Cette espèce porte lenom normalisé de perruche à collier en référence à la bande colorée de plumes, noire dans le cou et rouge sur la nuque, que les mâles ont.
Elle possède unplumage à prédominance verte. La queue est longue et présente des nuances bleu azur à métallique. Le ventre et le dessous des ailes sont jaunâtres à verdâtres, parfois un peu jaune crème. Une ligne noire relie lacire (base du bec) aux yeux. La mandibule supérieure du bec est rouge, alors que l'inférieure est noire.
Elle se distingue bien de laPerruche alexandre, par sa taille nettement moins grande, et par son bec, beaucoup moins puissant relativement à la taille de sa tête.
Le mâle se distingue par un collier noir qui s'étend du bec au cou ainsi que par une mince bande rouge sur la nuque[1] ;
La femelle et les juvéniles des deux sexes (jusqu'à l'âge de 3 ans) sont souvent plus clairs et ont une queue plus courte ; ils ne présentent pas de collier ou alors un simple ombrage gris et des bandes claires sur la nuque (toujours de même couleur mais de teintes plus pâles que le plumage environnant).
La perruche à collier se nourrit essentiellement defruits et degraines. Elle est opportuniste. EnAfrique, son alimentation est basée sur les fruits (comme ceux desFicus et desbaobabs, lesfigues, lesmangues et lesgoyaves) et les graines.
En Europe, l'espèce préfère les milieux urbains où la température est plus élevée et où elle peut trouver sa pitance (fruits, graines, pousses) en particulier dans les mangeoires à oiseaux. On ne lui impute donc pas pour l'instant de préjudices important aux récoltes en Europe[2]. Elle est par contre considérée comme un fléau pour les récoltes de céréales et de fruits en Asie[3].
En captivité, la nourriture préférée de cet oiseau est constituée par des végétaux variés (amandes,arachides,baies,céréales, fleurs comestibles, fruits, germes de graines et/ou delégumineuses, légumes, légumineuses très cuites, noix, pâtes alimentairesal dente,quinoa,riz, verdure…).
Lanidification est dite cavernicole, ce qui signifie que les pontes se font dans des anfractuosités, souvent dans desarbres creux. Les vieuxplatanes sont souvent utilisés. Les couvées sont de 2 à 6 œufs qui sont incubés 21 jours. Les jeunes, en général 2 à 3, sont nourris au nid pendant environ quarante jours[3].
Le vol est rapide et direct, associé avec des cris lors des vols en groupe.
Les perruches à collier sontgrégaires lors de leurs périodes d'alimentation et de reproduction. Elles se rassemblent à la tombée du jour sur un arbre dortoir pour y passer la nuit. Au petit matin elles s'envolent pour se nourrir. Lors de la période de reproduction (mars-avril), le dortoir est en général abandonné au profit des sites de reproduction jusqu'à l'automne.
La gamme de cris émis est assez distinctive. Ils sont aigus, et ce sont surtout des sifflements[4] :kyii ;kiiik ;kiii-ah ;kiii-ak ;trriit. On dit qu'elle siffle ou jacasse.
La perruche à collier a été introduite en Europe et en Amérique à partir de son aire de répartition naturelle. Des populationsférales existent dans toute l'Europe de l'Ouest et notamment enAngleterre[5], en Espagne, en Italie, en Allemagne, aux Pays-Bas[6] et en France[2]. Elles sont récemment signalées en Afrique du Nord auMaroc dans un jardin public deRabat[7].
ÀBruxelles, à titre d'exemple, la population des perruches à collier est évaluée à plusieurs milliers d'individus et est en pleine expansion[8]. L'origine de la population bruxelloise remonte à 1973-1974. Une quarantaine de perruches à collier s’envole du zoo deMeli Park Heysel. Quarante ans plus tard, elles se sont reproduites et leur nombre est évalué à plus de 8 000 individus[9]. Elle est également présente enÎle-de-France depuis plusieurs années, passant de 1 100 individus en 2008 à plus de 5 000 en 2016[10], notamment dans les parcs et jardins ; elles ont d'abord été signalées près des aéroports d'Orly etCharles-de-Gaulle, par lesquels elles sont probablement arrivées[11],[12],[13]. On les trouve aussi dans lemidi de la France[14],[15] ainsi que dans d'autres villes françaises comme dans la banlieue deLille[16] ou àNancy[17].
Au début des années 2000, certains spécialistes se sont inquiétés de la concurrence avec les espèces aviaires locales telles que lemoineau domestique, lasittelle torchepot et l'étourneau sansonnet[18] dont les habitudes de nidification sont similaires, ou avec des espèces de chauve-souris telle lagrande noctule[19]. Il a été reporté plusieurs cas en Île-de-France où les perruches pourraient avoir attaqué des écureuils roux[20] mais la confirmation scientifique de ces cas et de leur caractère répété n'a pu être démontrée. En raison de ces inquiétudes et de son expansion cette perruche est parfois considérée comme uneespèce invasive[21],[22],[23] et en France, elle est considérée comme uneespèce exotique envahissante[24].
Face à ces inquétudes, une vaste étude scientifique publiée en 2019 a conclu, qu'en Europe, la concurrence de cette perruche sur les autres oiseaux est en réalité très relative[25] et le magazineReporterre estime qu'il n'y a pas lieu de la qualifier d'espèce invasive[26]. Il n'en est toutefois pas de même dans certaines îles tropicales à l'écosystème fragile, où les perruches représentent un danger pour les espèces locales. Les Seychelles ont conduit avec succès un programme d’éradication par tir[27].
L'espècePsittacula krameri est subdivisée en quatre sous-espèces très proches morphologiquement mais ayant des aires de répartition différentes
En Afrique
P. k. krameri, communément appelée perruche à collier-africaine nominale (Scopoli, 1769) localisée du Sénégal à l'Ouest de l'Ouganda et au Sud du Soudan ;
P. k. parvirostris, communément appelée perruche à collier-abyssinienne (Souance, 1856) localisée de l'Est du Soudan au Nord de l'Éthiopie et en Somalie.
En Asie
P. k. borealis, communément appelée perruche à collier-boréale alias de Neumann (Neumann, 1915) localisée de l'Est du Pakistan jusqu'au Myanmar ;
P. k. manillensis, communément appelée perruche à collier-indienne (Bechstein, 1800) localisée au Sud de l'Inde et au Sri Lanka.
Les différences morphologiques entre sous-espèces sont mineures et concernent la taille de l'oiseau, celle de son bec et la couleur de ce dernier.
Les perruches à collier sont très appréciées des éleveurs. Elles sont robustes et faciles à élever. Ces perruches sont essentiellement de la sous-espèceP. k. manillensis, plus rarementP.k. borealis etP. k. krameri. Les perruches à collier implantées en Europe sont très probablement des perruches d'élevage libérées ou échappées. De nombreusesmutations de la couleur du plumage ont été sélectionnées : lutino, bleu, bleu turquoise, albinos, crème-ino, cinnamon, lacewing, buttercup[28]…
Exemples de mutations de couleurs par élevage
Mutation bleue.
Femelle vert-turquoise et mâle turquoise chrysope (mutations rares).
Femelle lutino et mâle cinnamon turquoise (juvéniles).
LeTemple de Minakshi abrite dans son enceinte unmandapa appeléகிளிக்கூண்டு மண்டபம் (Kil̤ikkūṇḍu maṇḍapam) ou « Pavillon de la cage à perruche », réputé pour avoir abrité des colonies de perruches répétant le nom de la déesse[29]. Les dévots avaient coutume d'offrir des perruches au sanctuaire jusqu'en 2005, lorsque ce dernier, sous la pression des organismes de défense desdroits des animaux, libère les oiseaux captifs et s'engage à mettre fin à cette pratique[32]. Letemple de Sri Ranganathaswamy àSrirangam a également dans son enceinte un mandapa du nom deகிளி மண்டபம் (Kil̤i maṇḍapam) ou « Pavillon de la perruche ». Ce dernier tient son nom d'un mythe sur l'histoire du sanctuaire, qui aurait été un moment perdu, enseveli sous les sables duCauvery, jusqu'au jour où un roichola, intrigué par les cris d'une perruche psalmodiant le nom deRanganatha et la grandeur de sa demeure, fut attiré en ces lieux et finit par identifier et reconsacrer le temple[33],[34].
Une perruchetireuse de cartes, chez un praticien deParrot astrology à Serangoon Road,Singapour.
Dans cette même région (Tamil Nadu etAndhra Pradesh), la perruche à collier est une des espèces plébiscitées par desdiseurs de bonnes aventures pratiquant leகிளி ஜோசியம் (Kil̤i josiyam) ouచిలక జ్యోతిష్యం (Cilaka jyotiṣyaṃ) ou « Astrologie de la perruche », qui consiste en une sorte detarot divinatoire tiré par l'oiseau[35],[36]. Cette pratique connue en anglais commeParrot astrology, a été répandue par les communautés émigrées sud-indiennes dans lemonde malais[37],[38], où une perruche nommée Mani the parakeet est particulièrement célèbre pour ses prédictions lors de lacoupe du monde de football de 2010[39].
La perruche à collier était un oiseau de compagnie élevé et prisé en Europe depuis l'Antiquité grecque et romaine, où l'on trouve aussi laperruche alexandre, mais aussi durant tout leMoyen Âge. Elle fait partie des oiseaux les plus souvent représentés dans l'art européen antique et médiéval. Elle conserve une popularité particulière à la fin du Moyen Âge et à laRenaissance[41],[42],[43]. Ainsi on retrouve de nombreuses illustrations et mentions de cette espèce, fortement assimilée auPapegau et désignée en tant que tel[41],[42],[43].
Très présentes dans les enluminures médiévales, on peut remarquer par exemple quatre illustrations de perruches à collier dansLes Grandes Heures du duc de Berry, dont deux « jaunes », c'est-à-dire d'oiseau ayant la mutation lutino[43]. Le ducJean de Berry aurait été en possession de pareil spécimen dans saménagerie[43].
Parmi le cycle des tapisseries deLa Dame à la Licorne, la tenture du Goût présente une perruche verte, identifiée par De Gendt comme une perruche à collier[45], posée sur la main de la Dame, qui lui porte pitance.
Le roiFrançois Ier est représenté en compagnie d'une perruche à collier mâle dans sonportrait en Saint Jean-Baptiste, peint parJean Clouet vers 1520. Une femelle de l'espèce apparaît également dans un portrait deMarguerite de Navarre réalisé autour de 1530 également par Clouet. La Perruche à collier semble avoir été privilégiée parmi les derniersValois[46].
↑a etbClergeau P., Vergnes A., Delanoue R. (2009) La perruche à collierPsittacula krameri introduite en île-de-France: distribution et régime alimentaire.Alauda (Revue internationale d'Ornithologie) 77(2):121-132.
↑Clergeau P., Vergnes A., Delanoue R. (2009) « La perruche à collierPsittacula krameri introduite en île-de-France : distribution et régime alimentaire »,Alauda (Revue internationale d'Ornithologie) 77(2):121-132.
↑Dubois P.J., Le Maréchal P., Oliosa G., Yésou P.Nouvel Inventaire des oiseaux de France. Ed Delachaux et Niestlé, Paris 2008(ISBN2603016229)
↑Flitti A., Kabouche B., Kayser Y., Olioso G.,Atlas des oiseaux nicheurs de Provence-Alpes-Côte d'Azur. Ed Delachaux et Niestlé, Paris 2009(ISBN2603016229)
↑[PDF]Dubois, P.J. (2007), « Les oiseaux allochtones en France: statut et interactions avec les espèces indigènes »,Ornithos 14(6):329-364.
↑OFB & UICN France, « Psittacula krameri », surBase d’information sur les espèces exotiques envahissantes. Centre de ressources Espèces exotiques envahissantes,(consulté le).
Berthier Alizé, Clergeau Philippe et Raymond Richard, « De la belle exotique à la belle invasive : perceptions et appréciations de la Perruche à collier (Psittacula krameri) dans la métropole parisienne »,Annales de Géographie, Armand Colin, n° 716, 2017, p. 408-434.
Dubois P. J., Le Maréchal P., Olioso G., Yésou P. (2008)Nouvel inventaire des oiseaux de France, Éd. Delachaux et Niestlé.
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Flitti A., Kabouche B., Kayser Y., Olioso G. (2009)Atlas des oiseaux nicheurs de Provence-Alpes-Côte d'Azur, Éd. Delachaux et Niestlé, Paris.