Πέλοψ[2] est un héronymegrec[3]attesté dès l'époque archaïque[4] : ses premières occurrences sont littéraires[5] et se trouvent dans l'Iliade[5] ;Homère l'y mentionne deux fois, au chantII, à propos de la transmission du sceptre d'Agamemnon[5],[6]. Les auteurs modernes associentΠέλοψ à la racineπελ- /pel-, variante deπολ- /pol-, attestée par des mots tels queπέλεια,πελιός,πελιδνός etπελλός[3]. Pour la majorité des auteurs modernes, Pélops est dérivé de l'adjectifπελιός[3] (« livide, plombé, sombre »)[7],[N 1] ; et-oψ est un suffixe ou un nom[3].
SelonOvide, Pélops fut tué dans son enfance par son pèreTantale, qui le servit aux dieux lors d'un banquet pour tester leur omniscience. Les dieux comprirent la supercherie et ramenèrent Pélops à la vie. Ils lui donnèrent une épaule en ivoire pour remplacer celle queDéméter, la seule divinité qui n'avait pas reconnu sa nourriture, avait mangée[18]. Certaines traditions affirment que les descendants de Pélops avaient tous gardé une marque blanche sur l'épaule depuis cet épisode.
Ce fut à la suite de cette résurrection que, selon la premièreOlympique de Pindare, le dieuPoséidon tomba amoureux de l'adolescent et l'enleva afin d'en faire son amant et sonéchanson, comme plus tardZeus le fit avec le jeuneGanymède[19]. Cependant, Pélops repartit sur terre sur ordre de Zeus à la suite du crime de son père Tantale. C'est ainsi que Pélops se rendit en Grèce où il fit la rencontre d'Hippodamie, sa future épouse.
Pélops obtint la main d'Hippodamie dans une célèbre course de char contre le père de celle-ci,Œnomaos, fils d'Arès et roi dePise enÉlide. Ce roi refusait d'accorder la main de sa fille à quiconque ne l'aurait pas d'abord vaincu dans une course de chars, et il avait l'habitude de tuer les prétendants qui perdaient contre lui. Or il remportait systématiquement la course grâce à des juments d'origine divine Phylla et Harpinna[20] que lui avait offertes son père Arès.
Sur la façon dont Pélops remporta la course, les versions divergent. Dans la premièreOlympique de Pindare, Pélops gagne de façon honnête, grâce aux chevaux ailés Scyphus etArion[20] que lui offre son ancien amant Poséidon. Une autre version est cependant connue par plusieurs auteurs antiques : Pélops soudoyaMyrtilos, l'écuyer d'Œnomaos, pour qu'il sabote le char de son maître en en retirant une pièce ou en la remplaçant par une pièce modelée en cire qui fondit et se désagrégea pendant l'épreuve. Le char se disloqua et le roi mourut traîné par ses chevaux.
Par la suite, Pélops tua Myrtilos pour éviter de payer le prix de sa traîtrise, soit la moitié du royaume de son maître et une nuit avec Hippodamie qu'il convoitait depuis longtemps. En mourant, Myrtilos maudit Pélops et ses descendants. On attribua à cette malédiction les malheurs de la maison d'Atrée, le fils de Pélops.
Rencontre entreŒnomaos et Pélops ; mosaïque romaine deNoheda (4e s.).
Les trois filles de Pélops et d'Hippodamie sont Astydamie[27], Lysidicé[26] etNicippé[26].
Plisthène est soit un fils de Pélops et Hippodamie[23],[25] soit un fils illégitime de Pélops[24] soit le fils d'Atrée et d'une fille de Dias[26].
Pélops avait un autre fils,Chrysippe, qui n'était pas né d'Hippodamie mais d'une précédente union, soit avec lanympheDanaïs, soit avec une mortelle nommée Axioché.
Atrée et Thyeste, parfois à l'instigation d'Hippodamie, assassinèrent Chrysippos par jalousie envers ce fils que Pélops favorisait. Pélops exila alors Hippodamie et ses enfants, qui se répandirent un peu partout dans le Péloponnèse.
Le philosophe grecPlaton, dans son dialogue philosophique leCratyle, donne le nom de Pélops comme dérivant deπέλας /pélas, qui signifie « près » engrec ancien, et deὄψ /óps, qui signifie « vue, œil » engrec ancien, parce qu’il n’a pas anticipé, n’a pas pu percevoir que la mort de Myrtilos porterait malheur à sa descendance[29]. Cette étymologie est considérée comme fantaisiste par les linguistes[30].
Lefronton est duTemple de Zeus à Olympie, sculpté au milieu duVe siècle av. J.-C., représente en bas-reliefs Pélops, Hippodamie,Œnomaos et peut-être Myrtilos, sans doute peu avant le départ de la course.Zeus, représenté aux côtés de Pélops, semble surveiller l'épreuve. Aux deux extrémités du fronton sont représentés les dieux-fleuvesAlphée et Cladéos. La plupart des fragments du fronton sont parvenus jusqu'à nous, quoique l'ordre dans lequel sont disposés les personnages soit encore sujet à des interprétations divergentes.
Pélops et Hippodamie sur le char pendant la course. Scène peinte sur une amphore à col attique attribuée au Peintre de Dinos. Vers 420-410 av. J.-C. Arezzo, Musée archéologique national.
Le compositeur tchèqueJaroslav Vrchlický a composé une trilogieHippodamie composée de trois mélodrames en quatre actes chacun :Námluvy Pelopovy (La Séduction entreprise par Pélops) en 1888-1889,Smír Tantalův (L'Expiation de Tantale) en 1890, etSmrt Hippodamie (La Mort d'Hippodamie) en 1891. Les mélodrames incluent un livret deJaroslav Vrchlický.
Dans la série télévisée américaine descience-fictionStargate SG-1, l'épisode 6 de la saison 1,Les Désignés, montre une planète similaire à la culture de la Grèce antique dont les habitants vénèrent Pélops comme un dieu alors qu'il s'agit d'unGoa'uld (représentant d'un peuple extra-terrestre maléfique) déguisé.
Le jeu vidéoEmpire Earth, édité parSierra Entertainment et développé parStainless Steel Studios en 2001, met en scène Pélops comme héros du second épisode de la campagne grecque. Il doit mener ses fils et son peuple vers le futur Péloponnèse.
↑L'adjectifπελιός a également servi à former le nom du héros thessalienPélias parce qu'une jument le frappa de son sabot sur sa figure, lui laissant sur le visage une marque livide,πελιόν[8].
↑Le scholiaste de Lycophron (152) précise que la déesse était sans doute distraite par le chagrin dû à la disparition de sa filleCoré. D'après le scholiaste dePindare, la déesse concernée aurait plutôt étéThémis ouThétis selon les variantes de manuscrits.
↑a etbM. A. Geffroy, « Œnomaùs, Pélops et Hippodamie, vase peint »,Mélanges de l'école française de Rome,vol. 1,,p. 349-368(lire en ligne, consulté le).
[Cuvelier 2012] PierreCuvelier,Le mythe de Pélops et d'Hippodamie en Grèce ancienne : cultes, images, discours (thèse de doctorat en grec ancien, préparée sous la direction de Michel Briand et soutenue en à l'université de Poitiers), Poitiers,, 1 vol., 655,ill.(SUDOC178070645,résumé,présentation en ligne,lire en ligne).