Paul Diacre est né entre720 et724 àCividale del Friuli[1], chef-lieu du duché lombard duFrioul. Sa famille appartient à la vieille noblesse lombarde issue d’un certain Leupichis, qui est arrivé enItalie du Nord avec le roiAlboïn en568. Ce Leupichis a pour fils Lopichis, père d'Arichis, grand-père paternel de Paul Diacre.
Son père s'appelle Warnefried, nom que Paul attache souvent au sien, et sa mère Theudelinde. Lui-même se donne le nom de « diacre » sans que l’on ne sache rien de son ordination[2].
Probablement formé à la Cour dePavie (Ticinum), capitale lombarde, sous le règne du roiRatchis (744-749), il reste dans la cour royale sous ses successeurs les roisAistulf etDesiderius (« Didier »). Il est l’élève du grammairien Flavien. Précepteur des enfants de Didier, et surtout de sa fille Adalberge, il accompagne celle-ci après son mariage en762 avec le duc lombardArigis II de Bénévent.
Après la conquête du royaume lombard parCharlemagne en774, Paul Diacre entre comme moine à l’abbaye bénédictine duMont-Cassin ; en776 une révolte éclate contre la souveraineté franque dans le Frioul ; le frère de Paul, Arichis, impliqué, est expédié prisonnier en Franconie, et ses biens confisqués. Paul se rend à la cour franque et obtient de Charlemagne la libération de son frère. Charlemagne accueille avec satisfaction ce grand lettré. À partir de782, il participe à la « Renaissance carolingienne » en séjournant cinq années à sa cour, aux côtés notamment dePaulin d'Aquilée, dePierre de Pise et d’Alcuin. Il compose des poèmes de circonstance, des œuvres grammaticales et historiques.
Vers783, à la demande d'Angilram, évêque de Metz et archichapelain de Charlemagne, il rédige lesGesta episcoporum Mettensium pour narrer l’histoire desévêques de Metz et de la dynastie carolingienne, en insistant sur le rôle desaint Arnoul dont le fils a épousé une fille dePépinIer de Landen et qui est ainsi le cofondateur de la lignée carolingienne.
Vers786, il se retire auMont-Cassin, où il consacre ses dernières années à l’écriture : il y compose notamment sonHistoire des Lombards (Historia Langobardorum), une histoire du peuple lombard allant des origines à l’an 744 (mort du roiLiutprand) et rédigée de787 à789 ; il compile à la demande de Charlemagne unHoméliaire, recueil de 244homélies patristiques destinées aux lectures liturgiques de l’office et peut-être aussi pour aider à laprédication. La collection originale a été amplifiée par la suite. Charlemagne en prescrit l’usage dans uncapitulaire rendu entre 786 et 800 et cet homéliaire supplante les plus anciens ; il est utilisé commelectionnairepatristique par l’église latine jusqu’auconcile de Vatican II.
On attribue à Paul Diacre la composition de l'hymne chrétienneAve Maris Stella et de l’hymne de saint Jean-Baptiste :Ut queant laxis resonare fibris. C'est à partir de la première syllabe de chacun des six premiers hémistiches de cette œuvre qu'auXIe siècleGuido d'Arezzo nommera les notes deUt à La pour son système desolmisation :
« UT queant laxis
REsonare fibris
MIra gestorum
FAmuli tuorum
SOLve polluti
LAbii reatum
Sancte Iohannes »
La note SI, dont le nom est composé des deux initiales du dernier vers de l'hymne, Sancte Iohannes, ne fut ajoutée qu'à la fin duXVIe siècle.
Il meurt à l’abbaye de Mont-Cassin un, sans doute entre 797 et 799[1], avant le couronnement impérial de Charlemagne de Noël 800.
De verborum significatione, un abrégé de la grammaire deFestus
Commentarius in Donatum.
Poésie :
De laude Larii laci, hymne à lalouange du lac de Côme
A principio saeculorum, poème sur lessix âges du monde composé en 763 et dédié à Adelperga
Carmina, épitaphes pour des grands personnages de la cour lombarde et carolingienne.
Troisfables lui sont attribuées :Leo aeger, vulpis et ursus (Le lion malade, la renarde et l’ourse),Vitellus et ciconia (Le veau et la cigogne),Pulix et podagra (La puce et la goutte).
Œuvre historique :
Historia romana, rédigée à la demande d'Adelperga, remaniement et continuation duBrevarium d'Eutrope jusqu'au milieu du règne de Justinien en553
Gesta episcoporum Mettensium (histoire des évêques de Metz, traduit en anglais par Damien Kempf et paru en 2013)
↑Lediaconat constitue le premier degré desordres majeurs, et laprêtrise, le second. Son nom indique qu'il n'aurait reçu que le premier degré des ordres majeurs.
Françoise Gasparri, « Paul Diacre », in Robert Bossuat, Louis Pichard et Guy Raynaud de Lage (dir.),Dictionnaire des lettres françaises, t. 1 :Moyen Âge, éd. entièrement revue et mise à jour sous la dir. de Geneviève Hasenohr etMichel Zink, Paris, Fayard, 1992,p. 1105-1107.
Paolo Diacono e il Friuli altomedievale (secc. VI-X) : atti del XIV Congresso internazionale di studi sull'Alto medioevo, Cividale del Friuli - Bottenicco di Moimacco, 24-29 settembre 1999, Spolète, Centro italiano di studi sull’Alto medioevo, 2001, 2 vol., 886 p.