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Lespeuples turciques, anciennement appeléspeuples turcs, sont un vaste groupeethno-linguistique de peuples qui a pour particularité d'avoir comme langue originelle une langue de la famille deslangues turciques.
Durant les siècles qui suivent, l'Asie centrale semble s'être turquisée par une succession devagues migratoires en provenance deMongolie dont la première a débuté vers leIIe siècle av. J.-C. et fut conduite par ce qui semble être lesHuns[29]. Ces derniers ont sans doute linguistiquement et culturellement assimilé les populationsindo-européennes autochtones (comme lesScythes, lesSogdiens ou lesTokhariens), laissant la voie à la diffusion des langues turques au sein de l'Eurasie[29].
Le nomTürk est dérivé duvieux turc 𐱅𐰇𐰼𐰰Türük/Törük[31] pouvant signifier « créé, né »[32] ou « fort »[33]. Il est aujourd'hui généralement accepté que le nom est ultimement dérivé de la racine*türi-/töri- « ancêtre (mythique), racine tribale, naître, apparaître, surgir » suivi du suffixe-ik (𐰰), du proto-turc*türi-k « lignée, ancêtre »[31],[34].
La plus ancienne mention du termeTürk (vieux turc𐱅𐰇𐰼𐰰Türük ou𐱅𐰇𐰼𐰰:𐰜𐰇𐰛Kök Türük,chinois突厥,pinyin:Tūjué <chinois médiéval*tɦut-kyat <*dwət-kuɑt,tibétain anciendrugu)[35],[36],[37],[38] ne s'appliquait qu'à un seul groupe turcique, lesGöktürks[39], également mentionnés sous le nom detürüg ~ török dans les inscriptions de Hüis Tolgoi duVIIe siècle[40],[41],[42]. Les textes chinois duLivre de Zhou (VIIe siècle) mentionnaient les peuples turciques (Göktürk) comme « une race particulière desHiong-Nou », et considéraient qu'ils tiraient leur nom du mot « fer » dans leur langue natale[43].
Une lettre de l’Empereur deChineSui Wendi aukhan köktürk Isbara l’identifie comme le « grand khan turc » en585[44],[45]. Les stèles de Bugut et de l'Orkhon, dans l'actuelleMongolie, font usage des termesTürküt,Türk etTürük[46].
L'anglais comme lefrançais, utilise respectivement « Turkish » pour désigner les Turcs et « Turkic » pour désigner l'ensemble des peuples turciques. L'expression« peuples turcs » est utilisée en français jusqu'à la fin duXXe siècle, à partir de quoi elle est remplacée par l'expression« peuples turciques » dans la littérature universitaire et scientifique[47],[48],[49],[50],[51],[52].
L'origine des peuples turciques est longtemps sujette à de nombreux débats, une apparition entre lasteppe transcaspienne enAsie centrale et laMandchourie enAsie de l'Est (incluant les montsAltaï) ayant souvent été suggérée[53].
Si l'origine ancestrale du peuple et de la langue proto-turcique est connue, le lieu et la date exactes d'apparition restent encore flous : les résultats des analyses phylogénétiques bayesiennes de Robbeets et Bouckaert en 2018 donnent une date approximative de 7200av. J.-C.
D'après l'étude de ces derniers, la langue proto-turcique serait divisée en deux phases : le proto-turcique précoce dont l'économie de subsistance de ses locuteurs était probablement basé sur un mélange entre l'agriculture et lachasse-cueillette; et le proto-turcique tardif qui se caractérise par le développement d'un vocabulaire extensif lié aux champs lexicaux dunomadisme et dupastoralisme — lorsque le nomadisme pastoral est devenu la base de la subsistance des proto-turciques[28]. Cette transition de mode de vie aurait d'ailleurs permis par la même occasion des interactions culturelles et économiques avec les peuplesindo-européens nomades d'Asie centrale et des emprunts lexicaux tirés de leurs langues, plus particulièrement deslangues iraniennes orientales[28]. Les auteurs indiquent également que la présence d'un mot pour désigner une très grande surface d'eau (probablement la mer) et d'un vocabulaire de base relatif à l'agriculture soutiennent une origine ultime au nord-est de la Chine, non loin des côtes maritimes (sans doute de lamer Jaune)[28].
Territoire contrôlé par les Xiongnu vers l'an -250.
LesXiongnu sont une confédération nomade mentionnée dans les sources chinoises pour la première fois auIIIe siècle av. J.-C., fondée parTouman (ou son filsModu). Chaque dirigeant portait le titre de « Chanyu ».Ils étaient constamment en conflit contre la Chine.
Aujourd'hui, il est communément admis qu'ils étaient au moins en grande partie turciques et locuteurs d'une langue turcique[56],[57],[58],[59],[60].Une étude publiée en 2018 dans la revueNature parvient à cette même conclusion et supporte l'idée que le proto-turc ait pu être la langue majoritaire des groupes Xiongnu[29].L'écriture Xiongnu, plus vieille que l'alphabet turc de l'Orkhon, semble avoir donné naissance à ce dernier, suggérant un lien de parenté[61].
Certaines tribus Xiongnu commencent à s'étendre vers l'ouest dès leIIe siècle av. J.-C., se mélangeant auxScythes et faisant progressivement disparaître la culture et la langue de ces derniers[29]. Ces évènements font basculer l'Asie centrale d'une région dominée par des locuteurs indo-européens d'ascendance ouest-eurasienne à une région turcophone et d'ascendance principalement est-asiatique[29],[62],[63].À partir duVe siècle, environ trois siècles après la désintégration de l'empire des Xiongnu,Attila dirige la confédération hunnique, il conquiert et envahit une grande partie de l'Europe.
Beaucoup des noms utilisés par les Huns semblent être d'étymologie turcique[64],[65].
À partir duXe siècle, les soldats turciques descalifesabbassides s'imposent en dirigeants duMoyen-Orient musulman, à l'exception de la Syrie et de l'Égypte. Les Turciquesoghouzes et d'autres tribus s'emparent du contrôle de diverses régions sous l'égide de ladynastieseldjoukide, s'appropriant plus tard les territoires abbassides etbyzantins.
Simultanément, les Kirghizes et Ouïghours se battaient entre eux et contre le puissant empire de Chine. Enfin, les Kirghizes s'installèrent définitivement dans la région aujourd'hui appeléeKirghizistan. LesTatars s'installèrent quant à eux dans le bassin de laVolga, évinçant du pouvoir local lesProto-Bulgares de la Volga. Cette région, qui s'appelle aujourd'huiTatarstan, est une république autonome de la fédération deRussie ; ses grandes villes, notammentKazan, sont dotées d'une ou plusieursmosquées, les Tatars étant traditionnellement musulmans.
À la suite de la grandeinvasion mongole duXIIIe siècle, l'empire seljoukide est sur le déclin et c'est sur cette base qu'émerge l'Empire ottoman, sans doute le plus connu des empires turciques, pour la richesse de son histoire et sa durée, occupant finalement des régions allant desBalkans à l'Irak et du sud de la Russie à l'Afrique du Nord. Simultanément, d'autres groupes turciques fondèrent des états de moindre envergure, comme lesSafavides d'Iran et l'Empire moghol au nord de l'Inde. Des guerres successives contre laRussie et l'Autriche-Hongrie, ainsi que la montée du nationalisme dans lesBalkans seront les causes principales du déclin de l'Empire ottoman ; sa chute définitive survient à l'issue de laPremière Guerre mondiale et donne naissance à l'état actuel de Turquie.
Quoi qu'il en soit, les ressemblances entre les diverses langues turques contemporaines semblent indiquer que l'éclatement initial du noyau géographique originel turc est un phénomène relativement récent, sauf en ce qui concerne lesTchouvaches et lesIakoutes.
Un des principaux obstacles que l'on rencontre lorsqu'on essaie de classer les divers dialectes, langues, peuplades et groupes ethniques turcs est l'effet qu'ont eu l'Union soviétique et la politiquestalinienne sur les nationalités. Les modifications de frontières existantes et les déportations massives ont eu des impacts considérables sur des régions traditionnellement diversifiées au niveau ethnique. De ce fait, le classement ci-dessus n'est en aucune manière considéré comme vérité absolue, tant au niveau global que dans le détail. À cela s'ajoutent des éléments relativement nouveaux dus à l'évolution de la situation géopolitique des pays de l'ex-bloc communiste à la suite de la chute de ce dernier, comme l'émergence d'un esprit nationaliste dans les républiques d'Asie centrale.[réf. nécessaire]
L'anthropologueracialisteAdolphe Bloch propose en1915 de catégoriser les peuples turciques en deuxtypes (letype blanc et letype jaune) apparentés et exclut l'idée d'unmétissage[67]. LesTurcs primitifs seraient de lavariété de la race jaune asiatique qui ensuite a évolué pour acquérir d'autres caractères anthropologiques [...]en passant de la vie nomade à la vie sédentaire. Il s'agit d'une transposition d'une théorie définie en 1901 selon laquelleune race de couleur peut se transformer en race blanche sans l'intermédiaire d'aucun mélange, cette transformation passant par la sédentarisation et par un développement « civilisationnel »[67]. Cette transition d'untype noir oujaune vers untype blanc a été également envisagée chez les populationskhazares et chez lesHuns. Pour Adolphe Bloch, lesTurcs noirs sont lesKara-kirghizes et lesTurcs blancs sont lesOsmanlis. Cette distinction se base sur des critères physiologiques tels que l'indice céphalométrique, la pilosité ou la couleur des yeux et des cheveux[67]. Cette approcheracialiste etsuprémaciste n'a plus de validité scientifique depuis le milieu duXXe siècle[68].
Les peuples turcs sont d'apparence physique variée. La majorité de ceux d'Europe orientale, deTurquie et duCaucase sont de type caucasien ou oriental, avec le teint et les yeux sombres, des cheveux noirs, mais on trouve aussi des blonds, châtains ou roux issus de métissage avec des Européens (notamment slaves) qui étaient convoyés vers l'Empire Ottoman comme esclaves (lesjanissaires), tandis que ceux originaires de la région méditerranéenne ou de l'Anatolie orientale ont plus souvent des yeux bruns, des cheveux bruns/noirs et la peau mate. Enfin, les peuples turcs d'Asie centrale —Ouzbeks,Kazakhs,Hazaras,Turkmènes,Kirghizes,Tatars,Ouïghours, etc. — sont de typemongoloïde qui sont les Turcs originaux, non métissés.[réf. nécessaire]
Les linguistes considèrent que les langues turques,mongoles ettoungouses forment une famille dite « altaïque ». Elles possèdent beaucoup de points communs, comme l'harmonie vocalique : les voyelles sont partagées en deux groupes et chaque mot ne peut contenir que des voyelles d'un seul groupe. Ce sont deslangues agglutinantes : les mots ne peuvent être dérivés que par adjonction de suffixes. Il n'existe pas de préfixe ou d'infixe comme dans leslangues indo-européennes. Ces langues possèdent en revanche peu de vocabulaire en commun, ce qui peut faire douter qu'elles soient d'origine commune. Leurs ressemblances peuvent, en partie, s'expliquer par un long voisinage de leurs locuteurs.
Les Turciques possèdent des points communs avec les peuples sibériens, comme la pratique duchamanisme.C'est en Sibérie que cette religion se trouve sous sa forme la plus pure. Elle est d'ailleurs la religion exclusive des peuples sibériens. Le mythe du loup ancêtre est commun aux Turcs, aux Mongols, aux habitants de laSibérie et de l'Amérique du Nord. Ces similitudes n'ont rien d'étonnant, puisque ces derniers sont originaires de Sibérie.[réf. nécessaire]
Les Turciques ont d'autres points communs cette fois avec les anciens Mongols. Leur principale divinité était le dieu du ciel, appeléTengri par les Turciques et Tängär par les Mongols. Il avait pour compagne la déesse de la fécondité appeléeUmay, commune aux Turciques et aux Mongols. Ces deux peuples utilisaient le terme turc dekhan pour désigner leurs rois, et dekhagan qui est un titre équivalent à un empereur. Ils ont eu un mode de vie nomade, utilisant layourte comme habitation. Ces similitudes témoignent d'une période de coexistence des Turciques et des Mongols, durant laquelle les deux peuples se sont mutuellement influencés.
Durant leur expansion vers l'ouest, les Turcs se sont mêlés auxScythes, qui habitaient de l'Asie centrale à laPannonie[29].C'est la raison pour laquelle il est difficile de définir une ethnie turque pure. Par exemple, en arrivant dans lebassin du Tarim, lesOuïghours se sont métissés avec les anciens habitants de cette région, lesTokhariens.[réf. nécessaire]
Dans l'ensemble, les peuples turciques sontmusulmanssunnites. Cependant, de nombreuses personnes en Turquie orientale sontalévis, et la majorité des peuples turciques d'Iran et d'Azerbaïdjan (Azéris) sont musulmanschiites.
Certains groupes ethniques ont même conservés leurs traditionschamanistes, tandis que la majorité ont adopté l'Islam dès leVIIIe siècle. On les trouve principalement dans les régions et républiques autonomes de Russie voisines du massif de l'Altaï, enKhakassie et àTouva, à la frontière mongole.
Les turciques d'Asie centrale pensaient qu'il fallait faire, pendant que la lune croit, tout ce qui est lié à la prospérité et la croissance. Ils attendaient ainsi, par exemple, la nouvelle lune pour faire la guerre afin de faire croître leur territoire[69].
Certains discours nationalistes font référence au « monde touranien », c'est-à-dire une grande région ou même un grand empire englobant tous les peuples turciques. Selon cette idée, cet empire irait duTurkestan à l'est jusqu'auxBalkans à l'ouest et de laCrimée au nord jusqu'auProche-Orient au sud. Les Russes, les Chinois, les Iraniens et les Arabes sont hostiles à cette idéologiepanturquiste et voient d'un mauvais œil un rapprochement entre les différents peuples turcs.
D'un autre côté, la plupart desmusulmans considèrent les peuples turciques comme partie intégrante d'un « monde musulman » élargi, englobant l'Indonésie, lePakistan, les pays arabes, les musulmans desBalkans, duCaucase, etc., et formant un ensemble intégré.
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