Pistia stratiotes, parfois appelée « laitue d’eau », « salade d’eau » ou « chou aquatique », est une espèce deplantes aquatiques de la famille desAraceae. Cette plante est maintenant pantropicale : on la trouve enAmérique, enAsie, enAfrique, enOcéanie et elle est introduite enEurope[1]. C'est la seule espèce actuellement acceptée du genrePistia.
À partir de 2024, elle sera inscrite sur la « Liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l’Union européenne »[2]. Cela signifie qu'elle ne pourra plus être importée, cultivée, commercialisée, plantée, ou libérée intentionnellement dans la nature, et ce nulle part dans l’Union européenne[3].
Elle se reproduit très rapidement parmultiplication végétative, en lançant autour d'elle desstolons (tiges) au bout desquels apparaissent de nouvelles petites plantes.
Dans de nombreuses régions tropicales, elle peut envahir complètement la surface de l'eau, et former un tapis si dense qu'elle empêche les échanges gazeux à l'interface air-eau de se réaliser et provoque une réduction de la concentration en oxygène de l'eau au point de faire mourir les poissons. Comme lajacinthe d'eau (Eichhornia crassipes), elle peut obstruer complètement les rivières ou les lacs et les rendre impraticables pour la navigation.
Lorsque leNil Blanc traverse lesmarais du Sudd au sudSoudan, son cours est ralenti et de vastes obstructions végétales se forment. L'accumulation dePistia, d'une petitefougère flottante, l'Azolla et d'uneplante carnivore, l'Utricularia[4], autour de touffes depapyrus forment des bouchons impénétrables. LaPistia a longtemps été abondante sur lelac Victoria mais elle en a maintenant quasiment disparu, à la suite de l'invasion de lajacinthe d'eau venue d'Amazonie dans les années 1980-90.
L'espèce est envahissante enNouvelle-Calédonie et peut favoriser la formation de gîtes larvaires pour les moustiques, vecteurs de nombreuses maladies, en l'occurrence essentiellement ladengue[8]. Le Code de l'environnement de laProvince Sud interdit l’introduction dans la nature de cette espèce ainsi que sa production, son transport, son utilisation, son colportage, sa cession, sa mise en vente, sa vente ou son achat[9].
C'est une plante ornementale, appréciée des aquariophiles et des jardiniers qui la mettent dans des bassins en extérieur à la belle saison[10]. En fournissant un peu d'ombre au bassin, lesPistia évitent la prolifération d'algues. Leur long réseau racinaire offre une protection auxalevins.
On associe souvent dans les aquariums la laitue d'eau pistie avec d'autres espèces flottantes comme lapetite lentille d'eauLemna minor, l'azolle et lasalvinie[11] mais ces dernières sont très envahissantes et ne doivent pas être utilisées en extérieur.
En Inde, les feuilles sont utilisées enmédecine traditionnelle contre lateigne, contre les chancres de lasyphilis, les furoncles, blessures et maladies de la peau. Une étude récente a montré l'efficacité de l'extrait de feuille contre plusieursdermatophytes responsables demycoses de la peau[12].
La médecine populaire chinoise utilise toute la plante contre l'eczéma et lasyphilis.
↑Citée en tant qu'adventice ou subspontanée p. 972 parLambinon J.et al.,Nouvelle flore de la Belgique, du G.-D. de Luxembourg, du Nord de la France et des régions voisines (Ptéridophytes et Spermatophytes), Meise, Jardin botanique national de Belgique,6e éd., 2012, 1195 p.(ISBN978-90-72619-88-4)
↑Groupe espèces envahissantes,Plantes envahissantes pour les milieux naturels de Nouvelle-Calédonie, Nouméa, Agence pour la prévention et l'indemnisation des calamités agricoles ou naturelles (APICAN),, 222 p., pp. 84-85
↑Code de l'environnement de la Province Sud, Nouméa,, 346 p.(lire en ligne), p. 147
↑Koné D., (2002)Lagunage à microphytes et à macrophytes ( Pistia stratiotes ) en Afrique de l’Ouest et du Centre : état des lieux, performances épuratoires et critères de dimensionnement. Thèse de doctorat : École polytechnique fédérale de Lausanne, Environnement naturel – Architectural and Construction Faculty (Suisse).