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Mathurin Bruneau, né le àVezins et mort le auMont-Saint-Michel, est unsabotier etescrocfrançais qui se faisait passer pourLouis XVII.
Fils d'un sabotier de Vezins, Mathurin Bruneau devint orphelin à l'âge de sept ans et fut recueilli par l'époux de sa sœur aînée, un sabotier deVihiers nommé Delaunay. Quatre ans plus tard, ce dernier le chassa bientôt de chez lui en raison de sa paresse et de son mauvais esprit, condamnant le jeune garçon à errer et mendier à travers la campagne duMaine-et-Loire. C'est en que Mathurin Bruneau commit sa première imposture, qui consistait à se faire passer pour le fils du baron de Vezins, disparu lors de laguerre de Vendée. Cherchant à duper la vicomtesse de Turpin de Crissé, dont il prétendait être le neveu, il fut accueilli au château d'Angrie. Démasqué, il fut cependant gardé comme domestique par la vicomtesse car Delaunay ne pouvait plus le prendre en charge. Chassé au bout de six mois, Bruneau trouva pourtant une nouvelle fois l'asile chez son beau-frère, auprès duquel il apprit le métier de sabotier, et qu'il quitta finalement en 1799 en affirmant qu'il comptait effectuer sontour de France.
Arrêté en 1803 àSaint-Malo pour vagabondage, il fut écroué audépôt de mendicité deSaint-Denis, dont il fut relâché quelques jours plus tard. Il se rendit alors auMans puis àLorient pour s'enrôler, le, comme aspirant-canonnier dans le4e régiment d'artillerie de la marine. Embarqué sur la frégateLa Cybèle, il déserta àNorfolk en et vécut quelques années auxÉtats-Unis, passant dePhiladelphie àNew York, où il exerça divers métiers afin de gagner sa vie. Il y aurait même, selon ses propres dires, fondé une famille. Pendant ce temps, le conseil de guerre, siégeant àLorient, le condamna par contumace à sept ans de travaux forcés.
De retour en France en, il recommença à usurper des identités de personnes disparues : après l'échec d'une tentative d'imposture qui consistait à présenter un passeport américain au nom de « Charles de Navarre », il se fit passer pour le fils (en réalité mort enEspagne) deMme Phelipeaux (ouPhilippeaux). Hébergé pendant quinze jours chez une veuve deVarennes-sur-Loire, il réussit à lui soutirer 600 francs. Arrêté en décembre àSaint-Malo, il fut emprisonné à la maison de Bicêtre deRouen en.
C'est pendant cette incarcération rouennaise qu'il se fit lire ou raconter un roman intituléLe Cimetière de la Madeleine, qui relatait l'enlèvement imaginaire du dauphin de saprison du Temple. Les péripéties de cette œuvre de fiction avaient déjà alimenté les théories survivantistes deJean-Marie Hervagault, mort en prison quelques années plus tôt pour avoir essayé de se faire passer pour Louis XVII.
Bruneau était probablement analphabète, mais grâce à la complicité de codétenus dont il fit ses secrétaires, il fit connaître ses prétentions à l'extérieur, parvenant à convaincre de nombreuses personnes que le véritable fils de Louis XVI, de retour de son exil américain, était enfermé au Bicêtre de Rouen. C'est à cette époque qu'il essaya d'entrer en contact avec laduchesse d'Angoulême, sœur du prince dont il revendiquait l'identité. En, il réussit à faire placarder ses proclamations dans la région.
Jugé par le tribunal correctionnel de Rouen en, il se signala, lors de son procès, par son comportement grossier et ses propos incohérents (il prétendait avoir assisté à des épisodes de la guerre de Vendée antérieurs à la prétendue évasion de Louis XVII). Déclaré coupable d'escroquerie, de vagabondage et d'outrage à magistrat, il fut condamné le à purger une peine de sept ans de prison, à l'issue de laquelle il serait remis à l'autorité militaire pour être jugé en tant que déserteur.
Ayant continué à correspondre avec ses partisans, Bruneau fut transféré le à la maison d'arrêt deCaen puis, dès le lendemain, auMont-Saint-Michel, où il mourut le d'une attaque d'apoplexie[1],[2].
L'histoire de Mathurin Bruneau inspiraBéranger, qui écrivit en 1817, sur l'air duBallet des Pierrots, une chanson anti-royaliste intituléeLe Prince de Navarre, ou Mathurin Bruneau[3].