Carte de laGironde.Le pays Gabay au sein de l'aire linguistique du saintongeais correspond approximativement à la région duBlayais et du Nord-Libournais.
À la fin de laGuerre de Cent Ans (1453) qui se solde par une victoire des armées du Roi de France (Bataille de Castillon), laGuyenne est ruinée et dépeuplée par les pertes humaines causées par les combats entreGascons etAnglais d'un côté et Français de l'autre.
Les seigneurs gascons locaux font alors appel en masse à la main d’œuvre étrangère (Poitou,Angoumois,Saintonge,Limousin, mais aussiPérigord) pour cultiver les terres laissées à l’abandon.
L’autre appel de bras venus de territoires étrangers à laGascogne fut conséquent aux pertes humaines causées par lapeste noire qui sévit dans la région de 1520 à 1527.
Ils sont nommés par lesGascons "Gavaches" et on appelle ce noyau isolé la « Gavacherie », les « Gavaches » étant des « étrangers », entourés deGascons, tandis que les populations frontalières des Gascons en Libournais étaient nommées « Gabayes ».
Le terme "gavach" est un emprunt à l'occitan désignant initialement les personnes parlant de façon incorrecte voire pas du tout la langue du pays[9],[10].Répandue dans toute l'Occitanie culturelle, ce terme castillanisé en "gabacho" a fini par passer les Pyrénées pour être adopté en Espagne, d'où il a traversé l'Atlantique pour s'établir dans les pays latino-américains.
faire chabrot : mettre du vin dans la fin de la soupe (occitan faire chabròt)
drôle : garçon (occitan dròlle)
drôlesse : fille (occitan dròllessa)
dail : faux (pour faucher) (occitan dalh)
gueuserie : malice
angrote : lézard (occitan angròla)
mitan : milieu (occitan mitan)
palisse : haie (occitan palissa)
pinier : pin (occitan pinheir/pinhièr)
pilot : tas (occitan pilòt)
qu'est ? ou qu'ol est ? : qu’est ce que c’est ?
Beaucoup de ces mots ou expressions se retrouvent dans l'aire d'expression dupoitevin-saintongeais ou sont des emprunts à l'occitan et plusieurs sont largement utilisés ailleurs que dans le Pays Gabay. "Faire chabrot" est par exemple une expression très connue dans tout le Sud-Ouest.
↑André-Louis Terracher, Université de Liverpool puis de Strasbourg,La rencontre des langues entre Loire et Dordogne, dans :Le Centre-Ouest de la France, encyclopédie régionale illustrée, 1926 :« Il suffit de parcourir les cent premières cartes de l’Atlas linguistique de la France de MM. Gilliéron et Edmont pour s’apercevoir que les parlers du Centre-Ouest (Poitou, Aunis, Saintonge et Angoumois) gardent, aujourd’hui encore et à les prendre d’ensemble, une indéniable originalité. »
↑Jacques Pignon, Université de Poitiers,L’évolution phonétique des parlers du Poitou, 1960 : « Il est évident que l’évolution phonétique des parlers poitevins et celle des parlers saintongeais est à peu près parallèle. Ils constituent, à l’ouest du domaine gallo-roman, une aire originale où se rencontrent, d’une part, traits d’oc et traits d’oïl, de l’autre quelques développements particuliers, inconnus dans les provinces limitrophes situées au Nord et au Sud. ».
↑Liliane Jagueneau, Univdersité de Poitiers,Les Traits linguistiques du poitevin-saintongeais, dans : La langue poitevine-saintongeaise : identité et ouverture, 1994 :« les points du domaine poitevin-saintongeais sont suffisamment proches dans l’analyse (distance linguistique faible) pour être considérés comme formant un ensemble cohérent. »
↑Brigitte Horiot, CNRS et université Lyon-III,Les Parlers du Sud-Ouest, dans :Français de France et Français du Canada : Les parlers de l’Ouest de la France, du Québec et de l’Acadie, 1995 : « La description linguistique du domaine de l’ALO met en évidence l’existence entre Loire et Gironde d’un domaine linguistique important, forgé par sa situation géographique et par son histoire, et dont la particularité est d’être une marche entre le Nord et le Midi, entre les pays bretons et la région du Centre. »
↑Pierre Bonnaud, université de Clermont-Ferrand,La langue régionale, dans « Esquisse géohistorique du Poitou médioroman », 2006 : « Il est impossible de traiter séparément poitevin et saintongeais, mais ils sont à la fois solidaires et un peu distincts, tant dans leurs origines que dans leur évolution.. »
↑Hans Goebl,université de Salzbourg,Regards dialectométriques sur les données de l'Atlas linguistique de la France (ALF): relations quantitatives et structures de profondeur, in:Estudis Romànics XXV, 2003, pages 59-121.Lire en ligne: : Dans cette étude le poitevin-saintongeais apparaît comme une unité aussi bien au niveau de l'analyse supradialectale (carte 20) que de l'analyse dialectale (carte 22).