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Mediolanum

45° 28′ 00″ nord, 9° 10′ 00″ est
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Page d’aide sur l’homonymie

Cet article concerne la cité antique de Milan. Pour les autres sites, voirMediolanum (toponyme).

Page d’aide sur l’homonymie

Pour les articles homonymes, voirMediolanum (homonymie).

Mediolanum
Site antique de Milan
Image illustrative de l’article Mediolanum
Bas-relief représentant lascrofa semilanuta (it),
témoignage des origines celtiques de la cité.
Localisation
PaysDrapeau de l'ItalieItalie
Région contemporaineLombardie
Région antiqueEmpire romain d'Occident
TypeCapitale impériale (286-402)
Coordonnées45° 28′ 00″ nord, 9° 10′ 00″ est
Histoire
ÉpoqueRome antique
Géolocalisation sur la carte :Italie
(Voir situation sur carte : Italie)
Mediolanum
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Mediolanum
Géolocalisation sur la carte :Europe
(Voir situation sur carte : Europe)
Mediolanum
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Mediolanum
Internet
Site webarchitettonicimilano.lombardia.beniculturali.it
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Mediolanum est le siteantique de la ville actuelle deMilan, enItalie.

Toponymie

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La formeMilan résulte de l'évolution phonétique du type toponymiquegauloisMediolanon, latinisé enMediolanum, particulièrement fréquent en Gaulecf.Mâlain,Maulain,Meillant,Meulan,Meulin, etc.»[1],[2].

Traditionnellement les linguistes et toponymistes attribuent à ce toponyme le sens de « [localité au] milieu de la plaine » ou « plaine du milieu »[3] sur la base du gauloismedio- (medios) « du milieu, central », apparenté directement au vieux bretonmed, met et par l'indo-européen au latinmedius[2]. Le second élément-lano- serait un mot*lanon non attesté en gaulois, mais reconstitué d'après le latinplānus « plat ».

L'historien françaisHenri Martin a suggéré dès leXIXe siècle queMediolanum pouvait signifier « centre de la région », identifiant ainsi un sanctuaire « central », c'est-à-dire un lieu de culte[4] et de nombreux chercheurs après lui considèrent cette théorie duXIXe siècle comme exacte[5], avec la nuance toutefois de « centre sacré »[2].

En effet, ce terme est absent en ce sens deslangues celtiques insulaires, où l'on trouve en revanche un mot*lāno- > vieil irlandaislán, galloisllawn, bretonleun qui signifient « plein » d'où un sens global de « plein-centre » pour le composémedio-lanon, et plus précisément au sens religieux de « centre sacré »[2]. Il est sans doute comparable au*media-gardaz « enclos du milieu » des Germains (cf.vieux norroismiðgarð,gotiquemidjun-gards « monde »)

L'explication traditionnelle n'est pas pertinente non plus sur le plan topographique, car lesMediolanum sont souvent situés sur des hauteurs et excentrés[2].

Territoire

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Concernant la naissance de Milan sont aujourd'hui avancées, sur la base des fouilles archéologiques entreprises sur le territoire, des hypothèses plus plausibles que celle de la datation tellement haute donnée parTite-Live[6] :

  1. Mediolanum se trouve sur la ligne des sources (ou bien là où les eaux affleurent en surface du fait du dénivelé de la plaine vers le Pô). Cela pourrait signifier qu'elle est née sur une langue de terre qui donnait sur un palus, en un lieu facilement défendable.
  2. Mediolanum pourrait, enfin, être née à la confluence de deux (ou même de quatre) fleuves[7] leSeveso, leNirone (ouAcqualunga), l'Olona (dont les eaux alimentaient uncanal navigable appeléVepra, qui à son tour rejoignait un autre canal artificiel nomméVettabbia[8], ce dernier ayant été creusé au cours duIer siècle[9])[10] et leLambro[11].

Histoire

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Article détaillé :Histoire de Milan.

Premier établissement pré-romain (VIe siècle av. J.-C.)

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Populations de laGaule cisalpine, comprenant les populationsceltes desInsubres, autour deMediolanum.
Articles détaillés :Culture de Golasecca,Celtes etfondation de Milan.

« Les Insubres avaient comme métropoleMediolanum, qui était anciennement un village […], aujourd'hui c'est au contraire une importante cité au-delà du Pô quasiment aux pieds des Alpes. »

— Strabon,Géographie, V, 1.6.

SelonTite-Live, lafondation remonterait à lafin de la période golasecchienne (début duVIe siècle av. J.-C.)[12] sur un territoire couvrant une superficie d'environ douze hectares[13] pour devenir ensuite un important chef-lieuceltique desInsubres jusqu'à la fin duIVe siècle av. J.-C. (388-386[6])[14]. Selon l'antique tradition romaine rapportée par Tite-Live, la fondation a eu lieu en600 av. J.-C. à l'initiative du gauloisBellovesos, neveu du roi desBituriges, qui s'installa au milieu de la plaine, défaisant les précédentes populationsétrusques. La légende fait remonter la fondation au gaulois Bellovesos et à unescrofa semilanuta (une truie « semi-laineuse ») qui devint par la suite le symbole de laMilan gauloise.

Mediolanum : la Milan romaine

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Époque républicaine

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Articles détaillés :République romaine etGaule cisalpine.
Jules César accorde lacitoyenneté romaine à toute laGaule cisalpine en49 av. J.-C.
Territoires de laGaule cisalpine (en rouge) entre la fin duIIe et le début duIer siècle av. J.-C.

Après avoir été la plus importante cité desGauloisInsubres, Milan est conquise en222 av. J.-C., à la suite d'un terrible siège, par lesconsulsromainsCnaeus Cornelius Scipio Calvus etMarcus Claudius Marcellus[15],[16],[17]. La conquête est remise en cause par l'intervention d'Hannibal auquel la population locale s'allie. Ce n'est qu'au cours des premières années duIIe siècle av. J.-C. que les Insubres et lesBoïens se soumettent définitivement à la domination romaine.

Le dramaturgeCaecilius Statius naît autour de230 av. J.-C. sur le territoire des Gaulois Insubres, propablement àMediolanum, selon des témoignages anonymes rapportés dans leChronicon deJérôme de Stridon[n 1],[18]. Il est fait prisonnier au cours de laguerre entre les Insubres et l'armée romaine entre222 et219 av. J.-C.[19] sans doute au cours de labataille de Clastidium[18] et rejointRome commeesclave, selon le témoignage de l'érudit duIIe siècleAulu-Gelle, qui écrit dans sesNuits attiques:

« [Caecilius] était de condition servile, et de ce fait prit lecognomen de Statius. »

— Aulu-Gelle,Nuits attiques, IV, 20, 13.

(la)« [Caecilius] seruus fuit et propterea nomen habuit Statius. »

On ne sait que peu de choses de la Milan celtique et de la première Milan romaine. La loi deCnaeus Pompeius Strabo (Lex Pompeia de Gallia Citeriore) qui conféra à la cité la dignité decolonie latine date de89 av. J.-C.[14]. Les notables milanais désapprouvent la déclaration qui fait de laplaine du Pô une simpleprovince (Gallia Citerior ou Gaule cisalpine) et appuient la tentative du consulLépide de renverser les successeurs de la mouvance deSylla. La tentative échoue et en77 av. J.-C. la rébellion est réprimée par un massacre.

Grâce à sa position à l'arrière,Mediolanum est d'une importance notable pour les campagnes deCésar à laconquête de la Gaule dans les années58 à50 av. J.-C., au point que certaines légions levées par Jules (laXIIIe (it) et laXIVe (it)) sont enrôlées dans ses environs. Milan devient le plus important centre de la Gaule cisalpine et, sur la vague de son développement économique, elle est élevée, en49 av. J.-C. au statut demunicipium civium romanorum dans le cadre de laLex Roscia[20],[14].

Archéologie de laMediolanum républicaine
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Articles détaillés :Théâtre romain de Milan etmurs romains de Milan.

Milan commence à se doter, sans doute à partir de49 av. J.-C., de premiers édifices publics en dur comme lesmurs d'enceinte (it) et lethéâtre romain (it) (le plus ancien édifice actuellement découvert qui ne soit pas d'époqueaugustéenne), avec une scène haute de 20 mètres et unecavea d'un diamètre de 95 mètres pouvant accueillir entre 7 000 et 9 000 spectateurs[21] à une époque oùMediolanum comptait environ 25 000 habitants. Elle se dote également d'un réseau de routes pavées, en particulier dans la partie conduisant versRome à travers laPorta Romana[14].

Époque du Haut-Empire

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Articles détaillés :Haut-Empire romain etMonnaie de Mediolanum.
Dupondius représentantDidius Julianus, empereur romain natif deMediolanum.
L'invasion (it) desAlamans en259-260 atteint la cité deMediolanum, où l'empereurGallienréussit à les arrêter.

À l'époque de l'Empire, l'importance politique, économique et stratégico-militaire de la cité croît du fait de sa proximité avec lesfrontières impériales (it) deRhétie et deNorique, comme le raconteTacite en69[22]. Vers la fin duIIe siècle, la cité devient unecolonie impériale[23],[24],[25],[26] où naissent l'EmpereurDidius Julianus[27],[28], rival deSeptime Sévère au cours de laguerre civile de la fin duIIe siècle, mais aussiGeta, le fils de son rival[29] et très probablementCarus[30].

Au cours dusiècle suivant, les régulièresinvasions barbares (it) mettent en évidence sa qualité d'avant-poste de défense. LesAlamans, qui ont franchi le limes rhétique par lecol du Brenner, poussent jusqu'enItalie où ils sont interceptés et défaits par les armées deGallienau pied des murs de la cité[n 2]. SelonJean Zonaras, il s'agissait d'une horde de 300 000 Alamans[31],[32] et c'est à cette occasion qu'est ouvert pour la première fois unatelier monétaire dans l'antiqueMediolanum, à l'appui évident des campagnes militaires[33].

À la suite de cette victoire, Gallien, se rendant compte de l'impossibilité de protéger simultanément toutes lesprovinces de l'Empire le long d'une ligne statique d'hommes positionnésprès de la frontière, décide, autour des années264-268[34], de constituer une « réserve stratégique » centrale, formée principalement d'unités decavalerie lourde (lespromoti, parmi lesquels se distinguent lesequites Dalmatae, lesequites Mauri[35],[36] etOsroeni), plus rapides dans les déplacements que l'infanterie de la légion et possédant une plus grande force de choc que lestroupes auxiliaires. Il positionne cette unité àMediolanum[37], base idéale pour la nouvelle force d'intervention rapide, point stratégique équidistant deRome (it) et des prochesfrontières septentrionales deRhétie et deNorique. L'initiative est en outre nécessitée par la perte deschamps Décumates entre leRhin et leDanube, qui a conduit lesGermains à se rapprocher de la péninsule italienne, centre du pouvoir impérial[38],[34].

Gallien est encore contraint de retourner en Italie pour assiéger, àMediolanum en267-268, l'usurpateurAuréolus[39] qui, laissé sur place avec lacavalerie afin de veiller surPostume,empereur des Gaules[40], avait tenté de se faire élireAuguste[41],[42]. On raconte que durant le siège, Gallien, sorti de sa tente, fut assassiné traîtreusement par le commandant de la cavalerie dalmate,Cecropio[43]. Son successeur,Claude II le Gothique, n'aurait pas été étranger à la conspiration, bien que les historiens affirment que Gallien serait mort à la suite d'une mauvaise blessure reçue durant le siège. Parmi les organisateurs se serait aussi trouvé sonpréfet du prétoire,Aurelius Heraclianus. Quelques années plus tard, l'empereurAurélien doit affronter unenouvelle invasion (it) de la part dupeuple germanique desMarcomans, qui avaient dévasté les territoires autour deMediolanum en271[44], réussissant à les vaincre et à les repousser au-delà de lafrontière (it). Au terme de la restructuration de ce tronçon dulimes (it), il fait deMediolanum le chef-lieu de la province d'Aemilia et Liguria et le siège d'un office impérial préposé à veiller sur le front occidental,Aquilée étant chargée du front oriental.

Archéologie de laMediolanum du Haut-Empire
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Articles détaillés :Amphithéâtre de Milan etforum romain de Milan.

Milan se dote d'édifices splendides parmi lesquels un grandforum (it) de plan rectangulaire, un vasteamphithéâtre[n 3] elliptique dont les dimensions de 155 mètres sur 125 le classent au troisième rang après leColisée et l'amphithéâtre de Capoue et dont le nombre de spectateurs varie selon les estimations modernes entre 20 000 et 35 000. Son habitat s'étend bien au-delà desmurs (it), occupant à peu près la superficie située dans l'actuelle ceinture intérieure des canaux. Le canalVettabbia, alimenté par leSeveso et laMollia est construit auIer siècle et s'ouvre, à hauteur de l'actuelle piazza Vetra-Basilique Sant'Eustorgio, sur un petit port fluvial, large de 7 mètres et profond d'1,5 mètre, dans lequel les archéologues modernes ont trouvé une décharge de l'antiquité qui leur a permis de reconstituer la vie quotidienne de laMediolanum imperiale[9].

Époque de l'antiquité tardive

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Articles détaillés :Bas-Empire romain,édit de Milan etConcile de Milan.
Murs (it) de l'époque duBas-Empire, construits durant latétrarchie par l'empereurMaximien.
Statue deConstantin près descolonnes et de labasilique Saint-Laurent.
Carte de laMilan romaine (Mediolanum,IIIe – Ve siècle) : lesmurs et les portes (it), leforum (it), lethéâtre (it), l'amphithéâtre, lecirque, lepalais impérial, laMonnaie (it), lestermes herculéens (it), lemausolée impérial (it) et lesbasiliques paléochrétiennes (it).

LorsqueDioclétien décide de diviser l'Empire en deux, il choisit pour lui l'Orient etMediolanum devient capitale et résidence de son co-empereurMaximien[45]. Les deuxempereurs entrent triomphalement dans la ville sur un char, Dioclétien se réservant l'appellation deIovius et Maximien celle d'Herculius. Au cours de l'hiver290-291 les deuxAuguste se rencontrent à nouveau àMediolanum. À partir de ce moment, la cour de l'Empire romain d'Occident réside en permanence dans sa capitale[46].

Après l'abdication de Maximien, le même jour que Dioclétien (306), débute une série deguerres de succession (it) au cours desquelles nombre de prétendants résident àMediolanum :Sévère, qui prépare en307 l'expédition contreMaxence[47], lui-même en lutte contreConstantin, et enfin Constantin qui, après sa victoire contre Maxence, conclut en313 àMediolanum une alliance avecLicinius, renforcée par le mariage de ce dernier avec la sœur de Constantin,Flavia Julia Constantia[48],[49],[50],[51],[52],[53],[54],[55].

En313 à Milan,Constantin s'accorde avecLicinius pour autoriser, par l'édit de Milan, la pratique duculte chrétien dont les prémices remontent auIIe siècle. Constantin séjourne encore brièvement à plusieurs périodes dans la ville en octobre315 (pour s'occuper de la question dudonatisme) et en326 (avant de se rendre àRome (it) pour lesvicennalia)[46]. Au cours de cette même période, l'Italie du nord de l'Arno est soumise à unpréfet de l'annone (dont le rôle est d'approvisionner la cour impériale, les milices civiles et l'armée) qui pouvait assurer depuis l'arrière le soutien du prochelimes danubien (it)[33]. Lors de son pèlerinage vers Jerusalem l'anonyme de Bordeaux s'y arrête en333 et à son retour en334.

De340 à348, le troisième héritier de Constantin,ConstantIer, séjourne plusieurs fois dans la métropole lombarde comme en342-343 où il reçoit l'évêqueAthanase d'Alexandrie[46]. En352,Constance II, après avoir chasséMagnence d'Aquilée et l'avoir forcé à retourner enGaule, se rend àMediolanum où il abroge par un édit les décisions du « tyran »[56]. Il passe d'autres périodes de sa vie dans la cité, comme lors de l'hiver352-353 où il épouseEusébie, en354, de retour d'une victorieuse campagne contre lesAlamans, ou en355, lorsqu'il décide de transférer sa capitale loin de la Gaule[57]. En355 leCésarFlavius Claudius Julianus etHélène se marient àMediolanum[58],[59],[60],[61],[62] et un importantsynode (it) se tient en355 (réédité en390)[33]. Constance retourne souvent àMediolanum jusqu'au printemps357, avant de quitter définitivement la cité[46].

En364-365,ValentinienIer (Augustus senior) choisit une nouvelle foisMediolanum comme capitale (où il demeure encore en368 et374[46]), et laisse son frèreValens (Augustus iunior) continuer à considérerConstantinople comme sa résidence et comme capitale impérialed'Orient[63]. Le 7 décembre374,Ambroise devient évêque de la cité et cultive son amitié avec l'EmpereurGratien qui séjourne souvent àMediolanum à partir de379, année de l'édit en faveur d'Ambroise par lequel il abolit les précédentes dispositions de tolérance envers leshérésies, jusqu'à l'exécution en383 àLugdunum de l'usurpateurMagnus Maximus. Après lui, séjournent àMediolanum l'empereurValentinien II (de383 à387), Magnus Maximus (en 387) etThéodoseIer, qui, après avoir battu Maximus en388, fixe la résidence impériale jusqu'en392 à Milan où il retourne après avoir battu un nouvel usurpateur,Flavius Eugenius, en septembre394 et où il meurt le 17 janvier395, Ambroise prononçant son éloge funèbre[46].

Voici ce que nous ditAusone de laMediolanum de380-390[64] :

« ÀMediolanum toute chose est digne d'admiration, il y a de grandes richesses et de nombreuses maisons nobles. La population est d'une grande habileté, éloquente et affable. La ville a grandi et s'est entourée d'un double anneau demurs (it). Il y a uncirque, où le peuple profite desspectacles, unthéâtre (it) avec des gradins rayonnants, des temples, la forteresse dupalais impérial[65],[66], laMonnaie (it), le quartier qui porte le nom destermes herculéens (it). Les cours à colonnades sont ornées de statues de marbre, les murs sont entourés d'une ceinture de digues fortifiées. Les constructions sont plus imposantes les unes que les autres, comme si elles jouaient de rivalité, et même la proximité deRome n'en diminue pas la grandeur. »

— Ausone,Ordo urbium nobilium, VII.

Durant la période pendant laquelleAmbroise est évêque etThéodose empereur,Mediolanum devient le centre le plus influent de l'Église d'Occident (it).Augustin d'Hippone se convertit au christianisme en386 et reçoit lebaptême d'Ambroise. LemilanaisFlavius Mallius Theodorus devientpréfet du prétoire d'Italie dans les années397-399, exerçant son pouvoir depuisMediolanum-Aquileia. En397 il obtient de l'EmpereurFlavius Honorius que soient célébrées àMediolanum, et non àRome (it), les fêtes solennelles de son quatrièmeconsulat[67]. Devenu consul ordinaire en 399, il célèbre cet événement dans saMediolanum avecjeux et spectacles[68]. En402 le général de l'Empire romain d'Occident,Stilicon, se précipite de la province voisine deRhétie et réussit à libérerMediolanum du siège desWisigoths d'Alaric qui avaient saccagé et dévasté une partie de laplaine du Pô. Le roi germanique, contraint de se déplacer vers l'ouest est encore une fois battu par le général romain près dePollentia le 6 avril402. Six ans plus tard, en408, l'EmpereurFlavius Honorius fait une brève apparition àMediolanum. En452, les hordes deHuns d'Attilaassiègent et pillent la ville sans toutefois l'incendier[46].

Archéologie de laMediolanum du Bas-Empire
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Articles détaillés :Cirque romain de Milan,thermes herculéens,colonnes de Saint-Laurent,palais impérial romain de Milan,murs romains de Milan,Monnaie de Mediolanum etmausolée impérial San Vittorio al Corpo.
Buste deMaximien Hercule (vers300,musée archéologique de Milan.
Tracé de l'enceinte deMediolanum (périodesrépublicaine et deMaximien).

Maximien embellit la cité de divers monuments. Une partie considérable de la ville est réservée auxpalais impériaux, résidence de l'Empereur et de la cour, comprenant bâtiments d’apparat et bâtiments administratifs. Cette zone occupe la partie de la ville comprise entre uncirque et unforum (it). Comme d'habitude les palais ont un accès direct au cirque permettant à l'empereur de s'y rendre sans sortir dans la rue. À partir de286, Maximien fait construire sa résidence impériale, un nouveaucomplexe thermal (it) (duquel proviendraient les seizecolonnes de Saint-Laurent), et un grand cirque[69] de 450 mètres sur 85[70] avec une partie monumentale au nord. L'une des tours de cette partie a été transformée en clocher et existe encore (clocher deSan Maurizio Maggiore).

Il construit ensuite une secondeenceinte (it)[71] d'environ quatre kilomètres et demi[72], enrichie de nombreuses tours, courant le long de l'actuelFort Bonaparte (la dénomination de l'actuelle égliseSan Giovanni sul Muro (it) indique que l'édifice reposait sur le mur d'enceinte), où s'ouvrait laPorta Vercellina (it). Elle contournait ensuite le cirque en descendant par le sud, se repliait vers l'est en passant par l'actuelCarrobbio (it), continuait jusqu'aux environs de la piazza Missori (où se trouvait laPorta Romana (it)) remontait jusqu'à la Porta Agentia (en direction deBergame, près de l'actuelleSan Babila) puis se rabattait encore vers le nord pour rejoindre laPorta Nuova (it) (au fond de l'actuelCorso Venezia (it), nommée égalementPorta Erculea en l'honneur de Maximien). Elle tournait vers l'ouest en direction du Fort Bonaparte touchant laPorta Comasina (it) (en direction deCôme et duLario) à laPorta Giovia (it) (nommée en l'honneur deDioclétien). Les murs étaient doublés par un fossé extérieur, placé à une certaine distance et traversé par un pont débouchant des portes surmontées de tours.

Il fait construire sonmausolée (it), identique àcelui deDioclétien àSplit, et dont les restes sont intégrés dans la construction de la chapelle San Gregorio àSan Vittore al corpo. Sontombeau, enporphyre égyptien (it), est aujourd'hui dans lebaptistère de lacathédrale[73]. Le nouveau centre de la cité, avec leforum (it) et laMonnaie (it), se déplace de quelques centaines de mètres par rapport au centre de la cité gauloise, où se dresse aujourd'huiSan Sepolcro (it). En dehors descolonnes de Saint-Laurent ultérieurement transportées ici, il reste peu de traces de ces monuments : les ruines ducirque[n 4], les restes destermes herculéens (it) proches de lapiazza San Babila (it), entre lecorso Vittorio Emanuele (it) et lecorso Europa (it), une tour et un bout demur d'enceinte (it), haut de onze mètres aujourd'hui dans les jardins dumusée archéologique, les restes de l'amphithéâtre et différentes pièces, visibles ou enfermés dans les sous-sol, par exemple sous lepalais de la Bourse ou sous une trappe àSan Vito (it). En revanche, de nombreuses inscriptions de marbre témoignent de l'intense activité des travailleurs, des artisans et des marchands.

Cette complète réorganisation de l'emprise de la ville a également conduit à la construction, à l'époque de l'EmpereurGratien, vers381, au-delà de laPorta Romana (it), dans le prolongement dudecumanus, d'une voie en portique d'une longueur de 600 mètres et d'un arc commémoratif à trois arches datant de350-375, qui a survécu jusqu'après lesiège de1162 parFrédéric Barberousse[74], constituant l'accès monumental à la cité en provenance deRome (it). Il s'agit de constructions datant du milieu duIVe siècle[75]. La route pavée, d'une largeur de neuf mètres, est dotée de portiques latéraux accueillant des boutiques souvent décorées à fresques. Sous les portiques un tout-à-l'égout parallèle à la route reçoit les eaux usées des boutiques[74]. Labasilique San Nazaro in Brolo, construite en382 selon les souhaits d'Ambroise et deGratien est placée à mi-chemin. La route à portiques est enfin démolie auVe siècle, probablement à l'occasion dusiège de452 parAttila[74]. Un grandhorreum est construit vers laPorta Comasina (it) (aujourd'hui au niveau de la cave d'un immeuble du numéro 4 de la via Bossi) pour stocker l'annona militaris (it), remontant sans doute à l'époque deGallien ou plus probablement de l'AugusteMaximien. C'est un complexe rectangulaire de 18 mètres sur 68 à quatre nefs délimitées par trois rangées de16 piliers[76].

Archéologie de laMediolanum chrétienne
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Articles détaillés :Basiliques paléochrétiennes de Milan,Basilique Saint-Laurent de Milan etBasilique Saint-Ambroise de Milan.
Vestiges de l'abside de labasilique Santa Tecla (343-345).
Absides de labasilique Saint-Laurent (364-402).

ÀMediolanum, la construction de grandesbasiliques chrétiennes (it) se produit surtout lorsqu'Ambroise devientévêque de la ville, bien que l'édit de Milan de313 marque le début de transformations profondes et radicales. L'encouragement de la pratique duculte chrétien s'accompagne de la destruction méthodique des monuments déconsidérés par les autorités chrétiennes. Des pierres provenant de l'amphithéâtre romain sont trouvées dans la base sur laquelle est construite labasilique Saint-Laurent entre la fin duIVe et le début duVe siècle. Cet emploi est expliqué par la présence de cours d'eau autour de la zone de construction et la difficulté de récupérer de grandes pierres,Mediolanum se trouvant dans uneplaine argileuse. Le positionnement desfameuses colonnes duIIIe siècle devant la cour démontre que l'édification des grandes basiliques de l'époque impériale se fait souvent aux dépens des édifices païens. À partir duIVe siècle, laliturgie eucharistiquemediolanensis (juridiction métropolitaine dont la compétence s'étend sur lesrégions augustéennes (it)Aemilia etLiguria et sur lesAlpes occidentales) et celle d'Aquileia (juridiction deVenetia et Histria), sont de plus en plus semblables et de plus en plus proches de celle de l'Empire romain d'Orient[33].

Les premières basiliques documentées, comme labasilica vetus (it) de313-315 ou laBasilica maior des années343-345, sont nommées « basiliques doubles »[77]. Cette configuration particulière dérive peut-être de l'aspect deshorrea romains ou, plus probablement, comme àAquileia, d'églises séparées pour les baptisés et pour lescatéchumènes, lesacrement du baptême n'étant, à cette époque, administré qu'à l'issue d'un processus de conversion et de purification spirituelle. Labasilique Santa Tecla, dont les ruines sont visibles sous ledôme, avait déjà cependant uneabside de type traditionnel rappelant celle des grandesbasiliques civiles.

La phase suivante correspond aux grandesbasiliques de laromanité la plus tardive, de forme polygonale, en croix, etc. Ce sont les modèles adoptés pour certaines des basiliques majeures parmi les plus célèbres duBas-Empire romain comme celle deConstantinople. ÀMediolanumAmbroise fait construire plusieursbasiliques (it), dont quatre sur les quatre côtés de la ville, de manière à former un carré protecteur, en pensant probablement à la forme de la croix. Elles correspondent à l'actuelleSan Nazaro, alorsBasilica Apostolorum, sur ledecumanus, près de laPorta Romana (it), àSan Simpliciano (Basilica virginum), sur la partie opposée, à laBasilica Martyrum, qui devint basilique Saint-Ambroise lorsque l'évêque y fut enseveli, au sud-ouest, et enfin àSan Dionigi (it) (Basilica prophetarum)[78].

Notes et références

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Notes

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  1. Jérôme de Stridon,Chronicon,179 av. J.-C. :« On sait que Caecilius Statius, célèbre auteur de comédies, était un Gaulois Insubre de naissance et premier compagnon d'Ennius. Certains rapportent qu'il était milanais. Il mourut l'année suivant la mort d'Ennius et fut enseveli près du Janicule. »(la)« Statius Caecilius comoediarum scriptor clarus habetur natione Insuber Gallus et Enni primum contubernalis. quidam Mediolanensem ferunt. mortus est anno post mortem Enni et iuxta Ianiculum sepultus. ».
  2. Southern 2001,p. 212-213 (The Roman Empire: from Severus to Constantine) etWatson 1999,p. 34 et 220 (Aurelian and the Third Century) comme d'autres auteurs de l'expositionMostra di Milano précitée, datent la bataille de Milan de260 au contraire deMazzarino 1973,p. 256 (L'impero romano) qui la place en259.
  3. Les ruines peuvent être visitées en s'adressant au siège de lasurintendance archéologique de Milan.
  4. Les cirques étaient relativement rares enItalie antique et dans l'Italie du Nord il n'en existait que deux, tous deux construits parMaximien, l'un àMediolanum et l'autre àAquileia.

Références

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Bibliographie

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Sources antiques
Sources modernes

Articles connexes

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