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Motyé

37° 52′ 13″ N, 12° 28′ 10″ E
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Vue générale de l'île
Éphèbe au musée de Motyé

Motyé ouMotya (grec : Μοτύη (ionien) ou Μοτύα (attique) ;italien : Mozia (err. Mothia) ;sicilien : Mozzia), est une ancienne et puissante citéphénico-punique de la côte occidentale de laSicile, entreDrépane (l’actuelleTrapani) etLilybée (l’actuelleMarsala).

Elle était située sur une petite île nommée auXIe siècleSan Pantaleo (Saint-Pantaléon) par des moines de l'ordre desBasiliens, ensuite rebaptiséeMozia selon le nom de l’ancienne cité, à environ 1km de la côte sicilienne à laquelle elle était reliée par une chaussée artificielle pouvant être empruntée par des chariots à larges roues[1].

La cité fut détruite lors d'un siège fameux en397 av. J.-C., mais le site continua d'être habité par la suite, sans toutefois retrouver sa grandeur passée. L'île a fait l'objet de fouilles approfondies tout au long duXXe siècle, et les recherches s'y poursuivent. Les découvertes sont exposées dans un musée local, leMusée Whitaker.

Géographie

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Marais salants etmoulins à vent sur l'île de Motyé. Juin 2011.

L'îlot, situé sur la côte occidentale de la Sicile, a une superficie d'environ 45ha[2] et a une forme quasi circulaire. L'île est située dans une lagune barrée par l'Isola Grande, et au centre de l'actuelle réserve naturelle diteriserva naturale regionale delle Isole dello Stagnone di Marsala.Le sol est constitué d'une roche calcaire friable.

  • Localisation et plan de Motyé
  • Situation de Motyé, au large de la côte occidentale de la Sicile
    Situation de Motyé, au large de la côte occidentale de laSicile
  • Situation de Motyé, face à Lilybée (Marsala)
    Situation de Motyé, face àLilybée (Marsala)
  • Plan de Motyé en italien
    Plan de Motyé en italien

Histoire

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Les fouilles ont montré une occupation depuis l'âge du bronze du futur site de Motyé, l'île étant toutefois déserte à l'arrivée des Phéniciens[3].

Une colonie phénicienne

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Vue d'artiste de l'île vers la fin duVe siècle av. J.-C.

La fondation de la cité remonte probablement auVIIIe siècle. Elle était à l’origine une coloniephénicienne portant le nom deMtw,Mtw ouHmtw. Le nom, d'origine sémitique, signifieraitla filature[4]. Les Phéniciens choisissaient souvent des sites similaires pour leurs fondations. Au début, Motyé ne fut probablement qu'une simple étape commerciale (ouemporion), qui s'est peu à peu agrandie, jusqu'à devenir une cité importante et prospère, fortifiée auVIe siècle par 2,8 kilomètres de tours sur les restes d’une muraille antérieure et agrémentée d'un port intérieur, relié à la mer par un canal[4]. Selon, Diodore « elle se faisait remarquer par la beauté et le grand nombre de ses maisons, très bien construites, et par l’opulence de ses habitants. Une étroite chaussée, ouvrage de l’homme, la faisait communiquer avec le rivage de la Sicile »[4].

Les anciens Grecs, selon une de leurs coutumes, lui donnèrent une origine légendaire et faisaient dériver son nom de celui d’une femme dénommée "Motya", qui aurait dénoncé àHéraclès le vol de ses bœufs[4]. Cette légende se diffusa alors qu’existaient au même moment d’autres établissements phéniciens en Sicile, époque tardive durant laquelle la cité fut sous la gouvernance ou plus simplement vassale deCarthage. AussiDiodore la qualifie-t-il de colonie carthaginoise, mais il est probable que ce n’est pas rigoureusement exact[5].

En dépit de ces conditions de son importance précoce et de sa prospérité, le nom de Motyé est rarement mentionné dans l’histoire avant son siège mémorable lors de ladeuxième guerre gréco-punique. Il est cité la première fois parHécatée, etThucydide la remarque parmi les colonies principales des Phéniciens en Sicile qui subsistent encore à l’époque de l’expéditionathénienne,-415[6]. Quelques années après (-409), lorsque l’armée punique sous le commandement d’Hannibal de Giscon débarqua sur le promontoire de Lilybée, ce général laissa sa flotte en sécurité dans le golfe entourant Motyé, tandis qu’il avançait avec ses forces terrestres le long de la côte afin d’attaquerSélinonte[7].

Après la chute de cette dernière cité, on nous raconte qu’Hermocrate, lesyracusain en exil qui s’était établi sur ces ruines avec une nombreuse suite de partisans, dévasta les territoires de Motyé et de Panorme[8] et de nouveau pendant la seconde expédition des Carthaginois sous la direction d’un généralHamilcar (-407), ces deux sites devenant une station permanente de la flotte punique[9].

Comme les colonies grecques croissaient en nombre et en importance, les Phéniciens abandonnèrent peu à peu leurs établissements à proximité immédiate des nouveaux venus, et se concentrèrent sur leurs trois principales colonies deSolonte, Panorme (l’actuellePalerme), et Motyé[10].

Cette dernière, de par sa proximité avecCarthage et sa situation privilégiée pour les échanges avec l’Afrique, autant que l’avantage de la configuration géographique de sa position, devint une des forteresses principale des Puniques et une de leurs principales cités commerciales de l’île[11].

Le siège de Motyé (-397)

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L'île fortifiée de Motyé avec la chaussée de liaison avec la terre ferme (reconstitution)
Départ de la chaussée submergée
Entrée du cothon (reconstitution)

C’était la position que Motyé avait ainsi atteint qui acheva de convaincreDenys l'Ancien de concentrer ses principaux efforts vers sa réduction, lorsqu’en-397 il envahit à son tour le territoire carthaginois de Sicile. Les habitants de la cité assiégée, escomptant l’aide de Carthage, se préparèrent à une résistance acharnée et, coupant la chaussée qui les unissait à la terre ferme, contraignirentDenys au processus fastidieux et laborieux de construction d’une butte dans l’espace intermédiaire.

Lorsque cela fut accompli, et que les machines militaires deDenys (parmi lesquelles la formidablecatapulte qui fit son apparition pour la première fois à cette occasion) furent amenées vers les murs, les Motyens continuèrent leur résistance désespérée, et après que les murs et les tours eurent été submergés par les forces écrasantes des ennemis, ils défendirent leur cité rue après rue, maison après maison.

Cette lutte acharnée accrut seulement l’exaspération des Grecs siciliens envers les Carthaginois, et lorsqu'enfin les troupes de Denys se furent rendues maîtresses de la ville, elles passèrent toute la population survivante au fil de l’épée, hommes, femmes et enfants[12]. Une grande masse de richesse fut pillée et les Carthaginois quittent l'île au profit deLilybée.

Après cela, le Syracusain mit en place une garnison sous le commandement d’un officier nomméBiton, pendant que son frèreLeptinès en faisait le siège de sa flotte. Mais au printemps suivant (-396),Himilcon, le général punique, débarquant à Panorme avec de très fortes troupes, reprit possession de Motyé avec comparativement peu de difficulté[13].

Cependant, Motyé n’était pas destinée à retrouver sa puissance passée :Himilcon, apparemment convaincu des avantages deLilybée, fonde une nouvelle cité sur le promontoire du même nom, vers laquelle il transfére les quelques habitants de Motyé qui ont survécu[14].

Après cette période, la cité disparait complètement de l’histoire, et le petit îlot sur lequel elle est bâtie est probablement occupé, tout comme maintenant, uniquement par quelques pêcheurs.

Époque romaine

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À l’époque de la conquête de la Sicile par les Romains, pendant lapremière guerre punique (-264--241), Motyé est éclipsée parLilybée.

Numismatique

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Il est singulier, bien que nous n’ayons aucune preuve que Motyé ait reçu une population grecque ou soit tombée aux mains des Grecs avant sa conquête par Denys, qu'il existe des monnaies de la cité avec la légende grecque "ΜΟΤΥΑΙΟΝ". Elles sont en définitive d’une grande rareté et apparemment imitées de celles de la ville voisine deSégeste[15].

Recherches archéologiques

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Identifié dès leXVIIe siècle, le site a fait l'objet de sondages auXIXe siècle parHeinrich Schliemann et de fouilles approfondies parJoseph Whitaker, véritable bienfaiteur du site, qui l'acheta, puis s'attacha sa vie durant à le mettre en valeur. Il fit placer le produit des fouilles dans un musée situé dans l'île, qui porte désormaisson nom.

En1979, une équipe comprenant notamment Gioacchino Falsone etVincenzo Tusa, découvre une statue de marbre, ditAurige de Mozia.

Les recherches continuent, sous la direction de l'université « La Sapienza » deRome avec en particulierSabatino Moscati, jusqu'au décès de ce dernier en1997.

Site archéologique

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Urbanisme

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Fortifications

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Un rempart entourant toute l'île fut édifié auVIe siècle av. J.-C., épais parfois de 2 m, comprenant des merlons, des tours et deux portes principales.

Zone nord etCappiddazzu

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La zone sacrée dénomméeCappiddazzu est une enceinte de 27,50 m sur 35,50 m, qui a pu être datée du débutVIe siècle[4].

  • Zone nord et Cappiddazzu
  • Le Cappiddazzu
    LeCappiddazzu
  • Porte nord
    Porte nord

Zone industrielle

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Nécropole et tophet

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Nécropoles

Letophet de Motyé, où l'était pratiqué lemolk jusqu'à son interdiction parGélon, qui a fait l'objet des fouilles complètes, est le mieux connu des monuments de ce type. En l'absence d'occupation urbaine ultérieure, on a pu déterminer sa superficie précise, contrairement à celui deCarthage.

Sept strates différentes ont pu être identifiées, avec une occupation sur quatre siècles, duVIIe auIIIe siècle av. J.-C.[4]. Plus de mille stèles ont été dégagées, ainsi que desprotomés de type égyptisant et un masque grimaçant.

Les stèles et le matériel archéologique découverts témoignent du métissage de la culture locale : certains motifs se retrouvent dans d'autres sites phénico-puniques (signe de Tanit,idole-bouteille), mais les œuvres encoroplathie trahissent une nette influence gréco-égyptienne.

Habitat et « maison des mosaïques »

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Maison des mosaïques

L'habitat de Motyé est mal connu, même si des traces d'habitat ancien ont été trouvées dans l'environnement dumusée Whitaker.

Sur le site, on trouve une villa avec une mosaïque unique en Sicile, constituée degalets noirs et blancs. Cette construction est postérieure à la destruction de-397 et on a considéré commeterminus post quem la date de250av. J.-C. Les ruines d'unemaison des amphores ont également été dégagées[16].

Le « cothon »

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  • voir la légende ci-après
    Le « cothon » (l'entrée est au fond).
  • voir la légende ci-après
    Entrée du « cothon ».

Au sud se situe un bassin de 51 × 37 m (environ2 ha), relié à la mer par un chenal et entouré d'une enceinte circulaire. D'une profondeur maximale de 2,5 m, il a longtemps été considéré comme uncothon, une installation portuaire artificielle destinée à entretenir la marine phénico-punique, comme on en trouve àCarthage,Utique,Rachgoun et peut-êtreMahdia[17].

En 2022, une étude archéologique détaillée montre que le bassin était alimenté par deux sources et que sa bordure était aménagée pour faciliter le puisage, et met au jour trois temples, le premier consacré àBaal et le deuxième àAstarté. Le troisième temple est flanqué d'une esplanade comportant un autel creux (servant à recueillir le sang des animaux sacrifiés) entouré de deux ancres en pierre. La disposition des constructions et la découverte d'offrandes votives conduit à réinterpréter l'enceinte circulaire, le bassin et les bâtiments comme un sanctuaire aux eaux sacrées[18],[19].

Notes et références

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  1. Diodore de Sicile,Bibliothèque historique, XIV, 48
  2. E. Lipinski,Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique, p. 301
  3. Lipinski E (dir),Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique, p. 301
  4. abcde etfP. Lévêque,Nous partons pour la Sicile, PUF, 1989,p. 118.
  5. Thucydide,Histoire de la guerre du Péloponnèse, VI, 2 ;Diodore de Sicile,Bibliothèque historique, XIV, 47
  6. Thucydide VI, 2
  7. Diodore de Sicile,Bibliothèque historique, XIII, 54, 61
  8. Diodore de Sicile,Bibliothèque historique, XIII, 63
  9. Diodore de Sicile,Bibliothèque historique, XIII, 88
  10. Thucydide I.c
  11. Diodore de Sicile,Bibliothèque historique, XIV, 47
  12. Diodore de Sicile,Bibliothèque historique, XIV, 47-53
  13. Diodore de Sicile,Bibliothèque historique, XIV, 55
  14. Diodore de Sicile,Bibliothèque historique, XXII, 10
  15. Eckhel, vol. i. p. 225.
  16. E. Lipinski,Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique,p. 303
  17. E. Lipinski,Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique,p. 302
  18. François Savatier, « Le bassin sacré de Motya, miroir du ciel »,Pour la science,no 537,‎,p. 13(lire en ligneAccès libre, consulté le).
  19. (en) Lorenzo Nigro, « The sacred pool of Ba'al: a reinterpretation of the ‘Kothon’ at Motya »,Antiquity,vol. 96,no 386,‎,p. 354-371(DOI 10.15184/aqy.2022.8Accès libre).

Voir aussi

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Articles connexes

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