Dans lamythologie grecque, lesMoires (engrec ancienΜοῖραι /Moîrai) sont troisdivinités duDestin :Clotho (« la Fileuse »),Lachésis (« la Répartitrice ») etAtropos (« l'Inflexible »). Elles sont associées aux cycles cosmiques, aux grandes déesses de la nature, de la végétation et de la fertilité[1].
Elles deviennent lesParques, dans lamythologie romaine. On retrouve des personnages similaires dans la mythologie nordique avec lesNornes, ou encore dans la mythologie lituanienne avec lesDeivės Valdytojos.
Elles sont désignées sous le nom d'αἶσα /aîsa dans l’Iliade[3], et ne sont citées qu'une seule fois sous le nom collectif deΜοῖραι /Moîrai (XXIV, 49). Au vers 209 du mêmechantXXIV, le termeMoîra est employé au singulier pour désigner une déesse unique. L’Odyssée[4] associe quant à elleaisa etκλῶθες /klỗthes (« fileuses ») ; ce dernier terme est une référence probable aux Moires, même si cetteépithète ne se rencontre nulle part ailleurs. Toujours dans l’Odyssée, il semble que le rôle de fileuses du destin ne leur soit pas réservé :Zeus[5] ou même lesdieux tous ensemble[6] peuvent être impliqués. De manière générale, si le terme demoïra (« destinée ») est très présent dans les épopéeshomériques, celle-ci n'est que rarement personnifiée sous des traits divins.
Lachésis (Λάχεσις /Lákhesis, « la Répartitrice ») le déroule ;
Atropos (Ἄτροπος /Átropos, « l'Inflexible ») le coupe.
Dans le premier passage de laThéogonie[9], leur rôle est en outre de« [poursuivre] les crimes des hommes et des dieux et [de] ne [déposer] leur terrible colère qu'après avoir exercé sur le coupable une cruelle vengeance ». Cependant, l'enchaînement des vers 218 et 219, jugé maladroit, et le fait que cette mention suive une référence donnée auxKères, divinités chargées de traquer les criminels, font écarter ce passage comme une interpolation parplusieurs spécialistes[Qui ?] ;Martin Litchfield West l'a supprimé de son édition de laThéogonie.
On peut se représenter leur travail de filage comme achevé au moment de la naissance ou se poursuivant pendant toute la vie jusqu'au moment où tout le fil a été entièrement dévidé de la quenouille. Les images employées par les poètes varient. Leur origine complexe traduit en fait le lien des Moires avec la naissance comme la mort et finalement avec le cycle complet de la vie dans une forme de cadencement du monde[10]. Dans la mythologie grecque, le Destin est parfois personnifié de façon distincte de Zeus, parfois confondu avec lui. Mais en général, Zeus et les autres dieux paraissent soumis au Destin, comme l'affirmeEschyle dansProméthée enchaîné.
Les Moires sont présentes lors de plusieurs grands événements : lors de lagigantomachie (où elles tuentAgrios et Thoas)[11] ;lors du mariage dePélée et deThétis (au cours duquel elles chantent)[12] ; pour ramener la paix dans l'Olympe, lorsque les dieux à l'unisson réclament àZeus l'immortalité pour leurs conjoints ou leurs enfants mortels[réf. nécessaire].
Lachésis, fille d'Ananké (la Nécessité), possède en outre une fonction spécifique dansla République dePlaton,livreX (voir leMythe d'Er le Pamphylien), qui lui attribue le rôle d'avoir sur ses « genoux des sorts et des modèles de vie » qui sont distribués lors d'une cérémonie à l'issue de laquelle les âmes des défunts sur le point de revenir sur terre se voient présenter les « sorts » correspondant à leur réincarnation future en hommes ou en animaux.
Les Moires pouvaient être honorées comme déesses de la naissance ; les jeunes mariéesathéniennes leur offraient des boucles de cheveux, et les femmes les invoquaient en prêtant serment.
Le thème des Moires est abondamment traité dans l'histoire de l'art, dans des tableaux[n 2], des estampes[n 3], des sculptures[n 4], ou encore dans des dessins[n 5].
Quelques exemples d'œuvres représentant les Moires
Création de l'homme parProméthée. Parmi les personnages, on peut reconnaître deux Moires (probablementLachésis etClotho), Poséidon et son trident, Artémis au croissant de lune et probablementAtropos. Sarcophage romain,v. .
↑VincianePirenne-Delforge,L’Aphrodite grecque : Contribution à l’étude de ses cultes et de sa personnalité dans le panthéon archaïque et classique, Liège, Centre international d'étude de la religion grecque,, 554 p.(lire en ligne) (revueKernos - supplémentno 4).