Unpalimpseste (dugrec ancienπαλίμψηστος /palímpsêstos, « gratté de nouveau ») est unmanuscrit constitué d’unparchemin déjà utilisé, dont on a fait disparaître les inscriptions pour pouvoir y écrire de nouveau.
Le palimpseste est un produit derecyclage duparchemin : les manuscrits désuets ou de peu de valeur étaient désencrés ou effacés grâce à de laponce et fournissaient un nouveau support auxcopistes. Le poèteCatulle, auIer siècle av. J.-C., ironise sur un poète aussi riche que vaniteux qui, au lieu de diffuser ses œuvres sur le banal palimpseste, les fait copier sur dupapyrus relié et broché[1]. Le recours au palimpseste se généralise auMoyen Âge, surtout entre leVIIe siècle et leXIIe siècle, quand lesmonastères occidentaux (principaux producteurs et conservateurs de documents écrits) ne peuvent plus compter sur les importations de papyrus du fait de ladomination musulmane en Égypte tout en voulant concurrencer la bibliothèque d'Alexandrie.
À cause de cette méthode, de nombreux écrits ont été momentanément ou irrémédiablement perdus comme des correspondances privées, textes juridiques tombés en désuétude, textes d'auteurs jugéspaïens ouhérétiques ou simplement dont la présentation ne correspondait plus au nouveau goût. Il est cependant parfois possible de reconstituer l'ancien texte de certains palimpsestes grâce aux techniques modernes derestauration de documents comme l'imagerie aux rayonsultraviolets, le rayonnementsynchrotron ou grâce à la chimie en général.
Anciennespublicités murales grattées et superposées formant un palimpseste, à Paris.
Par extension, on parle parfois de « palimpseste » pour un objet qui se construit par destruction et reconstruction successive, tout en gardant l'historique des traces anciennes.
LeCodex Climaci Rescriptus, contenant des fragments du catalogue des étoiles d'Hipparque (astronome). En 2022, ces fragments grecs ont été rendus lisibles sous l'écriture syriaque par analyse multispectrale, alors que le catalogue d'Hipparque était réputé définitivement perdu[8].
On peut signaler une utilisation courante en archéologie égyptienne en application directe de la définition du mot, qui est utilisé pour désigner les modifications apportées par un souverain dans lecartouche d'unpharaon précédent (exemple deKarnak, cartouches des salles nord et sud du palais deMaât)[10].
↑« Et in Ægypto et ad Ægyptum, Recueil d’études dédiées à Jean-Claude Grenier » –pages 83 et 84 – cartouches deThoutmosisII et deThoutmosisIII.Textes réunis et édités par Annie Gasse, Frédéric Servajean et Christophe Thiers, Montpellier, 2012 - Équipe « Égypte Nilotique et Méditerranéenne » de l’UMR 5140, « Archéologie des Sociétés Méditerranéennes » (Cnrs – Université Paul Valéry –MontpellierIII).