peux pas compter sur moi... Tu peux ». Manifestement, son avis évolue entre les deux versions. Il explique :« Il y a eu deux versions de la chanson, mais la gaucheunderground n'a réagi qu'à celle qui disaitcount me out. La version originale ditcount me in. J'ai fait les deux parce que je n'étais pas sûr. »[4] De fait,Revolution 1 (la piste de l'album) a été enregistrée avantRevolution (le single). Mais, le single étant sorti avant l'album, le public a d'abord découvert la version« ne comptez pas sur moi ».

La réaction ne s'est effectivement pas fait attendre. Le magazine américainRemparts qualifie la chanson de« trahison », et laNew Left Review de« lamentable réflexe apeuré petit-bourgeois »[3]. Lennon publiera plusieurs autres chansons à saveur politique (Working Class Hero,Give Peace a Chance, par exemple) et réutilisera même, en 1971, le premier vers deRevolution pour sa chansonPower to the People.

Description musicale

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La version lente,Revolution 1, est jouée enla sur lesaccords classiques dublues rock (la,,mi). Les couplets, c'est-à-dire la partie oùJohn Lennon s'adresse à son interlocuteur (« You say… », « You ask me… », « You tell me… ») déroulent surla et et s'achèvent sur unmi. Il émet ses réserves (« but when…, « but if… ») sur unfa dièse et unmi — tandis queMcCartney rejoint ces deux points en remontant deux fois sur le manche de sa basse la gamme defa dièse mineur, partant du plus aigu — puis donne sa sentence («…count me out/in », « …you have to wait », « …you ain't gonna make it with anyone anyhow ») sur un passage ensol,la,fa dièse etmi. Les « don't you know it's gonna be (en voix de fausset),alright » sont chantés à nouveau sur des accords dela et, et lebreak qui suit est enmi.

Le second couplet et les suivants sont chantés enharmonie à trois voix, avec les« shoobidoo wap » de Paul McCartney etGeorge Harrison en réponse. Ils reviennent également sur les refrains. La basse reste enla (elle ne passe donc pas en) à partir du deuxième couplet, tout encroches, ponctuée de petitsglissandos, suivie rythmiquement par la section de cuivres. George Harrison ponctue tout le morceau d'interventions à la guitare électrique, petits solos, etriffs, dans untiming remarquable. Les trois coups inattendus du dernier break viennent d'un « accident d'édition » lors du mixage, que Lennon a souhaité conserver comme tel en amateur des changements de signature rythmique[7].

La version rapide et rock,Revolution, est jouée unton plus haut. On peut raisonnablement envisager que les Beatles l'ont interprétée avec un accordage en tonalité de si (dans la mesure où jouer un rock ensi /mi n'est pas très confortable sur un manche de guitare ou de basse avec l'accordage standard en la). Pour le reste, cette version est plus développée au niveau du jeu de guitare, et considérablement simplifiée pour ce qui est de la ligne de basse, tandis que la batterie est beaucoup plus présente et le chant de Lennon nettement plus énergique. Autre différence,Nicky Hopkins joue un solo de piano électrique avant le troisième couplet. Enfin, le morceau ne s'achève pas enfade-out mais sur un vrai final typiquement rock après que Lennon a hurlé six fois« allright ».

Parution

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Revolution est éditée le auxÉtats-Unis et le30 août auRoyaume-Uni, en face B dusingleHey Jude. Le disque est la première publication desBeatles sur leur propre label,Apple.Revolution atteint la seconde place du classement deRecord World[12], tandis que la face AHey Jude bat tous les records (voir l'article). Ainsi, envisager le succès commercial deRevolution, c'est par définition l'associer ausingle sur lequel il fut publié, vendu à plusieurs millions d'exemplaires à travers le monde[n 5].

Revolution 1 apparaît sur le double album qui sort le,The Beatles. Sur celui-ci figure égalementRevolution 9, le collage sonore réalisé parJohn Lennon etYoko Ono.

Subséquemment,Revolution est aussi publiée, dans sa version « rock », sur les compilationsHey Jude,The Beatles 1967-1970 etPast Masters, tout comme sur l'albumLove en 2006, cette foisremasterisée et raccourcie. Elle est aussi incluse sur l'album compilationTomorrow Never Knows paru exclusivement entéléchargement suritunes en2012.

En2018, pour marquer le cinquantième anniversaire de la sortie de l'« Album blanc », on inclus le disqueEsher Demos qui compile tous les enregistrements de démonstration enregistrés au domaine de George Harrison qui comprendRevolution. La prise 18, la prise 14 instrumentale et une prise non numérotée, tirées des archives des studios EMI, sont aussi incluses en bonus.

Film promotionnel

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Pour le film promotionnel[n 6], tourné au même moment que celui deHey Jude durant l'été 1968, et par le même réalisateur,Michael Lindsay-Hogg, les Beatles choisissent de se montrer sur scène — on ne distingue pas de public, cette prestation étant filmée en plans rapprochés — et de se produire ensemi-live. Ils chantent donc en direct par-dessus les pistes instrumentales jouées enplayback, et proposent ainsi une version hybride des deuxRevolution.

En effet, même si le morceau est joué dans sa versionrock (comme sur le single),Paul McCartney etGeorge Harrison reproduisent au micro les chœurs en « waoum shooobidoo wap » de la version lente, tandis queJohn Lennon lâche de nouveau « in », derrière la phrase « but if you talk about destruction, don’t you know that you can count me out », ce« in » qui avait disparu dans la version du single. Quant au cri de l'introduction du morceau, c'est Paul McCartney qui le lance, afin que John Lennon puisse attaquer dans les temps les paroles du premier couplet[13]

CommeHey Jude,Revolution connaîtra sa première diffusion enGrande-Bretagne dans le programme télévisé de l’animateur et satiristeDavid Frost sur la chaîneITV, le, et dans leSmothers Brothers Comedy Hour (en) auxÉtats-Unis le sur la chaîneCBS[14]. Ce film est aujourd’hui présent dans le coffret DVDThe Beatles Anthology et sur le second disque vidéo de la réédition de l'album1.

Accueil critique

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À la sortie du single, le magazine américainTime publie dans son édition du la critique suivante : « Pendant que des manifestants se battaient avec la police à Chicago, la semaine dernière, les Beatles ont sorti leur nouveau single, contenant le titreRevolution, adressé aux activistes radicaux à travers le monde. Leur message va en surprendre certains, en décevoir d’autres et, peut-être, en remuer beaucoup : calmez-vous ! « Nous voulons tous changer le monde » chantent-ils dans un vivifiant souffle dehard rock. Mais pas à travers la destruction ou les « esprits haineux » […]. L’autre face du single prône un activisme d’un genre différent.Hey Jude, chantée par Paul McCartney, exhorte en cadence un ami à surmonter ses peurs et à s’impliquer dans l’amour. »[15]

Quelques mois plus tard, après la parution de l'albumThe Beatles,Philippe Constantin donne son analyse du message de John Lennon dans leRock & Folk de[16] :« […] quand les Beatles ne jettent pas ce regard déformant sur le monde qui les entoure, c'est leur propre musique qu'ils tournent en dérision, et ça n'en devient que plus intéressant :Glass Onion,I'm So Tired, avec un peu trop de mièvrerie à la McCartney, et surtoutRevolution 1. Cette dernière chanson, à mon avis fort médiocre dans la version du 45t simple, fonctionnait comme une profession de foi d'une agressivité bien-pensante. Le message (fais pas de politique, mon garçon, fais d'abord le clair dans ton esprit…) est ici distordu et ridiculisé par un rythme lymphatique, copieusement agrémenté de « Choubidou wa », dans le plus pur style gominé. Subversion plus efficace à mon sens que l'« incitation à la violence » deStreet Fighting Man, ridiculisation de la politique des gouvernements occidentaux à l'égard de la jeunesse et du camouflage de l'idéologie dominante en philosophie hindoue ou n'importe quoi hippie (un peu le genre : « Participez, choubidou-bidou oh ! ! ! ») »

Le musicologue Allan W. Pollack, auteur d'une série d'analyses sur les chansons des Beatles, livre une opinion différente[17] :« Mark Lewisohn nous explique queRevolution 1 a la primeur chronologique sur la soi-disant « reprise » qui apparaît sur la face B du singleHey Jude. C’est OK pour moi, bien que j’ai beaucoup de mal à ne pas considérerRevolution-le-single comme la « vraie » version de la chanson, et celle de l’album, pas seulement comme une reprise, mais comme une véritable parodie de la version rapide. À mon sens, le fou hurlant au coin de la rue colle bien mieux au sens des paroles que le traitement façon night-club appliqué à la version lente. Il est possible que John ne se soit pas connecté avec ses sentiments profonds sur sa chanson avant qu’elle ne soit réenregistrée. »

Fiche technique

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Interprètes

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Revolution 1

Revolution

  • John Lennon : chant, guitare électrique, claquements de mains
  • Paul McCartney : basse, claquements de mains
  • George Harrison : guitare électrique, claquements de mains
  • Ringo Starr : batterie
  • Nicky Hopkins :piano électrique

Reprises et utilisations

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Revolution a été reprise entre autres par[18] :

Beatallica l'a parodiée sous le titreRevol-OOH-tion. Les paroles de la chanson ont été détournées parMarilyn Manson surDisposable Teens et parSaul Williams.

La firmeNike a utiliséRevolution pour une publicité en 1987, déboursant 250 000 dollars pour en acquérir les droits auprès deCapitol Records et deMichael Jackson, propriétaire du catalogue. Cela a déclenché la fureur de nombreux fans, partant du principe que John Lennon se serait opposé à cet usage, particulièrement dans le cadre de la polémique portant sur la fabrication des produits de la marque dans desateliers de misère[19].Paul McCartney a lui-même protesté, déclarant qu'« une chanson commeRevolution ne parle pas d’une paire de baskets, elle parle de la révolution ! »[20].

En 2006, une reprise de la chanson a également été utilisée dans une publicité télévisée enAustralie dans le cadre d’une promotion de la marque automobileMitsubishi.

Notes et références

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Notes

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  1. Appelé aussi parfois en français « fondu de sortie », désigne un effet sonore consistant à baisser progressivement le niveau du son à la fin d'un morceau.
  2. Report des quatre pistes sur une seule, par transfert d'un magnétophone à l'autre, afin de libérer de la place.
  3. Phrase également prononcée à la fin deRevolution 9.
  4. Mixage intermédiaire sans traitements élaborés.
  5. Voir l'articleHey Jude.
  6. On ne parle pas encore declip vidéo.

Références

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  1. ab etc(en) [vidéo] « John Lennon et Yoko au Dick Cavett Show », surYouTube.
  2. a etbBertrand Lemonnier,L'Angleterre des Beatles, Paris,Kimé,coll. « Le sens de l'histoire »,, 476 p.(ISBN 2-84174-016-1),p. 327-331.
  3. ab etcSteve Turner (trad. de l'anglais),L’Intégrale Beatles : les secrets de toutes leurs chansons [« A Hard Day’s Write »], Paris, Hors Collection,, 284 p.(ISBN 2-258-06585-2),p. 169.
  4. abcdef etgCollectif,The Beatles Anthology,Seuil,(ISBN 2-02-041880-0),p. 298-299.
  5. abc etd(en) David Sheff,« Playboy Interview with John Lennon and Yoko Ono », 1980,Playboy. Consulté le 10/05/2009
  6. abcdefghijk etl(en)Mark Lewisohn,The Complete Beatles Recording Sessions: The Official Story of the Abbey Road Years, Londres, Hamlyn,(ISBN 0-600-61207-4),p. 135-138.
  7. abcd eteGeoffEmerick et HowardMassey (trad. de l'anglais par Philippe Paringaux,préf. Elvis Costello),En studio avec les Beatles : les mémoires de leur ingénieur du son, Marseille,Le Mot et le Reste,, 486 p.(ISBN 978-2-915378-99-3).
  8. a etb(en)« Unreleased Beatles material surfaces online », 23/02/2009,NME. Consulté le 26/02/2009
  9. (en) Daniel Kreps,« The Beatles experimental Revolution 1 (take 20) surfaces », 27/02/2009,Rolling Stone. Consulté le 13/03/2009
  10. abc etdMark Lewisohn,op. cit.,p. 142-143.
  11. abcd ete(en) John Lennon et Paul McCartney,« Paroles de Revolution » surstevesbeatles.com. Consulté le 26/02/2009
  12. (en)« One: Hey Jude » surbeatles.com. Consulté le 21/06/2009
  13. (en) [vidéo] « Revolution au David Frost Show », surYouTube.
  14. (en) [vidéo] « Smothers Brothers Intro to Beatles Revolution », surYouTube.
  15. (en)« Apples for The Beatles », 06/09/1968,Time. Consulté le 19/03/2009
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  17. (en) Allan W. Pollack,« Notes on "Revolution" and "Revolution 1" » sursoundscapes.com. Consulté le 13/03/2009
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  20. (en)Mark Lepage, « Who doesn't sell out? », surcanada.com,(consulté le).


v ·m
The Beatles(« l’Album blanc ») (1968)
Disque 1 – Face 1
Disque 1 – Face 2
Disque 2 – Face 1
Disque 2 – Face 2
Chansons supplémentaires de l'édition de 2018
Discographie des Beatles
v ·m
Singles officiels parus auRoyaume-Uni
(Parlophone,Apple)
1962Love Me DoBon article /P.S. I Love You
1963
1964
1965
1966
1967
1968
1969
1970Let It Be /You Know My Name (Look Up the Number)
1995-6
2023Now and Then /Love Me DoBon article
Singles supplémentaires
parus auxÉtats-Unis
(Vee-Jay,Tollie,Capitol,Apple)
1964
1965
1966Nowhere Man /What Goes On
1970The Long and Winding RoadArticle de qualité /For You Blue
Singles supplémentaires
parus enAllemagne
(Odeon)
1964
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