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Sport | Natation sportive![]() |
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Éditions | 7e |
Lieu(x) | Paris,France |
Date | au |
Participants | 211 engagés, 173 concurrents |
Épreuves | 11 |
Les épreuves denatation lors desJeux olympiques d'été de 1924 organisés àParis se déroulent du au.
Le programme de la natation aux Jeux, qui a varié lors des éditions précédentes, est fixé en 1924 et reste inchangé jusqu'auxJeux de Melbourne en 1956. Pour les hommes : ennage libre, 100, 400 et 1 500 mètres en individuel et un relais 4 × 200 mètres ; endos,100 mètres ; enbrasse,200 mètres. Pour les femmes : en nage libre, un 100 et un400 mètres en individuel et un relais 4 × 100 mètres ; en dos,100 mètres ; en brasse,200 mètres.
Pour la première fois, les épreuves de natation ont lieu dans un bassin long de50 mètres, permanent et destiné à être conservé ensuite : lestade aquatique des Tourelles, construit par laVille de Paris,porte des Lilas. Pour la première fois aussi, les couloirs de nage sont matérialisés par des lignes de bouchons.
Comme lors desJeux d'Anvers en 1920, la domination des nageurs et nageuses des États-Unis est totale, laissant peu de place aux autres nations. Seuls la BritanniqueLucy Morton au 200 mètres brasse et l'AustralienAndrew Charlton au 1 500 mètres nage libre empêchent les nageuses et nageurs américains de remporter toutes les médailles d'or. Ce1 500 mètres nage libre masculin est aussi la seule course où aucun Américain n'est présent sur le podium.
En nage libre, pour la première fois de l'histoire olympique, tous les concurrents et toutes les concurrentes utilisent lecrawl, même sur les longues distances. De même, tous les nageurs utilisent la technique du « dos crawlé ». Contrairement aux hommes, certaines nageuses ont conservé l'ancien style de « dos brassé ». L'élimination de ces dernières dès les séries du100 mètres dos féminin est considérée comme la preuve définitive de la supériorité du « nouveau style ».
Si le nageur américainJohnny Weissmuller marque les Jeux sur 100 mètres et 400 mètres nage libre avec sa technique de nage et ses virages d'un nouveau type, les spectateurs admirent aussi les nageuses américaines. Ils rendent par ailleurs hommage aux « vétérans » : l'HawaïenDuke Kahanamoku, vainqueur du 100 mètres nage libre en 1912 et 1920 qui à34 ans repart encore avec l’argent sur cette distance, ou l'AustralienFrank Beaurepaire (33 ans), médaillé de bronze sur 1 500 mètres nage libre comme à Londres en 1908 et Anvers en 1920. Les jumeaux suédoisArne etÅke Borg ainsi que l'AustralienAndrew Charlton ont les faveurs du public pour leurs performances éclipsées par celle de Weissmuller.
LeComité international olympique a délégué à laFINA l'organisation des épreuves nautiques aux Jeux olympiques : programme des épreuves, composition des séries, recrutement des officiels et gestion des réclamations[1]. En ce qui concerne les Jeux de Paris de 1924, l'organisation spécifique des épreuves nautiques est confiée aupoloïste olympiqueÉmile-Georges Drigny[2].
Pour la première fois, les épreuves de natation ont lieu dans un bassin permanent destiné à être conservé ensuite : lestade aquatique des Tourelles[N 1],[2],[3],[4],[5],[6].
Au printemps 1921, lorsqu'il est certain que Paris va organiser les Jeux de 1924, se pose la question de la création des infrastructures. Dans un premier temps, lamunicipalité de Paris et le comité d'organisation lancent un concours d'architecture pour les stades et levillage olympique. En parallèle, divers emplacements sont envisagés : lestade Pershing réaménagé, leParc des Princes, laporte Dorée[7] ou leparc des sports de Marville[8]. Le stade nautique est alors prévu dans les fossés desfortifications de Paris,porte des Lilas, au nord-est de la ville. Finalement, en avril 1922, tous ces projets sont abandonnés quand le comité d'organisation passe un accord avec leRacing Club de France pour la construction des installations sur ses terrains àColombes. Le stade nautique doit alors être construit avec des tribunes pouvant accueillir 3 000 personnes de façon permanente ainsi que des tribunes provisoires pour 7 000 de plus lors des Jeux[7]. Malgré tout, fin mars 1923, la ville de Paris et leConseil général de la Seine annoncent financer la construction dustade aquatique des Tourelles (à nouveauporte des Lilas), pouvant lui aussi accueillir 10 000 personnes. Il est mis à la disposition de l'organisation des Jeux. Le stade nautique à Colombes est quant à lui presque achevé alors[9]. Il semble que l'État, par la voix dupréfet, penche pour la solution parisienne[10]. Fin novembre 1923, la décision du comité d'organisation tombe définitivement : les épreuves de natation auront lieu aux Tourelles. Le stade aquatique de Colombes reste la propriété du Racing Club de France[11].
Les travaux sur le stade aquatique des Tourelles commencent le et sont prévus pour durer jusqu'en mars de l'année suivante. Le bâtiment repose sur620 pieux de béton armé. Il mesure 74 mètres de long et 47 mètres de large, sur trois étages. Chaque étage accueille des vestiaires et des tribunes. Le bassin est long de50 mètres et large de18 mètres ; sa profondeur passe de5 mètres d'un côté à 1,50 mètre de l'autre. Le bâtiment est prévu pour être recouvert après les Jeux[12],[13],[14],[6]. Si la construction ne prend pas de retard, le budget est largement dépassé. En décembre 1923, la municipalité de Paris accepte de monter son financement à 2,4 millions de francs pour couvrir l'augmentation des dépenses ; mi-janvier, le département de la Seine porte sa participation à 1,6 million de francs[15],[16]. Les sommes dépensées pour construire la piscine sont équivalentes à celles que l'État destine chaque année à l'éducation physique scolaire[12]. Début janvier 1924, les responsables de la construction (architectes et directeur des travaux) sont sanctionnés[17]. Finalement, le stade nautique est inauguré le par un meeting de natation et de plongeon[18].
Émile-Georges Drigny, alors secrétaire général de laFédération française de natation et de sauvetage, suggère un bassin différent de celui des Jeux précédents, ce que laFINA accepte. Alors qu'il était long de100 mètres àLondres en 1908,Stockholm en 1912 ouAnvers en 1920, pour la première fois, et pour tous les Jeux suivants, il est long de50 mètres. Lacommission technique de l'organisation des Jeux et la Fédération française de natation et de sauvetage avaient demandé aux architectes de la piscine de prévoir des rigoles latérales pour briser les vagues, mais ne les avaient pas obtenues. Finalement, l'utilisation de « lignes d'eau » matérialisant des couloirs de nage par des lignes de bouchons rouges reliés par une corde a deux effets positifs. Les lignes de bouchons servent de brise-vague, remplaçant avantageusement les rigoles latérales. Surtout, elles évitent les réclamations pour gêne entre nageurs[N 2]. Les lignes d'eau, utilisées pour la première fois lors des Jeux de Paris sont ensuite généralisées[2],[19],[12],[20],[6]. De plus, des lignes d'eau sont aussi tracées, en carrelage noir, au fond du bassin puisque la cuve en béton oblige à poser du carrelage pour des raisons d'étanchéité. Ces lignes permettent aux concurrents de nager droit, à une époque où les lunettes de natation n'existent pas encore[12],[6]. Il semble aussi que le bassin des Tourelles ait disposé d'un système de chauffage de l'eau à une température idéale pour les nageurs (20 °C)[N 3],[21],[19].
Les sources diffèrent quant à l'installation d'un mécanisme contre les faux départs (une corde suspendue à quinze mètres du départ pouvant être abaissée pour arrêter les nageurs en cas de faux-départ)[12],[19],[22],[6]. Selon le rapport officiel, il avait été suggéré à la FINA, qui l'avait refusé[19]. Selon Emmanuel Auvray, il aurait été accepté[12]. SelonThierry Terret, il n'aurait été utilisé qu'une fois, mais les nageurs, ayant mal compris son usage, se seraient contentés de passer par dessus la corde et de poursuivre la course. La FINA aurait alors renoncé à l'utiliser[22].
L'Écho des Sports, après le début des Jeux, décrit favorablement la structure. Si l'apparence extérieure ne semble pas plaire aux Parisiens et si d'un premier abord les couloirs et escaliers intérieurs sont frais et labyrinthiques, les tribunes offrent non seulement une très belle vue sur Paris (« l'on dirait une piscine luxueuse sur le toit d'un immeuble parisien[23] »), mais aussi sur les compétitions elles-mêmes. La piscine est lumineuse : les nageurs et nageuses sont visibles jusque dans l'eau, très claire, à l'inverse des Jeux précédents. Le tableau d'affichage et les haut-parleurs renseignent aussi de façon très compréhensible les spectateurs pas toujours au fait de la natation de compétition. La piscine est peut-être un peu trop lumineuse à la mi-juillet 1924. Des vendeurs à la sauvette autour des entrées proposent non seulement des journaux, des bonbons ou des jumelles, mais aussi des lunettes de soleil[21],[6],[23].
Le stade nautique mis à la disposition de l'organisation des Jeux avait donc été financé par la Ville de Paris et le département de la Seine.
Au total, sur les seize réunions (une par demi-journée), ce sont 41 945 spectateurs payants[N 4] qui ont été présents dans les tribunes. Les entrées payantes ont rapporté 416 410 francs[24],[25]. En fonction de l'emplacement dans les tribunes, le prix du billet varie : plus on est haut, moins on paye. Dans la tribune la plus chère, les billets pour les places assises vont (en fonction des réunions) de 12 à50 francs. L'abonnement pour les seize réunions va de 300 à400 francs. Dans les gradins debout, le prix du billet va de 4 à12 francs et l'abonnement y varie de 80 à100 francs. Tout en haut, les billets, délivrés uniquement pour la demi-journée (pas d'abonnement), vont de 2 à5 francs[26].
Les après-midis de finales des 14 et ont attiré plus de 6 000 spectateurs payants, pour un stade de 10 000 places. À titre de comparaison, lestade d'athlétisme à Colombes, prévu pour 60 000 spectateurs[27], a accueilli, au plus, entre 18 000 et 21 000 spectateurs[28],[25]. Les épreuves nautiques, avec lefootball, ont été considérées comme celles ayant remporté le plus grand succès populaire[19],[29],[21],[25].
Le programme des épreuves est définitivement fixé et reste inchangé jusqu'auxJeux de Melbourne en 1956[2]. Il est fixé lors du congrès de la FINA, en marge du congrès olympique de Lausanne, le[30].
Le programme masculin aux Jeux de Paris en 1924 est le même qu'auxJeux de Londres en 1908, où il a commencé à être fixé : ennage libre, 100, 400 et 1 500 mètres et un relais 4 × 200 mètres ; endos,100 mètres ; enbrasse,200 mètres. L'éphémère 400 mètres brasse présent àStockholm en 1912 etAnvers en 1920 a en effet été retiré définitivement du programme olympique masculin qui n'évolue alors plus jusqu'auxJeux de Melbourne en 1956[31],[32].
Le programme féminin continue à évoluer et à être étoffé. Il comptait deux épreuves à Stockholm en 1912 (en nage libre : un100 mètres individuel et un relais 4 × 100 mètres) puis trois épreuves à Anvers en 1920 (en nage libre : un 100 et un300 mètres en individuel et un relais 4 × 100 mètres). Aux Jeux de Paris en 1924, on monte à cinq épreuves : en nage libre, un 100 et un400 mètres en individuel et un relais 4 × 100 mètres ; endos,100 mètres ; enbrasse,200 mètres. Ce programme féminin n'évolue plus non plus jusqu'aux Jeux de 1956[31],[32],[33].
Selon l'historien du sport Thierry Terret, la société française du début desannées 1920 considère la natation comme un sport convenant aux femmes[34]. Pour l'historienne Anne Velez, la natation est« recommandable » pour les femmes car, selon les standards l'époque, elle est une activité moins violente que d'autres sports réputés menacer leur capacité à procréer[35],[36]. Peu mus par une volonté d'égalité, les clubs y sont favorables pour des logiques commerciales, la mixité semblant favoriser le nombre d'adhésions masculines[36]. D'après Anne Velez,« [la natation féminine] est aussi respectable et convenable. L’image offerte des sportives est positive, les nageuses respectent les normes de genre Le spectacle donné est esthétique. L’effort est invisible ou toléré car il ne marque pas, il n’est jamais brutal[35],[36] ».
Pour Thierry Terret, le programme des Jeux de Paris est envisagé comme une étape dans le processus d'harmonisation des épreuves masculines et féminines[34]. Cependant, ce processus s'arrête, jusqu'en1956, olympiade lors de laquelle s'ajoute le papillon[2], suivi en1968 par le800 mètres nage libre, la parité en nombre d'épreuves étant atteinte en1976[37]. AuxJeux de Tokyo de 2020, les hommes disputent le800 m nage libre alors que le1 500 mètres nage libre s'ouvre aux femmes et qu'apparaît lerelais mixte 4 × 100 mètres quatre nages[37].
LeComité international olympique a fixé lors de soncongrès de 1921 àLausanne les règles s'appliquant aux Jeux. Il a ainsi été décidé que, comme pour tous les autres sports disposant d'une fédération internationale, le règlement de la natation aux Jeux de 1924 est celui mis au point par laFINA, tant en ce qui concerne les règles d'amateurisme que l'organisation des courses elles-mêmes et leur arbitrage. Ainsi, les interdictions liées à l'âge ou au sexe biologique sont abolies[38],[39].
Les règles de la FINA concernant l'amateurisme sont rappelées dans le rapport des Jeux de 1928 à Amsterdam. Un nageur amateur ou une nageuse amatrice est défini comme n'ayant jamais nagé pour de l'argent, parié de l'argent sur sa course, parié de l'argent sur n'importe quelle course de natation et plus généralement n'ayant jamais parié d'argent sur une épreuve sportive. Un nageur amateur ou une nageuse amatrice est défini comme n'ayant jamais enseigné la natation, ou n'importe quel autre sport, contre rémunération. Un nageur amateur ou une nageuse amatrice est défini comme n'ayant jamais nagé volontairement contre un ou une adversaire qui n'aurait pas été amateur ou amatrice (sauf dans le cas de compétitions militaires ou navales) ; et si cela avait été le cas, involontairement, le nageur amateur ou la nageuse amatrice aurait alors dû énergiquement protester. En général, être professionnel dans n'importe quel sport fait devenir professionnel en natation[40]. Ces règles sont en fait les mêmes qu'à Stockholm en 1912[41]. On peut donc considérer que ce sont celles qui s'appliquent en 1924 à Paris.
Comme pour les Jeux précédents, le règlement concernant les costumes de nage reste strict. Les règles sont les mêmes pour les nageurs et les nageuses. Le costume doit être noir ou bleu foncé. Les bretelles aux épaules doivent faire au moins trois centimètres de large ; l'encolure ne peut pas descendre plus bas que huit centimètres depuis la base du cou (devant et derrière) ; l'emmanchure ne peut descendre à plus de huit centimètres de l'aisselle. Le costume doit descendre d'au moins dix centimètres depuis l'entrejambe sur les cuisses. Au niveau du bassin et des hanches, le nageur ou la nageuse doit porter soit un caleçon de bain sous le costume, soit une jupe sur le costume. Dans un cas comme dans l'autre, caleçon comme jupe doivent être longs d'au moins huit centimètres. Tout signe distinctif (emblème national, par exemple) ne peut décorer le costume de bain qu'au-dessus de la taille[42],[43].
En ce qui concerne les épreuves elles-mêmes, comme pour les Jeux précédents, la sélection fonctionne par série et non au classement au temps. Les deux premiers de chaque série et le meilleur troisième sont qualifiés pour les demi-finales. Ensuite, les deux premiers de chaque demi-finale et le meilleur troisième sont qualifiés pour la finale[24].
Alors que, lors des premiers Jeux, les inscriptions étaient libres, parfois par club sportif voire individuellement, au fur et à mesure, des limitations ont été mises en place. DepuisLondres en 1908, les nageurs représentent leur pays uniquement[44]. Le congrès de la FINA, en marge du congrès olympique de Lausanne, fin, a décidé la reprise des relations sportives avec l'Autriche et laHongrie (même si France, Belgique et Royaume-Uni ont voté contre)[30]. Ces deux nations peuvent donc désormais participer aux Jeux, mais pas encore l'Allemagne[45],[3]. À Londres en 1908 etStockholm en 1912, un pays pouvait inscrire jusqu'à douze nageurs ou nageuses par course[46],[47]. Pour les Jeux de 1924, le nombre d'inscriptions possibles est ramené à trois nageurs ou nageuses par épreuve et un seul relais (avec la possibilité de deux remplaçants ou remplaçantes par relais)[48],[33]. Les nations participantes doivent faire parvenir leur nombre (probable) d'engagés six semaines avant le début des Jeux, soit le ; la liste nominative des engagés doit parvenir au comité d'organisation trois semaines avant le début des Jeux, soit le. La date limite pour déclarer un forfait est fixée au soit dix jours avant les Jeux afin de donner le temps aux organisateurs de réorganiser les séries[48].
Au total,23 nations engagent211 nageurs et nageuses. En enlevant les forfaits, ce sont finalement173 nageurs et nageuses qui participent aux épreuves des Jeux de Paris[49]. C'est donc une augmentation de 34% du nombre de concurrents et concurrentes par rapport aux Jeux précédents à Anvers[33]. Les nageurs australiens ayant plus de 16 000 kilomètres à parcourir pour se rendre aux Jeux sont partis dès la fin avril. Après six semaines de mer, ils ont pu reprendre l'entraînement à la piscine des Tourelles début juin pour rattraper les semaines sans nager. Les nageurs japonais sont arrivés peu après. À titre de comparaison, les nageurs américains n'ont eu que six jours de mer[N 5] et les Britanniques six heures. Les derniers nageurs, des Français, sont arrivés deTourcoing la veille du début des épreuves[50]. La nageuse néo-zélandaiseGwitha Shand quitte son pays le pour traverser lePacifique jusqu'àVancouver, puis le continent américain et enfin l'océan Atlantique[51]. Elle se maintient en forme avec des exercices quotidiens à bord des navires. Arrivée en Grande-Bretagne mi-juin, elle s'y entraîne quelques jours avant de rejoindre Paris[52]. Elle a failli ne pas pouvoir participer aux Jeux de Paris, justement à cause de la distance et des frais à engager qui incluaient, pour cette jeune nageuse de20 ans, la nécessité d'unchaperon[53],[54]. Les fonds nécessaires étaient à peine réunis à quelques jours de son départ[55]. Trois des nageurs canadiens auraient par contre été interdits de compétition par la fédération internationale : ils avaient été engagés par lecomité olympique canadien directement auprès de l'organisation des Jeux au lieu de passer par la FINA[25].
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N.B. : Lorsque « (remplaçant) » ou « (remplaçante) » apparaît après un engagement en relais, cela signifie que l’athlète était engagé mais n'a pas nagé, soit parce que son équipe a été éliminée dès les séries, soit parce qu'il n'a pas été sélectionné.
Comme lors desJeux précédents, la domination des nageurs et nageuses des États-Unis est totale, laissant peu de place aux autres nations. Seuls la BritanniqueLucy Morton au 200 mètres brasse et l'AustralienAndrew Charlton au 1 500 mètres nage libre empêchent les nageurs et nageuses américains de remporter toutes les médailles d'or.Johnny Weissmuller prend la succession deDuke Kahanamoku sur le 100 mètres nage libre et s'impose sur le400 mètres[56],[2],[57],[33]. Les performances du SuédoisArne Borg,4e sur le 100 mètres nage libre et deux fois deuxième sur les400 mètres et 1 500 mètres nage libre marquent aussi les observateurs[19],[33].
Johnny Weissmuller, vainqueur du100 mètres chez les hommes, etEthel Lackie, qui remporte la même distance chez les dames, sont tous deux entraînés en club parWilliam Bachrach, qui est le coach de l'Illinois Athletic Club. Il faut attendre lesJeux de 1956 pour que ce fait se reproduise[2],[58]. William Bachrach est, comme pour les Jeux d'Anvers, l'entraîneur de l'équipe américaine en général. Il est aussi à Chicago le coach de Arne Borg[57].
Les Jeux de Paris sont aussi marqués par une innovation sur le virage en sprint en nage libre, mais aussi en dos. Dans un bassin de50 mètres, cette partie technique de la course prend plus d'importance que dans les bassins plus longs jusque là (100 mètres). Précédemment, le nageur pratiquait ce qu'on appelait le « virage de surface » : il s'agrippait au mur, pivotait et ne lâchait le mur que lorsqu'il s'apprêtait à pousser. Après la Première Guerre mondiale, le nageur américainPerry McGillivray avait mis au point le « virage plongeant », rendu célèbre lors des Jeux de 1924 par Johnny Weissmuller, et surnommé pour cette raison « virage Weissmuller ». Le nageur se contente de toucher rapidement le mur tout en pivotant en même temps et il repart avec une poussée sous l'eau, d'environ5 mètres. La « culbute » n'arrive que plus tard et, là encore, uniquement sur le sprint. En effet, le « virage de surface » reste utilisé en demi-fond des années 1930 aux années 1950.Dawn Fraser lors de ses médailles sur le 100 mètres nage libre (de 1956 à 1964) continue à utiliser le « virage de surface », sans toutefois s'agripper. Il faut attendre le changement de règlement de la FINA en 1965 pour que la culbute se généralise[59],[60],[33].
Le programme est établi ainsi[61],[62] :
Dans la dernière demi-journée, le dimanche après-midi, se déroulent sous un beau soleil les finales des épreuves « reines » : les 100 mètres nage libre féminin et 100 mètres nage libre masculin ainsi que celle du 100 mètres dos féminin et deux finales de plongeon[63]. La piscine accueille alors officiellement 7 000 spectateurs[63]. D'après le journalL'Auto, le stade aurait été plein et on aurait refusé du monde[64]. Cette demi-journée est considérée par les organisateurs comme l'apothéose des compétitions nautiques et elle leur rapporte près de 80 000 Francs[65]. Dans la tribune officielle se trouvent les princesCarol de Roumanie etGustave-Adolphe de Suède, le baronPierre de Coubertin et le comteJean de Castellane, président de laFédération française de natation et de sauvetage. Ces quatre hommes remettent les récompenses des compétitions[64]. Le président duComité olympique français et du comité d'organisation des Jeux,Justinien Clary, est lui aussi présent. Deux stars japonaises du cinéma américain se trouvent aussi au premier rang dans les tribunes :Sessue Hayakawa et son épouseTsuru Aoki[66],[N 9].
À l'issue des dernières épreuves, en fin d'après-midi du dimanche, la nageuse néerlandaiseMarie Baron profite de l'organisation olympique en place pour tenter de battre lerecord du monde du 200 mètres brasse, elle qui avait été disqualifiée en série pour virage incorrect. Avec un temps de3 min 24 s 20, elle ne réussit pas à battre le record d'Irene Gilbert (3 min 22 s 40) établi l'année précédente, mais elle nage neuf secondes plus vite que la nageuseLucy Morton vainqueur olympique[67],[66],[68].
Ensuite, à la demande du public,Johnny Weissmuller effectue un « tour d'honneur » qui se transforme, à la grande joie des spectateurs, en un petit spectacle aquatique[66].
Les épreuves de natation aux Jeux de 1924 ont donc remporté un grand succès populaire, en termes de fréquentation. La presse de l'époque s'est aussi montrée élogieuse. Le nombre d'incidents a de plus été largement inférieur à ce qui s'est produit pour d'autres sports lors des Jeux (boxe ouescrime). Seules deux décisions des jurys ont été contestées : la disqualification de Marie Baron eta contrario la non-disqualification du dossiste tchécoslovaqueRudolf Piowaty, qui aurait été trop sur le côté selon les observateurs[25]. LeNew York Times du blâme l'organisation des Jeux et principalement la distance entre le lieu d'hébergement des nageuses et la piscine, pour justifier les (relatives) contreperformances de la favorite américaineGertrude Ederle[69].
Le record olympique date desJeux olympiques de 1920, établi en demi-finale par le tenant du titreDuke Kahanamoku. Cependant,Johnny Weissmuller, qui été le premier homme à passer sous la minute, détient le record du monde depuis 1922, en58 s 60[70]. Les séries ont lieu le à10 h 30 ; les demi-finales le même jour à15 h[61],[71].
Trente nageurs venus de quinze pays s'affrontent, le record de participation à une épreuve de natation depuis la recréation des Jeux[72]. Pour la première fois aussi depuis cette recréation, tous les concurrents utilisent lecrawl pour la nage libre[70],[73]. Les séries sont facilement dominées par les favoris. Ceux-ci s'affrontent lors de demi-finales beaucoup plus rapides. Malgré tout, Weissmuller relâche son effort lors de sa course, se contentant d'assurer la victoire, gage de qualification en finale. Il bat tout de même le record olympique[70].
Rang | Pays | Nom | Temps | |
---|---|---|---|---|
1 | ![]() | Weissmuller, JohnnyJohnny Weissmuller | 59 s | Record olympique |
2 | ![]() | Kahanamoku, DukeDuke Kahanamoku | 1 min 1 s 40 | |
3 | ![]() | Kahanamoku, SamuelSamuel Kahanamoku | 1 min 1 s 80 | |
4 | ![]() | Borg, ArneArne Borg | 1 min 2 s | |
5 | ![]() | Takaishi, KatsuoKatsuo Takaishi | 1 min 3 s | |
6 | ![]() | Trolle, OrvarOrvar Trolle | Décision du jury 6e temps des demi-finales |
La finale a lieu le dimanche après-midi, celui des finales des épreuves « reines »[63] devant officiellement 7 000 spectateurs[63]. Johnny Weissmuller, qui avait participé à la finale du 4 × 200 mètres le matin, s'y était contenté d'assurer l'avance de son équipe pour pouvoir être sûr de remporter le100 mètres l'après-midi. La finale est malgré tout pour lui une course assez facile, même s'il bat son récent record olympique. Il devance largement ses compatriotes, les deux frères Kahanamoku. Le podium est donc intégralement américain. Le SuédoisArne Borg n'a pas démérité, ratant de peu le podium. Le JaponaisKatsuo Takaishi réalise pour sa part une belle course[64],[74],[75]. Comme pour toutes les autres épreuves, le jury accorde la sixième place « symbolique » de la finale au sixième temps des demi-finales, et donc non qualifié[70].
La médaille d'argent de Duke Kahanamoku (34 ans) sur le 100 mètres nage libre est sa dernière médaille olympique ; sa première remontait aux Jeux de Stockholm, douze ans plus tôt[56],[76].
Rang | Pays | Nom | Temps | |
---|---|---|---|---|
1 | ![]() | Weissmuller, JohnnyJohnny Weissmuller | 5 min 4 s 20 | Record olympique |
2 | ![]() | Borg, ArneArne Borg | 5 min 5 s 60 | |
3 | ![]() | Charlton, AndrewAndrew Charlton | 5 min 6 s 60 | |
4 | ![]() | Borg, ÅkeÅke Borg | 5 min 26 s | |
5 | ![]() | Hatfield, JackJack Hatfield | 5 min 32 s | |
6 | ![]() | Smith, LesterLester Smith | Décision du jury 6e temps des demi-finales |
Le record olympique date desJeux olympiques de 1912, établi en finale par le CanadienGeorge Hodgson en5 min 24 s 40[77]. Lerecord du monde appartient alors à l'AméricainJohnny Weissmuller depuis mars 1923 en4 min 57 s[78]. Au total, sur l'ensemble des courses, sept nageurs sont passés sous le record d'Hodgson[77].
Les séries ont lieu le mercredi en fin d'après-midi et les demi-finales le le matin[77],[79]. Pour cette épreuve aussi, tous les concurrents utilisent le crawl[73]. Les séries sont facilement dominées par les favoris. Le record olympique vieux de12 ans est battu à deux reprises en première et troisième séries. Johnny Weissmuller le bat à nouveau en demi-finale, tout en gérant son effort se contentant d'assurer sa qualification en finale. L'affrontement entre les frères suédoisArne etÅke Borg donne lieu à une belle deuxième demi-finale qui réjouit le public[77],[80].
La finale se déroule le vendredi à15 h[78],[79] devant un public nombreux : un peu plus de 4 000 spectateurs[24],[81].
La course est très disputée, avec unJohnny Weissmuller moins dominateur, ou unArne Borg plus combatif que prévu. Après un bon départ, ce dernier s'accroche à l'Américain. Aux100 mètres, c'est même le Suédois qui vire en tête en1 min 4 s 20 contre1 min 4 s 80 à Weissmuller. Les deux hommes restent au coude à coude. Ils virent ensemble aux200 mètres en2 min 23 s, avec un petit avantage à Weissmuller. Cependant, Borg repasse devant aux300 mètres et vire en3 min 45 s 20. Johnny Weissmuller produit son effort lors de la dernière longueur et réussit à distancer d'à peine un mètre cinquante Arne Borg à l'arrivée. Le record olympique est à nouveau largement battu. Pour la troisième place, l'AustralienAndrew Charlton part moins vite et gère sa course à distance. Aux300 mètres, il a huit mètres de retard. Il produit alors un énorme effort qui le ramène dans les pieds de Borg. Le quatrième, le SuédoisÅke Borg, frère jumeau d'Arne Borg, et le cinquième, le vétéran britanniqueJack Hatfield (31 ans), n'ont jamais inquiété les nageurs du podium. Ils nagent ensemble la quasi-totalité de la course avant que le Suédois distance le Britannique dans les derniers cent mètres[77],[81],[82]. Comme pour toutes les autres épreuves, le jury accorde la sixième place « symbolique » de la finale au sixième temps des demi-finales, et donc non qualifié[78].
Rang | Pays | Nom | Temps | |
---|---|---|---|---|
1 | ![]() | Charlton, AndrewAndrew Charlton | 20 min 6 s 60 | Record du monde et record olympique |
2 | ![]() | Borg, ArneArne Borg | 20 min 41 s 40 | |
3 | ![]() | Beaurepaire, FrankFrank Beaurepaire | 21 min 48 s 40 | |
4 | ![]() | Hatfield, JackJack Hatfield | 21 min 55 s 60 | |
5 | ![]() | Takaishi, KatsuoKatsuo Takaishi | 22 min 10 s 40 | |
6 | ![]() | Borg, ÅkeÅke Borg | Décision du jury 6e temps des demi-finales |
L'épreuve de 1 500 mètres nage libre masculin a eu lieu du au[83],[84], 22 nageurs venus de12 pays s'affrontent[85].
Le record olympique date desJeux olympiques de 1912, établi en finale par le CanadienGeorge Hodgson en22 min. Lerecord du monde appartient alors au SuédoisArne Borg en21 min 35 s 60[78].
Les séries se font en deux temps le dimanche : trois le matin et les deux dernières dans l'après-midi[83]. Pour cette épreuve, et c'est la grande nouveauté des Jeux de Paris, tous les concurrents utilisent le crawl. En effet, en 1920 encore, il y avait des tenants de la brasse pour les distances supérieures au 800 mètres. Après les Jeux, le crawl est devenu la règle[73]. Le matin,Andrew Charlton (17 ans) bat le vieux record olympique d'Hodgson ainsi que le record du monde de Borg. Ce dernier reprend son bien l'après-midi même, lors d'une course où cette volonté est clairement affichée, à tel point qu'il devance le second, le JaponaisKatsuo Takaishi de100 mètres. Les performances des « vétérans », l'AustralienFrank Beaurepaire (33 ans) et le BritanniqueJack Hatfield (31 ans), qui se qualifient tous deux en demi-finale, sont appréciées du public. Durant les séries, le phénomène se produit aussi, dans une moindre mesure, pour les records de France des800 et1 500 mètres nage libre : battus le matin parJean Rebeyrol, ils sont améliorés à nouveau dans l'après-midi parSalvator Pellegry[83],[86].
Les demi-finales le lendemain sont moins agitées. Les deux favoris nagent dans la même série. Charlton s'impose facilement dans ce qui préfigure la finale. La seconde demi-finale est marquée par une belle empoignade entre Beaurepaire et Takaishi, avecÅke Borg (frère jumeau du recordman du monde) dans le rôle d'arbitre. Si les deux premiers entrent en finale, Borg, réalisant le6e au total, n'est pas qualifié, mais le jury lui accorde la sixième place « symbolique » de la finale[83],[87].
En finale, la lutte tant attendue entre l'AustralienAndrew Charlton et le SuédoisArne Borg, qui avaient tous deux battu le record du monde lors des séries, tourne court. En effet, si Borg passe en tête aux 100 puis200 mètres, il est dépassé par son rival qui, nageant tout en puissance, se détache peu à peu. Au500 mètres, Charlton est irrémédiablement en tête. Au 1 000 mètres, il devance Borg de25 mètres et de plus de40 mètres à l'arrivée. Les temps de passage du vainqueur sont de1 min 8 s aux100 mètres,2 min 26 s 60 aux200 mètres,10 min 35 s aux800 mètres et13 min 19 s 60 aux 1 000 mètres pour un nouveau record du monde de cette distance. À l'arrivée, lerecord du monde de Borg, établi deux jours plus tôt est amélioré de plus d'une minute, en20 min 6 s 60. Même Borg explose son meilleur temps de près de30 secondes. L'AustralienFrank Beaurepaire, déjà médaillé de bronze sur cette distance àLondres en 1908 etAnvers en 1920, pourtant doublé aux 1 350 mètres par son compatriote, complète le podium[83],[88],[89].
L'épreuve de 4 × 200 mètres nage libre masculin a eu lieu les et[90].
Lerecord du monde (et record olympique) a été établi par lesnageurs américains lors desJeux olympiques d'Anvers en 1920, en10 min 4 s 4[91].
LaFINA n'avait pas anticipé le grand nombre de nations inscrites (16 au total, dont13 partantes) et n'avait prévu que séries et finale. Le nombre de participants a obligé à faire des demi-finales. Ces dernières ont dû être organisées le même jour que les séries. C'est en partie pour cette raison que les principales nations ont utilisé pour la première fois les remplaçants, réservant certains nageurs pour la finale[90].
Les séries sont facilement dominées par les équipes favoritesÉtats-Unis,Australie etSuède, qui se retrouvent d'ailleurs sur le podium. L'équipe de France réalise une performance inattendue alors que l'équipe britannique, qui a engagé ses remplaçants, se qualifie de justesse[90],[92],[93]. Les demi-finales restent dominées par les favoris, mais lerelais japonais réalise un excellent temps le plaçant en embuscade pour la finale[90],[92],[93].
La finale se déroule le dimanche le matin[94],[95] devant un peu plus de 1 700 spectateurs[24]. Les meilleurs nageurs sont engagés par leur nation. Dès lors, le relais américain domine de bout en bout et s'adjuge un nouveau record du monde et olympique. Il vire effectivement avec déjà 10 mètres d'avance sur le Japon aux 100 mètres et n'est jamais inquiété.Johnny Weissmuller, dernier relayeur, qui vise le titre olympique sur le100 mètres nage libre l'après-midi, se contente d'assurer la victoire de son équipe. Les Australiens terminent deuxièmes à près de dix secondes. Si le Japon vire à la deuxième place aux 100 mètres, l'Australie est, définitivement, passée devant aux 200 mètres. Le deuxième relayeur australienAndrew Charlton refait même le retard de son équipe sur les Américains, avant qu'elle soit à nouveau lâchée. Le suspense porte finalement pour la troisième marche du podium. Longtemps, l'équipe japonaise semble pouvoir réussir à accrocher le bronze. Lorsque le dernier relayeur suédois,Arne Borg, qui lui aussi nage la finale du 100 mètres l'après-midi, plonge, son équipe a 30 mètres de retard. Il fait un énorme effort : il parcourt la distance en2 min 19 s, soit plus vite que chacun des relayeurs américains. Il parvient à dépasser et devancer les nageurs nippons. La Grande-Bretagne est, quant à elle, lâchée dès les premières longueurs et ne participe pas aux débats[90],[96],[97],[98],[99].
La médaille de bronze de l'AustralienFrank Beaurepaire sur le 4 × 200 mètres nage libre est aussi sa dernière médaille olympique ; sa première remontait aux Jeux de Londres, seize ans plus tôt[76].
Rang | Pays | Nom | Temps | |
---|---|---|---|---|
1 | ![]() | Kealoha, WarrenWarren Kealoha | 1 min 13 s 20 | Record olympique |
2 | ![]() | Wyatt, PaulPaul Wyatt | 1 min 15 s 40 | |
3 | ![]() | Bartha, KárolyKároly Bartha | 1 min 17 s 80 | |
4 | ![]() | Blitz, GérardGérard Blitz | 1 min 19 s 60 | |
5 | ![]() | Rawlinson, AustinAustin Rawlinson | 1 min 20 s | |
6 | ![]() | Saito, GiyoGiyo Saito | Décision du jury 6e temps des demi-finales |
L'épreuve de 100 mètres dos masculin a lieu du au[100]. Tous les concurrents choisissent définitivement le style « dos crawlé », utilisé pour la première fois parHarry Hebner lors desJeux olympiques de 1912 à Stockholm[101],[102].
Le record olympique date desJeux olympiques de 1920, établi en séries par l'AméricainWarren Kealoha en1 min 14 s 80. Lerecord du monde appartient au même Kealoha en1 min 12 s 40.
Le nageur hawaïenWarren Kealoha domine la compétition de bout en bout. Il améliore son propre record olympique en séries puis en finale. Les séries ont lieu très tard dans la matinée à cause de problèmes d’organisation des épreuves de plongeon qui se déroulent avant. Elles sont marquées par la disqualification pour départ anticipé d'un des favoris, l'Américain Henry Luning, qui avait pourtant réalisé le deuxième temps général. Le nageur françaisÉmile Zeibig bat le record national et se qualifie en demi-finale. L'ordre d'arrivée des demi-finales est celui de la finale. Les deux nageurs américains Kealoha et Wyatt prennent rapidement la tête de la course et virent quasiment ensemble à mi-parcours. Kealoha fournit son effort dans les derniers 25 mètres. Il distance à l'arrivée son compatriote Wyatt de 2,5 mètres et conserve ainsi son titre en améliorant à nouveau le record olympique. Les trois autres nageurs ne peuvent que se disputer la troisième marche du podium, sans espoir de rattraper les Américains. Cette seconde course tourne à l'avantage du Hongrois Bartha[100],[2],[103],[104],[105].
Rang | Pays | Nom | Temps | |
---|---|---|---|---|
1 | ![]() | Skelton, RobertRobert Skelton | 2 min 56 s 60 | |
2 | ![]() | De Combe, JosephJoseph De Combe | 2 min 59 s 20 | (Record de Belgique) |
3 | ![]() | Kirschbaum, WilliamWilliam Kirschbaum | 3 min 1 s | |
4 | ![]() | Linders, BengtBengt Linders | 3 min 2 s 20 | |
5 | ![]() | Wyss, RobertRobert Wyss | 3 min 5 s 60 | |
6 | ![]() | Henning, ThorThor Henning | Décision du jury 6e temps des demi-finales |
Le 200 mètres brasse masculin a lieu du au[106],[84]. La finale se déroule le jeudi en fin d'après-midi[106],[79] devant un public d'un peu plus de 4 000 spectateurs[24]. Avec 16 nations engagées, cette course établit le record des nations représentées lors des épreuves de natation[107].
Le record olympique remonte auxJeux olympiques de Stockholm en 1912, établi en finale par l'AllemandWalter Bathe en3 min 1 s 80. Lerecord du monde appartient à un autre Allemand,Erich Rademacher, en2 min 54 s 40 depuis le printemps 1924[108].
Dès les séries, le vieux record olympique tombe, battu par l'AméricainRobert Skelton en2 min 56 s. De son côté, le Hongroisrecordman du monde du100 mètres brasse,Márton Sipos part vite et ne parvient pas à tenir la distance. Il n'entre pas en demi-finale. Celles-ci sont un duel à distance entre les deux favoris, l'Américain Skelton et le BelgeJoseph De Combe, qui se neutralisent, réalisant le même temps pour gagner chacun leur course. Cependant, l'affrontement attendu en finale entre les deux hommes n'a pas lieu. Skelton part vite et contrôle la course de bout en bout. De Combe ne réussit même à accrocher la deuxième place que dans la dernière longueur. Il bat, malgré tout, le record de Belgique de la distance, tandis que les trois premiers nagent plus vite que le record olympique de 1912[106],[109],[110].
Le style de nage du vainqueur, l'Américain Robert Skelton, surprend les observateurs : il ramène très rapidement les bras vers l'avant, ce qui lui permet d'augmenter sa fréquence[111].
Rang | Pays | Nom | Temps | |
---|---|---|---|---|
1 | ![]() | Lackie, EthelEthel Lackie | 1 min 12 s 40 | |
2 | ![]() | Wehselau, MariechenMariechen Wehselau | 1 min 12 s 80 | |
3 | ![]() | Ederle, GertrudeGertrude Ederle | 1 min 14 s 20 | |
4 | ![]() | Jeans, ConstanceConstance Jeans | 1 min 15 s 40 | |
5 | ![]() | Tanner, VeraVera Tanner | 1 min 20 s 80 | |
6 | ![]() | Vierdag, MarieMarie Vierdag | Décision du jury 6e temps des demi-finales |
L'épreuve du 100 mètres nage libre féminin a eu lieu du au[112],[95]. Le record olympique remonte auxJeux olympiques d'Anvers en 1920, établi en finale par l'AméricaineEthelda Bleibtrey en1 min 13 s 60[113]. Lerecord du monde appartient à une autre Américaine,Gertrude Ederle, en1 min 12 s 80 depuis le printemps 1923[114].
Les remarquables performances des nageuses de cette épreuve ont fait dire aux observateurs que la natation féminine avait réalisé d'immenses progrès depuis sesdébuts en 1912, justifiant pleinement par là son intégration dans le programme olympique[113].
Toutes les concurrentes ont adopté lecrawl pour la nage libre[113],[73]. La domination des nageuses américainesEthel Lackie,Mariechen Wehselau etGertrude Ederle est totale : elles réalisent les trois meilleures performances des séries, des demi-finales et de la finale, seul l'ordre changeant pour la finale. Derrière elles, deux des nageuses britanniques,Constance Jeans etVera Tanner, réalisent les4e et5e temps des séries, demi-finales et finale. Toutes les autres nageuses sont reléguées à près de dix secondes des Américaines[115]. Les records olympique et du monde sont battus en séries pour ne plus être améliorés[115],[116].
La finale est totalement dominée par les nageuses américaines, sans surprise. Cependant, alors que les observateurs prévoyaient un duel entreMariechen Wehselau etGertrude Ederle, qui avaient réalisé les deux meilleurs des séries et des demi-finales, elles se font surprendre par la jeuneEthel Lackie. Gertrude Ederle prend pourtant un bon départ et domine longtemps la course. Elle craque dans la partie finale et finit lâchée par ses adversaires. Wehselau concède une demi-longueur à Lackie. Selon le journal sportifL'Auto, Wehselau se serait concentré sur son duel contre Ederle et n'aurait pas vu Lackie sur l'extérieur, se faisant devancer dans les derniers mètres. La BritanniqueConstance Jeans finit au pied du podium, sans avoir démérité ni avoir pu vraiment rivaliser[115],[64],[117],[118].
Rang | Pays | Nom | Temps | |
---|---|---|---|---|
1 | ![]() | Norelius, MarthaMartha Norelius | 6 min 2 s 20 | (RO) |
2 | ![]() | Wainwright, HelenHelen Wainwright | 6 min 3 s 80 | |
3 | ![]() | Ederle, GertrudeGertrude Ederle | 6 min 4 s 80 | |
4 | ![]() | Molesworth, DorisDoris Molesworth | 6 min 25 s 40 | |
n.c | ![]() | Shand, GwithaGwitha Shand | Abandon aux 300 mètres | |
6 | ![]() | Tanner, VeraVera Tanner | Décision du jury 6e temps des demi-finales |
L'épreuve de 400 mètres nage libre féminin a eu lieu du au[119],[84]. C'est la première fois que cette épreuve a lieu : àAnvers en 1920 ne s'était couru qu'un 300 mètres. Il n'y a donc pas encore de record olympique. Lerecord du monde appartient à une Américaine,Gertrude Ederle, en5 min 53 s 20 depuis 1922[119]. Pour cette épreuve aussi, tous les concurrentes utilisent le crawl[73].
La course est dominée, des séries à la finale, par les trois nageuses américainesMartha Norelius,Helen Wainwright etGertrude Ederle. La suprématie anglo-saxonne est complétée par les performances des trois nageuses britanniques Doris Molesworth,Constance Jeans etVera Tanner et de la nageuse néo-zélandaiseGwitha Shand. Une nageuse danoiseHedevig Rasmussen et une FrançaiseMariette Protin réussissent à se hisser en demi-finale, mais sont éliminées. Malgré desrecords de France de la distance en séries et demi-finale, les nageuses françaises (Ernestine Lebrun et Mariette Protin) ne sont pas de taille à rivaliser[119],[120],[121],[122],[123],[124].
En finale, alors que tous les pronostics donnaient Gertrude Ederle vainqueur, celle-ci se fait surprendre dans la dernière longueur par ses deux compatriotes. Les trois nageuses américaines Martha Norelius, Helen Wainwright et Gertrude Ederle terminent groupées, vingt secondes devant leur concurrente britannique Doris Molesworth. Gertrude Ederle mène la course les sept premières longueurs. Elle passe vite aux 100, 200 et 300 mètres. Elle n'est rattrapée et dépassée que dans les40 derniers mètres. C'est dans le sprint final que se décident les première et deuxième marches du podium. Après l'abandon de la Néo-Zélandaise Gwitha Shand, la Britannique Doris Molesworth se retrouve seule à gérer sa course[119],[125],[126],[127]. Martha Norelius est donc la première championne olympique de l'histoire du 400 mètres nage libre[2].
L'épreuve du 4 × 100 mètres nage libre féminin a eu lieu le après-midi[128],[79] devant un peu plus de 4 000 spectateurs[24].
Avec six nations engagées, c'est le plus grand nombre d'équipes alignées pour cette épreuve depuis sa création en1912 à Stockholm. Cependant, avec ce petit nombre de relais, il suffit d'une seule course, la finale. Le relais américain domine sans aucun problème, prenant la tête de la course immédiatement et terminant avec près de 25 mètres d'avance sur le relais britannique. Les Américaines établissent un nouveau record du monde et abaissent de 13 secondes le record olympique établi, déjà par l'équipe américaine, àAnvers en 1920. L'équipe suédoise ne peut rivaliser et termine troisième, distancée. Les trois derniers relais se disputent âprement les places d'honneur. La première relayeuse française, Ernestine Lebrun, réussit à garder son équipe dans le trio de tête à 10 mètres des Américaines. Cependant, Bibienne Pellegry est doublée par ses deux adversaires scandinaves. Gilberte Mortier et Mariette Protin tentent à toutes forces de revenir, mais n'y réussissent pas[128],[92],[129].
Rang | Pays (nageuses par ordre de départ[92]) | Temps | |
---|---|---|---|
1 | États-Unis![]() (Gertrude Ederle,Mariechen Wehselau,Euphrasia Donnelly etEthel Lackie) | 4 min 58 s 80 | (RM) et (RO) |
2 | Grande-Bretagne![]() (Grace McKenzie,Constance Jeans,Florence Barker etVera Tanner) | 5 min 17 s | |
3 | Suède![]() (Hjördis Töpel,Gulli Ewerlund,Wivan Pettersson etAina Berg) | 5 min 35 s | |
4 | Danemark![]() (Agnete Olsen, Vibeke Møller,Hedevig Rasmussen etKaren Maud Rasmussen) | 5 min 42 s 40 | |
5 | France![]() (Ernestine Lebrun,Bibienne Pellegry,Gilberte Mortier etMariette Protin) | 5 min 43 s 40 | |
6 | Pays-Bas![]() (Marie Vierdag, Alida Bolten,Marie Baron et Truus Klapwijk) | 5 min 45 s 80 |
Rang | Pays | Nom | Temps | |
---|---|---|---|---|
1 | ![]() | Bauer, SybilSybil Bauer | 1 min 23 s 20 | (RM etRO) |
2 | ![]() | Harding, PhyllisPhyllis Harding | 1 min 27 s 40 | |
3 | ![]() | Riggin Soule, AileenAileen Riggin | 1 min 28 s 20 | |
4 | ![]() | Chambers, FlorenceFlorence Chambers | 1 min 30 s 80 | |
5 | ![]() | Müllerová, JarmilaJarmila Müllerová | 1 min 31 s 20 | |
6 | ![]() | King, EllenEllen King | Décision du jury 6e temps des demi-finales |
C'est la première fois que cette épreuve a lieu. Il n'y a donc pas encore de record olympique[130]. Lerecord du monde appartiendrait à la TchécoslovaqueJarmila Müllerová[131],[N 10]. Le nombre réduit de concurrentes (dix) amène à l'annulation des demi-finales. Il n'y a donc que deux séries et une finale. Celle-ci se déroule le dimanche après-midi, la grande après-midi des finales, devant un peu moins de 7 000 spectateurs[132]. L'épreuve est survolée par l'AméricaineSybil Bauer, première championne olympique de l'histoire sur cette distance. Elle établit et bat les marques olympique et mondiale. La BritanniquePhyllis Harding réussit à empêcher une totale domination américaine[130],[2],[133],[131],[116].
Contrairement aux hommes qui ont tous adopté le « dos crawlé » avec un retour aérien alterné des bras et des battements de jambes, une partie des nageuses utilise encore l'« ancien style », le « dos brassé »[134],[102],[N 11]. L'élimination de ces dernières, hormis la TchécoslovaqueJarmila Müllerová, dès les séries est considérée comme la preuve définitive de la supériorité du « nouveau style ». Sa dernière place en finale signe la disparition de cette technique moins performante que le « dos crawlé »[130].
Rang | Pays | Nom | Temps | |
---|---|---|---|---|
1 | ![]() | Morton, LucyLucy Morton | 3 min 33 s 20 | |
2 | ![]() | Geraghty, AgnesAgnes Geraghty | 3 min 34 s | |
3 | ![]() | Carson, GladysGladys Carson | 3 min 35 s 40 | |
4 | ![]() | Pettersson, WivanWivan Pettersson | 3 min 37 s 60 | |
5 | ![]() | Gilbert, IreneIrene Gilbert | 3 min 38 s | |
6 | ![]() | Koster, LaureLaure Koster | 3 min 39 s 20 | |
7 | ![]() | Töpel, HjördisHjördis Töpel | 3 min 47 s 60 |
Cette épreuve est, elle aussi, disputée pour la première fois. L'AméricaineAgnes Geraghty établit donc, dès la première série, le record olympique ; cependant, il n'est ensuite plus battu. Dans cette première série, la NéerlandaiseMarie Baron nage3 min 22 s 60, ce qui aurait été le meilleur temps de la compétition (cinq secondes plus vite que l'Américaine Geraghty et dix secondes plus vite que la finale), si elle n'avait été disqualifiée pour virage incorrect[68],[2]. Le petit nombre de nageuses a obligé à n'organiser que trois séries. Comme sont qualifiées les deux premières de chaque série et la meilleure troisième, c'est donc une finale à sept qui se déroule. Pour l'occasion, les lignes d'eau ont été retirées[68],[93].
Cette finale se déroule le vendredi en fin d'après-midi[68],[79] devant un peu plus de 4 000 spectateurs[24]. Dans un premier temps, l'Américaine Agnes Geraghty semble facilement dominer l'épreuve. Elle part vite et vire en tête, détachée, aux 100 mètres. C'est alors que les BritanniquesLucy Morton etGladys Carson produisent leur effort. Elles remontent peu à peu leur adversaire. Les trois nageuses virent quasiment ensemble aux 150 mètres. Dans une dernière longueur très éprouvante pour les concurrentes, Lucy Morton finit par doubler l'Américaine pour s'imposer d'une main dans un suprême dernier effort. Derrière, la SuédoiseWivan Pettersson revient fort pour tenter de contester la troisième place sur le podium à Gladys Carson, sans succès. La contreperformance de la Britannique, recordwoman du monde et grande favorite,Irene Gilbert s'explique par une maladie qui a failli lui faire déclarer forfait[68],[135],[93],[136]. La BritanniqueLucy Morton est donc la première championne olympique de l'histoire sur 200 mètres brasse[2]. Elle est aussi la première Britannique à être championne olympique de natation en individuel[136].
Les trois premiers ou premières de chaque épreuve sont récompensés d'une médaille et d'undiplôme olympique : une médaille devermeil (argent recouvert d'or) au premier ; une médaille d'argent au deuxième ; une médaille de bronze au troisième[137].
Rang | Pays | ![]() | ![]() | ![]() | Total |
---|---|---|---|---|---|
1 | ![]() | 9 | 5 | 5 | 19 |
2 | ![]() | 1 | 2 | 1 | 4 |
3 | ![]() | 1 | 1 | 2 | 4 |
4 | ![]() | 0 | 2 | 2 | 4 |
5 | ![]() | 0 | 1 | 0 | 1 |
6 | ![]() | 0 | 0 | 1 | 1 |
Total | 11 | 11 | 11 | 33 |
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