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Maurice Gigost d'Elbée | ||
![]() Maurice Joseph Louis Gigost d'Elbée, huile sur toile dePaulin Guérin, 1827,musée d'Art et d'Histoire de Cholet. | ||
Surnom | Général la Providence | |
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Naissance | Dresde (Électorat de Saxe) | |
Décès | Entre le et le (à 41 ans) Noirmoutier (République française) Fusillé | |
Origine | Français | |
Allégeance | ![]() ![]() | |
Arme | Cavalerie | |
Grade | Généralissime | |
Commandement | Armée catholique et royale | |
Conflits | Guerre de Vendée | |
Faits d'armes | 2e Bataille de Chemillé Bataille de Vezins 1re Bataille de Beaupréau Bataille de Thouars Bataille de La Châtaigneraie 1re Bataille de Fontenay-le-Comte Bataille de Nantes 2e Bataille de Luçon 3e Bataille de Luçon 2e Bataille de Chantonnay Bataille de Torfou Bataille du Pallet Bataille de Treize-Septiers 2e Deuxième de Châtillon Bataille de La Tremblaye Bataille de Cholet 3e Bataille de Noirmoutier | |
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Maurice Joseph Louis Gigost d'Elbée[1], né le àDresde et mort entre le et le àNoirmoutier, est un militairefrançais.
Chef royaliste pendant laguerre de Vendée, il estgénéralissime de l'Armée catholique et royale, succédant àCathelineau, de juillet à octobre 1793. Grièvement blessé à labataille de Cholet, il est capturé puis fusillé après latroisième bataille de Noirmoutier.
Maurice d'Elbée naît àDresde le[2]. Fils de Maurice Gigost d'Elbée, seigneur de la Gobinière et de La Loge-Vaugirault (1695-1763), alors conseiller privé du Roi dePologne établi àDresde, enSaxe, et de Marie Thérèse de Mussant (décédée en 1790), Maurice d'Elbée naquit dans une famille de tradition militaire. Il est naturalisé français en1757[2],[3].
Le1er juin 1772, il estsous-lieutenant aurégiment du Dauphin cavalerie et le, il estlieutenant au5e régiment de chevau-légers[2]. Il démissionne de l'armée le[2]. Il se retire alors àBeaupréau, enAnjou[2].
Il se marie le en l’église deLa Gaubretière, avec Marguerite-Charlotte du Houx d’Hauterive, pupille de son ami lemarquis de Boisy. Dès lors il vécut retiré dans un bien de campagne près deBeaupréau enAnjou (aujourd'huiMaine-et-Loire). Son fils Louis-Joseph Maurice d’Elbée, né le, lui survivra.
En1789, d'Elbée se montre d'abord favorable à laRévolution française[4]. Le, il participe à laFête de la Fédération àParis, où il représente leMaine-et-Loire[4].
En mars 1793, l'insurrection contre lalevée en masse provoque le début de laguerre de Vendée. Les paysans insurgés viennent trouver d'Elbée en raison de son expérience militaire et le contraignent à prendre la tête de leur rassemblement[4].
Le 11 avril, les forces de l'Elbée parviennent à repousser la contre-attaque républicaine à labataille de Chemillé. Après ce combat, des combattants vendéens se rassemblent devant l'église du bourg deChemillé en réclamant la mise à mort des prisonniers républicains qui y sont enfermés[5],[6]. Le général d'Elbée arrive alors au milieu de la foule pour tenter de ramener le calme[5],[6]. À sa demande, les hommes se mettent à genou pour réciter lePater Noster[5],[6]. Cependant lorsque les insurgés arrivent aux paroles « pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés », d'Elbée les interrompt : « Arrêtez ! Ne mentez pas à Dieu ! Vous osez lui demander de vous pardonner comme vous pardonnez aux autres alors que vous êtes prêts à vous venger de vos ennemis ! »[5],[6]. Ces déclarations ne provoquent aucune contestation et les prisonniers sont ainsi sauvés[5],[6]. L'épisode est alors appelé le« Pater de d'Elbée »[7].
D'Elbée participe ensuite à plusieurs combats victorieux contre les républicains avec labataille de Vezins le 19 avril[8], labataille de Beaupréau le 22[9] et laprise deThouars le 5 mai, où d'Elbée reçoit la capitulation de la garnison républicaine par le juge de paix Redon de Puy Jourdain[10].
Les Vendéens se tournent ensuite versFontenay-le-Comte, dans le sud de la Vendée. Une première attaque échoue le 16 mai et d'Elbée est blessé, mais les insurgés prennent leur revanche le 24 mai, où ils mettent en déroute les forces républicaines et font 3 000 prisonniers[11].
Le 21 juin, d'Elbée participe à labataille de Nantes[12], qui s'achève par la victoire des forces républicaines[12]. Le généralissimeJacques Cathelineau est mortellement blessé[12] et succombe le 14 juillet[13].
Le 19 juillet, d'Elbée est élu par un conseil de guerre généralissime deArmée catholique et royale pour succéder àJacques Cathelineau[14]. Il décide d'attaquer la ville deLuçon mais il subit deux lourdes défaites devant cette ville le 30 juillet et le 14 août[14].
Le 17 octobre 1793, l'armée vendéenne est complètement défaite à labataille de Cholet et d'Elbée est grièvement blessé lors des combats[15]. Il ne prend pas part à lavirée de Galerne et est transporté àBeaupréau, sous la protection de 1 500 hommes commandés par Pierre Cathelineau, le frère deJacques Cathelineau[16]. Il est bientôt rejoint par son épouse, Marguerite-Charlotte Duhoux d'Hauterive ; son beau-frère, Pierre Duhoux d'Hauterive ; et de son amiPierre Prosper Gouffier de Boisy[16],[17].
Vers fin octobre ou début novembre 1793, d'Elbée, escorté par la troupe de Cathelineau, rejointCharette àTouvois[16],[18]. Sur les conseils de ce dernier, il part trouver refuge à l'île de Noirmoutier, qu'il atteint le 2 ou le 3 novembre[16]. D'après son petit-neveu, Charles-Maurice d'Elbée, et lamarquise de Bonchamps, il aurait été hébergé à l'hôtel Jacobsen, avant d'être transporté dans la maison de madame Mourain à l'approche des troupes deHaxo[19],[20]. Selon François Piet, il résidait dans une maison appelée La Maduère[19],[20].
Le 3 janvier 1794, les troupes républicainesdébarquent sur l'île de Noirmoutier et la garnison vendéenne capitule[19]. D'Elbée est rapidement découvert et fait prisonnier[19],[21],[A 1]. L'ancien généralissime est interrogé par lesreprésentants en mission et par legénéralTurreau à une date incertaine[19],[21],[A 2]. Le procès-verbal de son interrogatoire est rédigé par le capitaine François Piet[19].
Malgré les promesses du généralHaxo, tous les prisonniers vendéens sont fusillés sur ordre desreprésentants en missionPrieur de la Marne,Turreau etBourbotte[19],[24]. D'Elbée est exécuté entre le et le[A 3]. Incapable de marcher, il est porté sur un fauteuil jusqu'à la place d'Armes[19],[A 4]. Il est fusillé en compagnie de Pierre Duhoux d'Hauterive, dePierre Prosper Gouffier de Boisy et deJean-Conrad Wieland, l'ancien commandant républicain de Noirmoutier, accusé de trahison, que les officiers royalistes tentent en vain d'innocenter au dernier moment[19],[24].
Le corps de d'Elbée est enterré dans les douves duchâteau de Noirmoutier[30]. Malgré des recherches en1822, ses ossements ne peuvent être identifiés[30].
L'épouse de d'Elbée, Marguerite-Charlotte Duhoux d'Hauterive, est quant à elle fusillée le 29 janvier[21] en compagnie de Victoire Élisabeth Mourain de L'Herbaudière, née Jacobsen[21],[19],[31].
Louis-Joseph Maurice d’Elbée, fils de Maurice d'Elbée, est élevé àBeaupréau. Il sert dans les armées deNapoléon et participe notamment à labataille de Leipzig, et à labataille de Hanau, où il est blessé et fait prisonnier. Transporté à l'hôpital dePotsdam, il décède l'année suivante[32].
La famille d'Elbée, actuellement subsistante, conserve le souvenir du général d'Elbée mais ne lui est pas apparentée[33].
« Dans la grande armée, le principal chef était, en ce moment, M. d'Elbée ; il commandait plus particulièrement les gens des environs de Cholet et de Beaupréau. C'était un ancien sous-lieutenant d'infanterie, retiré depuis quelques années ; il avait alors quarante ans ; il était de petite taille, n'avait jamais vécu à Paris ni dans le monde ; il était extrêmement dévot, enthousiaste, d'un courage extraordinaire et calme : c'était son principal mérite. Son amour-propre se blessait facilement : il s'emportait sans propos, quoiqu'il fût d'une politesse cérémonieuse, il avait un peu d'ambition, mais bornée comme toutes ses vues. Dans les combats il ne savait qu'aller en avant, en disant : « Mes enfants, la Providence nous donnera la victoire. » Sa dévotion était très-réelle ; mais comme il voyait que c'était un moyen de s'attacher les paysans et de les animer, il y mettait beaucoup d'affectation et un ton de charlatanisme que l'on trouvait souvent ridicule ; il portait sous son habit de pieuses images ; il faisait des sermons et des exhortations aux soldats, et surtout il parlait toujours de la Providence ; au point que les paysans, bien qu'ils l'aimassent beaucoup et qu'ils respectassent tout ce qui tenait à la religion, l'avaient, sans y entendre malice, surnomméle général la Providence. Malgré ces petits ridicules, M. d'Elbée était au fond un homme si estimable et vertueux, que tout le monde avait pour lui de l'attachement et de la déférence[34]. »
— Victoire de Donnissan de La Rochejaquelein,Mémoires.
« A un physique agréable et distingué, d'Elbée joignait les talents nécessaires à un chef de parti. Militaire consommé, il avait formé les vendéens à la manière de combattre la plus convenable à la localité et au génie de ce peuple. Ce chef de parti avait toutes les qualités pour jouer un grand rôle. [...] D'Elbée a donné la preuve de ses talents dans l'exécution des plans. Ses lieutenants ont été battus à chaque fois qu'ils se sont écartés de ses principes. D'Elbée avait le don de la parole. Il s'exprimait avec grâce et facilité. Son éloquence était douce et persuasive. Il savait varier ses formes et ses tons. Il prenait souvent vis-à-vis des rebelles celui d'un inspiré, et il avait tellement acquis leur confiance et leur attachement, qu'après sa mort, j'ai vu des prisonniers vendéens verser des larmes, lorsqu'ils entendaient prononcer son nom[35]. »
« Le père de M. d'Elbée était devenu officier supérieur au service de Saxe. A sa mort, son fils fut placé en France dans un régiment de cavalerie ; mécontent de ne pouvoir aller au-delà du grade de lieutenant, malgré ses connaissances militaires, il se retira du service. CommeM. de Bonchamp, il s'amusait à faire la petite guerre à des régiments et des escadrons faits en métal ; comme lui il était brave, plein d'honneur et ami dévoué. L'un et l'autre, lorsqu'ils désirèrent se marier, recherchèrent le mérite et la beauté avant la fortune. M. d'Elbée, sur le point d'unir son sort à celui d'une Nantaise très-jolie et très-riche, lui préféra, quoique peu opulent, Mlle d'Hauterive, dont l'âme sensible et généreuse et le dévouement à son mari ne peuvent être surpassés. J'ai cru devoir retracer les traits de ressemblance entre les deux héros de la Vendée; mais, autant l'extérieur de Bonchamp était gracieux et prévenant, autant celui de M. Delbée était sombre et sévère : un teint brun et jaune, des yeux vifs et enfoncés ajoutaient à sa gravité. Il était maigre et d'une taille moyenne, son langage sentencieux et lent. Dès qu'un sentiment l'occupait, il le portait jusqu'à l'exaltation. Il avait souri aux commencements de la révolution; l'esprit deVoltaire et le style deRousseau l'avaient séduit, mais il eut horreur des premières scènes révolutionnaires. Les malheurs de la famille royale l'attachèrent pour jamais à sa cause; il vécut et mourut pour elle. M. d'Elbée et son amiM. de Boisy demandèrent à mourir ensemble ; Madame d'Elbée obtint de ne pas survivre à son mari[36]. »
— Jean de Sapinaud de Boishuguet
« Les générauxHaxo etDutruy accompagnèrent les commissaires conventionnels dans la maison qu'habitait d'Elbée. Ce chef, successeur de Cathelineau, dans le commandement de la grande armée royaliste, ayant été blessé dangereusement à l'affaire de Cholet le 17 octobre, s'était fait transporter à Noirmoutier, pour s'y faire soigner avec plus de sûreté. Il partageait alors le sort des malheureux qui n'avaient pas eu le courage de le défendre, ni de se soustraire eux-mêmes à une mort plus certaine que sur le champ de bataille. Une garde avait été placée à sa porte, autant pour lui que pour son épouse. Les représentans lui adressèrent quelques questions, auxquelles il répondit brièvement en partie, gardant le silence sur le reste. Ils lui demandèrent, entr'autres, son opinion sur les deux généraux qui étaient présens, mais qu'il ne connaissait pas de vue; sa réponse fut honorable pour le général Haxo, et il ne s'expliqua point sur Dutruy. Fatigué bientôt de cet interrogatoire, il pria qu'on le laissât tranquille, et qu’on respectât sa femme, jusqu'à ce qu'on eût décidé sur leur sort[23]. »
— Mémoires de l'adjudant-généralAubertin.