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Unphilosophe (dugrec ancienφιλόσοφος /philósophos, enlatinphilosophus) est une personne qui pratique laphilosophie.
Au sens classique, un philosophe est une personne qui vit selon un certain mode de vie en se concentrant sur la résolution de questions existentielles relatives à la condition humaine.[citation nécessaire] Au sens moderne, un« philosophe » est un professionnel qui enseigne la philosophie. Il peut être chercheur ou également enseignant-chercheur.
L'origine du mot« philosophe » est inconnue. AuIVe siècle av. J.-C.,Héraclide du Pont attribue la création du mot « philosophe » àPythagore. Ce dernier ne se présentait pas comme un« sage » (σοφός /sophós), mais comme« amoureux de la sagesse » (φιλόσοφος /philósophos).Aétius va dans le sens d'Héraclite du Pont, et écrit que Pythagore« fut le premier à employer le terme de 'philosophie' »[1],[2]. Cette origine pythagoricienne a été acceptée dès l'Antiquité :Cicéron écrit par exemple, dans lesTusculanes :« Léon lui demanda sur quel art il s'appuyait ; Pythagore répondit qu'il ne connaissait pas un seul art, mais qu'il était philosophe. Léon s'étonna de ce mot nouveau »[3].
Le terme de« philosophe » traduit alors une forme demodestie : le philosophe ne se considère pas comme un sage, mais comme un apprenti en sagesse, un amateur de connaissances profondes des conséquences de ses actes, de ses paroles et tend à la maîtrise de soi-même[4].
Platon joue un rôle important dans la popularisation du terme. S'il n'a jamais écrit de dialogue qui définisse le philosophe et la philosophie, il offre aux lecteurs le personnage de Socrate, représentant de la philosophie. Afin de faire ressortir la différence entre la philosophie et la sophistique, Platon écrit des joutes entre Socrate et des sophistes, définis comme des individus qui ne cherchent pas à faire triompher la vérité, mais un point de vue particulier[4]. Il distingue le sage, qui ne peut qu'être une divinité et jamais un homme, de l'amoureux de la sagesse, qui lui est bien humain :« l'appeler sage, c'est, selon moi du moins, employer une expression ambitieuse et qui ne convient qu'aux Divinités. Mais l'appeler ami de la sagesse, « philosophe », ou d'un nom analogue, à la fois lui irait davantage et serait mieux dans la note » (Phèdre)[5]. Ainsi, le philosophe est celui qui« aspire à apprendre », l'homme qui désire savoir de façon droite, l'amoureux de connaissance, le« philomathe »[6].
Certains penseurs ou auteurs rangés au rang des « philosophes » dans les programmes scolaires ne revendiquaient pas cette étiquette ou la rejetaient explicitement, parfois au nom d'une autre discipline, par exempleFreud etMarx. D'autres considéraient leurs activités scientifiques comme philosophiques ou vice-versa, parmi lesquelsPythagore,Aristote,Avicenne,Descartes,Pascal,Leibniz ouRussell.
Les frontières de la philosophe étant floues, les caractéristiques déterminantes du philosophe le sont aussi. SiBouddha est avant tout une figurereligieuse, certains écrits bouddhistes peuvent avoir une teneur philosophique importante ; on parle alors dephilosophie bouddhiste[10].
L'histoire de la philosophie en tant que discipline retrace les origines et les causes de l'émergence de modes de pensée philosophiques dans le monde. S'il est difficile de déterminer l'identité d'un premier philosophe, plusieurs auteurs ont tracé une généalogie de la pensée philosophique depuis l'Antiquité. PourBertrand Russell, dans sonHistoire de la philosophie occidentale,Pythagore etThalès figurent parmi les premiers amoureux de la sagesse à avoir déployé une pensée philosophique. Rompant avec les explications purementthéologiques de lacosmogonie, ils mènent une enquête sur les causes et la nature des phénomènes[11].
Les philosophesprésocratiques n'ont toutefois qu'une fécondité limitée par rapport à plusieurs philosophes antiques post-socratiques, qui modèlent les canons de la philosophie et de la démarche philosophique, au moins en Occident, au Moyen-Orient et en Asie mineure. Platon, qui fonde l'Académie, enseigne et diffuse desdialogues qui assurent un enseignement didactique de la philosophie durant les millénaires qui suivent.Alfred North Whitehead a ainsi écrit que« la philosophie européenne n’est qu’une suite de notes de bas de page aux dialogues de Platon »[13]. Son disciple,Aristote, fonde leLycée et élabore une pensée inductive, il fabrique la métaphysique, science des causes de l'être, dont l'ontologie est la science première. Il connaît également une immense postérité, notamment par le biais de laphilosophie chrétienne, et est parfois appeléprince des philosophes[11].
On fait souvent débuter la modernité philosophique avec les travaux deRené Descartes, qui révolutionne la philosophie en rompant avec lascolastique (philosophie médiévale), et fonde lerationalisme moderne et lecogito (le moi pensant)[14].Emmanuel Kant est aussi considéré comme l'un des plus grands philosophes, du fait du caractère étendu et de la profondeur de ses réflexions[11]. On peut aussi citerGeorg Hegel, qui construit le dernier système total en percevant dans l'histoire le mouvement de l'être (La Raison dans l'histoire),Karl Marx qui tâche de transformer l'histoire plutôt que de la penser,Nietzsche qui annonce la mort de Dieu et de tous les systèmes,Heidegger qui revient sur l'histoire de la philosophie comme histoire de l'oubli de l'être[15].
Dans cette discipline, les femmes sont peu citées. De nombreuses philosophes sont très actives dans les universités : Marion Bernard,Elsa Dorlin, Aurélie Knüfer et beaucoup d'autres[16].
Le philosophe fait de la philosophie une activitélibre à laquelle il consacre sa vie. La philosophie suppose un certain genre de vie, ou un art de vivre.Pythagore, là aussi, intervient. Il se distingue par un genre de vie,« le genre de vie pythagoricien » (βίος πυθαγορικός /bíos puthagorikós). Et, il distingue trois genres de vie : l'action, le gain (ou la gloire), lacontemplation.
« Lorsque Léon, le tyran de Phlionte, lui demanda qui il était, il répondit : 'un philosophe' [φιλόσοφος /philósophos : amoureux de la sagesse]. Et il disait que la vie ressemble à une panégyrie [assemblée de tout le peuple]. De même que certains s'y rendent pour concourir, d'autres pour faire du commerce, alors que les meilleurs sont ceux qui viennent en spectateurs, de même, dans la vie, les uns naissent esclaves et chassent gloire et richesses, les autres naissent philosophes et chassent lavérité[17]. »
Aristote insiste sur le désir de savoir, commun aux hommes, mais central chez le philosophe :« Tous les hommes désirent naturellement savoir »[22]. Plus précisément, pourAristote[23], le philosophe est un chercheur universel : il possède la totalité du savoir, mais seulement au niveau des principes les plus élevés (par exemple, la loi logique de non-contradiction) et des causes premières et les plus générales (par exemple, la cause motrice, la nécessité) ; profond : il pense des choses difficiles, abstraites, générales, éloignées des sens, comme l'Être ; précis ; instructif ; désintéressé : il veut savoir dans le seul but de savoir, savoir ce qui est universel et nécessaire ; enfin, dominant :« il ne faut pas que le philosophe reçoive, mais qu'il donne des lois ». Finalement,« si le bonheur est la sagesse, il est manifeste que c'est aux seuls philosophes qu'il appartiendra de vivre heureux »[24].
Une révolution dans notre conception du philosophe grec a été faite parPierre Hadot. Il a démontré que, pour les Anciens, le philosophe se signale moins par des opinions, des théories, que par un « enseignement oral » et par un « mode de vie ».« Cet enseignement oral, et les œuvres écrites qui en émanent, ne communiquent pas un savoir tout fait, mais ils sont destinés avant tout à former un savoir-faire, à un savoir discuter, à un savoir parler, qui permettra au disciple de s'orienter dans la pensée, dans la vie de la cité, ou dans le monde. (…) La philosophie est un mode de vie qui comporte comme partie intégrante un certain mode de discours. »Socrate veut « rendre meilleurs » les hommes ; chezPlaton,« la dialectique n'est pas seulement un exercice logique, mais c'est le dialogue de deux âmes qui ne s'élèvent vers le bien que parce qu'elles s'aiment » ; chezAristote« la vie théorétique n'est pas une pure abstraction, mais une vie de l'esprit »[25].
Les hermétistes prétendent représenter la vraie philosophie :« Il n'y aura plus, après nous, aucun amour sincère de la philosophie, laquelle consiste dans le seul désir de mieux connaître la divinité par une contemplation habituelle et une sainte piété. Car beaucoup la corrompent d'une infinité de manières… Par un astucieux travail, ils la mêlent à diverses sciences inintelligibles, l'arithmétique, la musique et la géométrie. Mais la pure philosophie, celle qui ne dépend que de la piété envers Dieu, ne doit s'intéresser aux autres sciences que pour admirer comment le retour des astres à leur position première, leurs stations prédéterminées et le cours de leurs révolutions solaires obéissent à la loi des nombres et pour se trouver (…) portée à admirer, adorer et bénir l'art et l'intelligence de Dieu »[31].
La question selon laquelle il existerait une« philosophie chrétienne » fait encore débat.« Laquelle, de la raison ou de la foi, doit diriger l'autre ? » Les options sont contradictoires. Dès son premier livre, en 386,Saint Augustin met le doigt sur le problème de méthode ou de croyance qui se pose à un philosophe chrétien :« faut-il suivre la voie de la foi (via fidei) ou la voie du raisonnement (via rationis) ? » Il choisit les deux[34] :« Je désire ardemment saisir la vérité non seulement par la foi mais encore par l’intelligence ». Plusieurs combinaisons sont possibles : foi seule (Pierre Damien), intelligence seule (Pierre Abélard), priorité à la foi (Boèce,Thomas d’Aquin), priorité à l’intelligence (Roger Bacon), foi en quête d’intelligence (Augustin,Anselme de Cantorbéry), foi et intelligence en complémentarité, en autonomie (Lanfranc de Pavie) ou peut-être même en contradiction (Averroès,Boèce de Dacie etSiger de Brabant, selon une tradition qui parle — à tort — de « double vérité »). Force est de reconnaître que les principaux philosophes duMoyen Âge sont, quant à leur statut, moines, prêtres, papes, et, quant à leur spécialité, théologiens.
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LaurenceBoulègue (dir.),Commenter et philosopher à la Renaissance : Tradition universitaire, tradition humaniste, Presses Universitaires du Septentrion,, 314 p.(ISBN978-2-7574-1422-4,lire en ligne)
Le mouvement philosophique desLumières voit émerger une nouvelle figure de philosophes, qui réfléchit à l'organisation du monde, notamment dans le domaine politique, et y prend position, souvent en faveur d'une plus grande autonomie politique du sujet pensant. La figure du philosophe est celle décrite par Emmanuel Kant dansQu'est-ce que les Lumières ? : il faut savoir« oser penser » (sapere aude)[35]. Le philosophe des Lumières croit au progrès, il pratique le libre examen, il conteste lareligion révélée.
Ainsi, comme l'écritYvon Belaval dansHistoire de la philosophie,« la physionomie du philosophe se transforme : moins théologien, moins savant, il est, de plus en plus, l'honnête homme qui se tient au courant de l'avancement des sciences, prend parti dans toutes les querelles, se passionne pour les questions politiques en théorie ou par l'action, et, surtout, devient homme de lettres : la philosophie, désormais, s'exprime par des contes, par le théâtre, par des romans. La question reste ouverte de savoir si les philosophes jouent vraiment un rôle. La fin du siècle (répondra) en philosophie théorique, pure, parKant, et, en pratique, par la Révolution française »[36].
Émergent à cette époque des grandes figures de la philosophie commeMontesquieu,Voltaire,Denis Diderot,Jean-Jacques Rousseau,Jean le Rond d'Alembert,Helvétius,d'Holbach ; en Angleterre,Toland etHume ; en Allemagne :Wolff,Lessing etKant. Ce dernier fait parfois figure de modèle du philosophe des Lumières.Charles Peirce caractérisea posteriori le philosophe à partir de la figure de Kant :« Kant possédait à un haut degré les sept qualités mentales d'un philosophe : 1) aptitude à discerner ce qui est donné à sa conscience, 2) originalité inventive, 3) puissance de généralisation, 4) subtilité, 5) sévérité critique, 6) démarche systématique, 7) énergie, diligence, persévérance et dévotion exclusive à la philosophie »[37].
Plusieurs philosophes, œuvrant dans d'autres domaines que la pensée philosophique, ont contribué à l'essor du nouveau monde.Adam Smith est un philosophe moral etéconomiste qui fait la promotion de la libre entreprise et du modernisme[38]. Ou encoreEdmund Burke, un homme politique irlandais, pour qui une réforme devait se baser sur les traditions[38].Ralph Waldo Emerson, un écrivain américain, aborda le thème de vivre en harmonie avec la nature[38].Auguste Comte, un Français, regardait chaque science pour y faire valoir leur propre méthodologie[38].
L'époque contemporaine voit émerger une nouvelle figure du philosophe. On trouve notamment, enFrance, les philosophes enseignants-chercheurs universitaires, tels queClaude Lévi-Strauss,Paul Ricœur,Michel Foucault,Jules Vuillemin, ou encoreJacques Derrida.Luc Ferry retient, parmi les philosophes modernes, plusieurs traits[39]. Il considère que, tout d'abord, les philosophes contemporains ne cherchent plus à« forger un « système » philosophique ». Aussi, les philosophes contemporains ne chercheraient plus tant à construire de nouveaux systèmes qu'à opérer une déconstruction critique des grandes philosophiques qui les ont précédés, dont notamment« l'idéalisme allemand [et] la philosophie de la subjectivité telle que Descartes l'avait mise en place ». Par conséquent, la philosophie deviendrait« historienne en déconstruisant les grandes théories du passé »[39].
Luc Ferry soutient qu'« Au fil des années soixante, quelque part entre Sartre et Foucault déjà, l'image du philosophe s'est dédoublée en France comme jamais dans les siècles passés. D'un côté le professeur, qui n'est pas nécessairement un penseur original, mais avant tout un historien de la philosophie. De l'autre, l'essayiste, « l'intellectuel » qui intervient dans le débat public. Le commentaire d'un côté, l'engagement de l'autre, mais point, là comme ici, de créateur singulier »[39].
Les philosophes se divisent, quant aux idées, en de nombreuses doctrines :rationalisme/empirisme,spiritualisme/matérialisme,dogmatisme/scepticisme/relativisme. Mais, ils se distinguent aussi, au sein du mode de vie philosophique, par leurs profils de penseurs, leurs styles de pédagogues, leurs manières en méthodologie.
Platon oppose les« Fils de la Terre » aux« Amis des Idées »[40]. Il peut s'agir d'une opposition doctrinale ou des rivalités d'école, mais il s'agit peut-être de tendances à philosopher. Les Fils de la Terre privilégient les corps matériels, ils ne croient qu'en ce qu'ils touchent ; en revanche, les« Amis des Idées » privilégient les essences intelligibles, les normes idéales, ils se fient à la pensée.
Leibniz distingue deux profils philosophiques : les espritscombinatoires, commeGalilée, et les espritsanalytiques, commeDescartes[41] :« Il y a deux méthodes : synthétique, c'est-à-dire par l'art combinatoire, et analytique. L'une et l'autre peuvent montrer l'origine de la découverte, ce n'est donc pas le privilège de l'analyse [comme le soutient Descartes]. La différence est que l'art combinatoire, à partir d'éléments plus simples, dévoile une science (…) ; l'analyse, par contre, réduit le problème proposé à des éléments plus simples »[42].
Nietzsche oppose« les ouvriers de la philosophie » aux« vrais philosophes ». Les premiers,« dont Kant et Hegel sont les nobles modèles », étudient, déchiffrent, rendent claires« les valeurs établies et créées »,« mais les vrais philosophes commandent et font la loi, ils disent : "Il doit en être ainsi" ! »[43].
William James affirme que« l'histoire de la philosophie est en grande partie celle du heurt entre tempéraments[44]. » L'esprit tendre (tender-minded) est rationaliste, il s'intéresse aux abstractions et aux principes éternels, il suit ou accepte la religion et lamétaphysique, il estoptimiste, il croit en la volonté libre, il cherche la certitude ; l'esprit dur (tough-minded) apprécie les faits et l'expérience, il estmatérialiste et, en général,réductionniste, il estpessimiste etfataliste, il ne trouve que peu de certitude et se contente de laprobabilité[45]. Selon lui, il y a deux esprits philosophiques. D'une part, il y a l'esprit tendre qui se base sur les principes et est donc rationaliste. Il est aussi intellectualiste, idéaliste, optimiste, religieux, volontariste, moniste et dogmatique. D'autre part, il y a l'esprit dur qui est tout à fait le contraire puisqu'il prône les faits, faisant de lui un empiriste. Empiriste, mais aussi sensualiste, matérialiste, pessimiste, irréligieux, fataliste, pluraliste et sceptique.
La valorisation de laconnaissance dans laculture occidentale fait que le philosophe est largement considéré, à tort ou à raison, comme le sommet du prestige intellectuel. Mais, ce statut est aussi souvent remis en cause, et cela, pour des raisons qui apparaissent depuis l'Antiquité, comme l'instrumentalisation de la philosophie par des opportunistes, ou parce qu'il arrive qu'il y ait des malentendus sur ce que l'on peut attendre de la philosophie. Ce prestige de la philosophie a aussi souffert du développement du monde moderne, de la professionnalisation de cette discipline, de la massification des études et du fait qu'auXXe siècle de très rares philosophes ont développé des sciences.
Dans le monde moderne, le philosophe peut paraître inutile, d'une part face auxsciences qui prétendent parfois être la source unique de laconnaissance, d'autre part face aux idéaux de confort et de bien-être des sociétés démocratiques, idéaux soutenus par la science. L'esprit moderne n'est donc peut-être pas compatible avec la discipline de l'esprit et de la vie exigée par une pratique de la philosophie qui ne semble pas rentable. Bien plus, aux yeux du philosophe, la culture moderne comporte bien des aspects pour le moins douteux. La « substitution » de la philosophie par les sciences à l'époque moderne est en quelque sorte unparricide. La pensée philosophique est, en effet, à l'origine de toute pensée rationnelle en Occident.
Dans laGrèce antique, modèle de modernité à son époque, les gens faisaient systématiquement appel auxmythes, aux opinions pour expliquer les mystères du monde. Ce n'est qu'avec l'arrachement de conscience que constitue la philosophie, l'effort fait pour se dégager du mythe par les philosophes, que la pensée occidentale a pu accéder à un niveau rationnel de réflexion. Elle a ainsi donné naissance à la pensée rationnelle, logique, qui est le substrat nécessaire à toutes autres sciences ultérieures[46],[47]. Les philosophes encourageaient l'éducation pour établir une société ordonnée sans enlever la liberté du citoyen :« Ce travail toujours difficile, mais toujours agréable est, je pense que, ce qu’avaient à l’esprit les philosophes lorsqu’ils soulignaient l’importance qu’ils accordaient à l’éducation. Ils sentaient que l’éducation est la seule réponse à la question éternellement pressante, à la question politique par excellence, celle de savoir comment concilier un ordre qui ne soit pas oppression avec une liberté qui ne soit pas licence »[48].
Le philosophe peut donc apparaître soit comme un vestige archaïque de temps révolus, soit au contraire comme un défenseur d'une vie authentique menacée par la rationalisation outrancière dessociétés marchandes et par la dévalorisation que de tels systèmes de consommation font subir aux individus. Ainsi, si la place des philosophes dans la société est un problème soulevé depuisPlaton, ce problème est remarquable auXXIe siècle par la force avec laquelle il se pose : il remet en cause la légitimité même de la philosophie.
Expatriation. Plus de 13 % des philosophes sont nés à l'étranger, dans les colonies. Plus de 54 % des philosophes ont vécu à l'étranger :Descartes en Hollande,Hobbes 11 ans en France, etc.
Acceptation de la langue culturellement dominante. 23 % des « grands philosophes » ont parlélatin (jusqu'en 1889), 21 %grec, 21 %français, 13 %anglais (cette langue devient dominante auXXIe siècle).
Refus de la religion idéologiquement dominante. Le philosophe commence souvent sa carrière par un conflit avec l'Église ou avec les croyances admises. Les « grands philosophes » sont chrétiens à 51 %, sans religion à 27 % et païens à 19 %.
Profession. 43,7 % des philosophes furent enseignants, les autres religieux (20,9 %), personnalités politiques (9,3 %), sans profession (4,9 %), médecins (4 %), avocats ou juristes (3,1 %), éditeurs ou journalistes (3,1 %), aucun ou presque artisan (Henry Thoreau), paysan (Gustave Thibon) ou marin (Michel Serres).
Orphelins. 68 % des grands philosophes sont orphelins à cinq ans.
Pas de précocité. En moyenne statistique, la première œuvre est publiée à 27 ans, l'œuvre maîtresse à 42 ans.
La démence est rarissime, sans incidence sur la pensée, car elle est passagère (maniaco-dépression d'Auguste Comte) ou survient en fin d'existence (paranoïa de persécution deRousseau, méningo-encéphalite syphilitique deNietzsche).
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Pierre Thuillier écrivit contre les philosophes professionnels unpamphlet nomméSocrate fonctionnaire, essai contre l'enseignement de la philosophie à l'université. Perçu lors de sa sortie comme un suicide professionnel, l'ouvrage rencontra cependant le succès.
La planète des sages - Encyclopédie mondiale des philosophes et des philosophies, du philosopheCharles Pépin, en collaboration avecJul, Dargaud, 2011,(ISBN978-2205-06852-8)
↑abc etdBertrandRussell,Histoire de la philosophie occidentale: en relation avec les événements politiques et sociaux de l'Antiquité jusqu'à nos jours, Les Belles lettres,(ISBN978-2-251-20018-7,lire en ligne)
↑OlivierRenaut et ArnaudMacé,« L’univers au service de la cité : l’image publique du philosophe », dans Arnaud Macé (dir.),Le Savoir public : La vocation politique du savoir en Grèce ancienne, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté,(ISBN978-2-84867-456-8,DOI10.4000/books.pufc.23637,lire en ligne),p. 103–165
↑abc etdLuc Ferry, apud Jean-François Dortier (coord.),Philosophies de notre temps, Auxerre, Éditions des sciences humaines, 2000 ; Luc Ferry et Alain Renaud,Philosopher à 18 ans, Paris, Bernard Grasset, 1999,p. 289, 293.
↑Jean-Pierre Vernant,Les origines de la pensée grecque (1962), Paris, PUF,Quadrige, 2007.
↑Alexandre Koyré,Études galiléennes, Paris, Hermann, 1939, 3 t. ;Du monde clos à l'univers infini (1957), trad. de l'an., Paris, Gallimard,Tel, 1988, 350 p.
↑Leo Strauss,La persécution et l'art d'écrire,p. 42
↑Pierre Riffard,Les philosophes : vie intime, Paris, PUF,Perspectives critiques, 2004.