Issu d'une famille cultivée de la bourgeoisiestambouliote, Orhan Pamuk envisage d'abord des études depeinture et dejournalisme, avant de se consacrer entièrement à lalittérature. Son premier roman (Cevdet Bey et ses fils, 1982) s'inspire en partie de son histoire familiale et place au cœur du récit les bouleversements de laTurquie contemporaine et les métamorphoses de saville natale, thèmes que l'écrivain n'aura de cesse d'explorer tout au long de son œuvre. En 1983,Le Château blanc, premier roman de Pamuk à être traduit en anglais, marque une étape dans sa carrière d'écrivain et une évolution vers des recherches narratives et formelles proches dupostmodernisme et duréalisme magique. L'ouvrage apporte une renommée internationale et une aura de prestige à son auteur, amplifiées au fil des années par de nouveaux grands succès publics et critiques :Le Livre noir (1990),Mon nom est Rouge (1998),Neige (2002),Le Musée de l'innocence (2008) ouCette chose étrange en moi (2014). Il a aussi publié plusieurs ouvrages surIstanbul et un livre de souvenirs,D'autres couleurs (2011).
Traduit dans plus de soixante langues, lauréat de nombreux prix littéraires internationaux, Orhan Pamuk est souvent considéré comme l'écrivainturc le plus célèbre dans le monde. Ses romans ont rencontré un succès planétaire depuis leur parution et l'on estime qu'ils se sont vendus à plus de onze millions d'exemplaires. En2006, il obtient leprix Nobel de littérature, devenant ainsi le premier Turc à recevoir cette prestigieuse distinction. La même année, il est classé par le magazineTime dans la liste des cent personnalités les plus influentes du monde.
Ferit Orhan Pamuk naît àIstanbul, le, aux abords de laCorne d'Or qui constitue la partie occidentale de la ville[1]. Par la suite, l'auteur ne quittera presque jamais la rive nord stambouliote[1]. Il est élevé au sein d'un milieu aisé, cultivé et francophile mais sur le déclin, ce qu'il décrit dans ses romansCevdet Bey et ses fils (Cevdet Bey ve Oğullar,1982),Le Livre noir (Kara Kitap,1990) et dans son autobiographieIstanbul, souvenirs d'une ville (İstanbul: Hatıralar ve Şehir,2003). Son père est un intellectuel et un ingénieur civil, comme son oncle et son grand-père qui fut à l'origine de la fortune du clan[1],[2]. Le jeune Ferit grandit dans le quartier européen deNişantaşı, dans l'immeuble familial portant le même nom[2].
Bachelier duRobert College, Pamuk, passionné depeinture, étudie d'abord ledessin puis, durant trois années, l'architecture à l'École Polytechnique d’Istanbul. Il songe plus d’une fois à laisser tomber ses études en architecture pour devenir artiste-peintre. A la fin du chapitre du livre où il raconte ses discussions avec sa mère qui ne veut pas qu’il abandonne ses études en architecture il conclut: Je ne serai pas peintre mais je serai écrivain[3]. Il ira suivre une formation de journaliste dans une université stambouliote[2],[4]. Une fois son diplôme obtenu, il s'enferme des journées entières dans l'appartement familial pour écrire[2]. Il habite chez sa mère huit années (de 22 à 30 ans), alors qu'il rédige ses premiers textes et attend la réponse d'un éditeur. Il écrit tout d'abord des nouvelles dont l'une est publiée en1979. Trois ans plus tard, il se marie avec Aylin Turegenen, une historienne avec laquelle il a une fille, Rüya (ce qui signifie « rêve » en turc), née en1991. Le premier roman de Pamuk,Cevdet Bey et ses fils trouve difficilement un éditeur, mais rencontre des critiques favorables lors de sa parution en1982 et se voit attribuer plusieurs prix littéraires enTurquie. Pendant que son épouse finit ses études à l'université Columbia, l'auteur est invité à y être boursier. Il utilise le temps qui lui est imparti pour conduire ses recherches et écrire son romanLe Livre noir (Kara Kitap,1990) dans la bibliothèque de l'université, laButler Library.
Il passe trois années àNew York, entre1985 et1988. Revenu à Istanbul avec son épouse, il s'installe dans un appartement surplombant ledétroit du Bosphore et se consacre plus de dix heures par jour à écrire. Le couple se sépare en2001. En2006, Pamuk revient auxÉtats-Unis occuper un poste de professeur à l'Université Columbia. Pendant l'année académique2007-2008, il y enseigne lalittérature comparée avec Andreas Huyssen et David Damrosch. Puis il devient écrivain résident auBard College.
L'auteur se décrit comme une personne deculture musulmane, engagée au service desdroits de l'homme, de laliberté d'expression et du dialogue entre les peuples et qui associe la religion à une identification culturelle et historique sans avoir toutefois de connexions personnelles avec Dieu[2].
Orhan Pamuk à son bureau
Pamuk a effectué plusieurs autres longs séjours auxÉtats-Unis en qualité d'auteur invité, notamment à l'Université de l'Iowa.
L'auteur est considéré comme contestataire dans son pays, notamment depuis son refus d'accepter le titre d'« artiste d'État » en1998[2],[5]. Il a souvent dénoncé, dans ses ouvrages et ses articles, ce qu'il juge être les dérives actuelles de son pays (montée de l'islamisme, injustices sociales, manque deliberté d'expression) ce qui en fait l'ennemi du pouvoir politique, desconservateurs et desnationalistes[4]. Il est le premier écrivain du monde musulman à condamner publiquement lafatwa islamique lancée contreSalman Rushdie en1989[2]. Il reconnaît également dans la presse en2005 la culpabilité de la Turquie dans les massacres kurdes et legénocide arménien ce qui lui vaut des menaces de mort et une assignation à comparaître devant les tribunaux[2]. Sous la pression internationale, les poursuites sont finalement abandonnées en2006, année où il se voit décerner leprix Nobel de littérature[4].
La même année, il fait partie des signataires, en compagnie de plusieurs écrivains dont quatre autres prix Nobel (Günter Grass,Elfriede Jelinek,J.M. Coetzee etTomas Tranströmer), d'un manifeste contre la société de surveillance et l'espionnage des citoyens orchestré par les États[11].
En2016, il soutient l'écrivain Murat Belge qui comparaît au tribunal pour « insulte » au présidentRecep Tayyip Erdoğan[12].
Plusieurs de ses livres ont obtenu de prestigieuses récompenses, tant enTurquie qu'à l'international (voir plus bas la rubriqueromans). L'ensemble de son œuvre a également été distingué à de nombreuses reprises.
Le, il reçoit le titre dedocteurhonoris causa de l'université libre de Berlin[13]. Il est alors considéré comme « un phénomène exceptionnel dans la littérature mondiale ». Pamuk doit cependant reporter son voyage enAllemagne à la suite des menaces de nationalistesturcs consécutives à l'assassinat deHrant Dink.
Au début2005, Orhan Pamuk fait l’objet de menaces sérieuses contre sa vie après avoir admis l’existence dugénocide arménien et la réalité du massacre des Kurdes par l'État turc lors d'une interview accordée à un journalsuisse. Lors de cet entretien, il déclare que, entre 1915 et 1917, « un million d'Arméniens et trente mille Kurdes ont été tués sur ces terres, mais personne d'autre que moi n'ose le dire ». Ces déclarations provoquent de vives réactions dans l'opinion publique turque et sont jugées contraires à l'intérêt national. Le sous-préfet deSütçüler, région d’Isparta, ordonne la destruction de tous les livres de l'écrivain. Rien ne semble avoir été détruit, faute d’ouvrages présents dans les librairies et les bibliothèques de la région. Une chaîne de télévision locale lance même un appel pour retrouver une jeune étudiante ayant déclaré avoir en sa possession un livre de Pamuk.
Enoctobre 2005, il est mis en examen pour « insulte délibérée à l'identité turque » par la cour d'Istanbul, selon l'article 301 du code pénal. Il maintient cependant ses propos. Il déclare« Mon but était de commencer une petite discussion sur ce tabou, parce qu'il est un obstacle pour notre entrée dans l'Union européenne. », en faisant allusion aux massacres d'Arméniens et de Kurdes. L'auteur aurait dû comparaître en justice le. Lors de l'audience préliminaire, il est frappé avec un dossier et des œufs sont lancés sur sa voiture. Il risque alors quatre ans de prison[15].
Lors d'une conférence de presse, dans laquelle il fait part du soutien massif du monde de la culture dont il bénéficie, Pamuk plaide pour laliberté d'opinion et pour le respect desdroits de l'homme en Turquie. Il a également « souhaité de tout cœur que la Turquie fasse partie de l'Union européenne ». Ce procès reporté au est symbolique d'uneliberté d'expression sévèrement encadrée. Le commissaire européen à l'élargissement,Olli Rehn, avertit que « ce n'est pas Orhan Pamuk qui est jugé mais la Turquie ». Les accusations sont finalement abandonnées le.
L'annonce de l'attribution du prix Nobel à Pamuk enoctobre 2006 est mal accueillie au sein de l'élite médiatique, politique et culturelle turque proche du pouvoir et des nationalistes qui invoquent une décision politique et minimisent la valeur littéraire de ses ouvrages[18]. L'avocat d'extrême droite Kemal Kerinçsiz annonce son intention de porter plainte contre l'Académie suédoise et Pamuk est même sommé de prendre position sur le projet de loi française d'alors de reconnaissance officielle dugénocide arménien[18]. Le romancier refuse d'alimenter la polémique et se dit fier d'amener cette récompense à la Turquie[18].
Débutfévrier 2007, l'auteur aurait quitté la Turquie pour s'installer auxÉtats-Unis après avoir renoncé à une importante tournée en Allemagne. À la suite de l'assassinat deHrant Dink, il reçoit en effet de nombreuses nouvelles menaces de la part des milieux nationalistes turcs[19],[9].
Le réseauErgenekon, composé de militants nationalistes, d'officiers de l'armée et de la gendarmerie, de magistrats, demafieux, d'universitaires et de journalistes, est accusé d'avoir projeté son assassinat[20].
Le parquet d’Istanbul ouvre une nouvelle enquête contre l'écrivain en novembre 2021, l'accusant d’avoir insulté l’identité turque dans son livreVeba Geceleri (Les Nuits de la peste)[21].
Orhan Pamuk est bien l'écrivain de « l'âme mélancolique de sa ville natale » comme l'a expliqué l'Académie suédoise. En effet, ses ouvrages se caractérisent par l'hüzün (équivalent turc duspleen) dont le sens multiple définit Istanbul et ses habitants[2]. Dans ses livres, ses compatriotes se partagent entre nostalgie de la gloire impériale et incertitude sur l'avenir du pays (cheminement difficile vers la démocratie, obscurantisme, mutations économiques, lien difficile à lalaïcité etc.)[2],[1]. Ses romans sont généralement métaphoriques et labyrinthiques[1]. Ils mêlentonirisme etréalisme et oscillent constamment entre passé et présent ou modernité et tradition[1].
Par le prisme de la mélancolie, Pamuk se veut l'observateur d'une nation divisée et le conteur d'une Turquie tiraillée entre la tradition musulmane et le modèle occidental[2]. Le romancier explique :« Le véritable trouble réside plutôt dans le fait que beaucoup d'intellectuels et de décideurs estiment qu'être à la fois en Occident et en Orient représente une maladie. Nous sommes en effet géographiquement à la frontière entre deux mondes et notre histoire comme notre culture en découlent. À mes yeux cela représente une chance. Nous avons des partis qui veulent une Turquie totalement occidentale, ou totalement turque, ou totalement islamique. Ces projets radicaux sont réducteurs. Notre richesse est au contraire d'être tout cela à la fois. »[5].
Cevdet Bey et ses fils, son premier roman, qui se veut une fresque généalogique dans la lignée desBuddenbrooks deThomas Mann traite de l'évolution d'une famille sur trois générations et de l'abandon par celle-ci d'un style de vie turc traditionnel pour un modèle plus occidentalisé[2],[22]. Il entrelace une multiplicité de petits récits qui fondent la chronique de la vie quotidienne des Stambouliotes sur sept décennies d'Histoire, de l'abolition du sultanat à l'aube duCoup d'État du 12 septembre 1980[22].
L'œuvre emprunte beaucoup d'éléments à la propre histoire de l'auteur[22]. Elle brosse le portrait de Cevdet Bey, premier commerçant musulman deConstantinople qui s'oppose en1905 au monopole des minorités arménienne, grecque et juive sur les activités commerciales ottomanes[23]. D'inspirationréaliste, ce roman, qui évoque ladécadence et le tragique de l'Histoire, n'est pas encore caractérisé par le cheminementésotérique des textes postérieurs de l'auteur[23]. Cependant, il pose déjà les thèmes du double et de l'art, centraux dans sa production romanesque[23]. Ce double motif se retrouve dans l'évocation de la vie d'Ahmet, le petit-fils de Cevdet[23]. Ce peintre solitaire, en rupture avec le tumulte politique turc desannées 1970, tente d'exécuter le portrait de son grand-père en renouant ainsi la chaîne du temps[23].
La Maison du silence raconte, selon cinq perspectives narratives différentes, la visite, en1980, par plusieurs membres d’une même famille à une aïeule dans une ville maritime au moment où la Turquie craint uneguerre civile[2]. Alors que le récit fait circuler les points de vue, les opinions politiques et les voix divergentes, se forme le tableau d'une société marquée par l'instabilité et le chaos dans laquelle des groupes radicaux se disputent le pouvoir[2].
Le Château blanc (Beyaz Kale,1985) approfondit le thème de prédilection du romancier : le jeu sur le double et les identités multiples[2]. Premier roman de Pamuk à être traduit enanglais,Le Château blanc prend l'allure d'une fiction historique et reconstitue l'Empire ottoman avec une extrême minutie. Abolissant la frontière entre réalité avérée et irrationnel, l'œuvre s'oriente vers une forme plus audacieuse, rapprochée duréalisme magique latino-américain[24]. Elle conte la relation passionnée auXVIIe siècle entre un esclave vénitien et un intellectuel turc, parfait miroir l'un de l'autre sur le plan physique et psychique[25]. Entre l'Italien et lehodja, les deux facettes d'un même moi, s'opère un échange d'identités qui bouleverse le cours de l'histoire[2]. AvecLe Livre noir, l'écrivain prend ostensiblement ses distances avec le réalisme social en vigueur dans lalittérature turque. Il évolue alors vers un style expérimental et une forme demysticisme qu'il ne quittera plus[4].Le Livre noir dévoile le penchant de Pamuk pour lesoufisme, utilisant les codes duroman policier en trompe-l’œil[26]. L'ouvrage met en scène, dans une Istanbul mystérieuse, tourbillonnante et fantasmagorique, les pérégrinations d'un avocat à la recherche de son épouse disparue et de son demi-frère journaliste avec lequel il finit par changer d'identité[26]. Au fil de l'impossible quête de vérité du protagoniste, de nombreux récits, univers et périodes historiques s'enchevêtrent de manière vertigineuse[26].
La Vie nouvelle (Yeni Hayat,1994) évoque un mystérieux livre ayant le pouvoir de changer la vie de ceux qui le lisent etMon nom est Rouge, qui apporte à Pamuk la célébrité à l'international, superpose énigme criminelle, reportage historique sur laminiature ottomane etpersane classique et fable sur l'amour[5]. Ces deux romans marquent une nouvelle étape dans la carrière de leur auteur[2]. Pamuk abandonne définitivement lenaturalisme des débuts au profit de techniques littérairespost-modernes : jeu sur les codes de la fiction, écrituretransdisciplinaire (références érudites auxsciences, auxsciences humaines et à l'art),mise en abyme, polyphonie,métafiction ou encore mélange des genres (roman policier, récit sentimental, conte, poésie, chant, notations philosophiques)[4]. D'autres caractéristiques apparaissent : contraction du surnaturel et de la réalité quotidienne, recours auxrécits enchâssés, digressions verbales et adresses au lecteur[4]…
Le romanNeige accélère cette mutation[4]. Tout en continuant ses recherches narratives et formelles, Pamuk situe sa fiction dans la Turquie contemporaine à travers le retour d'un poète turc exilé àFrancfort, en quête de lui-même et de son pays, àKars, ancienne ville-frontière desEmpires russe etottoman[2]. L'écrivain investit pour la première fois le champ politique, abordant les déchirures du pays : refoulement du passé, montée de l'intégrisme, croissance du nationalisme, inégalités sociales, crise économique, questionnement sur la conformation au modèle occidental[4]… Néanmoins, l'auteur cherche à rendre compte d'un contexte troublé sans pour autant prendre position, ni imposer son point de vue au lecteur[2]. Adapté pour le théâtre par Blandine Savetier,Neige est joué du1er au auThéâtre national de Strasbourg (TNS)[27].
DansIstanbul, souvenir d'une ville, Pamuk circonscrit ses souvenirs de jeunesse et différentes images de sa ville natale autour de laquelle il a bâti son œuvre[4].
Le Musée de l'innocence (Masumiyet Müzesi,2008) narre une relation amoureuse contrariée entre deux Stambouliotes issus d'un milieu social différent[4]. Sur fond de récit initiatique, de fétichisme amoureux et de mythes, l'ouvrage retrace l'histoire contemporaine de la Turquie et parodie les romans à l'eau de rose et lecinéma turc desannées 1970[28],[29].
Cette chose étrange en moi (2014) est une sorte d'épopée d'un humble Anatolien venu vivre et travailler à Istanbul, entre 1969 et 2012, peut-être naïf, peut-être simplement dépourvu de méchanceté.
La prose de l'auteur, d'une grande richesse, amalgame poésie, conte et chronique[1]. Elle évolue vers des directions et expérimentations diverses[30]. Pamuk s'écarte des conventionslittéraires etlinguistiques turques, soumises à une réforme d'État de1923 visant à simplifier la grammaire, la syntaxe et le vocabulaire et à évincer la plupart des emprunts à l'arabe et aupersan[30]. Il mêle indistinctement des registres culturels divers : élitaire, historique, légendaire, allégorique ou populaire et cherche à ouvrir de nouveaux modes d'expression par des jeux de miroir sur l'exemple deJorge Luis Borges[30]. Ouvertement métissée et cosmopolite, son écriture foisonne de notations hétérogènes et de signes polysémiques, privilégiant la description sans pour autant lasser le lecteur[23]. Pamuk est loué pour son art du détail et sa manière de témoigner de la vie quotidienne passée et présente (notamment lorsqu'il ressuscite le folklore du quartier deNişantaşı dansCevdet Bey et ses fils)[22]. Ses derniers romans développent des procédés novateurs (rupture de syntaxe,collages, décalages verbaux, annonces, alternance de registres stylistiques...). La construction de ses récits se veut sophistiquée, dense et complexe : narration multiple, temporalités gigognes, chronologie disloquée ou encore pluralité des points de vue[30]. Son style combine les traditions narrative et poétique dumonde arabo-musulman à l'avant-garde occidentale[4],[28]. Pamuk déclare :« Je fais des collages […]. Je puise aussi dans les mythologies de l’islam et dans les récits classiques de la Turquie, des récits que j’associe toujours à des techniques et à des motifs contemporains. »[31]. Il ajoute :« Chacun de mes livres est né d'idées volées sans honte aux expérimentations du roman occidental, et mélangées avec les contes de la tradition islamique. Du contact de ces deux styles dangereusement assemblés naît une étincelle violente, éclectique,dadaïste. »[32].
Pamuk affirme de plus avoir été influencé par la culture francophile de son père, traducteur turc dePaul Valéry, qui séjournait souvent àParis et fréquentaitJean-Paul Sartre etSimone de Beauvoir auCafé de Flore[32]. Pour l'auteur, la Turquie est globalement plus imprégnée de culture française que britannique :
« L'intelligentsia turque n’a jamais été influencée par les écrivains anglais. Alors que les Français ont toujours été très populaires parmi nos intellectuels.Gautier a incontestablement influencé les intellectuels turcs.Gide également. Nos écrivains ont mieux compris Istanbul à travers le regard des écrivains français[36]. »
Publié en français sous le titreL'Innocence des objets, traduit du turc par Valérie Gay-Aksoy. - Paris : Gallimard, 2012. - 263 p. -(ISBN978-2-07-013843-2)
The Naïve and the Sentimental Novelist (2011)
Publié en français sous le titreLe Romancier naïf et le romancier sentimental, traduit de l'anglais par Stéphanie Levet. - Paris : Gallimard, 2012. -coll. « Arcades »no 103}. -(ISBN978-2-07-013519-6)
Publié en français sous le titreSouvenirs des montagnes au loin : carnets dessinés, traduit du turc par Julien Lapeyre de Cabanes, Paris, Gallimard, 2022. -(ISBN978-2-07-290663-3)
Le jeudi, l'Académie suédoise annonce que leprix Nobel de littérature pour l'année2006 est décerné à Orhan Pamuk« qui, à la recherche de l'âme mélancolique de saville natale, a trouvé de nouvelles images spirituelles pour le combat et l'entrelacement des cultures », tel que le précise le communiqué du secrétaire perpétuel de l'Académie[37]. Quelques semaines plus tard, le, l'écrivain reçoit son prix àStockholm des mains d'Horace Engdahl, et prononce un discours d'une quarantaine de minutes, enturc, intituléLa valise de mon papa (Babamın bavulu)[38],[39].
Pamuk participe régulièrement à des manifestations littéraires internationales. Ici lors d'une conférence du projetFronteiras do Pensamento, en 2011 (Brésil).
1990 :Independent Foreign Fiction Prize (Royaume-Uni) — pour le romanLe Château blanc.
Les cahiers de l'Herne, n° 118 : Orhan Pamuk, coordonné par Sophie Basch et Nilüfer Göle. - Paris, Cahiers de l'Herne, 2017. - 1 vol. (294 p.-16 pl.) ; illustrations en noir et en couleur ; 28 x 22 cm. -(ISBN978-2-85197-188-3)
Orhan Pamuk et la littérature mondiale, Elise Duclos. - Paris : Petra, 2017. - 1 vol. (385 p.) ; 22 x 14 cm. -(ISBN978-2-84743-187-2)
« Remise du diplôme de Doctorat Honoris Causa à Orhan Pamuk, écrivain et prix Nobel de Littérature, Université Lumière Lyon 2, 24 juin 2024 »,Theia,no 1,(lire en ligne)
Paysages urbains et mélancolie chez Orhan Pamuk : essai littéraire, Maya Ombasic. - Paris : L'Harmattan, 2016. - 1 vol. (228 p.) ; 22 x 14 cm. -(ISBN978-2-343-09205-8)
Littérature et scénarios d'aveuglement : Orhan Pamuk, Ernesto Sabato, José Saramago, Laura T. Ilea. - Ferney-Voltaire (Ain)
(en)Autobiographie sur le site de lafondation Nobel (le bandeau sur la page comprend plusieurs liens relatifs à la remise du prix, dont un document rédigé par la personne lauréate — leNobel Lecture — qui détaille ses apports)
Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :