Pascal Quignard naît le à Verneuil-sur-Avre[1],[2].Il est le fils de Jacques Quignard (1919-2001), professeur agrégé de Lettres puis conseiller de direction à l'Institut national de recherche pédagogique, et d'Anne Bruneau (1920-2015), directrice de collège. Mariés en 1943, ils ont quatre enfants, René-Jacques, Marianne, Pascal, Noël (1949-2020).
Son grand-père maternel est le linguisteCharles Bruneau[3] et son oncle maternel Jean Bruneau (1922-2003), un universitaire spécialiste de Gustave Flaubert[4].
La famille de son père, originaire d'Alsace et duWurtemberg, comporte une longue lignée d'organistes.Ses trois grand-tantes, Juliette, Marthe et Marguerite sont toutes trois musiciennes. Elles donnent des leçons desolfège au jeuneJulien Gracq[5] et tiennent lesorgues d'Ancenis[6],[3].
Le départ en 1950 de Cäzilia Müller (1927-2009), la jeune fille au pair allemande qui s'était occupée de lui pendant un an, le plonge vers l'âge de dix-huit mois dans une anorexie et un mutisme qui se poursuivent après le déménagement en 1951 de la famille auHavre[7],[1]. Ses parents le confient plusieurs années à ses grands-parents maternels, Charles et Marie Bruneau dans l'espoir de le faire aller mieux. Son oncle, Jean Bruneau, parvient à lui faire reprendre le chemin de la nourriture, mais il ne retrouve jamais celui du "plaisir de la langue"[8].
Il suit sa scolarité au Havre, encore marquée par les destructions de laSeconde Guerre Mondiale, et s'initie en parallèle à la musique instrumentale en pratiquant l'orgue, le piano, l'harmonium, le violon et l'alto, puis la composition.Il fréquente l'école élémentaire du lycée du Havre puis la 6ème au lycée de garçons. Sa scolarité se poursuit de la 5ème à la 1ère au lycée mixte de Sèvres.Il obtient son baccalauréat en juin 1966 et s'inscrit en octobre de la même année enphilosophie à l'université de Nanterre. Il y rencontre sa future épouse, Marie-Françoise Oberrieder, étudiante elle aussi[9].
Début 1968,Emmanuel Levinas lui propose un sujet de thèse : « Le langage chezBergson », mais Quignard lui annonce sa décision de renoncer à la philosophie et de quitter l’université car il ne souhaite pas enseigner mais se consacrer à l'étude et à la musique[10].
Au mois d'août, il reprend brièvement, pendant trois semaines, la suite de sa grand-tante Marthe à l’orgue d’Ancenis. Il joue de l'orgue le matin et se consacre à l'écriture l’après-midi pour rédigerLa Parole de la Délie, un essai surMaurice Scève, un poète du XVIe siècle, qui sera publié en 1974[11].
Le 1er octobre 1969, Pascal Quignard épouse à la mairie de Boulogne-Billancourt Marie-Françoise Oberrieder. De leur union naît en 1972 leur fils Guillaume[14].
Il devient parallèlementlecteur auMercure de France et chezGallimard, où il entre au comité de lecture en 1976. Il publie plusieurs essais,Lycophron etMichel Deguy, un récit en 1976,Le Lecteur, puis, en 1979, un premier roman,Carus, qui reçoit le prix des Critiques en 1980.
Il publie également, parallèlement à son œuvre chez Gallimard, divers textes pour de petits éditeurs, comme Le Collet de Buffle,Orange Export Ltd, Clivages, Éditions de l'Amitié, Claude Blaizot,Chandeigne, Patrice Trigano, puis chez des éditeurs plus importants commeFata Morgana,P.O.L ouFlohic, par exemple.
Gallimard publie deux romans :Le Salon du Wurtemberg en 1986 etLes Escaliers de Chambord en 1989.
En 1989, Quignard est nommé par Antoine Gallimard au Comité de direction des Éditions Gallimard et en devient le secrétaire général pour le développement éditorial.Il préside le Centre de musique baroque de Versailles et crée, avecPhilippe Beaussant, le festival d'opéra et de théâtre baroque de Versailles. En 1990, il préside le Concert des nations[1].
La publication des huit volumes desPetits Traités aux éditionsMaeght en 1990, réédités dans la collection Folio en 1991, dévoile l'étendue de ses lectures.
Alain Corneau souhaitait réaliser un film centré sur la musique baroque et avait demandé à Pascal Quignard, qui n’avait alors jamais travaillé pour le cinéma, de lui écrire un scénario, mais celui-ci avait décliné la proposition. Il propose alors plutôt d'écrire sur le sujet un court roman que Corneau pourra ensuite adapter à l’écran. Ce dernier approuve et s'attend à une oeuvre fastueuse, se déroulant à laCour du Roi Soleil. Mais l'oeuvre de Quignard est centrée autour d'un homme, Sainte Colombe, qui refuse de jouer àVersailles et vit reclus à la campagne avec ses filles. Corneau accepte cependant de travailler avec Quignard à l'adaptation du roman. Le 14 avril 1988,Jordi Savall et Pascal Quignard sont les invités de l’émissionDésaccord Parfait deJean-Michel Damian. À la suite de cette émission surFrance Musique, Jordi Savall est invité à jouer en trio avec Alain Corneau et Pascal Quignard pour mettre au point le film[15].
Avec pour interprètes notammentJean-Pierre Marielle,Gérard etGuillaume Depardieu etAnne Brochet, le film rencontre un important succès avec plus de deux millions d'entrées et remporte leCésar du meilleur film l'année suivante, en 1992. Il fait aussi connaître lamusique baroque et laviole de gambe, jouée parJordi Savall. La bande originale du film qu'il a composée rentre dans les hits-parades en France comme à l'étranger, une exception pour ce type de musique[16].Le succès, notamment auprès des jeunes, de ces musiques intimes et mélancoliques inspirées par l'histoire intimiste écrite par Pascal Quignard est une surprise. Le public est marqué par la question de la transmission de l’art, de maître à élève, et par le sens que l’on peut donner à la musique. Des décennies plus tard, Jordi Savall et Pascal Quignard continuent à donner des lectures musicales deTous les matins du Monde[17].
Pascal Quignard divorce en 1991 de Marie-Françoise Oberrieder. Martine Saada, productrice et éditrice, devient sa compagne.
En 1992, il met fin à la psychanalyse entamée avec André Auscher en 1982 qui lui avait permis de retrouver le souvenir de Cäzilia Müller et de conjurer ses pulsions suicidaires[14],[18].
L'année 1994 est un tournant dans l'histoire de Pascal Quignard. Il publie un dernier livre chez Gallimard,Le Sexe et l'effroi, mais passera ensuite aux éditions du Seuil[19].Il quitte le festival de Versailles, démissionne des éditions Gallimard et adopte une autre forme d'existence, choisissant de vivre une partie de l'année à Sens, dans une maison au bord de l'eau et déclare : « Si quelqu'un demande où je suis, je l'ignore ». La démission de ses fonctions éditoriales et l'abandon de toute carrière musicale lui permettent de se consacrer exclusivement à l'écriture[20].
En janvier 1997, il est victime d'une hémorragie pulmonaire et hospitalisé d'urgence[21]. Cet accident de santé l'amène à démissionner de ses charges, à se libèrer des contraintes et se consacrer à la rédaction de la sérieLe Dernier Royaume. Le huitième volume,Vie secrète, paru en 1998 et écrit en premier, est inspiré par l'expérience de cet accident de santé grave dans lequel il frôle la mort. Le septième volume,Les Désarçonnés, reprendra le thème d'un événement imprévu comme le deuil, la maladie, la dépression, l'amour qui va renverser toute une vie. Il y rend hommage à son oncle maternel Jean Bruneau, rescapé du camp de Dachau, qui l'a sauvé de l'anorexie et dont l'exemple de réapprendre tout soi-même l'encourage[22].
Avec l'écriture du cycle nomméDernier Royaume, Quignard oriente sa réflexion vers le passé lointain et figé (le Jadis), le passé en mouvement (le sien propre et récent), leconte et la fonction dulangage.Les trois premiers volumes sont publiés simultanément en 2002.Le premier volume,Ombres errantes, associé aux deux autres, reçoit leprix Goncourt à la surprise générale[23].Cette série est composée de genres divers, contes, paraboles, spéculations étymologiques ou philosophiques.Dernier Royaume comportera 12 tomes et son édition est étalée sur plus de vingt ans.
En 2005-2006, les Éditions Galilée rééditent l'ensemble des textes rares ou introuvables de son œuvre, dans leur version revue, augmentée et définitive, agrémentée de quelques inédits. Elles republient aussi un essai surGeorges de La Tour, déjà publié aux éditions Flohic en 1991.
Son romanVilla Amalia publié en 2006 met en scène un personnage habité par le vœu de tout quitter, de ne plus être soi et d'aller se découvrir ailleurs. .Benoît Jacquot adapte le roman au cinéma sous le même titre deVilla Amalia.La Haine de la musique signe un retour à un thème qui lui est cher.
« à errer de théâtre en théâtre, pendant trois ans, pour la tournée de "La Rive dans le noir", [...] intrigue, sur l'espace d'une heure, à laquelle participaient une jeune femme très belle, une corneille âgée et une chouette effraie qui sortait de son œuf. (p. 151,La vie n'est pas une biographie, 2019) »
En 2002,Ombres errantes est couronné par le Prix Goncourt, provoquant un effet de surprise car le livre n'est pas un roman mais une suite de « fragments » mêlant les références historiques aux réflexions personnelles.À la question si le Goncourt ne devait pas obligatoirement distinguer un roman, la Présidente de l'Académie Goncourt,Edmonde Charles-Roux, répond: « On peut interpréter le cahier des charges de l'Académie de mille façons. La meilleure est d'aller à la qualité... On tient un très grand écrivain. Il a écrit un livre qui n'est pas un roman, mais qui est mille romans. Chaque paragraphe est un roman en puissance, c'est cela que nous avons couronné. »Alors que le prix a été décerné par 6 voix à Pascal Quignard pour « Les ombres errantes » contre 2 àOlivier Rolin pour « Tigre en papier » et 2 àGérard de Cortanze pour « Assam », un membre du jury,Jorge Semprún, crée la polémique en attaquant publiquement l'ouvrage, l'accusant de ne pas être novateur et trop parisien[26].
L'œuvre de Pascal Quignard fait l'objet de plusieurs études.
L'œuvre de Pascal Quignard est complexe[28],[29]. La permanence des thèmes, leur éventuel ressassement, rend difficile le découpage de frontières entre genres chez Quignard. Parmi ces thèmes figurent lesilence, la lecture, lamort, ou encore la figure dujadis[30].
Daniel S. Larangé attire l'attention sur la dimensionmystique de cette œuvre en fragmentation, déterminant alors les liens qui la relient à lamystique rhénane revue au prisme de la philosophie de l'altérité. En effet, le style de l'écrivain se démarque par toute une réflexion sur le morcellement et l'atomisation des êtres et de la langue, aboutissant ainsi à une « théosigie », au silence de Dieu[31].
Les spécialistes de l’œuvre de Pascal Quignard dontChantal Lapeyre-Desmaison et Agnès Cousin de Ravel, ainsi que le Groupe de Recherche Identités et Cultures (GRIC) organisent du 29 au un colloque international intitulé « Les lieux de Pascal Quignard » à l'Université du Havre. Le colloque travaille sur l’importance des lieux physiques et mentaux chez l’écrivain[32].
En juillet 2013, unColloque International Pascal Quignard « La littérature hors frontières » est organisé au Brésil par Verónica Galíndez-Jorge de l'Université de Sao-Paulo et Irène Fenoglio du CNRS[33].
En, lecolloque de Cerisy (sous la direction deMireille Calle-Gruber, Irène Fenoglio et Jonathan Degenève) lui est consacré. Les actes, un volume de plus de 600 pages, sont publiés en 2015 aux éditions Herrmann sous le titrePascal Quignard : translations et métamorphoses[34].
En décembre 2017, leCollège international de philosophie (CIPh) en collaboration avec le Centre de recherches sur les arts et le langage (CRAL - Unité mixteCNRS/EHESS), organise un colloque de 3 jours sur l’écriture et sa spéculation chez Pascal Quignard en sa présence[35].
En mars 2023, le Centre des Musiques Arabes et Méditerranéennes et l'Institut Supérieur des Langues de Tunis tiennent un colloque de 3 jours àTunis sur le thèmePascal Quignard et laMéditerranée[36].
En 2014, dans son romanLes Récidivistes,Laurent Nunez emprunte les voix des auteurs qui l’ont fait naître et propose, parmi sespastiches de Proust, Duras, Genet..., une centaine de pages « quignardiennes » sur le mythe de Kronos[37].
Cette œuvre, toujours en cours, développe les réflexions de l’auteur sur ses thèmes privilégiés. Tous les genres se succèdent dans les très nombreux chapitres, contes, notes, listes, essais, fragments de romans, journal, etc.
Pascal Quignard le solitaire, entretiens avec Chantal Lapeyre Desmaison, Flohic, 2001
« Sur la curiosité téméraire des lecteurs de romans », dans Chantal Lapeyre-Desmaison (dir.),Lecteurs de fictions, Champs du Signe, Éditions universitaires du Sud, 2010
Quignard intervient dans quelques lectures-spectacles (« récit-récital »), aujourd'hui encore (avec la pianiste Aline Piboule, le clavecinistePierre Gallon...)[43],[44].
De 2009 à 2013, en duo avecCarlotta Ikeda, il réalise et donne un spectacle de théâtrebuto,Medea.
Bien avant la mort de sa partenaire (septembre 2014), et la fin de la troupe (avecLaurent Rieuf, Alain Mahe etÉric Blosse), Quignard, bouleversé par un spectacle deLuc Petton, passe à une autre étape « pour un immédiat retour au dernierGrotowski » (1933-1999), organise de raresperformances de ténèbres, avec différents autres co-intervenants, dontMarie Vialle.
Ballet sur l'origine de langue et de la littérature françaises[51],[52] (à Vérone),
L'Oreille qui tombe[53], œuvre sonore et évolutive sous l'action de l'eau et du temps, réunissant performances et sculpture en collaboration avec la plasticienneFrédérique Nalbandian (première représentation à La-Valette du Var en 2016, Musée Jean Cocteau 2017),
Performance sur la mort et les morts de novembre (à Paris, Beaubourg),
La Rive dans le noir avec la collaboration deDalila Khatir (à Châteauroux, Paris et divers lieux)[54],[55],[56]...
Il rend compte de cette expérience et de sa conception de tous les théâtres dansPerformances de ténèbres (2017), à travers cette forme originaire : « c'est la laisse de mer que la marée dénude comme la nuit, chaque jour, au bout du sentier de la plage, entre l'océan et la crique de sable toujours tiède à l'ombre des ombelles et de la criste-marine » (p.207).
↑GillesDeclercq, « Pascal Quignard, Declamator inquietatorque : un antiquaire fabulateur en modernité »,Publications de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres,vol. 13,no 1,,p. 171–192(lire en ligne, consulté le)
↑MathieuMessager, « L'ombre errante de l'Allemagne dans l'oeuvre de Pascal Quignard »,Romanistische Zeitschrift für Literaturgeschichte = Cahiers d'histoire des littératures romanes,vol. 36,nos 1/2,,p. 159–173(lire en ligne, consulté le)
↑Raphaëlle Rérolle, « Il faut être en quête de quelque chose »,Le Monde,(lire en ligne)
↑« A la surprise générale, c'est Pascal Quignard qui reçoit le Goncourt pour un beau livre inclassable »,Le Temps,(ISSN1423-3967,lire en ligne, consulté le)
Agnès Cousin de Ravel,Quignard, maître de lecture. Lire, vivre, écrire, collection« Fictions pensantes », Paris, Hermann, 2012.
Agnès Cousin de Ravel, Chantal Lapeyre Desmaison,Dominique Rabaté, (dir.)Les Lieux de Pascal Quignard, in Les Cahiers de la NRF, Paris, Gallimard, 2014.
Agnès Cousin de Ravel,Pascal Quignard: vies, œuvres, l'Harmattan, 2018.
Critique (revue générale des publications françaises et étrangères),« Pascal Quignard », n° 721-722, juin-. Dirigé par Fabienne Durand-Bogaert et Yves Hersant.
Europe (revue littéraire mensuelle),« Pascal Quignard » n° 976-977, août-. Dirigé parAlexandre Gefen etDominique Rabaté. Avec une lettre de Pascal Quignard àDominique Rabaté et les contributions d'Alexandre Gefen, Pascal Quignard, Claude Pierre Perez, Claude Coste, Jawad Tlemsani-Cantin, Timothée Picard, Bruno Blanckeman,Marie Gil, Laurent Demanze, Mathilde Levesque, Karine Abiven, Bernard Vouilloux, Dominique Viart, Benoît Jacquot,Dominique Rabaté.
Gilles Gontier,Sur le poème jamais écrit En lisant Pascal Quignard, L'Harmattan, 2018.
Camilo Bogoya Gonzalez,Pascal Quignard : musique et poétique de la défaillance, sous la direction de Marc Dambre et de Philippe Daros, 2011.
Inter,éditions Argol, 2011. L'ouvrage contient une lettre de Pascal Quignard à Bénédicte Gorrillot, un texte de Bénédicte Gorrillot,Didascalies,Inter aerias fagos, le seul poème en latin écrit par Pascal Quignard et sa traduction par Pierre Alferi, Eric Clemens, Michel Deguy, Bénédicte Gorrillot, Emmanuel Hocquard, Christian Prigent, Jude Stéfan.
Chantal Lapeyre-Desmaison,Mémoires de l'origine, Paris, Galilée, 2006.
Chantal Lapeyre-Desmaison,Pascal Quignard. La Voix de la danse, Presses du Septentrion, 2013.
Jean-Louis Pautrot,Pascal Quignard ou le fonds du monde, Rodopi, Amsterdam, New York, 2007.
Jean-Louis Pautrot, (sous la dir.),Pascal Quignard, RevueL'Esprit créateur, n°52, 2012, The Johns Hopkins University Press, John D. Erikson, Maria et Daniel Brewer editors. Numéro consacré à l'œuvre de Pascal Quignard, avec les contributions de J-L. Pautrot, C. Claude, B. Gorrillot, C. Alvares, A. Cousin de Ravel, B. Thibault, G. Turin, J. Acquisto, John T. Hamilton, C. Lapeyre Desmaison, D. S. Larangé.
Bernard Vouilloux,La Nuit et le Silence des images. Penser l'image avec Pascal Quignard, Paris,Éditions Hermann, 2010. Sur la place de l'image (de rêve, d'art) dans l’œuvre de l'écrivain.