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Ne doit pas être confondu avecOrne (rivière).
l'Orne | |
![]() La retenue d'eau sur l'Orne àRabodanges. | |
![]() Carte de l'Orne enBasse-Normandie ![]() | |
Caractéristiques | |
---|---|
Longueur | 169,6 km[1] |
Bassin | 2 932 km2[réf. nécessaire] |
Bassin collecteur | l'Orne |
Débit moyen | 27,5 m3/s (Ouistreham (exutoire))[réf. nécessaire] |
Organisme gestionnaire | SYMOA ou Syndicat Mixte de l'Orne et ses Affluents (sur sa partie amont)[2] |
Régime | pluvialocéanique |
Cours | |
Source | Aunou |
· Localisation | Aunou-sur-Orne |
· Altitude | 190 m |
· Coordonnées | 48° 36′ 38″ N, 0° 13′ 40″ E |
Embouchure | laManche |
· Localisation | Ouistreham |
· Altitude | 0 m |
· Coordonnées | 49° 17′ 27″ N, 0° 14′ 46″ O |
Géographie | |
Principaux affluents | |
· Rive gauche | Rouvre,Noireau,Odon |
· Rive droite | Don,Ure,Laize |
Pays traversés | ![]() |
Départements | Orne,Calvados |
Régions traversées | Normandie |
Principales localités | Sées,Argentan,Caen |
Sources :SANDRE:« I2--0200 »,Géoportail,Banque Hydro, SYMOA[2],OpenStreetMap | |
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L'Orne est unfleuve côtier du nord-ouest de laFrance, dans les deuxdépartements de l'Orne et duCalvados. C'est le deuxième plus important descours d'eau normands, après laSeine, par sa longueur de 169,6 kilomètres[1] et son débit. Après s'être frayé un chemin à travers les hauteurs de laSuisse normande, l'Orne arrose la ville deCaen, puis, canalisée, débouche dans laManche par unestuaire d'une grande richesse écologique.
Elle donne son nom audépartement de l'Orne.
L'Orne prend sa source aux environs d'Aunou-sur-Orne[3], au nord-est de laforêt d'Écouves, près deSées, à 190 mètres d'altitude[4], dans ledépartement de l'Orne. Elle coule, en direction du nord-ouest, dans laplaine d'Argentan, puissurimpose sa vallée sinueuse et escarpée dans lesgranites d'Athis et lesschistes etgrès de laSuisse normande formant des gorges pittoresques[5]. DePutanges à laforêt de Grimbosq, l'Orne parcourt satrouée héroïque dans un environnement de buttes élevées et sauvages (mont d'Ancre, mont Cerisy), traçant un sillon profond encadré de parois rocheuses impressionnantes (rochers des Parcs,rochers de la Houlle,Pain de Sucre) près deClécy. De nombreuxmoulins et sites de gué égayent le fond de la vallée.
Juste en aval de Putanges, à l'entrée des gorges, le barrage deRabodanges a été édifié, en1960, pour régulariser le débit de l'Orne et produire de l'électricité (puissance de 6 500 kW), créant un lac artificiel d'une longueur de 7 km[6]. Dans la dernière partie de son cours, après avoir franchi, près deThury-Harcourt, la boucle du Hom et ses schistes, témoins de la chaînecadomienne vieille de 650 à 540 millions d'années[7], l'Orne contourne leCinglais, traverse laplaine de Caen avant de rejoindre laManche àOuistreham, dans ledépartement du Calvados.
ÀCaen, un petit bras d'eau, la Noë, se détache du fleuve en amont deVaucelles, vers Montaigu, et traversela Prairie. Il est ensuite rejoint par l'Odon et se jette dans le bras principal de l'Orne à l'extrémité du cours Montalivet. Depuis1845, le cours aval de l'Odon a été canalisé pour former le bassin Saint-Pierre. Depuis1860, la Noë est recouverte entre la Cité Grusse et la place Courtonne. Depuis lesannées 1930, le Grand Odon rejoint la Noë en longeant les boulevards de ceinture au nord de la Prairie.
EntreCaen et l'estuaire, le cours de l'Orne est doublé, sur une quinzaine de kilomètres, par lecanal de Caen à la mer que peuvent emprunter des navires de haute mer. Leport de Caen-Ouistreham, composé de plusieurs bassins situés à proximité du centre-ville (bassin Saint-Pierre, nouveau bassin, bassin de Calix), est administré par les Ports normands associés (PNA) ; le trafic transmanche est concentré dans l'avant-port d'Ouistreham, alors que les autres trafics (bois, recyclages, céréales, engrais…) sont traités le long du canal[8].
Dans deux départements, l'Orne traverse quatre-vingt-trois (83)communes dont :
L'Orne traverse trente-deux zones hydrographiques[1].
L'organisme gestionnaire est le SYMOA ou Syndicat Mixte de l'Orne et ses Affluents[2], situé àArgentan (uniquement pour la partie amont du bassin versant).
Les principaux affluents et sous-affluents de l'Orne (de l'aval vers l'amont) sont :
L'Orne draine un important bassin[5] de 2 932 km2 dans le cadre d'unclimat océanique marqué par la topographie. La vallée du fleuve est moins arrosée que les plateaux dont sont issus ses affluents. Le débit de 27,5 m3/s à l'embouchure[5] est supérieur à celui des autres fleuves côtiers bas-normands, laTouques et laVire, mais il se montre irrégulier. Globalement, les étiages sont bas.
L'Orne a été observée à la station I3621010, L'Orne àMay-sur-Orne, depuis le(41 ans), à 4 m d'altitude et pour un bassin versant de 2 506 km2[9]
L'écart entre les basses et les hautes eaux est considérable dans un tel milieu, avec (5,13 m3/s en août contre 61,5 m3/s en janvier pour un débit moyen de 25,4 m3/s àMay-sur-Orne[9], quelques kilomètres en amont deCaen).
À l'étiage, c'est-à-dire aux basses eaux, leVCN3, ou débit minimal du cours d'eau enregistré pendant trois jours consécutifs sur un mois, en cas dequinquennale sèche s'établit à 1,6 m3/s, ce qui est peu mais reste très convenable[note 2],[9].
Sur cette période d'observation, le débit journalier maximal a été observé le pour 443 m3/s. Le débit instantané maximal a été observé le même[note 3] avec 477 m3/s en même temps que la hauteur maximale instantanée de 5 960 mm soit 5,96 m[9].
LeQIX 2 est de 180 m3/s, le QIX 5 est 260 m3/s, le QIX 10 est de 320 m3/s, le QIX 20 est de 370 m3/s et le QIX 50 est de 440 m3/s[9]. Le QIX 100 n'a pas pu être calculé vu la période d'observation de 37 ans.
Lalame d'eau écoulée dans cette partie du bassin versant de la rivière est de 320 millimètres annuellement, ce qui est légèrement au-dessus de la moyenne en France, à 300 mm/an. Ledébit spécifique (Qsp) atteint 10,1 litres par seconde et par kilomètre carré de bassin[9].
Certains spécialistes ont proposé un thème hydronymique *ol-[11]. L'astérisque signifie que cet élément n'est attesté dans aucune langue connue, donc il s'agit d'une hypothèsead hoc de ces auteurs. En outre, ils ne lui donnent aucune signification précise.
En revanche, la cohérence des attestations anciennes et la comparaison avec le nom d'autres rivièresOrne impliquent l'existence d'un type hydronymiqueOlina, bien attesté, et dont l'évolution régulière enOrne est conforme aux règles de la phonétique historique. L'hydronymeOlina a été rapproché du nom indo-européen du « coude », stipulé par la similarité du terme signifiant « coude » dans différenteslangues indo-européennes : vieil irlandaisuilen, gallois, breton, vieux corniqueelin, latinulna, grecōlénē, gotiquealeina, etc. En réalité,Olina remonterait à un gaulois*olina signifiant « coude » postulé par le vieil irlandaisuilen, les gallois, breton et vieux corniqueelin qui remontent au celtique commun*olīnā[12]. D'un point de vue topographique, l'Orne dessine en effet un vaste coude.
Un port est attesté sur le petit bras de l'Orne, appelé Noë[note 4], depuis leXIe siècle[13]. De ce fait, le cours inférieur de l'Orne, naturellement marqué par de nombreux méandres, a fait l'objet de l'attention des hommes et le lieu d'aménagements nombreux destinés à relier efficacement Caen à la mer[note 5]. Comme dans la plupart des estuaires d'Europe, l'envasement rend la navigation difficile à partir duXVe siècle-XVIe siècle.
En1679, l'Orne est redressée entre les carrières deRanville etClopée à Mondeville[14].
À la fin duXVIIIe siècle, les habitants de la région doivent à la fois lutter contre l’ensablement de l’estuaire qui menace le débouché maritime de la grande cité normande et protéger cet espace d’éventuelles attaques de la marine britannique (de nombreux ouvrages défensifs –redoutes, commecelle de Merville, corps de garde – sont ainsi édifiés). En 1762, le tirant d'eau du port n'est que de 4 à 5 pieds[15]. En1780, le canal de redressement de l'Orne commencé en 1764 entreClopée (Mondeville) et Caen est ouvert à la navigation.
L'Orne, toujours soumis aux marées, reste toutefois un port d'échouage. Les travaux réalisés auXVIIe siècle etXVIIIe siècle sont jugés insuffisants et un projet de canalisation, ayant pour objectif de supprimer l’influence des marées dans la basse vallée de l’Orne, est proposé par l’ingénieur Cachin dès 1798[16]. Cette étude minutieuse proposait de redresser le cours du fleuve, évitant les sinuosités multiples, avec un accès direct pour les navires de moyen tonnage au bassin sis au pied des remparts de Caen[note 6], et la construction d’un avant-port àOuistreham[16].
La construction ducanal de Caen à la mer et l’aménagement de ses abords ne sont entrepris que sous leSecond Empire et l'ouvrage est inauguré le[17]. La nouvelle voie d’eau mesure 14 kilomètres et avait à l'origine une largeur de 15 mètres et une profondeur dépassant les 5 mètres[16] (depuis le canal a été élargi et approfondi plusieurs fois). L'Orne est alors redressée entre Ranville et le corps de garde de Sallenelles ; l'ancien lit du fleuve est en partie repris par le canal (entrePegasus Bridge et le déversoir du Maresquier)[18],[note 7].
La plupart du trafic commercial est dérouté sur le canal, mais l'Orne reste toutefois utilisée comme voie navigable, notamment pour le transport de passagers. Le débarcadère des bateaux à vapeur est ainsi établi sur le quai de Juillet[19]. La construction du barrage du cours Montalivet, ouvert en 1912, vient toutefois sonner le glas de la navigation commerciale sur le fleuve[20].
Les projets visant à rendre navigable l'Orne en amont deCaen jusqu'àArgentan ont été nombreux à voir le jour auXVIIIe siècle et au début duXIXe siècle, mais les difficultés étant grandes pour établir unchemin de halage et réguler le cours du fleuve parsemé de hauts fonds et coulant entre d'énormes rochers taillés à pic, elles découragèrent plus d'un ingénieur de l'Ancien Régime. Au début duXIXe siècle, alors que les périodes troublées de laRévolution et de l'Empire laissaient place à une ère plus propice aux affaires, que les techniques rendaient les projets plus réalistes,Louis Becquey, directeur général des ponts et chaussées, présenta un rapport complet devant les membres de laSociété d'agriculture et de commerce de Caen, le[21]. Il reprenait les anciens projets et se proposait d'aller au-delà, en reliant l'Orne au bassin de laLoirevia deux canaux susceptibles de mettre en communication les deux bassins hydrographiques.
Ces deux propositions suscitèrent l'intérêt. En1839, leconseil général du Calvados émet ainsi un vœu « tendant à ce que le canal de Caen à Angers soit entrepris le plus tôt possible, et que la direction en soit fixée par Mayenne et Laval, avec un double embranchement sur Alençon et sur Argentan, par Écouché »[22]. Mais la nécessité de faire un choix entre les deux tracés, le coût élevé des deux variantes retardèrent la mise en œuvre des travaux. L'arrivée du chemin de fer dans les années 1850 mit un terme à cet ambitieux projet de liaison fluviale ; ainsi le conseil général du Calvados déclare en 1855 que laligne Le Mans - Mézidon, dernier maillon de laligne ferroviaire Caen - Tours, est « le complément du canal de Caen à la mer et le remplacement naturel de celui si longtemps projeté pour mettre, au moyen de la canalisation de l'Orne, le bassin de la Manche en communication avec celui de la Loire »[23]. Le projet est toutefois évoqué régulièrement : il est prévu dans le cadre duplan Freycinet, mais seulement en troisième catégorie ; un comité d'étude est formé dans les années 1895-1896 et à sa demande l'ingénieur Barbé dresse un projet de canal entre Caen et Pont d'Ouilly ; l'idée ressurgit enfin dans les années 1910[24], sans être réalisée.
Juridiquement, le début de l'estuaire de l'Orne peut être fixé à différents endroits.
Les effets de la marée sur l'Orne se font sentir jusqu'au barrage du cours Montalivet.
La limite de salure des eaux (LSE), définie comme le point de cessation de la salure des eaux qui constitue, dans les estuaires, la frontière entre le champ d'application de la pêche maritime et de la pêche fluviale, est fixée à Caen au niveau barrage dit « La Passerelle ». Cette limite, initialement fixée par un décret du 10 mai 1902, a été reprise par le décretno 2014-1608, alors que ce barrage a été détruit après l'ouverture en 1912 du barrage du cours Montalivet[25].
La limite transversale de la mer (LTM), qui marque la limite entre le domaine public fluvial et maritime, est quant à elle fixée, par deux décrets du 8 juillet 1851 et du 25 août 1856, à une ligne passant par la chapelle duchâteau de Bénouville et par la tête du nouveau lit de l’Orne, dans les marais de Ranville[26].
Enfin, la partie canalisée de l'Orne se termine au niveau du déversoir du Maresquier (ancien lit du fleuve réutilisé par le canal de Caen à la mer). Après cet ouvrage, commence véritablement la baie de l'Orne (entre lapointe du Siège à Ouistreham etSallenelles).
L'estuaire de l'Orne, dont une large zone a été acquise par leConservatoire du littoral entre 1984 et 2003[27], constitue un milieu naturel exceptionnel car remodelé en permanence par les forces naturelles, mais il s'agit également d'un espace menacé par les activités humaines : canalisation de l'Orne, aménagement de l'avant-port d'Ouistreham, développement touristique deMerville-Franceville-Plage, ouvrages militaires (site dudébarquement de 1944). Pourtant le contact du fleuve et de la mer a multiplié les milieux et paysages (cordons dunaires,vasières,marais saumâtres,prairies humides,herbus,roselières) favorisant la diversité de la flore et de la faune[27].
L'estuaire présente un très riche patrimoine ornithologique avec plus de 160 espèces recensées, qu'il s'agisse d'oiseaux sédentaires ou migrateurs, aquatiques ou marins. Parmi les espèces du large, sont représentés legoéland, lamacreuse noire, legrand cormoran, l'eider à duvet. La zone aquatique est occupée par lecourlis cendré, legrèbe huppé, lechevalier gambette, l'huîtrier pie ou encore lepluvier argenté. Des espèces remarquables nichent dans ce riche sanctuaire écologique comme lehibou moyen-duc, lebruant des neiges, lamésange à moustaches, l'alouette hausse-col et lemartin-pêcheur[27]. Disparus depuis les années 1930, lesveaux marins forment à nouveau une petite colonie dans l'estuaire[28].
La diversité de la flore est tout aussi grande. Plus de 280 espèces végétales ont été dénombrées (auxquelles il convient d'ajouter quelque 400 espèces de champignons) dont certaines sont très rares en Normandie comme l'ail maraîcher, lemuscari à toupet, ladame de onze heures. D'autres plus communes bénéficient d'une protection, telles l'élyme des sables appelée également seigle de mer[29], l'aster maritime, l'argousier ou encore l'obione[30] et lasalicorne[27].
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