Lemercien est l’un des trois ou quatre dialectes principaux duvieil anglais ; il est parfois regroupé avec lenorthumbrien sous le terme d’« anglien »[1]. Il a été parlé dans leroyaume de Mercie.
Le dialecte a été utilisé entre lesVIIIe et XIIIe siècles, sur le territoire duroyaume de Mercie, de la frontièreest-anglienne à l’est, à ladigue d’Offa (limite avec lepays de Galles) à l’ouest ; au nord, duStaffordshire, qui servait de frontière avec laNorthumbrie[2], et au sud jusque dans l’Oxfordshire et leGloucestershire, à la frontière duWessex.
Le vocabulaire mercien est en grande partie issu duproto-germanique, avec des emprunts aulatin dus à l’utilisation de cette langue par l’Église catholique, et des emprunts au norrois qui s’expliquent par les incursions vikings et laDanelaw (la « zone de loi danoise », qui couvrait une grande partie de la région desMidlands et le nord de l'Angleterre).
Par la suite, lesaxon occidental s’est imposé pour les écrits, mais les différents dialectes ont probablement perduré à l’oral.
L’alphabet sera décrit en comparaison avec l’anglais moderne, avec lequel il a certains points communs : les lettresb,d,g,l,m,n,p,q,s,t,v,w etz se comportent ainsi pareillement.
Le mercien utilise aussi leeth (Ð et ð) et lethorn (Þ et þ), tous deux donnant le « th » anglais, comme dansthin.
Lagrammaire du mercien conserve la structure d’autreslangues germaniques occidentales, étant par conséquent très dense et assez complexe.
Les noms ont troisgenres : masculin, féminin et neutre, chacun avec une formesingulier et une formepluriel, et quatrecas : lenominatif, l’accusatif, ledatif et legénitif. Ils peuvent également être forts ou faibles.
Lesarticles définis changent en fonction du genre au singulier, selon des variations autour deðe ; au pluriel, le même mot est utilisé. L’article indéfini est le plus souvent omis.
Lespronoms possessifs existent dans chacun des cas et nombres cités, de trois types : référent à une personne, à deux ou à plusieurs.
Lespronoms démonstratifs varient comme l’article défini, sur la base deðes (devenuthis).
Lespronoms relatifs sont généralementðe etðet.
Lesadjectifs sont toujours déclinés, même avec les verbes (ils peuvent se comporter comme desadverbes). Leurs déclinaisons ont une forme faible et une forte, qui suit le nom auquel ils se rattachent, et également quatre formes suivant le cas, à la fois pour le singulier et le pluriel.
Lessuperlatifs se font par l’ajout du suffixere. Par exemple, « Æðelen » (« noble ») et « æðelenre » (« plus noble »).
Les verbes se conjuguent d’uninfinitif à un temps présent, un passé singulier, un passé pluriel, et unparticipe passé. Il existe des verbes forts et faibles, qui se conjuguent différemment.
Le futur se fait par leverbe auxiliairewyllen (que l’on retrouve dans l’anglais modernewill).
Il y a troismodes : l’indicatif, lesubjonctif et l’impératif. Comme de nombreuseslangues flexionnelles, le mercien possède quelques verbes irréguliers (« bēon signifie « être »,habben signifie « avoir »).
Pour une compréhension simple, il faut connaître les quatre temps principaux de chaque verbe fort ; les verbes faibles sont plus simples et moins nombreux, et forment leurs participe passé par l’ajout du suffixeed (ce qui se retrouve en anglais).
Lemartyrologe vieil-anglais, duquel 238 entrées hagiographiques nous sont parvenus, a probablement été compilé dans la seconde moitié duIXe siècle en Mercie, ou en tout cas par quelqu’un maîtrisant le mercien.
Le philologue et écrivainJ. R. R. Tolkien a étudié le mercien, et l’a utilisé dans son « légendaire », particulièrement en relation avec leroyaume du Rohan. Le vocabulaire mercien a ainsi été réutilisé[3], mais en plus une partie des rois du Rohan possèdent les mêmes noms que les monarques merciens, par exempleFréawine,Fréaláf ouÉomer[4] (voir laliste des rois des Angles (en)).
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