La ville est située entre Paimpol et Tréguier et borde la côte bretonne. Située à proximité de l’île deBréhat, cette commune abrite de célèbres lieux bretons tels que lesillon de Talbert, le Phare des Héaux et le Sémaphore.
L'histoire géologique du plateau duTrégor est marquée par lecycle icartien (de ca. -2 200Ma à -1 800 Ma) dont la géodynamique est mal connue, et lecycle cadomien (entre 750 et 540Ma) qui se traduit par la surrection de lachaîne cadomienne qui devait culminer à environ 4 000 m[2] et regroupait à cette époque (avant l'ouverture de l'océan Atlantique) des terrains du Canada oriental, d'Angleterre, d'Irlande, d'Espagne et de Bohême[3]. Cette ceinture cadomienne se suit à travers le Nord du Massif armoricain depuis leTrégor (baie de Morlaix) jusqu'au Cotentin. À une collision continentale succède une période desubduction de l'océan celtique[4] vers le sud-est, sous lamicroplaqueArmorica appartenant alors ausupercontinentGondwana. Des failles de direction N40°-N50°enregistrent un raccourcissement oblique, orienté environ NNE-SSW[5]. Cette tectonique régionale entraîne unmétamorphisme à haute température et basse pression. À la fin duPrécambrien supérieur, lessédimentsbriovériens issus de l’érosion rapide de la chaîne cadomienne sont ainsi fortement déformés, plissés, formant essentiellement desschistes et desgneiss[6]. Les massifs granitiques du Mancellien (notamment le massif côtier nord-trégorrois, le granite de Plouha, les diorites et gabbros de Saint-Quay-Portrieux), dont la mise en place est liée au cisaillement nord-armoricain[7] scellent la fin de la déformationductile de l'orogenèse cadomienne[8]. À leur tour, ces massifs granitiques sont arasés, leurs débris se sédimentant dans de nouvelles mers, formant les « Séries rouges » qui se déposent dans le bassinordovicien dePlouézec-Plourivo,hémi-graben limité au nord par la faille deTrégorrois. Les grands traits de l’évolution géologique du Trégor sont alors fixés. L'altération a également transformé les roches métasédimentaires en formations argilo-sableuses. Enfin, auPlio-quaternaire, les roches dusubstratum sont localement recouvertes par des dépôts récents issus de l’action du vent (lœss,limons sur les coteaux)[9].
La région de Pleubian[Note 2] est ainsi formée d'un plateau granitique (615 Ma) recoupé par un champfilonien extrêmement dense dedolérite duTrieux[11], roche massive noire, à cristallisation très fine, ayant une composition de basaltetholéitique[12]. Elle correspond à lasubduction d'un domaine océanique vers le sud-est sous lamarge nord duGondwana, entraînant unmétamorphisme à haute température et basse pression (subduction engendrant unbassin intra-arc ou une zone de chevauchement, les deux hypothèses restant débattues)[13].
Pétrographiquement, le granite de Pleubian représente unemicro-granodiorite datée à 615 Ma et interprétée comme dumagmatisme associé au fonctionnement d'unemarge active[14].« Il s'agit d'une roche de teinte grisâtre, devenant blanche à l'altération et caractérisée, à l'œil nu, par la présence de nombreux phénocristaux de feldspaths blancs et de minéraux ferro-magnésiens noirs, flottant dans unemésostase très finement cristallisée. Ces phénocristaux représentent environ 45 % de la roche et sont constitués deplagioclase (à la limiteoligoclase-andésine), dehornblende verte et debiotite[15] ». Port-Béni permet d'observer le socle icartien constitué de gneiss qui regroupe plusieurs types pétrographiques (gneisslités[Note 3] avec niveauxmigmatitiques[Note 4],orthogneiss œillés représentant d'anciens granitesporphyroïdesintrusifs dans la série litée)[16]. La foliation desminéraux est généralement parallèle aulitage lorsqu'il est présent. Elle se développe dans le plan axial deplis isoclinaux décimétriques à métriques qui affectent la série litée[17]. Lemétamorphisme identifié dans ces orthogneiss« a pu atteindre le degré élevé dufacièsamphibolite dont la température minimale avoisine les 600 °C avec des pressions intermédiaires de l'ordre de 5 à 10 kbars. Ceci suggère un enfouissement d'environ 25 km dans lacroûte[18] ».
Touristiquement, les principaux aspects de la géologie dans cette région peuvent être abordés au cours de balades naturalistes et géologiques qui permettent d'observer sur un espace réduit du territoire, des roches d'âge et de nature différents, témoins de phénomènes géologiques d'ampleur (magmatisme,tectogenèse,métamorphisme,érosion…). L'affleurement de Port-Béni est le témoin des troischaînes de montagnes qui ont façonné leMassif armoricain :« des rochesicartiennes (aux environs de 1,8Ga) sont recoupées par des rochescadomiennes (aux environs de 600 Ma) et ces roches sont elles-mêmes recoupées par des roches appartenant au cycle orogéniquevarisque (début à milieu du Paléozoïque)[19] ». Les gneissicartiens de Port-Béni qui se présentent sous forme de grandsxénolithes[20] (parfois de taille hectométrique, avec une orientation variable de lafoliation autour de N140)[21] constituent les plus vieilles roches connues d'Europe occidentale. À l'échelle des temps géologiques, cela correspond à la moitié de l'âge de la Terre[22]. Un pupitre d'interprétation installé en 2010 sur cegéosite breton signale l’existence des plus vieilles roches de France dans cette localité-type de l'icartien[23].
Au, Pleubian est catégorisée commune rurale à habitat dispersé, selon la nouvelle grille communale de densité à7 niveaux définie par l'Insee en 2022[31].Elle appartient à l'unité urbaine dePaimpol, une agglomération intra-départementale dont elle est une commune de labanlieue[32],[33]. La commune est en outre hors attraction des villes[34],[35].
La commune, bordée par laManche, est également une commune littorale au sens de la loi du, diteloi littoral[36]. Des dispositions spécifiques d’urbanisme s’y appliquent dès lors afin de préserver les espaces naturels, les sites, les paysages et l’équilibre écologique dulittoral, tel le principe d'inconstructibilité, en dehors des espaces urbanisés, sur la bande littorale des 100 mètres, ou plus si leplan local d’urbanisme le prévoit[37].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de labase de donnéeseuropéenne d’occupationbiophysique des solsCorine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (84,3 % en 2018), en diminution par rapport à 1990 (86,6 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante :terres arables (46,5 %), zones agricoles hétérogènes (37,8 %), zones urbanisées (13,4 %), forêts (0,8 %), espaces ouverts, sans ou avec peu de végétation (0,8 %), zones humides côtières (0,7 %)[38]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : lacarte de Cassini (XVIIIe siècle), lacarte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).
Le nom de la localité est attesté sous les formesPlubihan en 1034 et 1040,Parva plebs entre 1040 et 1066,Plubihan vers 1040, en 1156 et en 1169,Plebihen en 1068 et en 1077,Plobihan en 1202,Parva Plebs en 1330 et en 1371,Ploebihan en 1469[39].
Pleubian ou Pleuvihan signifie littéralement « petite paroisse ». L’origine du nom vient de l’ancienbretonPloe, « paroisse », etbihan signifiant « petit »[39].
« Paroisse bretonne primitive comme l'indique son nom formé avec le vieux-bretonploe, Pleubian n'était pas en soi une "petite paroisse", sens du bretonbihan et du latinparva utilisé dans les documents anciens. Pour n'être pas très étendu, son territoire, qui comprenait aussi à l'origine, avec celui de Kerbors, celui de Lanmodez, couvrait cependant 3136 ha. Sa dénomination s'explique, en fait, par opposition à elle de sa voisine Pleumeur-Gautier, dont le nom est formé avec le vieux-bretonploe etmeur (grand), et qui, englobant, outre sa trève Lézardrieux, Trédarzec, atteignait 4255 ha »[43].
En 1943, deux avions B17, touchés par laDCA allemande, s’écrasent autour de Pleubian. LeYardbird s’écrase le à Pleubian tandis que leStinky weather tombe à Kerbors le.
Le, desrésistantsFFI capturèrent la garnison allemande qui occupait lesémaphore de Pleubian et libérèrent l'usine d'iode de Penn Lann. Mais des troupes allemandes venues deLézardrieux, équipées de mortiers et d'artillerie, vinrent libérer leurs camarades ; les résistants s'enfuirent, mais 21 d'entre eux durent se rendre à l'ennemi. Après le retrait complet des Allemands le, une tranchée contenant leurs corps, qui avaient été atrocement torturés, fut découverte près du sémaphore[47].
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers lesrecensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[53]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2007[54].
En 2022, la commune comptait 2 334 habitants[Note 5], en évolution de −0,93 % par rapport à 2016 (Côtes-d'Armor : +1,78 %,France horsMayotte : +2,11 %).
L'église Notre-Dame de l’Armor : construction de1932 qui mêle les styles classique et moderne, roman et celtique (architecteSeiz Breur :James Bouillé).
Les ruines du sémaphore de Creac'h Maoût : culminant à 41 mètres d'altitude, cet ancien sémaphore offre une vue panoramique imprenable sur l’estuaire du Jaudy, le sillon de Talbert, le Phare des Héaux, la pointe de l'Arcouest et l'île de Bréhat.
Lesillon de Talbert est un cordon de galets et de sable large de 35 mètres induit par l’équilibre des courants entre leTrieux et leJaudy. Il avance en forme de chaussée dans la mer sur une distance de 3 kilomètres.
Sur la commune se trouve le « sentier des douaniers », sentier littoral (GR 34), ainsi que plusieurs circuits empruntant à la fois le bord côtier et l'intérieur de la commune à la découverte de son patrimoine historique, architectural et naturel.
↑DeMancellia, nom latin de la région du Maine, domaine structural de la partie nord-est du Massif armoricain dénommé en 1949 par le géologuePierre Pruvost. Il est caractérisé par unPrécambrien récent au sein duquel se sont mis en place desgranitoïdesintrusifs antérieurement au dépôt des terrainspaléozoïques ; ce domaine surélevé a été épargné par les transgressions marines du Cambrien.
↑Série litée constituée par une alternance décimétrique à métrique de niveaux sédimentaires et volcaniques transformées enmicaschistes,quartzites,leptynites,amphibolites, gneiss en proportions variables d'unaffleurement à l'autre.
↑Au niveau de l'anse de Gouermel près de Port-Béni, lemétamorphisme a pu localement atteindre la fusion partielle et donner des roches un peu particulières, appeléesmigmatites.
↑Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.
↑E. ÉGAL et al., Carte géol. France (1/50 000), feuille Pontrieux-Etables-sur-Mer (204), éditions du BRGM, 1996, p. 5
↑La position de cet océan est suggérée par une importanteanomalie magnétique orientée NE-W qui a été reconnue dans la partie médiane de la Manche actuelle et qui pourrait être un corpsophiolitique Cf.Serge Elmi et Claude Babin,Histoire de la Terre,Dunod(lire en ligne),p. 64.
↑R.A. Roach, G.J. Lees & M.M. Shufflebotham (1990) - Brioverian volcanism and Cadomian tectonics, Baiede St-Brieuc, Brittany : stages in the evolution of a late precambrian ensialic basin. In R.S D'LEMOS, R.A.STRACHAN, C.G. TOPLEY (eds) : "The Cadomian Orogeny". Geol. Soc. Sp. Publ. 51, p. 41-67
↑Michel Ballèvre, Valérie Bosse, Marie-Pierre Dabard, Céline Ducassou, Serge Fourcade, et al, « Histoire Géologique du massif Armoricain : Actualité de la recherche »,Bulletin de la Société Géologique et Minéralogique de Bretagne,nos 10-11,,p. 21.
↑La chaîne panafricaine en Bretagne, France,E. Le Goff, M. Ballèvre, E. Egal, D. Thieblemont, C. Truffert, éditions du BRGM,,p. 15-16.
↑Enclaves arrachées à l'encaissant des granitescadomiens du Trégor, elles forment une série dedifférenciation magmatique depuis des termes basiques (laves pauvres en silice et riches en magnésium) jusqu'à des termes acides (laves intermédiaires plus riches en silice et pauvres en magnésium).
↑Hubert Lardeux et Claude Audren,Bretagne, Masson,,p. 44.
↑Jean Plaine, « La médiation géologique en Bretagne : Etat des lieux, initiatives originales, initiatives critiquables »,Bulletin de la Société Géologique et Minéralogique de Bretagne, 2013, (D), 10-11, p.147
↑a etbDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale »,Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography,no 501,(DOI10.4000/cybergeo.23155,lire en ligne, consulté le)
↑Office Public de la Langue Bretonne, « Kerofis ».
↑Michel Priziac et Michel Mohrt,Bretagne des saints et des croyances, Kidour,,p. 308.
↑Bernard Tanguy : Dictionnaire des noms de communes, trèves et paroisses des Côtes-d'Armor; ArMen-Le Chasse-Marée; 1992.
↑Julien Rannou,Pleubian dans la Révolution, 1789-1799, Association Pleubian et son passé,,p. 15.
↑Les Bretons délibèrent : répertoire des registres de délibérations paroissiales et municipales, 1780-1800, et des Cahiers de doléances, 1789, Archives départementales de Bretagne,,p. 31.
↑« Jean-Yves Simon, ancien maire, est décédé », surouest-france.fr,(consulté le)« Très vite il s'était impliqué dans la vie communale et fut élu au conseil municipal en 1977. Il devint maire en 1983, jusqu'en 1995. Il était déjà conseiller général depuis 1976 et le fut vingt-cinq ans, durant quatre mandats ».
↑« Pleubian. Le maire Loïc Mahé se représente pour un cinquième mandat aux prochaines municipales : Lors de ses vœux à la population, samedi 4 janvier au Sillon, le maire de Pleubian (Côtes-d’Armor) a annoncé qu’il était à nouveau candidat aux prochaines élections municipales. Il devrait bientôt présenter sa liste »,Ma Ville parOuest-France,(lire en ligne, consulté le).
↑« Municipales à Pleubian. Loïc Mahé entame son cinquième mandat : Mercredi 27 mai, Loïc Mahé a été réélu maire de Pleubian (Côtes-d’Armor) »,Ouest-France,(lire en ligne, consulté le)« Sans surprise, c’est Loïc Mahé, maire sortant, vainqueur des élections au premier tour avec sa liste, qui a recueilli 15 voix pour et 4 bulletins blancs ».
Patrick Pichouron ; Guy Prigent.Inventaire préliminaire à l'étude du patrimoine des communes littorales des Côtes-d'Armor : commune de Pleubian. Conseil général des Côtes-d’Armor, 2009. Disponible en ligne sur le site des archives départementales des Côtes-d’Armor, à l’adresse :http://sallevirtuelle.cotesdarmor.fr/inventaire/pleubian/Gestion/home.html
Régis Le Saulnier De Saint-Jouan.Dictionnaire des communes du département des Côtes-d'Armor : éléments d'histoire et d'archéologie. Saint-Brieuc : Conseil Général des Côtes-d´Armor, 1990, p. 468-471.
Bernard Tanguy.Dictionnaire des noms de communes, trèves et paroisses des Côtes-d'Armor : origine et signification. Douarnenez : Ar Men-Le Chasse-Marée, 1992, p. 192-193.
René Couffon.Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier. Saint-Brieuc : Les Presses Bretonnes, 1939, p. 113-115.
Yves-Marie Lucas.Esquisse de l'histoire de Pleubihan. Pleubian : Association culturelle de Pleubian et son passé, 1995.
Francis Guillou ; Chantal Choron ; Georges Le Breton ; Julien Rannou.Pleubian dans la Révolution : 1789-1799. Pleubian : Association culturelle de Pleubian et son passé, 1989.
Francis Guillou ; Chantal Choron ; Georges Le Breton ; Julien Rannou.Pleubian et la Presqu’île Sauvage en cartes postales et photos anciennes. Saint-Brieuc : Imprimerie briochine, 1991.
Luc Corlouër,La Tourmente-Kenavo (Roman Pleubian). Ed. Le Cormoran, Guimaëc, 2007
Georges Le Breton et Luc Corlouër,Pleubian-Kerbors Histoires, 2022, Éditions le Cormoran, 250 pages