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Sépulture | Tomb of Pollaiolo brothers(d),basilique Saint-Pierre-aux-Liens ![]() |
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Piero Pollaiuolo ouPiero del Pollaiuolo, néPiero Benci (Florence ~1441 -Rome 1496)[1], est unpeintre italien de la Renaissance.
Jeune frère du plus célèbreAntonio Pollaiuolo, il est toujours resté dans l'ombre de ce dernier, à tel point que lecorpus de ses œuvres n'est pas très clair, avec des attributions encore fluctuantes entre les deux frères.
Le maître auprès duquel Piero a appris l'art de la peinture n'est pas connu.Andrea del Castagno, indiqué par Vasari, n'est pas possible en raison de la chronologie. Comme le suggère Galli, son maître le plus probable estAlesso Baldovinetti. Piero Pollaiuolo se forme aussi vraisemblablement auprès de son frère aînéAntonio Pollaiuolo.
Actif essentiellement comme peintre, il s'essaie également à l'orfèvrerie, dont son frère dirige un atelier, et à la sculpture. En 1477, il participa au concours pour leMonument Forteguerri, à lacathédrale de Pistoia, remporté parVerrocchio.
Son activité durant sa jeunesse doit encore être précisée. LeSaint Michel attaquant le dragon dumusée Bardini deFlorence, une toile en mauvais état de conservation, pourrait être sa première œuvre connue.
Sa participation en 1460 aux trois toiles desTravaux d'Hercule pour le palais médicéen de la Via Larga, trilogie monumentale aujourd'hui disparue, est le premier d'une série de travaux de collaboration entre les deux frères.
Sa première commande importante concerne certainement la chapelle du cardinal du Portugal dans labasilique San Miniato al Monte àFlorence. Le paiement effectué le aux deux frères Pollaiuolo, sans distinguer qui a fait quoi, suggère que les travaux ont été dirigés par Piero et qu'Antonio a été initialement inclus comme garant de son frère cadet. Pour la chapelle, Piero crée unetable d'autel avec les Saints Vincent, Jean et Eustache, maintenant auxOffices et remplacée sur place par une copie, plus deux anges tenant des rideaux ornés de fresques dans le mur derrière la table. La figure centrale de saint Jacques, avec sa ligne vibrante et le colorisme dense de la draperie, est peut-être l'œuvre d'Antonio.
Il réalise l'Archange Raphaël et Tobias entre 1465 et 1470, aujourd'hui à laGalerie Sabauda àTurin, cité par Vasari comme étant suspendu à un pilier de l'église d'Orsanmichele àFlorence. Découvert par Gaetano Milanesi dans le palais Tolomei de Florence, via Ginori, le tableau est acheté en 1865 par le baron Hector de Garriod pour la galerie savoyarde.
La très richeAnnonciation, aujourd'hui àBerlin (Staatliche Museen), dont nous ignorons la destination d'origine, daterait également des années 1470[2].
Grâce à ces œuvres, Piero, à l'été 1469, reçoit du tribunal de commerce la commande d'un tableau représentant la figure allégorique de laCharité, maintenant aux Offices. À la fin de l'année, compte tenu de l'ouvrage achevé, le tribunal se dit si satisfait qu'il commande un cycle entier des sept vertus (théologiques et cardinales) à Piero. Verrocchio, un artiste très en vogue à l'époque, en raison également de la préférence que lui accorde les Médicis, tente de lui ravir en vain la commande. Cependant, peut-être en raison de la lenteur avec laquelle les travaux procèdent — Piero aurait dû livrer deuxVertus finies tous les deux mois —Sandro Botticelli obtient de peindre laForce, qui, une fois terminée, a dû faire douter les clients sur qui devait réaliser les vertus manquantes : Antonio doit intervenir en faveur de son frère pour s'assurer que le contrat soit respecté. Aujourd'hui, lessix vertus de Piero et laForce de Botticelli sont toutes exposées aux Offices.
À partir des années 1470-1480, Piero Pollaiuolo est, avec son frère Antonio, à la tête de l'un des ateliers les plus prestigieux de Florence, avec celui de Verrocchio. Les activités sont multiples : peinture, gravure, sculpture, cartons de broderies…[2].
Il a alors nettement assimilé l'apport flamand, qu'il a complété par un approfondissement dans l'art du paysage et par une double recherche sur le mouvement et l'anatomie. Il aboutit ainsi à une « gestuelle expressionniste » dont la violence grandit jusqu'à contredire la stabilité initiale[2].
Les travaux réalisés par Piero doivent avoir impressionnéLaurent de Médicis qui lui commande lePortrait de Galeazzo Maria Sforza (qui a visité Florence en 1471), portrait qu'il conserve dans sa chambre (maintenant aux Offices).
Piero exécute ce qui est considéré comme son chef-d'œuvre, leMartyre de Saint-Sébastien, en 1475, maintenant à la National Gallery de Londres, destiné à l'autel de l'oratoire de Saint-Sébastien que lafamille Pucci possédait dans labasilique de la Santissima Annunziata. La composition est soumise à un contrôle géométrique plus rigide, sans sacrifier le naturel habituel des poses et des mouvements. Les figures des quatre archers au premier plan sont particulièrement belles, représentées selon deux poses en miroir : les deux archers aux extrémités ont l'intention de tirer la flèche et les deux au centre font acte de recharger l'arbalète, en parfait équilibre par rapport à l'axe central constitué par le pieu auquel le saint est attaché.
Le tableau avecApollon et Daphné, également à la National Gallery de Londres, appartient également à cette même période de 1470-1480.
Après le succès duMartyre de Saint Sébastien, une période un peu difficile s'ensuit pour Piero avec des commandes qui progressivement s'estompent au profit deLéonard de Vinci,Domenico Ghirlandaio ou Sandro Botticelli.
En 1483, il crée un tableau avec lecouronnement de la Vierge, daté et signé, pour l'église Sant'Agostino de San Gimignano. La grande toile avecAntoine en adoration du Crucifix aumusée San Marco de Florence pose quelques difficultés d'attribution ; cependant, une datation vers 1483 reste plausible.
La dernière information datée avec certitude concernant Piero Pollaiuolo est du : il est alors payé pour un tableau, non identifié, à installer dans la chapelleCorpus Domini de la cathédrale de Pistoia.
Par la suite, il rejoint son frère à Rome où il participe à la réalisation des deux tombeaux pontificaux à Saint Pierre de Rome[3].
Son frère Antonio, en dictant son testament en, se souvient de sa mort subvenue depuis longtemps. Les deux frères sont enterrés dans labasilique Saint-Pierre-aux-Liens de Rome.
On attribue également aux frères Pollaiuolo une série de portraits féminins de profil (Berlin, Staatliche Museen ;New York,Metropolitan Museum ; Florence, Offices ;Boston,Musée Isabella Stewart Gardner), dont le plus célèbre, est lePortrait de dame aumusée Poldi-Pezzoli de Milan, attribué à Antonio, mais sans certitude absolue[4].
L'art de Piero est plus sévère que celui d'Antonio, et à leur époque Piero était moins apprécié[5].
Leur nom est dû au métier de leur père, vendeur de pouletsdel Pollaiuolo (ou delPallaojuolo).
Leurs travaux montrent à la fois leur intérêt pour les influences classiques et pour l'anatomie : ils pratiquent la dissection pour accroître leurs connaissances et acquérir une représentation réaliste du mouvement, de la lutte et de la tension.
Comme le souligne Aldo Galli[6],Giorgio Vasari, lorsqu'il écrit sa biographie[7], est le premier à confondre, et d'une certaine manière aussi à fusionner, les deux frères Piero et Antonio. Dans la conception de l'art de Vasari, la peinture est placée au sommet de la pratique d'un artiste, la discipline la plus noble, tandis que, pour lui, la pratique des orfèvres s'écarte peu de l'artisanat, la sculpture ayant une position intermédiaire. Ainsi, Piero, dans la biographie de Vasari, a un rôle de soutien et n'est considéré que comme celui qui a initié Antonio à la noble pratique de la peinture : Vasari finit par attribuer à Antonio de nombreuses œuvres picturales qui appartiennent à son frère cadet, comme leMartyre de saint Sébastien, maintenant à laNational Gallery deLondres.
Vasari fait même tomber un voile de silence sur l'une des œuvres les plus connues de Piero, le grand retable de l'église Sant'Agostino de San Gimignano, qu'il a dû connaître après avoir décrit les fresques desHistoires de la vie de saint Augustin deBenozzo Gozzoli, qui sont dans le chœur de la même église. Ce retable, sur lequel est inscrit en grosses lettres « OPUS PIERI POLAIOLI FLOR. AD MCCCCLXXXIII» (œuvre de Piero Pollaiuolo, de Florence, 1483), aurait pu invalider sa reconstruction de la personnalité de Piero.