Palémon Glorieux, né le àBray (aujourd'hui Bray-sur-Somme) dans laSomme et mort le àSaint-André[1] (aujourd'hui Saint-André-lez-Lille) dans le département duNord, est un ecclésiastique ethistorienmédiéviste français.
Palémon est le fils de Palémon Glorieux (1851-1922), négociant et industriel dans le textile, et de Marie Husson. Il est le neveu de Mgr Louis Glorieux (1867-1925), chanoine deSainte-Marie-Majeure à Rome et protonotaire apostolique, qui deviendra le vicaire général d'Amiens puis le coadjuteur de l'évêque,Mgr Lecomte.
Il commence ses études auxÉtats-Unis, où son père était en fonction, et les poursuivit au collège du Sacré-Cœur de Tourcoing. Entré au séminaire français de Rome (1909), il achève sa formation à l’Université grégorienne[3]. Il obtient son doctorat en philosophie (1911) et en théologie (1915) pour une thèse intituléeDe la nécessité des missions, qui eut un certain retentissement.
En 1927, il est nommé professeur (titularisé en 1928) puis doyen honoraire de la Faculté de théologie de Lille (1942-1948) et recteur des facultés catholiques (1949-1958).
Glorieux avec Cardijn (archives de l'Université catholique de Lille).
En 1927, en compagnie de son ami l’abbé Louis Liagre, l’abbé Glorieux lance en France le mouvement de la Jeunesse ouvrière chrétienne féminine (JOCF), en lien avec l'abbéJoseph Cardjin, fondateur de laJOC belge[4].
Glorieux devient l'aumônier de la section lilloise, puis de la fédération de Lille (1928) et enfin de la fédération de Lille-Ouest. Il se fait connaître comme l’un des principaux maîtres à penser de l’action catholique spécialisée, au moyen de saLettre aux aumôniers envoyée à tous les aumôniers de France, et par ses livres destinés à la formation des jocistes[5].
Rencontre deJean-Paul II avec la JOC à l'occasion de son voyage en France (Saint-Denis, 1980).
L'historien Louis Preneel reconnaît à Glorieux une influence majeure sur la théologie de Cardijn[6], en particulier par ses articles surLe problème de l'Église publiés dansLa Vie intellectuelle en 1929, et plus tard sur l'élaboration de la constitution conciliaireGaudium et Spes (1965).
Historien passionné, il est l'auteur de nombreux ouvrages qu'il publie en un demi-siècle, de 1925 à 1975. Il est le cofondateur de la revueMélanges de science religieuse[7]. Il a étudié notamment lesacerdoce deslaïques, la vie des paysans et la religion, la biographie deJeanne d'Arc, laSorbonne, et est un spécialiste de la philosophie médiévale[7]. C'est ainsi qu'il se consacre à l'édition des œuvres deJean de Gerson en 11 volumes.
Il quitte l’enseignement en 1953. Promu chanoine (1933) puis protonotaire apostolique (1950), lecardinal Liénart le nomme son secrétaire particulier (1962-1973) en remplacement de Mgr Loth. Il prend ainsi une part active aux travaux préparatoires duconcile Vatican II comme conseiller théologique.
L'agrégation d'histoire a fait l'objet d'une polémique en 2011, qui a renforcé la notoriété de Palémon Glorieux dans le grand public : le texte donné à l'épreuve de commentaire historique était en effet présenté comme un authentique texte médiéval rédigé auXVe siècle, alors qu'il s'agissait en réalité d'une reconstitution romancée de Palémon Glorieux publiée en 1964[8],[9]. Les deux historiennes à l'origine du sujet ont démissionné du jury après la révélation de leur erreur dans les médias français. Le ministère de l'Éducation nationale a officiellement pris position en annonçant que cette erreur, si elle n'était pas conforme à la rigueur scientifique requise, n'entraînait pas pour autant l'annulation de l'épreuve puisque le principe d'égalité entre les candidats n'avait pas été enfreint[10].
Il s’agissait de l'ouvrage :Leconcile de Constance au jour le jour[11]. C'est le journal fictif de Jean de Cérisy, dit aussi Jacques deCiresio, secrétaire du chancelier de la Sorbonne Jean de Gerson lors du concile de 1414-1418. Pour cette reconstitution historique, Palémon Glorieux a utilisé les notes du cardinalGuillaume Fillastre, d'un bourgeois de Constance, Ulrich von Reichensthal, et de Jacques Cerretani, membre de lacurie, ainsi que les textes des collectionsconciliaires. Le texte d'introduction de l'ouvrage sous-entend la part d'invention, même si l'ouvrage romancé s'appuie sur diverses sources anciennes. Enfin, l'identité d'auteur est clairement indiquée.
Historien de lascolastique du Moyen Âge, Mgr Glorieux est l’auteur de 62 ouvrages et de près de 400 articles de revues ou de dictionnaires.
La littérature quodlibétique de 1260 à 1320, Le Saulchoir, Kain (Belgique), Revue des sciences philosophiques et théologiques, 1925-1935.
La littérature quodlibétique de 1260 à 1320, Librairie philosophique J. Vrin, Paris, 1935,tome II
Les Premières polémiques thomistes..., éd. critique 2, Le Correctorium corruptorii "sciendum, [puis] Paris, J.Vrin , 1927.
Notices sur quelques théologiens de Paris de la fin duXIIIe siècle, Paris, Vrin, 1928.
La date des "Collationes" de S. Bonaventure, Ad Claras Aquas, Florence, Typ. Collegii S. Bonaventurae, 1929.
Répertoire des maîtres en théologie de Paris auXIIIe siècle, Librairie philosophique J. Vrin, Paris, 1933tome 1,tome 2
D'Alexandre de Hales à Pierre Auriol : la suite des maîtres franciscains de Paris auXIIIe siècle, Quaracchi, [Collège S. Bonaventure, 1933.
Pour la formation religieuse de nos militants. Au centre de notre enseignement. Corps mystique et apostolat, Paris, Librairie de la jeunesse ouvrière, 1934.
Pour les aumôniers jocistes : ars artium : conseils pour la direction spirituelle des jeunes travailleurs / [Lille : Jeunesse ouvrière , 1936.
Paul apôtre du Christ Jésus, Paris, Les Éditions ouvrières , 1936, 1941, 1944 et 1946.
Le Christ et sa religion, simple exposé, Lille, P. Duthoit, 1937 et les Éditions ouvrières, 1946.
Enfant de Dieu, membre du Christ : sois fier ouvrier, Paris, Librairie de la Jeunesse ouvrière, 1937 et 1943.
Notre chef le Christ : les 4 Évangiles en un seul, Paris : les éditions ouvrières , 1938 et 1942.
Jeanne d'Arc, fille de Dieu, Paris, les Éditions ouvrières, 1941, 1942, 1943.
Paysan, tu es fils de Dieu !, Paris : Laboureur, 1941.
L’Église à l’œuvre : du dogme de l’Église à la vie paroissiale, Paris, les Éditions ouvrières, 1942.
L'heure du curé de campagne, Paris : Collection rurale, 1942.
Le Christ et sa religion, Paris, les Éditions ouvrières, 1942.
Bible, Liturgie et vie paysanne 1, Les Jours et les œuvres, Paris, Laboureur et Cie, 1942.
Bible, Liturgie et vie paysanne 2, Les Saisons et les travaux, Paris, Laboureur et Cie, 1942.
Vocation paysanne et vie chrétienne, Paris, Laboureur et Cie, 1942.
De la terre à Dieu : le symbolisme paysan, Paris, Laboureur & Cie, 1943.
Vie rurale en chrétienté, Paris, Laboureur & Cie, 1943.
Y a-t-il une sainteté paysanne ?, Paris, Laboureur & Cie, 1943.
Le Christ, modèle des paysans, Paris, Laboureur & Cie, 1943.
La mission divine du paysan, Paris : Laboureur & Cie, 1943.
Questionnaires sur saint Marc, Courbevoie, Seine, Secrétariat général de la J.O.C.F, 1944.
L' appel universel de l'église, Lille, Éditions Catholicité, 1944.
↑Jacques Étienne, Jean-Pierre Deschepper, « Chronique générale », dansRevue Philosophique de Louvain, quatrième série, tome 79,no 41, Louvain, 1981,p. 150 (en ligne).
↑https://maitron.fr/spip.php?article75533, notice GLORIEUX Palémon, Jean, Justin, Modeste, Joseph par André Caudron, version mise en ligne le 21 décembre 2009, dernière modification le 5 juin 2010.
↑G. Mathon, art. « Deux théologiens de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne lilloise : Pierre Tiberghien et Palémon Glorieux », inRevue du Nord, Hors-série Collection "Histoire"no 38, 2020.
↑Louis Preneel, « Kerkbeeld en kerkbeleving in de publikaties van Cardijn », in Cardijn, un homme, un mouvement. Cardijn, een mens, een beweging. Handelingen van het colloque. Actes du colloque Leuven/Louvain-la-Neuve, 18-19 novembre 1982, Louvain, 1983,p. 48-55.