Le mot « Oman » est d’origine persane[7]. Les Iraniens le désignaient sous le nom de « Mozon ; مزون »[8] d'où vient le mot « Oman » dérivé de Mozon, puis deMagan.
La forme avec l'article « l'Oman » est historique, celle-ci est protocolaire et se retrouve dans les ouvrages spécialisés[9].
La forme sans l’article correspond à un usage appliqué aux petits États, surtout quand ce sont de îles. On dit de même « Chypre », « Cuba », « Madagascar », « Malte », etc.[réf. nécessaire]
Oman est dans l'Antiquité un prolongement du territoire yéménite et plus précisément de l'Hadramout. La région d'Oman est connue à l'époquesumérienne sous le nom deMagan. Dans l'Antiquité, la péninsule devient une productrice majeure d'encens et elle entretient une activité commerciale importante avec laMésopotamie, l'Égypte, laPerse, l'Inde et l'île deDilmun. Oman constitue l'une dessatrapies de l'Empire perse lorsqu'elle y est incorporée, vers
L’histoire d'Oman ne commence véritablement qu'en l'an 751 de notre ère, avec l’élection du premierimamibadite àNizwa. Tout en conservant ses imams ibadites comme autorité religieuse, la région est plusieurs fois dominée par de grandes puissances étrangères durant le Moyen Âge, notamment par intermittence par lesQarmates de 931 à 934, puis par lesBouyides de 967 à 1053, et enfin par l'empireSeljouk de 1053 à 1154. En 1154, la dynastie omanaise des Nabhânides prend le contrôle du pays, et le conserve jusqu'en 1470 (malgré une interruption de 1406 à 1443).Alliés des Bûyides et tournée vers le détroit d’Ormuz et la rive persane du Golfe, les Nabhânides donnent une impulsion nouvelle à l’expansion maritime du pays.
Zheng He, dans son expédition de 1413-1415, visite la région.
Le pays est partiellement occupé par lesPortugais de 1507 à 1650. En 1649-1650, les Omanais désormais menés par ladynastie Yaroubide chassent les Portugais et s'emparent à leurs dépens des principaux portsswahilis de la côte est-africaine :Mombasa,Kilwa,Zanzibar etPemba, ce qui leur permet de contrôler une partie du très lucratif commerce d'esclaves. En 1719, Saif ibn Sultan II est élu à la succession dynastique. Sa candidature fut à l'origine d'une fracture dans l'ulama et fit éclater une guerre civile entre les deux tribus majeures, les Hinawi et les Ghafiri, les Ghafiri soutenant Saif ibn Sultan II. Celui-ci conserve le pouvoir en 1748 après que les leaders des deux factions ont été tués dans la bataille, mais cela ne suffit pas à éteindre la querelle, cette division en factions jouant le jeu desIraniens, qui occupent partiellement le pays de 1737 à 1744 (notammentMascate etSohar). Après l'expulsion de ces derniers,Ahmed ibn Saïd est élu imam en 1749, fondant ainsi la dynastie actuelle. C'est le début d'un âge d'or pour le sultanat d'Oman, qui confirme son influence sur l'océan Indien occidental jusqu'àMadagascar.
En 1970, le sultanSaïd ibn Taïmour, d'une nature despotique,est évincé par son fils,Qabus ibn Saïd, vraisemblablement dans un coup d'État planifié par le Royaume-Uni[12]. Qabus entreprend depuis l'amélioration économique du pays, tout en maintenant la paix avec tous les autres pays duMoyen-Orient. L'ONU classe le sultanat parmi les dix pays ayant connu le plus fort développement depuis 1970. En1980, un accord est signé pour une base militaire des États-Unis dans l'îleMasirah, utilisée ensuite pour des opérations dans le golfe Persique. En 1981, il fait adhérer son pays auConseil de coopération du Golfe (GCC).
En 1996, le sultan promulgue un décret clarifiant les règles de succession, instituant un conseil bicaméral doté de certains pouvoirs législatifs, un premier ministre et garantissant des libertés civiles de base pour les citoyens omanais. En2003, lachambre basse du conseil est librement élue pour la première fois.
Aujourd'hui (2011), le sultanat est prospère. Le revenu par habitant atteint 25 000 $ par an. Selon le rapport de l'ONU (2010), les secteurs de la santé et de l'éducation ont nettement progressé : 85 % de la population est alphabétisée et éduquée.
Le, après plus de49 ans de règne, Qabus ibn Saïd meurt, des suites d'uncancer du côlon, à l'âge de79 ans[13]. Le lendemain, le,Haïtham ben Tariq, ministre du Patrimoine et de la Culture et cousin du défunt, prête serment comme nouveausultan[14]. Celui-ci a été désigné — parmi plus de 80 autres membres de la famille royale[15] — comme héritier par le défunt roi dans une lettre ouverte après sa mort[16].
Une vaste plaine désertique couvre la majeure partie du centre du pays et plusieurs chaînes de hautes montagnes (Jebel ach-Chams, 3 009 m) s'étendent le long de ses côtes nord et sud-est, où la plupart des villes sont situées :Mascate, la capitale,Matrah etSour au nord,Salalah au sud. La principale ville située à l'intérieur des terres estNizwa, ancienne capitale du sultanat. En Oman, le climat est chaud et sec à l'intérieur des terres, mais humide au bord de la mer. Dans les montagnes, de nombreuses oasis tempérées utilisent les eaux souterraines et des systèmes defalajs pour leurs cultures en terrasses.
La péninsule deMoussandam, stratégiquement placée à l'entrée dudétroit d'Ormuz, est séparée du reste du territoire par les Émirats arabes unis (les frontières d'Oman avec les Émirats ne sont pas toutes bien définies). Oman possède en plus uneenclave à l'intérieur du territoire des Émirats, la ville deMadha. L'île deMasirah, au large du Ramal al Kabir, abrite une importante station émettrice de laBBC et sert de base à lacinquième flotte des États-Unis.
Depuis le redécoupage d'octobre 2011, Oman est divisé en 11gouvernorats (mouhafadhat ; au singulier -mouhafadha), à leur tour divisés en districts plus petits (wilayas).
Dans les années 1990, le sultanQabus ibn Saïd (1940-2020) institua un comité consultatif nomméMajlis ach-Choura, élu ausuffrage censitaire. Il institua également le suffrage universel direct pour les Omanais de plus de21 ans le 4 octobre 2003. Plus de 190 000 personnes (74 % des inscrits) votèrent pour élire83 représentants. Deux femmes furent élues. Plusieurs femmes siègent au gouvernement, la première en 2003 :Aisha bint Khalfan bin Jameel[17]. N'ayant ni enfant ni frères, le sultan Qabus ibn Saïd a établi une règle de succession visant à garantir la continuité de la dynastie. Le, à la suite de son décès, son cousin Haïtham ben Tariq lui succède.
L'originalité religieuse du pays lui permet d'entretenir de bonnes relations à la fois avec l'Arabie saoudite, l'Iran, lesÉmirats arabes unis, leQatar et mêmeIsraël : Camille Lons, chercheuse à l'International Institute for Strategic Studies, décrit ainsi le pays comme« la Suisse de la région »[18]. Le sultanat d'Oman entretient des liens étroits avec leRoyaume-Uni, ancienne puissance coloniale. Le régime omanais accueille sur son territoire, trois bases de renseignement et un port militaire britanniques[19].
L'économie d'Oman est dominée par sa dépendance aupétrole. Unecoentreprise appeléeIraq Petroleum Company (IPC) fora un grand nombre de puits de sondage à partir de1956 malgré des problèmes de logistique causés par un manque d'infrastructures pour le transport. Aujourd'hui, Oman, via sa compagnie nationalePetroleum Development of Oman (PDO), produit environ 600 000 barils par jour. Le pays dispose d'une raffinerie qui ne satisfait pas les besoins du pays en hydrocarbures.Une nouvelle étape est franchie depuis 2005 avec le lancement de l'exploitation des réserves de gaz effectuée par la compagnie nationaleOman LNG(en). Celle-ci dispose d'une usine de traitement au nord de la ville deSour.
Les réserves d'or noir ne sont pas énormes : le stock, évalué à 5,5 milliards de barils, représente une broutille en comparaison des320 milliards contenus dans le sous-sol de l'Arabie saoudite. Les prévisions du ministère de l'Information n'évaluaient plus la part du pétrole brut dans lePNB qu'à 9 %, celle du gaz à 10 %, pour 2020. Plus de 65 % duPIB dépend de l'extraction du pétrole, viennent ensuite le tourisme (région de Mascate et Salalah) et l'agriculture (autour de la ville deSohar).
Le pays s'oriente vers le développement de son secteurtouristique avec la construction de complexes hôteliers. En moins de dix ans, le nombre d'hôtels aux normes internationales est passé de 200 à plus de 6 000. Conséquence logique, le nombre de touristes augmente chaque année de 30 %, selon le ministère du Tourisme.
Sur le plan des transports, Oman s'est retiré en 2007 du capital de la compagnie aérienneGulf Air (Bahreïn) pour se concentrer sur l'expansion de sa compagnie nationaleOman Air qui ouvre à la fin 2007 des lignes directes vers l'Europe et l'Asie (Londres, Paris, Francfort-sur-le-Main et Bangkok). Le principal aéroport est l'aéroport international de Mascate.
Pour diversifier son économie, Oman s'est lancé dans un programme de construction d'une usine d'aluminium basée à Sohar. Il investit dans les semi-conducteurs et la robotique, consolide ses acquis dans les mines de cuivre et carrières de marbre, les infrastructures portuaires et mise beaucoup sur le tourisme de luxe. En 2024, Oman est classé en74e position pour l'indice mondial de l'innovation[20].
Oman, en alliance avec l'Iran, développe un projet ambitieux : la construction d'un oléoduc sous-marin de 1 400 km s'étirant jusqu'aux côtes indiennes. Il devrait également traverser lePakistan, mais l'Iran et l'Inde doutent qu'Islamabad ait les moyens financiers pour sa part de travaux. Ceux-ci devaient s'achever en 2017[21]. Mais à cause de nombreux conflits géopolitiques, l'achèvement de cet oléoduc connaît plusieurs difficultés à la suite des complications des relations avec l'Inde[22].
Oman est le paysarabe le plus oriental. La majorité des Omanais sont arabes, mais il existe une importante minoritébaloutche, un peuple originaire du sous-continent indien. Au sud, dans les zones montagneuses duDhofar, une partie des habitants parlent l'arabe shehri, une languesud-arabique. Comme dans la plupart des autres pays arabes du Golfe, un grand nombre de travailleurs étrangers vivent dans le pays et sont principalement originaires d'Inde, duPakistan et d'Iran. La langue officielle est l'arabe, mais les minorités parlent leur propre langue.
Il y a également une minorité d'Omanais originaires de Zanzibar[23].
La population d'Oman est estimée à 4 000 345 habitants au 31 mars 2014[24]. La population augmente rapidement en raison d'un taux d'immigration élevé. Lors du recensement de 2010, la population était estimée à 2 694 094 habitants[25].
L'islam, tout particulièrement le mouvementibadite au nord, est la principale religion d'Oman ; un certain nombre des immigrés d'origine indienne pratiquent l'hindouisme.
La population est à majorité ibadite avec quelques villages au nord-ouest à majoritéchiite.
La religion officielle en Oman est l'islamibadite, une branche de l'islam souvent rapprochée dukharidjisme. C'est aussi la religion de la famille royale, et Oman est le seul pays musulman dont le courant dominant n'est ni lesunnisme ni lechiisme[26]. La diffusion de statistiques sur le sujet est taboue, mais on estime qu'une majorité des musulmans d'Oman sont sunnites, devant les ibadites, et que les chiites sont plus rares[27].
Si l'ibadisme est la religion officielle, les sunnites et les chiites peuvent pratiquer librement leur religion[26]. Les chrétiens et les hindous sont essentiellement des expatriés. L'observatoire de la liberté religieuse n'a pas constaté d'atteinte à la liberté de religion, mais signale un manque de lieux de culte[28].
Lesanctuaire de l'oryx arabe, bien naturel inscrit en 1994, a été déclassé de cette liste par l'UNESCO en 2007, après que le gouvernement a pris la décision d'en diminuer la superficie de 90 % pour prospecter du pétrole dans le sous-sol. Une petite partie subsiste cependant toujours et accueille une faible population d'Oryx d'Arabie.
Le sultanat d'Oman compte près d'un millier de châteaux, de tours de guet et de forteresses de pierre et de boue séchée, témoignages de son importance stratégique à l'embouchure dugolfe Persique[29].
En Oman, les hommes portent traditionnellement ladishdasha, une robe blanche ornée de broderies sur le devant du col, et un turban (appelé massar) ou un chapeau (appelé koma). La dishdasha est un élément important du patrimoine vestimentaire omanais, voire un symbole national. Le port, par les adolescents et par les jeunes adultes, de dishdashas ou de chapeaux non-fabriqués en Oman ou non-conformes à la tradition, est sanctionné d'une amende depuis 2022[30],[31].
Le sultanat d'Oman se pose en exception par rapport à ses voisins de la péninsule arabique, en partie du fait de son orientation religieuse légèrement différente, mais aussi de la personnalité originale du sultan Qaboos, qui a fait prendre à son pays une trajectoire bien différente de celle des autres émirats. Investissant dans la culture, les arts, le patrimoine et l'éducation plutôt que dans les projets immobiliers ou mercantiles, cultivant un art de vivre où la religion est émancipatrice plutôt qu'oppressive, le sultanat se pose en contre-modèle des monarchies pétrolières où le luxe le dispute au rigorisme religieux. L’universitaire Khalifa Ben Moubarak explique ainsi : « Beaucoup de jeunes ne comprennent pas pourquoi leur pays ne ressemble pas àDubaï ouAbou Dhabi. Nous leur disons que nous n’avons pas besoin d’imiter les Occidentaux ou de bâtir des gratte-ciel[interdits à Mascate, NDLR] pour être modernes. Il nous suffit de savoir qui nous sommes pour progresser »[10].
Said bin Taimour, sultan d'Oman (1932-1970)
Le pays pratique officiellement lacharia, c'est-à-dire que le droit religieux est la source principale du code pénal. Cependant, il s'agit dans ce payskharidjite d'une vision de la loi religieuse extrêmement différente de ce qui se pratique dans les payswahhabites voisins (Arabie saoudite, Qatar), et la liberté de culte est garantie, les femmes peuvent travailler ou conduire et n'ont pas d'obligation légale de porter le voile, et le pays possède des tribunaux modernes qui ne connaissent ni lapidation ni condamnations anachroniques. Les couples non mariés peuvent partager une chambre d'hôtel, l'alcool et les cigarettes sont disponibles dans des boutiques spécialisées (mais leur consommation sur la voie publique est régulée), et le pays bénéficie de plages où les femmes peuvent se baigner librement en maillot de bain[32][réf. à confirmer].
L'homosexualité est théoriquement punissable d'une peine de prison par les articles 33 et 22 du Code pénal, mais la peine ne semble jamais avoir été appliquée. Concernant le sultanQabus ibn Saïd (mort en 2020), le quotidienFrance-Soir avance que :« [il] ne fait rien comme ses homologues des pays du Golfe. Divorcé, sans enfants, presque ouvertement gay, il laisse à son peuple la liberté de culte et ne réprime que très peu l'adultère et l'homosexualité, bien que ceux-ci soient encore considérés officiellement comme des délits[33],[34]. »
Selon un universitaire français résidant dans le pays,« La loi islamique est observée et pourtant les femmes ne se voilent les cheveux que si elles le désirent. Celles qui veulent se baigner en bikini ont des plages où elles peuvent le faire. La musique y est élevée au rang d’art national, avec des orchestres subventionnés par l’Etat et un opéra qui accueille des productions du monde entier[32]. »
Encore aujourd'hui, la navigation demeure un fer de lance dusoft power omanais, avec des projets comme« Oman Sail » ou le musée de la mer, en plus de l'organisation de nombreuses régates et d'un développement portuaire important[10].
↑Rouzbeh Zarrinkoob, “Iranian Letters of the Southern Seas of Iran”, in Islamic Histroy and Iran, vol. 22, Issue 13, Spring, 2012, pp. 103-120 (https://doi.org/10.22051/hii.2013.671)
↑MarcLavergne et BrigitteDumortier,L'Oman contemporain: ?etat, territoire, identité, KARTHALA Editions,(ISBN978-2-84586-293-7,lire en ligne)