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Orezza (encorse :Orezza[ɔˈrɛttsa]) est une anciennepiève deCorse. Située dans le nord-est de l'île, elle relevait de laprovince de Bastia sur le plan civil et dudiocèse d'Aléria sur le plan religieux.
Orezza (Oresa en génois), était une pieve qui comptait environ 5 000 habitants vers 1520. Elle était l'une des pievi qui composent laCastagniccia, région de la châtaigneraie qui couvre les anciennes pièves d’Orezza,Alesani,Vallerustie,Ampugnani,Rostino,Casacconi, et partie des pievi environnantes[2].
Orezza a pour pièves limitrophes :
Elle se compose des communes de :
Vers1520, la piève d'Oreza comptait environ 5 000 habitants. Elle avait pour lieux habités :la Campana, la Ponticagia, lo Fossato, le Bulianache, le Celle, lo Poggiolo, Nocario, Acqua Fredola, lo Zuccarello, l’Erbagio, lo Petricagio, le Verallese, Campo Rotundo, Campo Donico, Siliura, lo Pigiale, lo Pè di Oreza, Pozolo, la Casalta, Piano, lo Pèdelaciore, la Fontana, le Duchelagie, lo Satoio, Patrimonio, Pastorechia, Stazone, le Piazole, le Ghilardagie, le Francolachie, lo Pastino, Osto, le Pichiaragie, Casabuona, Marmurio, lo Pogile, Casinegri, lo Gallico, la Casanova, la Penra buona, la Parata, lo Pogio, lo Pè di Petro, Tramica, le Pogie, Rapagio, Granagiolle, l’Olmo, Carpineto, Posatoio, Brosteco, lo Colle, Carcheto, lo Sorbello, lo Castello, lo Pè di Albertino, le Maistragie[2].
La pieve d'Orezza peut se diviser en deux parties :Orezza Suprana (Campana, Carchetu-Brusticu, Carpinetu, Nucariu, Pedicroce, Pedipartinu, Ped'Orezza, Stazzona, Verdese) etOrezza Suttana (Monacia d'Orezza, Parata, Piazzole, Rapaghju, Valle d'Orezza)
En 1092 l'archevêque Daibertus évêque de Pise est nommé par le papeUrbain II, métropolitain-suzerain des 6 diocèses corses : Nebbio, Mariana,Accia, Sagone, Ajaccio et Aleria.
En 1133, Gênes obtient du papeInnocent II les diocèses de Nebbio, Mariana et Accia, Pise conservant Sagone, Ajaccio et Aléria.Après la bataille navale deMeloria (1284) qui voit la défaite desPisans, Gênes s'empare de la Corse.
AuxXIIIe et XIVe siècles, le « Deçà des Monts » était dominé par lechâteau de Petralerata, la toute puissantefamille Cortinco, l'une des plus grandes seigneuries de l'île. Le fief comptait une douzaine decastra et couvrait toute la Castagniccia et même quelques pièves situées au-delà du Tavignano.
À la mort de Guglielmo Cortinco, les fils étaient maîtres de tous les pays qu'avait possédés leur père. Trois familles cependant, qui avaient grandi dans la piève d'Orezza, à Piè della Croce, Piè d'Albertino et Castello, ne leur rendaient plus qu'une obéissance précaire.
En 1289, lesCortinchi prêteront le serment de fidélité à Luchetto d'Oria envoyé sur l'île par larépublique de Gênes avec le titre de Vicaire Général.
En 1297, le papeBoniface VIII crée leroyaume de Sardaigne et de Corse, concédé en zone inféodée à la couronne d'Aragon.
En 1347, la Corse devient génoise.
En 1358, a lieu une révolte populaire dirigé parSambucucciu d'Alandu. Tous les seigneurs sont chassés de leur fief, leurs châteaux détruits. Ils sont remplacés par desCaporali.
Historiquement, Orezza était la pieve la plus riche et la plus peuplée de Corse. Elle appartenait au pays qui était appelé « les Cinq Pièves », qui sont Vallerustie, Orezza, Ampugnani, Rostino et Casacconi.
Durant les neuf années de son second séjour dans son diocèse (1522-1531),MgrAgostino Giustiniani, évêque deNebbio, la décrivait ainsi :
« Puis vient la piève d'Orezza qui est très étendue et ne contient pas moins de mille feux répartis en cinquante-huit villages dont les plus connus sont laCampana etPiè d'Albertino, parce que c'est là qu'habitent les chefs de parti de la piève. Il y a aussi à Orezza uncouvent de Frères Mineurs. Ce pays est couvert de châtaigniers. Il n'y a pas longtemps que les habitants ont commencé à les greffer pour en améliorer les fruits, ce qui ne se pratique nulle part ailleurs dans l'île. C'est même une nécessité pour eux, car ils ne vivent guère que du produit de leurs châtaigniers. Les hommes de cette piève sont industrieux ; ils s'occupent à vendre des étoffes de laine, de lin, des chaussures, et à faire quelques autres petits négoces de ce genre. Il y a aussi parmi eux de bons soldats, comme dans les autres pays de l'île. »
— MgrAgostino Giustiniani inDescription de la Corse, traduction deLucien Auguste Letteron inHistoire de la Corse – Tome I - 1888.p. 39
Sur les cartes de Corse éditées au début duXVIIIe siècle (l'écriture était génoise), Orezza s'écrivait Oresa.
Sur celle du cartographe-éditeur Seuter éditée la première fois en 1700[3], on lit que cette région « di qua dalli monti » était occupée par le peuple desLicmini (Licnini) et se trouvait dans lediocèse d'Accia.
AuXVIe siècle, l'organisation judiciaire en Corse comprenait le « Syndicat », une sorte de tribunal suprême à fonctions diverses. Celui de l'En-deçà-des-monts, était composé de « syndics » : deux Génois plus six membres corses élus à raison de deux par terziero ; leur compétence s'étendait aux juridictions de Bastia, Corte et Aléria.« Mais on ne tarda pas à supprimer les syndics insulaires, de sorte que bientôt les représentants de Gênes purent seuls faire partie du Syndicat »[5].
Au début duXVIIIe siècle, la pieve d'Orezza comprenait les lieux habités suivants :« Tramica con 4 ville 299. Piazzale con 2. 275. Piè della Croce 374. Rapagio, e Grana : 156. Erbagio 163. Parata 115. Querrino 110. Pastorecchia 98. Fontana 57. Bustico, e Colle125. Carpineto con 3 ville 319. Piè d’Opartino 168. Uerdese, e Fossato 222. Nocaria 84. Campodenico 85. Stazzona 165. Piè d’Orezza 213. Carcheto, Castello, e Sorbello 441. Campana, e Casanova 163 »[6].
Sur laCarta dell'Isola di Corsica[Note 1], de Domenico Policardi (1769)[4], Orezza se situe dans la province d'Accia.
Le, c'est à Orezza que des représentants corses proclament l'indépendance de l'île et rejettent la souveraineté génoise. Laconstitution du Royaume de Corse est proclamée, mais les rebelles ne trouvent pas de roi[7].
La pieve d'Orezza devient en 1789, le canton de Piedicroce[Note 2].
AuXVIe siècle, Orezza relevait de l'autorité de l'évêque d'Aléria en résidence àCervione.
L’abbéFrancesco Maria Accinelli à quiGênes avait demandé une estimation des populations de Corse, avait rédigé un texte manuscrit en langue italienne à partir des registres des paroisses, dans lequel il a écrit :« Il Vescouato di Alleria, che è il più di tutti pingue hà 2000 Scudi d’oro di entrata e contiene 19 pieui : Giovellina, Campoloro, Verde, Opino, Serra, Bozio, Allessani,Orezza, Vallerustie, Tralcini, Venaco, Rogna, Corsa, Covasina, Castello ò sia Vivario, Niolio, Carbini et Aregno in la Balagna. L’Ughelli però dice (Ital.Sacr.Tom.III) contenere la sua Diocesi 60 parochie con 14 conventi di Frati ».
Il rapportait aussi :« Contigua à questa (pieve d'Ampugnani) in poche miglie di salita è la pieve d’Orezza, che confina à mezzogiorno con quelle d’Allesani, e di Vallerustie : fà 3826 abitanti con 58 villaggi frà questi i principali sono Tramica, Piazale,Piè della Croce, Rapagio, Grana, Erbaggio, Parata, Querrino, Pastorechia, Fontana, Bustico, Colle, Carpineto, Verdese, Fossetto, Piè d’Opartino, Nocaria, Campodenico, Stazzona, Piè d’Orezza, Carcheto, Castello, Sorbello, Campana, e Casanova ; in questa Pieve evvi un monastero di Frati minori. »[6].
La piève d'Orezza se situe dans le diocèse d'Aléria[Note 3], siège d'un tribunal en matière ecclésiastique. Il en existait cinq à l'époque de Morati[Note 4],[4] : Bastia,Aléria, Ajaccio, Nebbio, Sagone.
Pour cause d'insécurité sur la côte où lesBarbaresques effectuaient de fréquentes razzias, l'évêque d'Aléria demeurait àCervione[Note 5] dont l'église Saint-Erasme a été une cathédrale de 1558 à 1789, soit jusqu'à laRévolution.
L'église piévane, piève ou piévanie d'Orezza était dédiée à saint Pierre et saint Paul (San Petru è San Paulu) et située àPiedicroce d'aprèsGeneviève Moracchini-Mazel[8]. Elle correspond à l'église actuelle, datée de 1691 et classéeMonument historique en1976[9] qui a été agrandie et modifiée.
Le découpage paroissial est resté stable duXVIe siècle jusqu'à la fin duXVIIIe siècle avec une division en 4 paroisses :
Le territoire du vicariat forain d'Orezza demeura inchangé jusqu'à laConstitution civile du clergé en 1790 après l'arrivée des Français.
Lors de la réorganisation ecclésiastique consécutive à l'instauration durégime concordataire de 1801, la cure cantonale fut maintenue à Piedicroce. À la suite de la suppression du diocèse d'Aléria, les paroisses d'Orezza furent rattachées audiocèse d'Ajaccio, tout comme l'ensemble des paroisses de la Corse. Cette réorganisation vit également l'éclatement des quatre paroisses traditionnelles de la piève avec la constitution des dix nouvelles paroisses suivantes :
Le nombre de paroisses fut enfin porté à quinze en 1845 avec la création de la paroisse deParata démembrée de Monacia.
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