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Paul-Yves Pezron est un religieux, un théologien, un chronologiste et un linguiste français, né le ou1639[1] àHennebont et mort le
Né à Hennebont, il entre comme moinecistercien et prononce ses vœux en 1662 à l'abbaye de Prières, dans la paroisse deBilliers (Morbihan).
Il fait des études de philosophie chez lesJésuites de Rennes, de théologie aucollège des Bernardins de Paris et obtient le doctorat à la Faculté de laSorbonne, à Paris. Revenu à l'abbaye de Prières, il fut alors le secrétaire de l'abbé Jean Jouaud de Prières[2]. Il revint à Paris, enseignant aucollège des Bernardins avant d'en être leprieur en 1686. En 1690 il devient visiteur des maisons réformées de l'Île-de-France, de la Picardie et de la Champagne.
En 1697, il est éluabbé de la Charmoye, àMontmort-Lucy et c'est sous ce titre qu'il est mentionné, en, dans une lettre deGottfried Wilhelm Leibniz à l'abbéClaude Nicaise qui entretenait une correspondance avec lui.
Il meurt le dans la maison de campagne de monsieur de Fourcy et fit inhumé dans le tombeau des seigneurs deChessy.
Avant l'étude historique et linguistique qui lui a donné une place dans l'histoire des idées, il était connu pour être chronologiste (spécialiste de l'établissement de chronologies d'après lesÉcritures saintes et l'histoire de l'Antiquité).
Il critique vertement dansl'Antiquité du temps rétablie... (1687), le travail d'un autre moinebénédictin,Michel Le Quien.
En, il écrit une lettre à l'abbéClaude Nicaise parue dans le numéro de juin suivant de laNouvelles de la république des lettres, dans laquelle, ainsi que le rapporte Leibniz, il fait remarquer qu'au vu de l'ancienneté des annales chinoises et d'autres indices, il faudrait reculer laCréation du monde et, donc l'origine du temps, à - 6000 ans et non - 4000 comme calculé à partir de laBible.
En1703, il fait publier un ouvrage(Antiquité de la nation et de la langue des Celtes) pour établir l'antiquité supérieure desGaulois en recherchant de quel personnage de laBible ils sont issus.Sa conclusion, appuyée sur le géographePtolémée et surtout surFlavius Josèphe[3] est qu'ils sont tous les fils deGomer, fils deJaphet et petit-fils deNoé, et qu'ils sont proches des descendants desScythes que sont lesGermains et lesSlaves parMagog, frère cadet de Gomer. Après lui, lesCeltes, expression qui convient mieux aux savants britanniques, auront comme deuxième appellation, celle de Gomérites, ainsi qu'on le voit chezThéophile-Malo de La Tour d'Auvergne-Corret,Jacques Le Brigant etChateaubriand, par exemple.
Il en déduit la supériorité éminente des Gaulois, qu'il est le premier à définir comme un ensemble allant de la Bretagne à laGalatie (dans l'actuelleTurquie) en passant par la Gaule et l'Europe centrale et il est le premier à employer le terme delangue celtique.
En établissant des comparaisons linguistiques, il consolide l'idée de l'origine commune des Bretons et desGallois en montrant qu'ils ont hérité d'unelangue celtique, qu'il identifie comme étant legaulois[4].
Ses hypothèses sur le gaulois antique et sur l'établissement degénéalogies de peuples antiques n'ont pas survécu au développement de la recherche, mais il a introduit l'idée, aventurée, que l'on pouvait faire l'histoire de l'Antiquité en invoquant des faits linguistiques contemporains.
Une traduction anglaise faite par David Jones est parue àLondres en1706[5]. Le grand spécialiste gallois des langues celtiques,Edward Lhuyd tentera, lors de son voyage d'études de1701 en Bretagne, de le contacter par courrier. Il rapportera le livre de Pezron àOxford,et le traduira, le manuscrit ayant été retrouvé[6].
L'Archælogia Britannica de Lhuyd ne paraît qu'en 1707, mais, dès 1701, il savait que Pezron était un spécialiste de la langue bretonne et, sans retenir ses thèses historiques, il peut, à la suite deGeorge Buchanan[7], parler des Celtes, que Pezron n'appelle pas ainsi, et montrer que leurs langues sont divisées en deux rameaux, le rameau goïdélique (ou gaélique) des Irlandais et des Écossais et le rameau britonnique des Gallois, des Bretons des Cornouaillais insulaires et des anciens Gaulois.
Tous deux, et par des méthodes de travail différentes, ils introduisent la figure des Celtes modernes à partir d'un critère linguistique et sont les précurseurs inconscients du celtisme oupanceltisme.