Naissance | Vertou,Loire-Inférieure (France) |
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Nationalité | ![]() |
Décès | (à 87 ans) 15e arrondissement de Paris (France) |
Profession | ManutentionnaireJournalisteCritique de cinémaActeurRéalisateurVeilleur de nuitTravailleur social |
Michel Delahaye, né le àVertou, enLoire-Inférieure et mort le dans le15e arrondissement de Paris, et réputé pour avoir exercé vingt-deux métiers[1], est principalementjournaliste,critique de cinéma,acteur, etréalisateurfrançais[2],[3].
Michel Delahaye est élevé par un ancien pilote de laPremière Guerre mondiale, ayant fait don de sa fortune à la paroisse du village et devenu veilleur de nuit auxchantiers navals deNantes, et découvre le cinéma dans la salle paroissiale duCiné-Patro tenue par son oncle[4]. Il suit une éducationjésuite àSaint-Malo pendant l'occupation allemande, et après unservice militaire enAllemagne en 1951, est condamné pour vol, et ne peut plus suivre son désir de devenirinstituteur[4]. Après deux installations manquées àParis en 1949 et 1952[4], il enchaîne les emplois de 1953 à 1956 auport de Nantes, àLa Poste, et en usine[5].
Arrivé une troisième fois à Paris en 1956, Delahaye vend des journaux puis des livres, et gagne sa vie en faisant des piges dans les magazines defaits diversRadar en 1957, etDétective de 1958 à 1959[5],[4]. Il commence son activité decritique de cinéma en, en entrant à la revueCinéma dirigée parPierre Billard[6], où il écrit une cinquantaine de critiques des films deKon Ichikawa,Frank Tashlin,Billy Wilder,Delmer Daves,Richard Fleischer,Jean Renoir, ouRobert Bresson, et réalise des entretiens avecGiuseppe de Santis,Marcel Camus, ouAlain Resnais[7]. En 1959, il signe un article d'ensemble sur Resnais dans la revuePremier Plan créée parBernard Chardère àLyon, et collabore de à à la nouvelle publicationPrésence du cinéma, fondée parJean Curtelin et Michel Parsy, où il signe des textes théoriques sur lewestern, s'intéresse aux débuts deFrançois Truffaut, et s'entretient avecFritz Lang[7]. La même année, il est avecAlain Jessua l'assistant deMarcel Hanoun pour son premier long métrage pour le cinéma,Le Huitième Jour[8].
Delahaye fréquente le cercle des critiques desCahiers du cinéma, alors dirigés parÉric Rohmer etJacques Doniol-Valcroze, dès l'automne 1959[9], et signe finalement son premier texte dans la revue en[2]. Il défend aussi bien lecinéma américain populaire deBudd Boetticher ouKing Vidor que les cinéastes de laNouvelle Vague, ses derniers textes écrits parallèlement dansPrésence du cinéma portant surParis nous appartient deJacques Rivette etLe Bel Âge dePierre Kast[2],[7]. Il devient, avecAndré S. Labarthe, l'un des lieutenants de Rivette auxCahiers, et le soutient en 1963 lorsqu'il pousse Rohmer vers la sortie pour prendre la direction de la revue, et l'ouvrir à la scène intellectuelle française[10].
Il signe dès lors de nombreux textes sur les nouveaux cinémasallemand,suédois,québécois,tchécoslovaque ethongrois, les premiers films deJean Eustache,Jean-Marie Straub, ouRoman Polanski, et participe à des entretiens avecRoland Barthes (1963),Claude Lévi-Strauss (1964),Carl Theodor Dreyer (1965),Elia Kazan (1966),Glauber Rocha (1969),Walerian Borowczyk (1969), et à une discussion continue avecJean-Luc Godard (1962, 1965, 1966, 1967)[2]. Il est alors surnommé « le grandsyntagme vert », autant en raison de la couleur de son imperméable que de son goût pour lasémiologie[3], et suit de 1960 à 1969 les cours de Lévi-Strauss auCollège de France[11]. Après la naissance de son premier fils Emmanuel en 1966, Delahaye rencontre Catherine Lorenceau, avec qui il a son second fils Mathieu en 1970[5]. À la revue, il est secrétaire de rédaction en 1968 et 1969, aux côtés deSylvie Pierre, puis s'occupe de ladiffusion début 1970[2]. Mais en désaccord « idéologique et théorique » avec le tournantmarxiste-maoïste pris par la rédaction en chef deJean-Louis Comolli etJean Narboni en place depuis, et régulièrement attaqué par le comité de rédaction[3], Delahaye quitte lesCahiers dans la douleur en, après dix ans et près de 300 textes[5],[2].
Après avoir étéfigurant dans les films de Godard, Rivette, ouLuc Moullet au cours desannées 1960, Delahaye devient acteur à part entière, apparaissant dans près d'une soixantaine de films au cours desannées 1970, tout en travaillant comme veilleur de nuit dans un immeuble desChamps-Élysées[5],[4]. Il joue des rôles secondaires dansLa Vampire nue etLe Frisson des vampires deJean Rollin en 1970, comme dans des films populaires dePierre Richard,Jean Yanne, ouJean-Pierre Mocky, puis apparaît dans les films de cinéastes sur lesquels il a écrit, Borowczyk avecBlanche (1971),Paula Delsol avecBen et Bénédict,Jean-Marie Straub et Danièle Huillet avecToute révolution est un coup de dés (1977), et de cinéastes-critiques avec lesquels il a travaillé, Rivette avecOut 1 (1971), Truffaut avecUne belle fille comme moi (1972), et plus de quinze films dePaul Vecchiali à partir deLes Jonquilles (1972). En 1974, il écrit le roman en partie autobiographiqueL'Archange et Robinson font du bateau dans l'espoir de le voir adapté parClaude Miller etGérard Depardieu, mais le projet tombe à l'eau et le texte est finalement publié aux éditionsChamp libre[5]. En 1978, il est le co-scénariste du premier long métrage deJean-François Stévenin,Passe montagne.
Proche de la maison de productionDiagonale fondée par Vecchiali en 1976, Delahaye joue dans les films de Vecchiali comme deJean-Claude Biette, participe au doublage en français deSalò ou les 120 Journées de Sodome commandé à Biette par Pasolini, puis contribue au scénario deSimone Barbès ou la Vertu deMarie-Claude Treilhou en 1980, où il tient également un de ses rôles secondaires les plus célébrés[3]. C'est au sein du film collectifArchipel des amours, réalisé par les cinéastes de Diagonale en 1983, qu'il réalise son premier et seul film, le court métrageSara. Converti aucatholicisme en 1982[4], il s'engage en 1984 commetravailleur social à 24/24, l'équipe d'urgence de laDirection départementale des affaires sanitaires et sociales (DDASS), où il travaille jusqu'en 1994, ne faisant plus que de rares apparitions chez des cinéastes amis[5].
À la retraite au milieu desannées 1990, Delahaye se rapproche du groupe deLa Lettre du cinéma, revue fondée en 1995 et héritière de l'esprit de Diagonale[12]. À la même période, Jean-Luc Godard lui dédie l'épisodeLe Contrôle de l'univers desHistoire(s) du cinéma. Delahaye reprend l'année suivante, à 70 ans, son activité critique dansLa Lettre de 1999 au dernier numéro paru en 2005, signant des textes surMods deSerge Bozon ouKen Park deLarry Clark[5],[1], et jouant dans les films de ses collaborateursSandrine Rinaldi,Axelle Ropert, ouPascale Bodet. En 2007, il est le sujet d'un documentaire réalisé par Bodet etEmmanuel Lefauvre,Le Carré de la fortune, portrait, qui sort en salles en 2010[13], alors qu'un recueil de ses textes auxCahiers du cinéma et àLa Lettre du cinéma,À la fortune du beau, est publié parCapricci avec une préface de Bodet et Bozon[1].
Michel Delahaye apparaît une dernière fois au cinéma en 2012, interprétant une des limousines du dernier plan deHoly Motors deLeos Carax. Il meurt en 2016 à Paris[14], à l'âge de 87 ans[3].