Il est surtout connu pour sespoèmes et sesessais d'inspiration très diverse puis pour son engagementanti-fasciste, sa collaboration et sa création de plusieurs revues littéraires commeVuelta (1976-1998).
Paz est d'ascendance mexicaine par son père et espagnole par sa mère. Son grand-père paternel était aussi écrivain et précurseur du mouvement « indigéniste ». Sa bibliothèque très pourvue lui a permis, enfant, de se familiariser avec lescivilisations préhispaniques. Son père, avocat et promoteur de laréforme agraire au Mexique, était conseiller du révolutionnaireEmiliano Zapata auprès du mouvement ouvrier desÉtats-Unis.
Lors de ses études à l'Université nationale autonome du Mexique, Paz entame une carrière littéraire fondant les revuesBarandal en1931 etCahiers du val de Mexico en1933, année où il publie son premier recueil de poèmes.
Entré en1945 dans la carrière diplomatique, il vit enFrance à partir de1946. Il y fréquente les surréalistes et plus particulièrementAndré Breton etBenjamin Péret dont il devient un ami proche. Il revient vivre àParis entre1959 et1962.
Il est nommé ambassadeur du Mexique enInde en1962. Il travaille à l'ambassade deNew Delhi enoctobre 1968 lors de larépression par son gouvernement des étudiants àTlatelolco (quartier de Mexico) 10 jours avant lesJeux olympiques de Mexico. Il abandonne ce poste par la suite en signe de protestation. Entre-temps, il épouse, en secondes noces, la Française Marie-José Tramini à qui sont dédiés certains de ses plus beaux poèmes écrits sous le signe d'Eros dansVersant Est (Ladera Este,1969).
Dans lesannées 1970, Paz s'engage contre la violence et l'oppression quelles qu'elles soient, prenant la défense d'auteurs commeAlexandre Soljenitsyne et critiquant ouvertement l'action dessandinistes auNicaragua et descastristes àCuba ce qui lui vaut le rejet, voire le mépris, d'une partie de l'intelligentsia de gauche même s'il est rejoint dans son combat par des personnalités commeMario Vargas Llosa.
L'œuvre de Paz est considérable. Elle enchevêtre des inspirations multiples, au carrefour de cultures mondiales, afin d'élaborer unecosmogonie personnelle et originale[2]. Sa poésie revêt plusieurs formes et connaît diverses périodes, concentrant un grand nombre de références puisées dans l'histoire de l'humanité et le patrimoine littéraire mondial : les légendes méso-américaines, lapoésie baroque duSiècle d'or espagnol, lesymbolisme, lesurréalisme, l'existentialisme, lebouddhisme, l'hindouisme ou encore lapoésie japonaise dont il a traduit en espagnol quelques chefs-d'œuvre (notammentLes Sentiers d'Oku deBasho en1970). Nourri par ses aventures existentielles et ses découvertes intellectuelles, le poète concilie aussi bien l'extase mystique de l'artiste convoquant les grandes figures de la mythologie précolombienne à une inspiration autobiographique plus quotidienne. Il évoque au passage le problème du rapport au monde extérieur et de l'angoisse individuelle procurée par les bouleversements du monde moderne. À cela s'ajoutent plusieurs considérations théoriques et des réflexions critiques sur la poétique, la philosophie, l'Histoire et l'anthropologie. Parmi les nombreux recueils de poèmes de Paz, on note l'importance qu'a eueLiberté sur parole (Libertad bajo palabra,1958). Son essai le plus connu, traitant de l'identité mexicaine estLe Labyrinthe de la solitude (El laberinto de la soledad,1950). Il est l'auteur de nombreux textes sur la peinture et l'art, aussi bien précolombiens que contemporains, comme son étude surMarcel Duchamp.
L’œuvre de Paz se définit en deux temps : l’expérimentation et le conformisme. L'auteur est un poète difficile à cerner : son style, complexe, inclassable et en perpétuelle mutation, ne cherche aucune ligne directrice évidente. À ses débuts, ses œuvres se rapprochent dunéomodernisme. Plus tard, Paz devient un poète existentiel même si certaines de ses productions manifestent régulièrement une forme desurréalisme.
En réalité, Paz ne prend parti pour aucun mouvement littéraire car il est toujours attentif aux changements majeurs dans le domaine poétique. Il reste sensible à la recherche de nouvelles expérimentations, ce qui rend ses œuvres très originales et personnelles. De plus, il est considéré comme un grand poète par le lyrisme qu'il déploie et la grande beauté de ses vers. Après avoir délaissé les préoccupations politiques et sociales de ses premiers livres, il traite de thèmes intimistes et existentiels tels que la solitude et le manque de communication. L'une de ses obsessions est le désir de fuir le temps qui rattache ses créations à une forme depoésie spatiale. Certains de ses poèmes sont d'ailleurs baptiséstopoemas (topos : lieu, poemas : poèmes). La poésie spatiale est loin du discours, des canons esthétiques et de la rhétorique liés à la poésie du temps, plus mélancolique et accessible. Il s'agit d'un style poétique intellectuel et minoritaire, presque métaphysique qui, en plus de signes linguistiques complexes, comprend de nombreux indices visuels plus ou moins compréhensibles. Dans lestopoemas, à l'instar de la poésie d'avant-garde, Paz donne une importance à la puissance évocatrice et expressive de ses notations visuelles. Dans ses derniers poèmes consacrés à la paix, il n'hésite pas à manifester un certainésotérisme. Toutefois, ses précédents poèmes se démarquent par leur puissante tonalité élégiaque et le sentiment de « transportation » accordé à chaque mot.
1972 -Le singe grammairien, traduction française deClaude Esteban, publiée par Skira, dans la collection "Les sentiers de la création". La version espagnole,El mono gramático, ne fut publiée qu'en 1974.
Sous le titreEl fuego de cada día (Le feu de chaque jour) Paz a effectué lui-même une sélection de ses poèmes.
En français, voir notamment Octavio Paz :Œuvres, édité sous la direction deJean-Claude Masson, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 2008
(en)Autobiographie sur le site de lafondation Nobel (le bandeau sur la page comprend plusieurs liens relatifs à la remise du prix, dont un document rédigé par la personne lauréate — leNobel Lecture — qui détaille ses apports).