LesNavajos,Navahos (prononciation :/navaʁo/) ouDinés (autonyme) constituent un peupleautochtone d'Amérique du Nord de la famille linguistiqueathapascane et de la zone culturelle du sud-ouest. Les Navajos vivent auxÉtats-Unis, principalement au sein de laNation navajo aussi appelée Nation diné, située entre le nord-est de l'Arizona, le nord-ouest duNouveau-Mexique et le sud-est de l'Utah. Ils sont étroitement apparentés auxApaches.
Les premiers chroniqueurs espagnols les désignèrent dans les années 1620 sous le nom deApaches de Nabajó, nom dérivé du termenavahu'u qui signifie entewa « champs dans la vallée »[2], pour évoluer vers le termeNavajo.Navajo est donc unexonyme.
Les Navajos préfèrent l'utilisation du termeDine qui signifie dans leur langue « l'homme » ou « le peuple »[3].Dine est donc unendonyme.
À la suite de violentes éruptions volcaniques qui causent des changements climatiques importants, une partie importante d'Athabaskans émigre au sud du Nord-Ouest canadien, c'est-à-dire dans la région actuelle deVancouver et de l'État de Washington.
Une seconde vague d'émigration se sépare du groupe principal auCanada pour se diriger vers le sud-ouest des États-Unis et le nord duMexique. Cette vague d'émigration est à l'origine du sous-groupe Apache (Jicarillas,Mescaleros,Chiricahuas,Lipans,Aravaipas,Apaches des Plaines ou Kiowas-Apaches et Navajos). Ils s'installent dans une région autrefois habitée par lesAnasazis (mot navajo pour « ancêtres »). À cette époque, la région est déjà habitée par lesComanches, lesUtes, lesPueblos et lesPaïutes. Leurs tribus ne sont pas paisibles et ils sont connus comme des maraudeurs et des pillards dans la région. Ils errent dans la région comprise entre l'ouest duTexas, le sud de l'Utah, l'Arizona, leNouveau-Mexique et le nord duMexique, pillant les villagesPueblos et combattant lesComanches et lesUtes. Puis ils se fixent définitivement dans une région que les Espagnols nomment plus tardApacheria.
On pense que les Navajos viennent du nord et se sont installés dans le sud-ouest desÉtats-Unis au cours duXVIe siècle. AuXVIIe siècle, les Navajos sont devenus un peuple pastoral, avec une économie fondée en grande partie sur l'élevage et la chasse.
Les Navajos entrent en conflit avec les colonsespagnols et lesMexicains auXVIIIe et au début duXIXe siècle. Leurs contacts avec les Espagnols sont limités mais importants ; ces derniers introduisent les chevaux, les moutons et les chèvres, qui deviennent des éléments vitaux de l'économie navajo.
En 1846, les Navajos concluent un premier traité avec le gouvernement desÉtats-Unis, mais des accrochages avec les troupes américaines entraînent des hostilités en1849 et des combats répétés jusqu'en1863. Cette année-là, les forces américaines, dirigées parKit Carson, lancent une vaste campagne contre les Navajos. Au terme d'une campagne d'une grande brutalité, Carson se félicite d'avoir tout détruit dans les villages ; pas seulement tué les gens, mais encore anéanti« plus de deux millions de livres de grain indien ». Les Navajos capturés sont envoyés à pied dans la réserve de Fort Sumner, auNouveau-Mexique. Cette déportation est connue dans l'histoire navajo comme la « longue marche ». En une seule semaine de 1864, 126 meurent à Fort Canby des maladies et des privations. En 1868, plus de 2 000 des quelque 10 000 captifs sont déjà morts[4].
Les Navajos tirent aussi profit du tourisme : mise en place de sociétés d'excursions (visites guidées, randonnées à pied, à cheval ou en4×4), exploitation de restaurants, d'hôtels et deBed and Breakfast (notamment d'hogan), création et commerce d'artisanat navajo (bijoux, poteries, tapis, souvenirs). Leur « capitale » estWindow Rock. La fête de la nation navajo a lieu pendant cinq jours à partir du premier week-end de septembre. Pendant cinq jours, tradition et modernisme se mêlent dans un cocktail de danses, de chants, de parades et de rodéos.
Les Navajos se divisent en plus de cinquante groupes, et leur mode de filiation est transmis par les femmes (clansmatrilinéaires). Les Navajos ne doivent ni se marier ni même sortir avec un membre de leur propre clan : cette obligation constitue un véritabletabou. L'unité sociale de base est une famille (très) élargie dont les membres ont une gamme complète de responsabilités.
Bien qu'il existe des logements modernes dans la réserve, de nombreux Navajos continuent à construire leshogans traditionnels et à y vivre ; les logements construits par l'État leur servent alors de « réserve ». Il s'agit de maisons coniques faites d'une armature de bois et recouvertes de terre, pourvues d'un trou pour la fumée au sommet et d'un passage étroit et couvert servant d'entrée. Contrairement aux habitations en béton et fibrociment, elles ont comme principales qualités de rester fraîches en été (malgré les fortes températures extérieures) et chaudes en hiver. Les villages comportent aussi une ou plusieurs maisons de sudation.
Le statut de réserve du territoire où la plupart vivent rend le maintien de l'ordre particulier : contrairement au système américain des comtés élisant desshérifs, sur toute la réserve, c'est lapolice tribale navajo qui est chargée des infractions et délits, tandis que les crimes sont du ressort du gouvernement fédéral, via leFBI.
Les Navajos ont traditionnellement 4 différentsgenres : femme (« Asdzáán »), homme (« Hastiin »), homme féminin (« Náhleeh »), femme masculine (« Dilbaa »)[5].
La spiritualité navajo est fondée sur le culte de la nature, et de l'harmonie (« hozho[6]») qu'elle recèle. Elle met en jeu un certain nombre de divinités qui interviennent occasionnellement dans les affaires humaines, notamment « Coyote », allégorie du mal.Coyote peut se manifester par un accident, une catastrophe, mais aussi par la méchanceté, ou toute attitude humaine non respectueuse du Diné (peuple Navajo), de ses tabous et de l'harmonie. L'état d'hozho est lié à la santé, la beauté, l'ordre et l'harmonie. Le malade est considéré chez les Navajos comme celui qui a rompu cet équilibre fixé une fois pour toutes.
Les dieux sont régulièrement invoqués : des offrandes leur sont faites, et des danses cérémonielles sont exécutées dans lesquelles ils sont représentés par des hommes peints et masqués. De nombreuses cérémonies, désignées sous le terme de « voie » en français, pouvant s'étaler sur plusieurs jours et nuits, ont pour vocation de permettre de rendre l'harmonie à un membre du Diné avec le monde qui l'entoure. La « voie de l'ennemi », la « voie de la bénédiction », la « voie de la montagne », et beaucoup d'autres, ont chacune vocation à être conduite par un « hataali » (littéralement « chanteur », incorrectement traduit par « shaman ») en fonction de la circonstance qui a amené le « malade » à perdre l'harmonie (mort proche, malaises, maladies, violation d'un tabou, etc.).
Des aiguilles jumelles dressées dans leCanyon de Chelly, enArizona, ont une grande importance pour le peuple Navajo, car c'est ici qu'habiterait une de leurs principales divinités, la Femme Araignée. Selon la légende, celle-ci aurait transmis son art du tissage à la Femme qui Change. Cette autre divinité à l'origine, elle, de la création des Navajos aurait filé une toile d'arcs-en-ciel entre les deux pics et les parois qui les entourent.
Il existe également une vaste mythologie décrivant l'origine des êtres humains par le dieu Coyote, créateur du premier homme et de la première femme à partir d'épis de maïs.
Le chiffre 4 revêt une importance presque divine dans la spiritualité navajo : quatre directions, quatre couleurs,Four Corners, etc.
Leur art est lié à cette spiritualité : il s'exprime à travers des représentations visuelles multiples comme dans les couvertures aux motifs géométriques et aux teintes vives ou dans les bijoux de cuivre ou encore dans lespeintures sur sable éphémères à destination thérapeutique, mais aussi dans des dessins colorés sur ardoises destinés aux touristes. Les chansons, les incantations et les prières font aussi partie de rituels spirituels complexes en même temps qu'elles constituent des créations propres à ce peuple.
Le romancier américainTony Hillerman évoque largement de nombreux aspects de cette spiritualité dans son œuvre.
La population navajo s'accroît à un rythme rapide (219 198 selon le recensement de 1990) ; cette croissance risque de mettre une pression considérable sur leur économie traditionnelle. Les terres de leur réserve totalisent plus de 60 000 km2[7] enArizona et auNouveau-Mexique, ainsi qu'une petite partie enUtah et auColorado, ce qui en fait la plus vaste des États-Unis[8]. Les Navajos ont aussi le revenu le plus élevé de tous les peuplesamérindiens aux États-Unis. Il est estimé à environ 50 millions de dollars provenant des contrats d'exploitation du pétrole et du gaz aussi bien que des ressources minérales et forestières.
Legouvernement des États-Unis, qui est en litige depuis les années 1960 avec la nation Navajo concernant l'exploitation de ces ressources, paye en 2014 une somme de 554 millions de dollars pour clore celui-ci[9].
Les habitants de la réserve font face à de nombreux problèmes chroniques : pénurie de logements, absence de l'eau courante pour un tiers des foyers, absence de l'électricité pour quinze mille habitants, etc.[10].
Les frontières de la nation navajo touchent la nation Ute au point de concours de quatre États : Arizona, Utah, Colorado, Nouveau-Mexique en s'étendant à travers leplateau du Colorado. Sur le territoire de la nation navajo se trouvent leCanyon de Chelly,Monument Valley, lepont Arc-en-Ciel, la réserve Hopi et le lieu sacréShiprock. Le siège du gouvernement de la nation se trouve dans la ville deWindow Rock à l'est de l'Arizona.
LeCongrès des États-Unis a établi à l'intérieur du territoire de la nation Navajo uneréserve pour la nation Hopi (en navajoOozéí ouAyahkinii « le peuple des maisons souterraines ») sur une terre historique de pillage dans Diné.
Dans la culture spirituelle Navajo, le territoire Navajo est en fait délimité par les quatre montagnes sacrées que sont Sis Naajinį́/la Montagne Blanche (pic Blanca) à l'Est, Tsoodził/la Montagne Turquoise (Mont Taylor) au Sud, Dookʼoʼoosłííd/la Montagne Jaune (pics San Francisco) à l'Ouest et Dibé Ntsaa/la montagne Noire (Hesperus Mountain) au Nord[11].
Dans lesannées 1980 un conflit s'est déclenché à propos des terres communes Navajo/Hopi quand leDépartement de l'Intérieur des États-Unis a tenté de déplacer les Navajos habitant le territoire commun. Le conflit a été résolu ou, au moins retardé, par l'accord d'une location de 75 ans aux Navajos refusant de quitter le territoire commun. Un autre groupe de Navajos et de Hopis vit sur la réserve tribale de la Colorado River le long duColorado dans l'ouest de l'Arizona.
Les membres de la nation sont nommés Navajos, quelquefois écrit Navaho. Les Navajos se nomment eux-mêmes Dine, Diné[12] ou Dineh[13], « le Peuple » dans leur langue. Les Navajos sont étroitement apparentés auxApaches, et lalangue navajo et les autres langues apaches forment la famille deslangues athapascanes.
Leur langue est si particulière qu'elle fut utilisée pendant laSeconde Guerre mondiale dans laguerre du Pacifique : les services secrets américains employèrent des auxiliaires navajos qui traduisirent dans leur langue les messages les plus confidentiels avant qu'ils ne soient chiffrés. Cette technique empêcha les services secrets japonais de casser le code américain[14]. De ce fait historique a été tiré le filmWindtalkers : Les Messagers du vent (2002) deJohn Woo, ainsi qu'un épisode de la sérieX-Files.
Selon l'American Community Survey pour la période 2012-2016, 162 587 personnes âgées de plus de 5 ans déclarent parler navajo, dont 82 668 personnes soit 50,8 % enArizona, 62 431 soit 38,4 % auNouveau-Mexique et 7 365 soit 4,5 % dans l'Utah[15].
Tout comme l'ensemble des peuplesamérindiens, les Navajos ont donné des prénoms qui s'inspirent souvent de la nature qui les entoure, des forces surnaturelles qu'ils imaginent, des qualités des personnes ou bien d'autres évènements de la vie, souvent liés à la naissance.
Les romans deTony Hillerman, auteur de romans policiers ethnographiques sur le pays navajo.
Le héros du roman descience-fictionL'œil de Chat (1982) deRoger Zelazny, est un chasseur descendant des Navajos. Il doit, pour échapper à Chat, son ennemi, revenir aux sources de sa culture.
Le filmWindtalkers : Les Messagers du vent, deJohn Woo sorti en 2002 est inspiré de l'histoire des soldats Navajos employés par l'armée américaine aux postes d'opérateurs radio durant la Seconde Guerre mondiale.
Dans la sérieTeen Wolf, durant les saisons 5 et 6, desSkinwalkers (deschamans navajo ayant« mal tourné ») apparaissent et ont plusieurs interactions importantes avec un des personnages principaux.
Dans le jeu vidéoSly Raccoon, sorti en2002, Bentley, l'ami du héros, doit parler le Navajo pour décrypter les indices dans les bouteilles afin de débloquer une chambre forte dans un niveau du deuxième monde (qui se déroule dans l'Utah).
Dans le jeu-vidéoBeyond: Two Souls développé parQuantic Dream (2013), Jodie Holmes est recueillie par les derniers Navajos présents dans le désert, et doit les aider à refermer une faille de l'inframonde ouverte il y a bien longtemps par des ancêtres voulant invoquer une divinité.
Samuel Nathan Blatchford(en) est un militaire américain, Navajo le plus décoré desÉtats-Unis (28 décorations). Le bombardier B17 à bord duquel il se trouvait en qualité d'opérateur-radio a été abattu au-dessus deSainte-Anne-sur-Vilaine le 16 septembre 1943. Samuel Blatchford était l'un des quatre rescapés de l'équipage et le dernier survivant. Le mémorial du Tertre-Pluton a été dessiné et créé par Jean-Claude Bourgeon qui l'a édifié avec l'aide du sculpteur Ray Boterf et des employés communaux. Il a été inauguré avec la participation de 17 Américains le 7 septembre 2002 par Samuel Blatchford, le commandant Christopher Moffett de l'ambassade des États-Unis, Gary Clement, consul, Michel Lugez, président de l'association du Mémorial américain et d'anciens Résistants.
Hosteen Klah(en) tradipraticien de la médecine traditionnelle navajo, à l'origine de la découverte par les "Blancs" des peintures de sable utilisées dans les rituels thérapeutiques traditionnels du peuple Diné.
« Our homeland, called Dinétah or Diné Bikéyah, means Navajo Land or Navajo Country and is bounded by the four sacred mountains: Sisnaajiní in the east ; Tsoodził in the south ; Dook'o'osłííd in the west ; and Dibé nitsaa in the north. »
↑Peter Iverson,Diné, A History of the Navajos, p.2, 2002
Résume de manière claire la spiritualité navajo avec les concepts (hozho-harmonie), les mythes, les rituels de guérison et les traditions sociales. Traite aussi de la relation des navajos traditionnels avec les médecins blancs hostiles aux rituels.