Fondé en parJarosław Kaczyński et son frèreLech Kaczyński, alors que ce dernier était ministre de la Justice du gouvernementAWS. Formé autour de son parti l'Accord du centre, il réunit d'autres mouvements de droite et conservateurs, et les restes du parti politique issu deSolidarność,AWS[43].
Aux élections législatives de2001, PiS remporte 44 des460 sièges duSejm (ladiète polonaise) avec 9,5 % de voix. Le groupe parlementaire est alors dirigé parKazimierz Marcinkiewicz.
Pour les élections régionales de, PiS forme une coalition avec son rival de laPO, dans la plupart des régions, la coalition n’emporte que 16 % des voix, maisLech Kaczyński est élumaire deVarsovie[44] et laisse la présidence du PiS à son frèreJarosław Kaczyński en 2003.
Lors des élections européennes de2004, en obtenant à elle seule 12,67 % des suffrages, PiS devient la troisième force politique, et emporte 7 des54 sièges réservés aux Polonais. Il est alors membre du groupe parlementaire européenUnion pour l'Europe des nations[45].
Finalement, le, PiS passe un accord formel de coalition avec la SRP et la LPR, ce qui permet à ces deux formations derentrer au gouvernement. Toutefois, bien qu'ils reçoivent cinq ministères, les deux partis ne contrôlent aucun ministère régalien. Seul le ministère de l'Agriculture, aux mains du président de la SRP,Andrzej Lepper, est doté d'un budget et d'un poids politique importants.
Après que Marcinkiewicz a remplacé, le24 juin suivant, la ministre des Finances,Zyta Gilowska, contrainte à la démission, il entre en conflit avec la direction du parti. Finalement, il annonce sa démission le7 juillet suivant, et le bureau politique choisit de le remplacer parJarosław Kaczyński. Celui-ci constitue songouvernement, avec la même coalition, le14 juillet.
Aux élections locales du 12 novembre suivant, PiS est devancé par la PO aux élections régionales et perd la mairie deVarsovie au profit des libéraux,Kazimierz Marcinkiewicz étant défait au second tour parHanna Gronkiewicz-Waltz.
Le, prenant acte des profondes divergences au sein de sa coalition, le président du Conseil Kaczyński demande au président de la République Kaczyński dedémettre les ministres issus de la SRP et la LPR, tandis qu'à la Diète, le parti appuie la demande de laPlate-forme civique de convoquer desélections anticipées.
Un groupe de députés (18 au total) quitte le parti pour constituer le groupe parlementaire puis le partiLa Pologne est le plus important (PJN).
Le parti connaît un nouvel échec lors desélections législatives de 2011, perdant neuf sièges de député à la Diète et huit sièges au Sénat.
Cette défaite provoque le départ deZbigniew Ziobro, ancien ministre de la Justice souvent considéré comme dauphin deJarosław Kaczyński, et de ses partisans qui constituent le groupe parlementaire dissidentPologne solidaire qui rassemble (au)20 députés et deux sénateurs avec le soutien de quatredéputés européens.
En octobre 2015, Droit et justice remporte lesélections législatives avec 39,1 % des voix et obtient la majorité absolue. Il est pourvu de242 sièges de députés sur 460[48].
D'après le journalisteDominique Vidal, le retour au pouvoir du PiS se serait traduit par un recul des acquis démocratiques, politiques et sociétaux : « augmentation des pouvoirs de l’exécutif au détriment de ceux du législatif, mainmise sur les médias, encadrement de la justice, durcissement de la loi anti-avortement, refus du mariage homosexuel comme de l’euthanasie, promesse d’un référendum sur la peine de mort, etc[49]. »
À l'issue desélections européenne de 2019, Droit et justice réalise son meilleur score avec plus de 45 % des voix et27 sièges sur 52.
Lesélections législatives de 2019 permettent au parti de reconduire sa majorité. La liste Droit et justice, qui est composée avecquatre partis alliés, remporte l'élection avec 43,3 % des voix, une augmentation de6 points de pourcentage. La liste garde cependant le même nombre de sièges en raison de l'entrée à la Diète de plusieurs autres partis.
Au départ, le parti se montre largement favorable au marché, bien que moins que laPlate-forme civique[51]. Il adopte la rhétorique de l'économie sociale de marché similaire à celle des partisdémocrates chrétiens d'Europe occidentale. Lors des élections de 2005, le parti passe à un discoursprotectionniste sur les questions concernant l'économie[51]. En tant que président du Conseil,Kazimierz Marcinkiewicz est plus libéral économiquement que les Kaczyński, prônant une position plus proche de celle de la Plate-forme civique[52].
La priorité de Droit et justice est donnée à la souveraineté nationale. D'un point de vue sociétal, « le modèle culturel et économique libéral est rejeté au motif qu’il menacerait les valeurs traditionnelles, nationales et catholiques »[53]. La proximité du parti avec l'Église catholique est importante et revendiquée. Selon certains observateurs, Droit et justice serait d'ailleurs en partie redevable à l'Église de son retour au pouvoir en 2015. Cette alliance s'exprime dans l'action politique : ainsi, selonLe Point, « fidèle à sa doctrine, l'Église a appuyé l'initiative d'une alliance d'organisations pro-vie, et le PiS n'a pu que suivre »[54] Cet alignement sur les positions de l'Église catholique polonaise et notamment la proposition de loi concernant une interdiction quasi-totale de l'avortement porte le risque de diviser la société, y compris le parti[54].
En matière de politique étrangère, le PiS estatlantiste et moins favorable à l'intégration européenne que la Plate-forme civique[51]. La formation est légèrementeurosceptique et s'oppose à une Europe fédérale[55]. Dans ses campagnes, il souligne que l'Union européenne devrait « profiter à la Pologne et non l'inverse ». Il est membre duParti des conservateurs et réformistes européens anti-fédéraliste, ayant déjà fait partie de l'Alliance pour l'Europe des nations et, auparavant, du Parti populaire européen (PPE/EPP)[56].
Se détournant de l'UE, le PIS décide de redonner la priorité augroupe de Visegrád, qui a refusé la politique desquotas de répartition des migrants. Alors que le gouvernement précédent avait accepté un quota de migrants, cette mesure est abandonnée par le PiS après lesattentats de Bruxelles (2016), « au motif que la Pologne devait en priorité garantir la sécurité de ses concitoyens »[53].
Pour expliquer la victoire du parti lors desélections parlementaires polonaises de 2015,Le Monde note que le parti « social conservateur » a multiplié les promesses pendant la campagne pour arriver à un programme social « très coûteux » évalué entre 40 et 60 milliards dezlotys (9 à 14 milliards d’euros). Parmi les arguments de campagne que relève la quotidien, se trouvent la baisse de l’âge de départ à la retraite à 60 ans pour les femmes et 65 ans pour les hommes (au lieu de 65 et 67), le maintien des régimes spéciaux (pour les juges, les procureurs, les agriculteurs…), les médicaments gratuits pour les personnes de plus de 75 ans et une allocation familiale de 500 zlotys par mois et par enfant. D'un point de vue économique, la politique économique du PiS est largement inspirée de la politique « non orthodoxe » deViktor Orbán : « taxation des supermarchés et des banques (qui appartiennent en grande partie à des capitaux étrangers) en instaurant une préférence nationale, taxe sur les institutions financières et renationalisation de certaines banques. »[57]
Au moment des élections législatives de 2019, la situation économique de la Pologne est parmi l'une des meilleures en Europe : la croissance atteint 5 % (contre environ 1,5 % pour les pays de l’Union européenne), le chômage est à 3,8 %, le déficit public est stabilisé à 1,6 % du PIB et la dette publique demeure sous les 50 % du PIB. Pour freiner l’émigration et relancer la natalité, le gouvernement sortant a exonéré d'impôt les travailleurs de moins de26 ans et augmenté les allocations familiales[58].
Droit et justice obtient une forte popularité en menant une politique étatique et sociale visant à établir un« État-providence à la polonaise » via notamment la mise en place d'aides familiales, la gratuité des médicaments pour les plus de75 ans, l'abaissement de l'âge de la retraite à65 ans pour les hommes et60 ans pour les femmes, la taxation des institutions financières, la renationalisation de plusieurs banques et une politique générale favorisant le développement des entreprises polonaises, dans le contexte d'une économie passé sous contrôle étranger lors de la sortie du communisme dans les années 1990. Cette politique sociale généreuse ne s'établit pour autant pas au détriment de l'économie polonaise, qui maintient un niveau de croissance élevé, et un chômage à son taux le plus bas depuis la chute du régime soviétique[59].
Selon Patrick Edery, PDG d'un cabinet de conseil en développement, les conservateurs du PiS ont prolongé le miracle économique polonais[60] (croissance élevée et chômage relativement faible) entre 2016 et 2019, assurant également la pérennité de la réussite polonaise[61] par le renouvellement de la lutte contre la corruption[62],[63],[64].
Atlantisme : le PiS a décidé de prolonger d’un an la mission de soldats polonais enIrak et aidé la mission de l’OTAN enAfghanistan par l’envoi de 1 000 soldats, en.
Sur une proposition de laLigue des familles polonaises, Droit et justice s'est engagé à établir un référendum sur la peine de mort, bien que ne faisant pas partie de ses priorités[66].
↑Le nom du parti est habituellement traduit, dans des médias francophones, par « Droit et justice ».Prawo, en polonais, signifie à la fois « droite », « droit » (la discipline) et « loi ». Quelques rares médias français utilisent la traduction « Loi et justice », qui ressemble à l'appellation courante anglophone « Law and Justice ».
↑Agnès Chetaille, « Une « autre Europe » homophobe ? »,Raisons politiques,no 49,,p. 119-140(lire en ligne) — En 2004 et en 2005, il interdit la parade homosexuelle dans Varsovie..
Cécile Barbier, « La ratification du Traité établissant une Constitution pour l'Europe »,Courrier hebdomadaire du CRISP,nos 1939-1940,,p. 5-73(lire en ligne).