Ses œuvres les plus connues représentent desconstructions impossibles, des explorations de l'infini, despavages et des combinaisons de motifs en deux ou trois dimensions qui se transforment graduellement en des formes totalement différentes, défiant les modes habituels de représentation du spectateur.
L'œuvre de M. C. Escher a séduit de nombreux mathématiciens à la communauté desquels il se défendait d'appartenir. Il aimait dire à ses admirateurs : « Tout cela n'est rien comparé à ce que je vois dans ma tête ! »
Escher est un enfant souvent malade et il est placé dans une école spéciale à l'âge de7 ans ; il redouble la2e année de son école primaire[5]. Bien qu'il excelle en dessin, ses notes sont généralement faibles. Il suit également des leçons decharpentier et depiano jusqu'à ses13 ans. En1919, Escher intègre l'école d'architecture et des arts décoratifs deHaarlem. Il étudie brièvement l'architecture, mais rate un certain nombre de matières (en partie à cause d'une infection cutanée persistante) et change pour lesarts décoratifs[5]. Il y étudie sous la direction deSamuel Jessurun de Mesquita, un artiste avec qui il garde le contact jusqu'à ce qu'il soit tué avec sa famille par les nazis en 1944.
En 1922, Escher quitte l'école, ayant acquis une maîtrise du dessin et de laxylographie.
En 1923 en Italie, Escher rencontre Jetta Umiker (1897-1969), une Italo-suissesse qu'il épouse en 1924. Le jeune couple s'installe àRome où naît leur premier fils, Giorgio Arnaldo Escher. Le couple a par la suite deux autres fils : Arthur (né à Rome en 1928)[7] et Jan (né à Bruxelles en 1938)[8].
En1935, Escher décide de quitter l'Italie en raison du climat politique créé parMussolini. Escher ne s’intéresse pas à la politique, ne parvenant pas à s'impliquer dans d'autres idéaux que l'expression de ses propres concepts à travers ses moyens artistiques, mais il est opposé au fanatisme et à l'hypocrisie. Quand son fils aîné est contraint, à l'âge de9 ans, de porter un uniforme duBalilla à l'école, la famille déménage enSuisse, àChâteau-d'Œx, où elle demeure pendant deux ans[9].
Escher, très épris des paysages italiens qui étaient sa source d'inspiration, n'est pas heureux en Suisse. En1937, la famille déménage à nouveau, àUccle, dans la banlieue deBruxelles enBelgique. LaSeconde Guerre mondiale les contraint à déménager une dernière fois en, cette fois-ci àBaarn, auxPays-Bas, où Escher vit jusqu'en1970. La plupart des œuvres connues d'Escher datent de cette période ; le temps nuageux, froid et humide des Pays-Bas lui permet de se concentrer entièrement sur son travail, et c'est seulement en1962, quand il doit subir une opération chirurgicale, qu'il connaît une période de pause dans sa création.
Escher s'installe à lamaison de Rosa Spier(nl) àLaren en1970, une maison de retraite pour artistes où il peut avoir un atelier personnel. Il y meurt le.
Parmi les exemples les plus connus de son travail, on compteDessiner, un dessin où deux mains se dessinent l'une l'autre,Le ciel et la mer dans lequel des jeux d'ombre et de lumière transforment des poissons dans l'eau en oiseaux dans le ciel, etMontée et descente où des files de gens montent et descendent des escaliers dans des boucles infinies, sur une construction qui, bien qu'impossible à construire, peut être dessinée en utilisant des astuces deperspective. On peut le remarquer dansMaison aux escaliers, qui comporte deux points de fuite au lieu d'un seul pour donner une impression d'infini. C'est aussi dans cette œuvre qu'apparaissent les célèbres robots enrouleurs.
Après avoir étudié la gravure àHaarlem, Escher se rend enAndalousie en 1922. S'il copie lespavages des murs de l'Alhambra de Grenade ainsi que de lamosquée-cathédrale de Cordoue, il ne les réutilise pas sur ses gravures avant sa seconde visite en 1936. À son retour, il montre en effetMetamorphosis I[10], sa premièregravure sur bois présentant des pavages, à son demi-frère Berend. Celui-ci lui suggère de trouver davantage d'informations dans de la littérature spécialisée, et c'est ainsi qu'il fait la découverte des17 groupes de symétrie plane que le mathématicien hongroisGeorge Pólya a réunis, ainsi qu'une publication du cristallographe allemandFriedrich Haag(en). Pendant laseconde Guerre mondiale, Escher commence à travailler avec ces groupes abstraits, les explorant et les modifiant jusqu'à ce qu'il puisse créer des figures reconnaissables[11],[12].
Le travail d'Escher possède une importante composante mathématique, telle que leruban de Möbius, et nombre des mondes qu'il a dessinés sont articulés autour d'objets impossibles tel que lecube de Necker et letriangle de Penrose. Sa rencontre et son amitié pour le mathématicien britanniqueRoger Penrose furent décisives dans ses apports aux arts graphiques. Il s'intéressa ainsi auxpavages du plan (s'inspirant entre autres de ceux de l'Alhambra) et, à la suite de sa rencontre avec le mathématicienHarold Coxeter, aux pavages duplan hyperbolique, les transformant en remplaçant leurs motifs par des figures d'animaux ou de plantes.
Il effectue également des travaux sur laperspective cylindrique. Il démontre simplement avec l'exemple d'un homme allongé sous un double fil électrique que la perspective avec des droites partant vers un point de fuite est fausse. Les lignes sont en effet courbes, puisqu'elles se croisent d'un côté comme de l'autre de l'observateur en tendant vers l'infini.
Le tableau inachevéExposition d'estampes a récemment été résolu par une équipe de mathématiciens de l'Université de Leyde : le vide laissé au centre du tableau a été comblé à l'aide de la grille de torsion utilisée par Escher et plusieurs fonctions de dilatation et de projection en utilisant, semble-t-il, lasurface de Riemann[13].
Les commentateurs s'accordent à répartir les travaux d'Escher en deux parties : ceux réalisés avant1937, et ceux produits à partir de cette année et où il commença à donner plus librement cours à l'expression de sa propre imagination.
Le premier groupe correspond à la période passée en Italie et en Suisse. Il reproduisait alors les paysages et l'architecture italienne en détail. Mais cette première période voit déjà des compositions propres à Escher avec une représentation toute personnelle du monde observé. On voit déjà apparaître l'utilisation double de contours: une délimitation de figures fonctionnant dans deux directions. Il travaillait sur laperspective curviligne qu'il appelleperspective cylindrique et qui sera décisive pour la création des décors représentant une rotation de caméra endessin animé.
Dans la seconde période, Escher s'intéresse moins au monde réel. Il commence à lier différents aspects de l'espace et à faire, de plus en plus, un double usage des contours. Il répète parfois à l'infini les juxtapositions de figures tout en leur imprimant unemétamorphose ou en utilisant latranslation, larotation, laréflexion ou l'homothétie. Ces compositions sont probablement les plus connues d'Escher, tout comme ses architectures impossibles.
Ses recherches le menèrent même à mettre le doigt sur lesfractales.
Quant aux techniques utilisées, Escher utilisa presque exclusivement la découpe de bois jusqu'en1929. Lalithographie et lagravure sur bois l'intéresseront ensuite beaucoup plus.
Montage de trois barres d'acier qui, sous un angle particulier, donne l'illusion d'untriangle de Penrose, objet impossible fréquent dans l'œuvre d'Escher.
En 1969, le conseiller d'affaires d'Escher, Jan W. Vermeulen, auteur d'une biographie de l'artiste, crée laM.C. Escher Stichting (Fondation M.C. Escher) et transfère à cette entité quasiment toutes les œuvres uniques d'Escher, ainsi que plusieurs centaines de ses tirages d'origine. La fondation prête ces œuvres au musée de La Haye. À la mort d'Escher, ses trois fils dissolvent la fondation et deviennent partenaires pour la propriété des œuvres. En 1980, cette société est vendue à un marchand d'art américain et au musée de La Haye. Le musée obtient la plus petite partie des œuvres, mais la totalité de la documentation.
Les trois fils d'Escher conservent les droits d'auteur, qu'ils vendent plus tard à Cordon Art, une société néerlandaise. Le contrôle de ces droits est ensuite transféré à laM.C. Escher Company B.V. deBaarn, qui délivre les droits d'utilisation sur toutes les œuvres d'Escher et sur ses textes écrits et oraux, ainsi que sur les marques. L'enregistrement de la marque « M.C. Escher » est initialement refusé aux États-Unis, mais la compagnie néerlandaise a obtenu gain de cause devant les tribunaux au motif que l'artiste ou ses héritiers ont le droit de détenir une marque sur son nom.
Une entité voisine, la Fondation M.C. Escher de Baarn, effectue la publicité des œuvres d'Escher en organisant des expositions, en publiant des livres et en produisant des films sur l'auteur et son travail.
L'astéroïde(4444) Escher est nommé en l'honneur de M. C. Escher en 1985.
Dans les jeux vidéo,Antichamber et Fragments of Euclid s'inspirent de l'œuvre d'Escher. La scène de début de ce dernier reproduit son estampeRelativité[15].On trouve aussi une esthétique fortement inspirée par l'œuvre d'Escher dans la série de jeux mobileMonument Valley.
En 1986, le réalisateurJean-Jacques Annaud explique sur le plateau de Spécial Cinéma que les travaux d'Escher ont influencé la création de la bibliothèque labyrinthique dans son filmLe Nom de la rose, adaptation du roman éponyme d'Umberto Eco[16].
La marque destreetwear new-yorkaiseSupreme propose à partir de huit articles reprenant le travail de Escher (casquettes, tee-shirts, hoodies, chemises..)[17].
Dans son livreL'Animal fractal que je suis[18], l'artiste plasticienJean-Claude Meynard fait une longue référence au travail de Escher, notamment à sa lithographieMontée et Descente.
Au cours de sa vie, M.C. Escher réalise448 lithographies et gravure sur bois, et plus de 2 000 dessins et esquisses[19]. Il illustre également des livres, des tapisseries, des timbres et des œuvres murales.
↑Jean-Claude Meynard,L'Animal Fractal que je suis : l'homme et la complexité du réel, Saint-Denis, Editions Connaissances et Savoirs,, 220 p.(ISBN978-2-342-16284-4), Chapitre L'Escalier Fractal.