Il est célèbre pour avoir formulé en 3 996 sutras, rassemblés dans un ouvrage connu sous le nom d'Ashtadhyayi[2] (अष्टाध्यायी,Aṣṭādhyāyī et également appeléesPaniniya), les règles demorphologie, de syntaxe et de sémantique dusanskrit. L'Ashtadhyayi reste un ouvrage de référence sur lagrammaire du sanskrit[3],[4].
Rien de sûr n'est connu de sa vie, pas même le siècle au cours duquel il a vécu — « vraisemblablement auVIe ou auVe siècle av. J.-C. »[3],[Note 1]. D'après une tradition médiévale indienne, Panini serait né à Shalatura, près de l'Indus, dans leGandhara (aujourd'hui auPakistan)[3],[Note 2], et aurait vécu de520 à460 av. J.-C, durant la périodevédique tardive. Cette localisation concorde avec le fait que Panini connaît très bien la géographie et les spécificités dialectales du nord-ouest de l'Inde[5].
Nous ne connaissons que son œuvre de grammairien, et ce à travers un seul ouvrage, intituléAshtadhyayi (« les huit parties »). Des vers cités dans desanthologies sont attribuée à un poète portant le même nom, mais il est probable qu'il s'agisse là de deux auteurs différents, et que le poète soit nettement plus récent[5].
Panini institue quelques règles spéciales, diteschandasi (« dans les hymnes »), pour rendre compte des formes védiques tombées en désuétude dans la langue parlée de son temps, indiquant que lesanskrit védique était déjà un dialecte archaïque, mais toujours compréhensible.
Lagrammaire de Panini est fortement systématisée et technique. Les concepts dephonème, demorphème et deracine sont inhérents à son approche analytique. Panini utilisait vers 500 avant J.-C. des règles contextuelles qui ne seront connues et comprises par les linguistes occidentaux qu'auXIXe siècle[6]. Les règles définies par Panini décrivent parfaitement lamorphologie du sanskrit, et sont vues comme tellement claires que les informaticiens les ont mises en œuvre pour enseigner la compréhension du sanskrit aux ordinateurs[7]. Son traité, l'Ashtadhyayi, est générique et descriptif, il utilise unmétalangage et des méta-règles, destransformations et larécursivité, ainsi qu'un système élaboré d'abréviations.
Laforme de Backus-Naur, ou grammaireBNF, utilisée pour décrire les langages de programmation modernes, possède des similitudes importantes avec les règles de la grammaire de Panini[8], qui peut être ainsi considéré comme un informaticien précurseur[9],[10].
Le concept dedharma est attesté dans sa phrase d'exemple (4.4.41)dharmam carati, « il respecte la loi ». Un indice important pour la datation de Panini est l'occurrence du motyavan-, « ionien,grec » dans 4.1.49, où la formation du motyavanani (« femme grecque » ou « écriture grecque ») est discutée.
On ne sait pas si le travail original de Panini était sous forme écrite ;certains[Qui ?] prétendent cependant qu'un travail d'une telle complexité aurait été impossible à compiler sans notes écrites.D'autres[Qui ?] envisagent la possibilité que Panini ait pu avoir composé son ouvrage avec l'aide d'un groupe d'étudiants dont la mémoire lui servait de bloc-notes. Cependant, comme l'écriture apparaît en Inde sous sa formebrahmi auVe siècle av. J.-C., il est possible que Panini ait connu et employé un système d'écriture.
AprèsJ. Frits Staal qui écrit en 1960[11] que« grammaire et linguistique peuvent être dites occuper la même place dans la philosophie indienne que les mathématiques dans la philosophie occidentale. À maints égards, Pânini (ive siècle av. J.-C.) est à l'Inde ce queEuclide est à l'Europe. »,Michel Angot renchérit[12]:« [l]a grammaire a été le premier savoir en Inde (...) et le modèle de tous les savoirs. (...) Elle a joué le rôle des mathématiques et de la physique en Occident. »
Quant à la sanskritiste Émilie Aussant, elle relève[13] que Panini constitue« la figure emblématique du grammairien indien non seulement en Inde, mais également en Occident et (...) sa grammaire constitue une "référence" pour de nombreux spécialistes du monde entier,indianistes ou non. »
↑Selon certains, Panini serait unpersonnage mythique de l'hindouisme dont le nom est une invention issu de la colonisation anglaise de l'Inde[réf. nécessaire].
Pāṇini (texte sanskrit, trad. franç. avec extraits des commentaires parLouis Renou),La Grammaire de Pāṇini, Paris, École française d'Extrême-Orient,, 413 p. (vol. I) et 490 (vol II)(lire en ligne)