Pour les articles homonymes, voirExpédition d'Alger.
Date | - |
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Lieu | Sidi-Ferruch Staoueli Alger |
Issue | Victoire française décisive |
Changements territoriaux | Prise d'Alger par la France. |
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Louis de Bourmont Guy-Victor Duperré | Hussein Dey Ahmed Bey Hassan Agha Ibrahim Agha Ben Zamoun |
64 612 hommes
103 navires de guerre | 50 000 hommes[1],[2],[3] |
415 morts[4] 2 160 blessés | Inconnues (estimée entre 600 et 1 500 morts) |
Batailles
Coordonnées | 36° 46′ 35″ nord, 3° 03′ 31″ est | |
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L’expédition d'Alger[5],[6] est unecampagne militaire, livrée de à par laFrance contre laRégence d'Alger, menée par uncorps expéditionnaire de 30 000 à 40 000 hommes commandé par le généralde Bourmont.
En plus du général de Bourmont, futur maréchal, cinq autres futurs maréchaux de France sont également présents dans le corps expéditionnaire :Baraguey d'Hilliers,Mac Mahon,Magnan,Pélissier,Vaillant ainsi que trois futurs grands « Africains » :Duvivier,Lamoricière etChangarnier[7].
Durant laRévolution française, deux négociants juifs algériens, Bacri et Busnach[8], arrivent à nouer une relation privilégiée avec le dey d’Alger, devenant ses conseillers financiers, et bénéficient de privilèges et monopoles commerciaux qui font leur fortune. Ils fournissent en blé les armées duDirectoire vers 1795-1796, sans parvenir à s’en faire régler le prix, sauf de façon partielle sous la Restauration. Ce conflit commercial connaît de multiples rebondissements plus ou moins dramatiques et empoisonne les relations entre la France et la Régence pendant une trentaine d’années.
En 1801,Napoléon Ier fait la paix avec ledey Mustapha[9].
La piraterie des bateaux barbaresques, surtout le long des côtes de France, Espagne et Italie, quoique déclinante, demeurait un problème en mer Méditerranée et incita Napoléon à préparer, en 1808 une expédition à Alger, au moyen de la mission secrète du colonel du génieVincent-Yves Boutin.
Les États-Unis ont menédeux guerres contre lesBarbaresques de 1801 à 1805, puis en 1815, pour y mettre fin.
Alger avait été aussibombardée par une flotte britannico-néerlandaise en 1816, puis soumise à un blocus par laRoyal Navy en 1824.
David Bacri, nommé par Napoléonconsul général à Alger, est décapité en 1811 par ordre duDey d'Alger[10]. Cet événement est une première étape du conflit entre les Algériens et les Français.
Ledey Hussein, ne pouvant prélever sa part majoritaire sur le produit de la transaction commerciale non réglée, convoque le consul françaisPierre Deval pour essayer d'obtenir le règlement des dettes de la France. C’est à la suite de ce conflit commercial que surviennent l’affaire du « coup d'éventail », le 30 avril 1827, la rupture des relations diplomatiques entre leDey et la France, le blocus maritime duport d'Alger depuis le 15 juin 1827 jusqu'en 1830, puis la prise d'Alger et laconquête de l’Algérie[11].
La solution de ce conflit, en partie créé sous le Directoire et prolongé depuis de nombreuses années, offre également au roiCharles X, couronné en 1824, la possibilité de redorer son blason et de tenter de sauver la monarchie fragilisée[12], en s’illustrant par une conquête aux forts accents patriotiques.
L'État-major français bénéficie d'un plan de débarquement,Reconnaissance des forts et batteries d'Alger, dressé par un officier du génie,Vincent-Yves Boutin, sous lePremier Empire. Le commandant Boutin avait été envoyé en 1808 en mission comme espion dans la Régence sur ordre deNapoléon[13] ; celui-ci préparait alors l'aprèscampagne d'Égypte (1798-1801) avec un débarquement à Alger et une colonisation de l'Afrique du Nord[14]. Afin de ne point éveiller les soupçons des Ottomans, Boutin avait été envoyé auprès du consul général français à Alger, Charles-François Dubois-Thainville (frère dugénéral)[13], en se faisant passer pour son cousin, amateur de voyage.
Boutin accomplit avec succès sa mission d'espionnage du au. Ses relevés lui permettent non seulement d'établirSidi-Ferruch comme lieu propice à un débarquement mais également d'élaborer un plan de contournement d'Alger dont l'itinéraire emprunteStaoueli,Sidi Khalef et leBordj Moulay Hassan (futur "Fort l'Empereur")[13]. Son rapport suggère l'emploi d'une force d'environ 35 000 à 40 000 hommes. Il contient même des recommandations à l'adresse de la future armée d'occupation[13]. Quinze ans après l'assassinat de Boutin lors d'une mission en Syrie, le commandant en chef ducorps expéditionnaire contre la régence d'AlgerLouis de Bourmont (ministre de la Guerre), assisté du commandant de la flotteDuperré mettent en application son travail de 1808 ; travail qui sert de base au géographeCharles Picquet pour sonAperçu historique, statistique et topographique sur l'état d'Alger : à l'usage de l'armée expéditionnaire d'Afrique publié par le dépôt de la guerre en 1830[15]. À l'occasion du centenaire du débarquement français, les autorités d'Alger rendent hommage à Boutin avec l'inauguration d'unetable d'orientation à son nom[13].
Dès le mois d'août 1827, le capitaine Collet, commandant la station navale du blocus devant Alger, est chargé par lemarquis de Clermont Tonnerre, alors ministre de la guerre, de concevoir une offensive militaire. Les relevés topographiques précis effectués de mai à juillet 1808 par le colonel Boutin, alors que l'Empereur Napoléon Ier envisageait déjà cette opération pour mettre fin aux exactions des navires de la Régence d'Alger, sont activement exploités.
Un projet d'offensive prévoyant un débarquement à l'écart d'Alger est présenté en conseil des ministres le 14 octobre 1827, mais ajourné à cause de l'accroissement des tensions avec l'empire ottoman.
Labataille de Navarin, survient quelques jours plus tard, le 20 octobre 1827, suivie par l'expédition de Morée, lancée en Grèce en août 1828[16].
Les tergiversations politiques font durer le blocus d'Alger pendant plus de deux ans, malgré son coût, et l'offensive s'organise finalement à partir de l'automne 1829 pour être entreprise à la belle saison, au printemps suivant[17].
LeRoi de France,CharlesX, et leprésident du Conseil, leprince de Polignac, prennent en octobre 1829, après débats en conseil des ministres et au Parlement, la décision de lancer une expédition militaire dans le Nord de l'Afrique au printemps 1830, au plus tard le, date de l'ordonnance nommant le ministre de la Guerre lui même, legénéral de Bourmont, commandant en chef du corps expéditionnaire[18]. Le commandement de la flotte est confié, quant à lui, auvice-amiral Duperré.
Les préparatifs sont menés activement sous la direction du général de Bourmont, et du ministre de la marine, lebaron d'Haussez.
Sur un plan diplomatique, l'expédition est soutenue par l'Espagne, leroyaume de Sardaigne, la Russie, l'Autriche, les Etats-Unis. Plusieurs de ces puissances délèguent des officiers de leurs armées pour participer à l'expédition. Cette dernière suscite l'hostilité de la Grande-Bretagne, qui la perçoit comme une menace pour son hégémonie maritime en Méditerranée, où elle est basée àGibraltar et àMalte, et celle de l'Empire ottoman, auquel est affilié leDey d'Alger, mais cette hostilité ne prend pas une tournure militaire[19].
Après une revue militaire effectuée dans une atmosphère de liesse populaire par leduc d'Angoulême, dans leport de Toulon, puis dans leport de Marseille, le 5 mai 1830[20], les troupes, 37.000 hommes accompagnés par 4000 chevaux, embarquent le 11 mai 1830 sur une flotte montant au total à 675 navires civils et militaires[21]. L'expédition est lancée par l'appareillage des navires, le 25 mai, après que le vent a tourné.
Le 1830[22], lecorps expéditionnaire françaisdébarque sur lapresqu'île deSidi-Ferruch. C'est Frédéric Sion, qui étant marin à bord de la Thélis planta le premier le drapeau français sur la terre algérienne
Elle prend fin21 jours plus tard, le[22], date à laquelle, après plusieurs batailles, ledey d'Alger,Hussein, signe àEl Biar unacte de reddition, lacapitulation d'Alger. Puis les troupes françaises entrent dans la ville le : Alger est prise[23],[5].
Elle constitue le premier épisode de laconquête de l'Algérie par la France.
L’armée de la régence d’Alger s'est particulièrement mal préparée à l'expédition française. En effet, le dey, surestimant sa propre puissance, ne fit appel qu'à la moitié des troupes dont il disposait.
Les principaux évènements de la campagne sont les suivants :
De son côté, Hussein Dey avait rassemblé une armée hétéroclite s'appuyant sur la milicejanissaire et renforcée par les contingents fournis par les beys d'Oran, deConstantine et duTitteri. Son commandement a été confié à l'agha Ibrahim.
Selon les sources, les estimations concernant l'effectif total de cette armée varient de 30 000 à 50 000 hommes[24]. Cependant, cette armée s'était particulièrement mal préparée à l'expédition française. Le dey, surestimant sa propre puissance, ne fit appel qu'à la moitié des troupes dont il disposait[25].
Une seconde bataille a lieu le. Les troupes françaises sont restées dans l'immobilisme sur leur tête de pont, dans l'attente du matériel de siège, qui tarde à arriver[26], et pendant ce temps, les troupes de la Régence se renforcent, s'établissent au campement deStaoueli et consolident leurs lignes face aux Français de quelques batteries au centre de leurs positions[27].
L'attaque qu'ils déclenchent le au point du jour est repoussée au bout de quelques heures par les Français, qui s'emparent de l'artillerie turque et du campement de Staoueli, où ils s'établissent[28].
La flotte française entreprend de bombarder la ville d'Alger en soutien des troupes débarquées, le, et à nouveau le. La flotte échange avec les batteries côtières de vives canonnades, mais à peu près hors de portée. Quelques jours plus tard, le généralValazé, commandant le génie, qui visitait les forts, ironisait, disant« qu'il se chargeait de réparer, pour 7 francs 50 centimes, toutes les avaries causées par la marine aux fortifications »[29].
Le 29 juin, les troupes françaises arrivent en vue dufort l'Empereur, une forteresse ottomane qui couvre Alger au sud[30].
Le creusement des tranchées pour le siège du fort est commencé dès le, et le dans la journée, toutes les batteries de l'artillerie de siège sont mises en place[31].
Le vers4 h du matin, legénéral de La Hitte, commandant l'artillerie, donne l’ordre d'ouvrir le feu à toutes les batteries la fois ; la riposte turque dure aussi vivement que l'attaque pendant4 heures, mais à 10 h, les feux du château s'éteignent, tous ses merlons détruits n'offrant plus d'abri aux canonniers, presque toutes les pièces étant démontées, l'intérieur dévasté par les bombes et les obus.
Au moment où l'ordre est donné de battre la forteresse en brèche, une énorme explosion pulvérise la grosse tour au centre du fort de l'Empereur : lesTurcs, abandonnant le fort, avaient mis le feu aux poudres.
Devant lakasbah, les troupes françaises découvrent une pyramide de têtes de soldats coupées, conformément aux instructions du dey qui payait une somme à qui en rapportait une[32].
Les Français s'emparent du fort et tiennent désormais à leur merci la kasbah et la ville d'Alger[33].
Le, labataille de Staoueli suivie de la prise dufort de l'Empereur livrait à une armée française,Alger, l'antique métropole des piratesbarbaresques.
Si la première pensée avait été uniquement d'infliger audey d'Alger un châtiment sévère, le succès vint en aide à la réflexion pour conseiller de garder, à titre définitif, une conquête dont l'Europe, et surtout l'Angleterre, souhaitait le délaissement.
La résolution prise, on crut que dans un pays à demi organisé comme l'était larégence d'Alger, on trouverait parmi les anciens tributaires du dey une partie des éléments nécessaires pour maintenir l'ordre dans la population indigène, et surtout pour faire rentrer les impôts dont le gouvernement français entendait hériter.
De cette pensée naquirent leszouaves, les successeurs, en quelque sorte, des troupes algériennes.
La convention a été signée àEl Biar, dans la villa Djenane Raïs-Hamidou, aussi connue comme laVilla du Traité. Elle est située au 17, rue Ali Lamari (ex-rue du Traité). La Villa du Traité est une résidence d'été duXVIIIe siècle qui a appartenu aucorsaireRaïs Hamidou et qui servit dequartier général au comte de Bourmont. Elle est actuellement occupée par un centre de soins, annexe de l'hôpital Birtraria[34]. Djenane Raïs-Hamidou a été classémonument historique par un arrêté du[35], pris au terme d'une procédure de classement ouverte par un arrêté du[36].
En l'absence de traité d'annexion, la déclaration d'annexion était trouvée, sinon dans l'ordonnance du[37], du moins[38] dans celle du suivant[39],[40].
Présentée à l'époque comme une expédition punitive, l'expédition d'Alger, tentée sans succès par le roiCharles III d'Espagne un demi-siècle auparavant, avec l'expédition d'Alger de 1775, apparaît rétrospectivement comme l'acte initiateur d'une extension décisive de l'influence française sur la rive méridionale de laMéditerranée. Cette extension se poursuivra sous lamonarchie de Juillet par laconquête de l'Algérie par la France, jusqu'en 1847, puis au fil des régimes politiques successifs, durant plus d'un siècle, jusqu'à la constitution d'un importantempire colonial français.
Larue d'Alger (Paris) rappelle le souvenir de la prise d'Alger.
Cinq futurs maréchaux de France sont présents dans le corps expéditionnaire :Achille Baraguey d'Hilliers,Patrice de Mac Mahon,Bernard Pierre Magnan,Aimable Pélissier,Jean-Baptiste Philibert Vaillant et trois futurs grands « Africains » :Franciade Fleurus Duvivier,Louis Juchault de Lamoricière etNicolas Changarnier[7].